jeudi 4 octobre 2012

je sais, moi, que mon libérateur est vivant - textes du jour

Jeudi 4 Octobre 2012

Intentions de prière ensemble
 
J'attends des nouvelles de Claire à me parvenir incessamment. Je reçois d'un "camarade de classe" cette lettre de sa femme à leurs amis
 
Chers amis,

 Il faut que je vous dise,……….

J'ai fait un mauvaise pioche! J'ai  tiré la carte "Cancer". Au dos de la carte : cancer de ??? avec métastases dans les ganglions.: on est sûrs du cancer, mais on ignore la localisation. D'où, avant même le traitement, une série d'investigations pas drôles qui ont commencé il y a deux mois et tout cela  va  occuper notre été...catovien... ou à Villejuif (petit lieu charmant, parait-il) alors que" Dar es Salam" à 'Ancheyra nous tend les bras, et que la maison est plus belle et délicieuse que jamais. Nous avons fait avec succès et avec de bons artisans  la première tranche de travaux . C'est génial, mais...on n'y sera pas beaucoup cet été - sauf, espérons , entre les chimios. Toutes les réjouissances que l'on souhaite pour un été cool!

humour de la vie ...Nous étions tellement heureux de pouvoir réunir tous les enfants et accueillir les amis, dans un beau lieu, une maison familiale de vacance, un rêve!

   Bien sûr , je me sens forte de la prière de ceux qui croient au ciel, mais nous vous demandons de ne pas prier pour que  "Dieu"   guérisse. Nous ne croyons pas en un Dieu qui aurait besoin de la prière  des hommes  pour guérir qui que ce soit . Cela voudrait dire qu’ 'il serait responsable des maladies et serait un Dieu pervers qui choisirait celui qu'il guérit ou pas. Nous croyons qu'Il est d'un autre ordre: Il est pour nous l'enfant dans la crèche dont il faut s'occuper et l'Homme  sur la croix, jusqu' au bout de l'amour.(Deux incarnations de "l'impuissance humaine  ",    mais de l’infinie  puissance de l'amour )  Il est celui qui dit "je suis la vie" ( c'est plutôt de circonstances). Il est le réseau d'amitiés et de tendresse, de passion pour l'homme, de fraternité ...

   En revanche, Si vous avez envie de prier, priez  plutôt avec nous pour que nous sachions faire confiance à l'amour de Dieu dans ce tunnel et sachions Lui donner toute sa place en nous pour nous accompagner dans ce parcours somme toute assez banal, hélas..
Je suis  une disciple  d'Etty Hillesum  et de Zundel , dont la foi représente ce qui est le plus proche de la nôtre (Géraldine et daniel). La prière est une manifestation de la communion des hommes, une des plus belles représentations de ce qui fait de nous des humains, de ce potentiel d'humanité qui nous réunit tous.

Il paraît que pour guérir il faut rire chaque jour , alors allons y...on va en avoir besoin, entre Chatou et Villejuif...

                Il me semble, pour l'avoir vécu comme vous, et, pour Daniel ,  des deux côtés de la barrière, qu'il est difficile de savoir sur quel pied danser quand on rencontre les personnes qui ont fait cette mauvaise pioche. Ce n'est pas parce qu'on a chopé" la bête" que la vie s'arrête et qu'on ne pense plus qu'à ça, même si c'est évidemment très présent. Donc on continue à s'intéresser à VOUS, nos amis , à notre famille, aux petits détails, les représentations  de Dieu et la situation des religions (pas vraiment la joie, mais quand même des pistes  et des lueurs parfois), la peinture  et les artistes, l’atelier de couture pour les mères célibataires, les bons bouquins et les bons films, la musique et les projets fiscaux du gouvernement, l'équilibre dans les banlieues, l'éducation , le temps de travail et le courage à l'ouvrage, les bons trucs pour supporter la chimio ( le rire quotidien - vive Le Chat) ...Pleurer ne guérit pas,(même si parfois cela fait du bien- on n’est pas des bêtes) non plus que les mines ad hoc. En revanche, l'amitié c'est super. On n'est pas sûrs d'avoir toujours la pêche, mais la vôtre peut être contagieuse. On compte dessus. Et Daniel en a autant besoin que moi. Dur, dur, pour lui.

Passez de bonnes vacances en riant pour notre compte.
 
Hier
 
Méditations simples. Pour comprendre le monde actuel, pas besoin de voyager ni d’accumuler fiches, notes de colloques, témoignages sur ailleurs et les autres. Tout est nous…

Couples… l’amie de cœur de notre fille doit rentrer chez elle à pas de loup, son frère et sa sœur dorment déjà, son père aussi. Celui-ci ronfle, il dort seul. L’épouse et mère de famille partage alternativement le lit d’un de ses enfants ou de deux. Les lits à sept ou huit, avec coffrages et rideaux, toute la famille réunie ou se subissant pour le sommeil, mais le couple … un couple d’homosexuel, le plus jeune qui est aussi le plus aimant s’ouvre quand je lui demande ce qui motive et fait la vie de son amant. Il ne sait pas, inertie et manque total d’initiative de l’autre, irascibilité et humeur changeantes, depuis vingt ans qu’ils se connaissent sans pour autant que l’atrabilaire trahisse ou quitte son cadet, étonnement des tiers pour ces humeurs… un « fast-food », un homme de mon âge attend placidement, on fait la queue pour lui, c’est sa femme, quarante-trois ans de mariage, les enfants et leur argent, les vraiment gratifiants sont les petits-enfants, l’un de ceux-ci est précisément garçon de salle et passe devant nous avec la boûte à ordure et les sacs à garnir.

Crimes et altercations, l’étonnant n’est pas qu’il y en ait tant et d’horribles, mais qu’il n’y en ait pas davantage encore. Mes jeues chiens de chasse mais je ne chasse pas ont entouré un chasseur, déballant son matériel avant de descendre aux canards, il est des Pyrénées atlantiques, il se démène et crie, brandit tout devant les chiens que la tension monte, il aurait tranquillement fait ce qu’il voulait faire, les chiens l’auraient regardé sans plus. Spectateurs des voisins avec lesquels nous ne sommes pas en bon terme, précisément à cause des chiens : nous en avons eu deux fusillés, un troisième blessé, et trois tentatives d’empoisonnement dont une mortelle. J’arrive enfin à parler avec la fille des voisins, la propriétaire réelle. Que de légendes et de rumeurs à dissiper, mais une situation à comprendre et donner à l’autre l’impression engageante qu’il est compris. Peu importe ce que nous convenons et ce que j’apprends, mais dès lors qu’on se parle, la guerre s’éloigne. Cris e gesticulations l’approchent. Il y a des gens plus que nerveux entre la perspective proche de leur plaisir (la chasse, quel est l’instant de l’orgasme : bientôt tuer ? avoir tué ? ) et la tenue de l’arme qui est son argument pour écarter les chiens et m’intimider. Entre Israël qui a dévasté le sud du Liban et ceux qu’on appelle les Palestiniens, c’est cela depuis maintenant soixante-cinq ans, c’aurait pu être autre chose, surtout s’il n’y avait pas un Etat. En quoi le projet d’un autre Etat, tant évoqué par des Occidentaux qui cependant l’empêche de naître, est encore plus belligène. Il faut l’Etat multi-racial et multi-confessionnel, unitaire. Le type aurait pu tirer, il n’a pas tiré, pas même déballé son fusil. Le face-à-face Israël-Iran, en quoi le nucléaire en lui-même ne sert à rien puisqu’Israël n’intimide pas par cela mais par ses forces conventionnelles, forces d’occupation et de raid. Chacun a raison et chacun doit organiser son autonomie et l’exercice de ses responsabilités.
 
Ce matin
 
                                    Prier… tout rempli de ce que je reçois… la communion des saints que nous sommes tous et chacun, ne nous est-elle pas naturelle tant nous sommes entourés… mais, sans le vivre actuellement, combien cependant sont horriblement seuls, se sentent horriblement seuls, et le sont effectivement sans aide, ni écoute, ni accompagnement ou tellement cernés… le postier qui se défenestre… ou mon épistolier ce matin malgré ce qu’il est et que je sais depuis notre enfance ensemble. François d’Assise… commentaire de Benoît XVI : sainteté et joie sont indissolubles… je pense à ceux qui souffrent, même « légèrement »… Job [1] Géraldine… Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas… J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants… Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : « Le règne de Dieu est tout proche de vous ». Déjà là, en vous, pour vous qui l’attendez… Ainsi soit-il. La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. … « Paix à cette maison ». S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon elle reviendra sur vous. (Heureusement), quoi qu’on fasse, qu’on lise, qu’on prie, qu’on reçoive, le Christ – pourtant Dieu à notre portée et fait homme – reste mystérieux et complexe, y compris dans son enseignement. C’est son comportement qui ne l’est pas. Logique et méthodique : parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes où lui-même devait aller. Un plan de campagne… plusieurs strates parmi les disciples, ni en hiérarchie, ni en proximité mais en vocation. Profession de foi de Job… nous ratiocinons, surtout les chrétiens (qui sur le sujet sont les plus incroyants, parfois même nos prêtres… puisqu’au souhait, à l’élan nu de l’espérance, s’est substitué un reçu dogmatique) : je voudrais qu’on écrive ce que je vais dire, que mes paroles soient gravés sur le bronze avec le ciseau de fer et le poinçon, qu’elles soient sculptées dans le roc pour toujours. … Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face ».


[1] - Job XIX 21 à 27 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Luc X 1 à 12

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