dimanche 16 septembre 2012

Tous semblables ? réflexions sur la forme et le fond du débat : mariage homosexuel et fondation de famille





Tous semblables ?

réflexions personnelles
sur la forme et le fond du débat français :
mariage homosexuel et fondation de famille



Mariage des homosexuels, fondation d’une famille par des personnes de même sexe, procréation médicale assistée selon les diverses possibilités, adoption d’enfants par ces personnes. Les libellés du débat se modifient et se précisent d’années en années, de décennies en décennies. Les analogies remontent à la nuit des temps sinon des civilisations : les décrets sociaux régissant la relation des humains entre eux, et aussi la hiérarchie dans le règne du vivant pour y placer au sommet l’espèce humaine ou non. L’esclavage, l’inégalité théologique puis civique des femmes par rapport aux hommes, l’inégalité des races et des conditions ont été – sur le papier sinon dans les mœurs et les esprits – traités, c’est-à-dire abolis à des dates variables selon les peuples ou les Etats. Deux  modes de vie en société ont posé et posent encore question : la peine de mort comme degré ultime de punition ou mise hors d’état de nuire d’un individu selon une décision juridictionnelle, la compétence d’un Etat sur une personne par contrainte, par adhésion ou selon la naissance. Les échelles de peine, et notamment la prévision de la maximale (vingt-cinq ans « seulement » en Norvège et la perpétuité chez nous), ou les statuts d’apatridie ou actuellement une citoyenneté de l’Union européenne indépendante de toute nationalité d’un Etat-membre peuvent rompre avec des habitudes de comportement et de pensée que nous croyons naturelle ou millénaires et qui, à les étudier en perspective historique, n’ont parfois cours forcé que depuis quelques siècles ou pas universellement. Les Français sont confrontés depuis quelques décennies à une mûe de leur nationalité et de l’identité de leur patrie par l’apport numérique mais aussi culturel, linguistique et qualitatif d’autres populations.

Le débat en cours que devrait conclure une loi – en étape, une de plus – appelle à discerner le dérangement ou la crainte de tout dépaysement, et à choisir résolument ses convictions.

Je m’y essaye ici. Sans consulter la brochure des engagements électoraux de François Hollande, l’élu du 6 Mai 2012, ni le catéchisme de l’Eglise catholique, ni même la Bible ou le Coran. Je me fonde sur ce que je constate de ma vie personnelle – je ne suis pas d’ « orientation homosexuelle » mais j’ai eu une, deux, trois expériences du genre [1], chacune de quelques instants, ceux du maniement d’armes, pas même de la contemplation et peu du dialogue – et ce que je reçois soit d’amis (de ma femme) qui sont homosexuels, soit de confidence (en une seule phrase non répétée) de femmes hétérosexuelles mais ayant une amitié lesbienne pour quelque temps de communion physique, intellectuelle et sentimentale. Ce fond d’expérience, directe ou indirecte, n’est certainement pas exceptionnelle.

Et d’abord l’ « orientation ». Je ne tranche pas, s’il est possible de la trancher… la question de savoir si l’homosexualité est une histoire personnelle ou une nature, une acquisition, un choix ou une acceptation, une reconnaissance de soi. Je ne décide pas non plus si la communion physique, en désir, en imagination, en geste, en fixation sensuelle exprime une affinité d’âme pour une autre personne, qui se trouve de même sexe que soi : le corps suit l’âme, ou si, à l’inverse de la chronologie de la rencontre et de l’attirance, celles-ci sont d’abord physiques mais ne fondent rien dans le temps et pour le projet car le cœur n’y est pas. D’expérience, je sais, en revanche, que l’affinité ressentie mentalement avec autrui, le plaisir, le bonheur de la constater peut appeler le geste et davantage que l’on soit hétérosexuel ou homosexuel : s’en retenir alors soit de son fait, parce que l’on n’est pas libre affectivement, conjugalement, paternellement ou maternellement ou tout autre engagement-consécration de soi, soit du fait de l’autre, de son embarras ou de son refus… ou y céder.

La démarche de rencontre, d’identification, le souhait de fonder, de pérenniser, le désir de manifester à l’autre l’attirance et d’en vérifier la réciprocité ne sont – évidemment – pas spécifiques de l’homosexualité ou de l’hétérosexualité. La gestuelle physique même n’est aussi particulière qu’a priori on l’imaginerait. Entre homme et femme, l’intromission sexuelle dans les parties génitales n’est pas le seul chemin pour la curiosité, le plaisir, la communion, la rencontre et ce que celle-ci peut avoir de cosmique ou d’assouvissement brutal. Le corps est complexe, multiple et les associations auxquel il se prête sont nombreuses : la littérature érotique (et mystique) y a son inépuisable fonds, l’imagination donne à tout dérivés et puissances, les trouvailles et les étonnements de soi et de l’autre peuvent inventer au moins pour ceux qui ne prisent que l’expérience directe. L’annalité n’est pas orientée homosexuellement ou hérétosexuellement. L’érotique du regard, de l’esthétique, la peinture, la sculpture, la littérature exaltent la beauté, le sentiment, la rencontre ou les refus sans que la distinction sexuelle soit décisive. Le sentiment amoureux est sexué, l’expérience aussi, mais ils ne discriminent pas a priori entre l’identique et le différent. J’ai toujours ressenti des analogies profondes entre le plaisir version masculine et ce qui m’est dit ou ce que je peux voir, deviner, entendre, comprendre du plaisir féminin. Je sais surtout – à mes bientôt soixante-dix ans – qu’aucune rencontre de corps, d’âme, qu’aucune gestuelle, qu’aucun parcours de la curiosité à l’assouvissement dans les instants ou les heures, puis de l’habitude à des retours miraculeux vers l’éternité, l’extase (cette bienheureuse introduction qu’est « la petite mort » à ce grand passage d’une forme de précarité à une autre de pérennité) ne sont les mêmes, ni à longueur de vie, ni avec le même partenaire ou conjoint, ni a fortiori quand la vie les fait se succéder  ou coexister dans une existence humaine.

D’où il ressort que l’amour, dans son premier état chronologique, ne distingue pas entre homosexualité et hétérosexualité. Et que s’il existe assurément une différence morphologique et physiologique – concourant à faire se combiner l’attrait pour autrui et la procréation – cette différence n’induit pas forcément ni à perpétuité des compatibilités ou des incompatibilités. La liberté décide. Notre identité, pour s’épanouir et contribuer à la société comme au bien de celles et ceux que l’existence nous confie, doit se vouloir. L’orientation sexuelle n’est identifiante que dans une société répressive.

L’amour – homosexuel ou hétérosexuel – peut se contenter des moments. Pour un trans-sexuel, ce peut être (ce doit être… je n’ai aucune notion ni confidence) le souhait d’une autre manière de ressentir, prendre ou recevoir. Pour un homme, sentir comme une femme… S’agissant des bi-sexuels, l’évidence est que la multiplicité attire par elle-même. Les perversions me paraissent davantage résider dans le primat donné à une des formes d’attirance : curiosité, possessivité, anticipation du plaisir, etc… au lieu d’une culture de l’ensemble et d’un choix de faire couple un moment ou la vie durant, plutôt que de tout accumuler dans une solitude qui ne se donne pas. Recroquevillement ou plein ciel ? L’éducation dans certaines époques, certains milieux peut interdire l’amour selon l’âge ou le sexe. La société peut contrarier le désir d’enfants ou en faire l’objet du couple. La collectivité, d’époque en époque, peut respecter la liberté de chacun ou l’organiser ou l’empêcher. Le couple est, par nature, l’expérience de l’extérieur, de l’autre et apprend à respecter, aimer la différence tout en la découvrant une des formes de l’être qui, en humanité, dans le vivant, reste fondamentalement analogue d’un individu à l’autre, d’une espèce à l’autre. Le racisme commence entre âges et entre sexes. Le racisme entre origines ethnique, entre milieux sociaux, entre degrés de fortune vient ensuite. Le racisme commence dans le couple, en famille : les sexes peuvent se mépriser mutuellement, le vieillissement exclure. L’amour est sa principale antidote, l’intimité physique est l‘école la plus universelle, la plus délicate, la plus raffinée, la plus efficace pour la tolérance, l’admiration mutuelle, la pitié ensemble pour notre condition de créature.

L’amour s’il appelle le projet et la stabilité, devient fondateur. Les différences et harmonies sexuelles produisent alors, naturellement, la famille, la société et le dynamisme économique. La société appelle le droit qui peut être écrit ou jurisprudentiel, à sa source. Le débat – aujourd’hui – ne porte plus sur la légitimité d’une orientation : celle-ci fut longtemps refusée, au point que la religion ou le droit pénal sanctionnaient l’homosexualité (comme d’ailleurs des pratiques hérétosexuelles telles que la sodomie, ou en « direction spirituelle » de l’enfance chrétienne la masturbation et tout onanisme). Il ne porte plus sur le droit de cité et donc la possibilité juridique et fiscale de faire couple homosexuel. Il porte sur l’accès des homosexuels au mariage et à la fondation familiale, dans les mêmes conditions juridiques, et éventuellement médicales pour une procréation assistée ou une fécondation in vitro, que les hétérosexuels. Il est pour moi certain qu’il y a autant d’authenticité dans un amour homosexuel que dans un amour hétérosexuel, autant de possibilités et de cas de fidélité, d’épanouissement ou de trahisons, perversions diverses et exploitations finalement dans le couple hétérosexuel que dans le couple homosexuel. Les légendes complaisantes sur la dominante sexuelle de l’amour homosexuel, le caractère volage des amants ou au contraire la férocité des jalousies entre eux, me paraissent – mais sans expérience ni confidences reçues – du même ordre que celles visualisant les capacités instrumentales d’origine, soi-disant morphologique chez les Africains ou les performances asiatiques pour la durée du coït. La réalité fondamentale, c’est la tendance humaine au couple, et le couple est, par nature comme par construction, thérapeutique et magnifiant pour chacun ; il combine stabilité et aventure ; il comble. La successivité, le pluriel infantilisent à terme les protagonistes et peuvent faire le malheur des enfants et de l’entourage. Le couple est fondateur, homosexuel ou hétérosexuel.
Je suis donc d’opinion qu’une société doit respecter toute orientation sexuelle pourvu qu’elle intègre la liberté, le consentement du partenaire et vise l’épanouissement de l’autre autant que de soit, que la société contribuer à exaucer les vœux de stabilité quand ils sont clairement exprimés. Donc, le mariage homosexuel si un couple de femmes ou un couple d’hommes le demande.

Je peux aller plus vite pour la suite. Ce qui désagrège une sociéte c’est cela même qui désagrège le couple : l’intolérance, le simplisme, l’immaturité mais aussi le chômage, la pauvreté, l’instinct prédateur ou la jalousie des tiers. Admettre le couple quelle que soit sa composition, c’est comprendre que l’amour est bien plus que le sexe quoiqu’il ait souvent bonheur à le faire concourir aux sentiments, à leur enrichissement et à leur pérennité. Alors l’enfant ? Il s’adapte, il n’a besoin que du vivre et du couvert, que de la liberté de se projeter et de se relationner mais l’ingrédient, l’ambiance, l’environnement, la matrice sont l’amour. Le « foyer monoparental » si le père ou la mère célibataires sont aimants peut nourrir l’enfant. L’éducation à beaucoup d’égards est plus aisée à administrer et à rececoir, au moins en trinité : deux parents et l’enfant. La vue stéréoscopique est plus riche, colorée : les recours diversifiés pour l’enfant, la pluralité des expériences et des talents qui se transmettent, le dialogue des parents devant l’enfant ou à propos de l’enfant sont certainement un mieux relativement au parent unique. La vie décide. Les couples hétérosexuels qui divorcent, se séparent, acculent souvent l’enfant à une vie et à l’éducation monoparentales.

Je suis donc d’opinion de ne faire aucune différence entre couples homosexuels ou hétérosexuels – pourvu qu’ils aient fait le vœu libre de la stabilité – pour tout ce qui touche au désir d’enfants : mère porteuse, insémination artificielle, procréation assistée, fécondation in vitro, etc… adoption quelle que soit le couple.

Les déviations sont à combattre quand elles sont ennemies du couple, mais beaucoup ne sont pas socialement visibles et les plus vicieuses se vivent souvent chez des adultes parfaitement policés voire religieux.

L’enfant a besoin du couple, le couple implique l’enfant, dès l’accouplement physique qu’il soit redouté ou attendu. L’expérience mentale de l’étreinte physique le répète, chaque fois.

Parce que l’amour va de pair avec la totalité et l’instinct de beauté et de communion, il est physique autant qu’il est spirituel, intellectuel, esthétique, éthique, etc…

Alors ? maintenant ? Je ne suis ni pasteur ni législateur.

La loi de 1920 est née du regret – enfin – de notre déclin démographique nous ayant mis dès le milieu du XIXème siècle en infériorité relativement à nos voisins et à nos compétiteurs alors que jusqu’au règne de Louis XV, nous étions – de loin – la plus forte population d’Europe, Russie comprise, Allemagne aussi évidemment. Légiférer sur l’intimité, ou sur les conséquences de l’intimité est aussi périlleux que de décider dans des débats qui aujourd’hui coincident avec celui soulevé par le mariage homosexuel : la fin de vie, l’avortement. Idéalement, car tout est cas particulier, détresse ou bonheur, hasard ou erreur, etc… il vaudrait mieux que la décision appartienne aux intéressés, soutenus, aidés, éclairés par des accompagnements d’affection et de compétence. En pratique, c’est souvent le cas et il est alors choquant que ces accompagnants soient pénalement condamnables, voire condamnés. Naturellement, ces accompagnants seront sécurisés si un cadre de référence est disponible. La jurisprudence serait plus adaptée, apte à épouser les nécessités et les évolutions, qu’une législation qui sera toujours sujette à révision. Il convient aussi que des garde-fous précis soient établis. Pour l’institutionnalisation de l’homosexualité à égalité de droits, de devoirs et même de valeur avec l’hétérosexualité, les mêmes garanties de stabilité, les mêmes limites d’âge, les mêmes empêchements ou causes d’annulation peuvent s’écrire.

Si j’étais parlementaire, je voterais pour le principe du mariage et du foyer familial homosexuel mais discuterais chaque article dans son libellé, mot à mot.  

L’Eglise catholique dans ce débat a raison de faire valoir un point de vue contredisant l’unisson relatif de la société française et par conséquent d’appeler à la gravité, à la précaution. Mais elle se caricaturerait – et se contredirait – en faisant de l’Ecriture, ou plus exactement de certains des passages de celle-ci (de la Genèse aux écrits pauliniens) la source du droit naturel et la littéralité des normes sociales. Il me semble que le cardinal-archevêque de Milan, parfait francophone, qui ouvrit le cycle au printemps dernier des « conférences de Notre-Dame » pour le carême de 2012, indiquait la piste la plus fructueuse, la plus efficace : celle de l’objection de conscience. Elle vérifie toutes les causes, détruit ce qui n’est qu’attachement à un rite ou une habitude. Le roi Baudouin et l’artifice auquel il recourut – ce qui fut une école de respect pour toute la classe politique du royaume, sinon pour tous les Belges – afin de ne pas signer la légalisation de l’avortement, mais il laissa faire. Dans une vie, il y a peu de remords aussi forts, nonobstant l’absolution de l’Eglise par pitié de l’homme ou de la femme, que celui d’avoir avorté ou fait avorter : je le vis.
 Mais pour l’Eglise il y a davantage. Nos pays dits occidentaux sont en voie effrénée de déchristianisation, l’inculture frappe tous les domaines et celui de la religion plus que d’autres, les engouements pour le paramédical ou les psychologies et thérapies d’amateurs tiennent lieu de fréquentation sacramentelle, notre société crève de nostalgie du sacré et de l’arbitral en politique comme en tout mais refuse avec passion toute sincérité aux concepts à tout va de valeurs, d’humanisme et de patriotisme. Le for intérieur est devenu précaution, peur de se donner. L’Eglise rencontre l’Etat dans la réprobation des sectes, mais en son sein des groupements et des pratiques y ressemblent qu’elle prend même le risque d’approuver. Donne-t-elle l’exemple ? ne scandalise-t-elle pas quand la pédophilie, l’homosexualité sont le fait de quelques-uns de ses ministres ? sait-elle éduquer les siens, le clergé à qui elle confie ses fidèles avant de tant prétendre enseigner, condamner, conduire ? Insistant tellement sur ce qu’elle condamne comme un ensemble des inclinations ou des pratiques sexuelles, dont les unes ont de la légitimité mais pas les autres, pratiquant des amalgames peu justifiés, ne risque-t-elle pas de s’identifier à ce seul combat – que je crois contestable pour une part (l’homosexualité peut fonder le couple, la pédophilie n’est que prédation ou imprudence car il est vrai que l’enfant charme et peut demander) – et d’oublier l’ensemble qui est l’évangélisation, la révélation.

Je note enfin, pour l’avoir déjà réfléchi pendant la campagne présidentielle, que la droite – exactement comme en 1984 à propos de la loi Savary, présentée comme agressant l’école dite libre – a cherché abusivement un fonds électoral dans les débats sur le mariage et la famille, sur la culture de la vie humaine à ses débuts comme en certains de ses déclins : Nicolas Sarkozy a ainsi obtenu le ralliement de Christine Boutin. Ce n’est pas un débat de civilisation, ou plus exactement c’est notre apprentissage d’un certain dépaysement par le traitement d’un sujet difficile mais vécu. La société n’est attaquée que si la famille, le couple sont minés. Les politiques, tristement et pour leur propre confusion et encombrement intimes, pratiquent la polygamie, les unions successives. On fit voter contre Clemenceau de peur d’avoir en République des obsèques présidentielles seulement civiles. Nous en sommes au deuxième Président à compagnes successives, et au gouvernement bon nombr de ministres, sinon leur majorité, sont divorcés, remariés ou en concubinage. Le même prélat, déjà évoqué, remarquait malicieusement que la famille, au moins en France, n’est pas en déclin puisque les homosexuels veulent se marier relayant une quasi-majorité de la population qui ne se marie plus. Les enfants naissent hors mariage, non qu’ils soient adultérins, mais parce que les couples refusent leur propre institutionnalisation.

Le mariage des homosexuels – s’il est désormais permis – n’est pas du tout un signe de dégénérescence de nos sociétés, une perte de notre sens de la nature humaine, une imprudence grave en matière de mœurs, et pas davantage les capacités qui leur seraient reconnus pour avoir des enfants par artifice ou par adoption, à leur choix. Ce serait au contraire le rétablissement de la notion de couple, l’affermissement des moyens de sa stabilité face à la défaillance des hérétosexuels qui ne pratiquent plus le mariage et recomposent sans cesse leur famille…

Ceux qui débattent et ceux qui vont légiférer ont en commun – Etat et Eglise, politiques et clercs – d’avoir des repères trop peu personnels à leurs porte-paroles, trop dépendants soit de considérations électorales propres aux partis, soit d’habitudes de prédication et d’enseignement. Et surtout que ces acteurs sont souvent de mœurs et de pratiques discutables, pas assez exemplaires pour que leur vie, leur passé répondent de la rectitude de leurs opinions, de leur hostilité ou de leur militance. Le débat concerne l’intimité la plus grande de personnes dont beaucoup ont pâti de l’homophobie et vivent encore des formes implicites d’ostracisme. Or, il est mené et tranché par des personnes professionnelle que des examens de vie personnelle désaxeraient peut-être.

Bertrand Fessard de Foucault – dimanche 16 Septembre 2012


[1] - sans être impudique mais pour situer l’expérience contribuant à fonder cet essai de réflexion, je dis simplement 1° une pulsion de communion affective qui aurait pu donner lieu à caresses au cours d’une conversation évaluant deux états de vie, le mien et celui d’un jeune religieux et - paradoxalement ? – mon refus d’instinct, irraisonné d’accéder, dix ans plus tard, au souhait de celui qui sagement s’était alors refusé et descendit de la chambre commune pour lire son bréviaire à la lueur des réverbères, voulut, marié et échangiste, me faire partager ses ébats conjugaux à moi et à ma compagne du moment avec laquelle nous étions accoutumés au plus grand bonheur sexuel et sensuel = expérience de la nature, de l’instinct, du refus ; 2° une rencontre sociale m’inspirant en un entracte de plage une proposition que je n’avais jamais faite à qui que ce soit et qui fut acceptée en principe pour être suivi d’effet plus tard dans la même journée = souvenirs très fugitifs de l’image du corps masculin nu, curiosité assouvie, plaisir ni spécial ni exceptionnel (rien à voir avec le marbre qui se grava pour une « première fois » à vingt-quatre ans avec une jeune fille expérimentée, désireuse et organisée) et surtout, construction mentale ? sensation que des deux hommes, j’avais bien été le mâle dans cette masturbation-fellation mutuelle où l’aboutissement de l’autre m’importa bien plus que le mien ; 3° et 4° dans un train, la tentative d’une proposition que m’inspire un vis-à-vis et dans une « boîte » à Mykonos où je suis avec la compagne déjà évoquée et un couple ami, le désir que j’inspire à un jeune homme aux yeux de fille, beau et charmant, triste ; 5° conscience du désir que je provoque d’hommes de dix, vingt ou trente ans de plus que moi alors que je n’en ai moi-même que trente ou quarante ; 6° moment d’un soir avec un jeune Brésilien, prénommé Jules César, au prétexte qu’il monte livrer dans ma chambre d’hôtel le tableau acheté à la galerie dont il est le factotum au rez-de-chaussée… je le reverrai plus tard, attitré d’un adulte ; 7° expérience vénale que je croyais d’une jeune prostituée, brésilienne, et qui se révéla un travesti. De tout cela n’est née aucune addiction.

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