mardi 16 octobre 2012

celui qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas fait aussi l'intérieur ? - textes du jour

Mardi 16 Octobre 2012

L’admirable film allemand sur la période DDR et Stasi : la vie des autres [1] rejoint et prolonge ma réflexion latente sur « les fondamentaux », que sont la démocratie, la justice, la fraternité. Le contre-poids à toute dictature, et dans les « démocraties », il y a relativement à certaines personnes, certaines communautés, certaines situations, certains parcours des effets – factuels, objectifs – de dictature. Tout devient anonyme, à principe, tout l’effort d’un système où plus personne, les tenants du système comme les victimes, ne compte et n’est acteur. Le cynisme devient la langue des uns, l’endurance ou le suicide la réponse des autres. La sortie ? le miracle. J’ai ainsi été incarcéré moralement (placardisé à pas cinquante deux ans) à mon rappel du Kazakhstan, et je vis depuis hier après-midi pour un projet qui me tient à cœur et qui est empêché une situation de dictature avec ses faux, ses déguisements et son péremptoire… avec des références dont la pratique sincère devrait faire adopter comportements et décisions aux antipodes de ce qu’inopinément je me vois infliger. Mais à l’air libre où l’on vit parfois encore (en France pour certains mais pas tous), c’est la bêtise qui frappe… à tous les sens du mot. Que de fratries, dont la mienne, n’ont plus de cœur ni de ressort, les moyens de communication ou les mouvements du cœur ne s’idenifient plus et ne sont pas reçus, même si – en cas de « coup dur », j’ai pu éprouver que la solidarité pratique, physique peut exister et se manifeste, ce qui est beau… mais le cœur, l’envie, une forme de cénobitisme malgré les diversités de parcours et de modes de vie…. Quant à la justice, elle n’est pas fonctionnement (toujours à améliorer), elle est vérité et vie, elle devrait. Réclamer justice, c’est demander et espérer, vouloir son « dû ». La révolte au nom de la vie, de la dignité de soi et l’objection de conscience sont les piliers de l’humanisation de nos sociétés, plus encore à l’époque moderne et dans nos situations puisqu’il n’y a plus de référence au sacré ni à la transcendance. Je reconnais que ces références peuvent conduire à la dictature : la chrétienté, l’Islam ont été ou peuvent être analogues au IIIème Reich et au stalinisme… horreur. En tout, l’antidote est l’amour. Ses manifestations sont au choix. Son « déclenchement » est sans doute, depuis toujours et en toutes civilisations et circonstances, la preuve la plus immédiate et totalisante à vivre de la puissance et de la grâce divines. Aimant, nous surmontons et subjuguons, renversons et magnifions (Magnificat), aimés : nous existons. L’amour est contagieux même si tout semble fermé et f… L’amour est autre et est l’autre : enfin, nous sommes parce que nous aimons, pouvons aimer, sommes aimés.  
Prier… [2] comme Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Cela ne s’invente pas, c’est vécu et documenté. Jésus attire, plaît : il est rétribué, invité et avec son monde ? le texte ne le dit pas, mais c’est probable, puisque la scène a ses témoins. Fort bien. Jésus entra chez lui et se mit à table. Il a faim, mais il est à l’aise. Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas d’abord fait son ablution avant le repas. Le rituel bénédictin aujourd’hui de l’ablution proposée aux hôtes. Refusa-t-il ? ou la proposition ne lui fut-elle pas faite ? Riposte du Christ qui ne brille pas par la politesse mais l’agression est venue de l’autre : donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vouq. A comportement, comportement et demi. Mais Jésus se fait des ennemis et dans les évangiles la forme annonce et commente toujours le fond : elle en est le soutien et l’occasion. Paul, l’impeccable pharisien de culture et de comportement jusqu’à la persécution de ceux qui ne restaient pas de ces pratiques, va plus loin que son Maître : en pratiquant la Loi, vous vous êtes séparés du Christ, vous vous êtes déchus de la grâce. C’est par l’Esprit, en veru de la foi, que nous attendons de voir se réaliser pour nous l’espérance des justes… ce qui importe, c’est la foi agissant par la charité. L’autre, la personne, non le dogme ou plutôt le dogme d’aujourd’hui introduit notre attention à l’autre. L’autre est d’abord le Christ, lequel immanquablement et constamment nous ramène aux personnes, à tous et toutes, aux rencontres et aux responsabilités. Que vienne à moi, Seigneur, ton amour, et ton salut, selon ta promesse. Alors la loi est devenue parole, et la parole attention divine à notre égard.


[1] - « sur » Direct 8 : de Florian Flenckel von Donnersmarck, 2006 – avec Ulrich Mühe (un Oscar et décédé un an plus tard, Sebastien Koch et Martina Gedeck

[2] - Paul aux Galates V 1 à 6 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc XI 37 à 41

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