dimanche 28 octobre 2012

ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert - textes du jour

Dimanche 28 Octobre 2012

Premier commencement : le givre sur le toit des voitures, l’engagement à tenir à date si rapprochée que cela devient aisé tant il va me falloir constamment arbitrer pour ce travail (ce court essai sur la France dont notre fille me donne la dialectique par le titre qu’elle m’a suggéré pendant la campagne présidentielle : Si la France mentait… je vais surtout définir la France par le lien que chacun peut avoir avec elle, ces idées qui construisent… DESCARTES : idea Dei, Deus est), le devoir d’accompagner mes amis mauritaniens pour la prochaine, possible et si souhaitable refondation après des décennies d’autoritarisme par des militaires défroqués et chacun psychologiquement limités quoique différents les uns des autres. – Hier, l’aquarium du Trocadéro, le vol des poissons, les raies, les mini-requins, les autres, les trois manières, les ondulations merveilleusement belles, la godille d’une extraordinaire souplesse, les rames… Marguerite et la sorte de récit qu’elle vit alors… ma rencontre, parmi les personnels du semi-restaurant d’un journaliste en herbe et d’un poète certain, tout le personnel est d’ailleurs étudiant et masculin… enfin plusieurs heures à la Closerie des Lilas en écoute de témoignage biographique et d’analyse plus psychologique que sociologique ou politique, d’un homme d’Etat mauritanien tandis que cette nouvelle ère s’est ouverte, par un extra-ordinaire accident : une ou un quidam, sans doute apparenté au dictateur, lui fait tirer dessus par ses propres services pour venger une insulte intime… Cette observation du Commandant FREREJEAN, compagnon de COPPOLANI quand nous « pénétrâmes » ce pays : vous pouvez les tuer, ils ne vous en voudront pas, mais les insulter ? jamais. Mon ami bédouin préfère le froid du dehors, quand il est à Paris que les salles à piano d’ambiance et chauffage au point : je réalise que ce n’est pas de température qu’il s’agit mais de plein air et de sensation physique de l’espace, donc de la liberté. Il me conseille d’aller au plus droit dans ma lecture du Coran : Le voyage nocturne. Lui et le président renversé en 2008 par l’actuel dictateur des mains duquel tout s’échappe maintenant, m’auront donné le portrait le plus fort du fondateur : l’homme admirable de qualités et de sang-froid, de sainteté mais surtout doué d’un charisme ultra-simple vis-à-vis de ses compatriotes tandis qu’il exerça le pouvoir et depuis, exil puis mort au retour dans son pays : en incarner totalement et parfaitement les vertus. Mais il y a le mot de VALERY que mon commensal d’hier connaît bien (Normale, CAPES, agrégation de lettres modernes avec option latin, manquée d’un cheveu par amour de sa jeune épousée et des palmiers d’une ie quotidienne retrouvée à des vacances de Noël, il fait réexpédier sa caisse d’étudiant logeant à la Cité universitaire boulevard Jourdan, en milieu d’année…) : méditation de l’auteur de la jeune parque sur l’Allemagne et la Grande Guerre, tant de vertus permettant une éducation et une discipline que nous avons vues, ont permis aussi tant d’horreur… citation de mémoire de sa propre évocation de mémoire, référence à retrouver.   
Prier… pour commencer-recommencer (exhorde de Jean de la Croix… dont j’ai hâte de lire le Pléiade qu’il partage avec Thérèse d’Avila) [1], l’évangile de Bartimée, déjà médité en partage avec d’autres et notre curé desservant, mercredi dernier. A première lecture, l’intensité du dialogue, pus étendu que d’habitude : Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! … Fils de David, aie pitié de moi ! – Appelez-le. – Confiance, lève-toi ; il t’appelle. – Que ceux-tu que je fasse pour toi ? – Maître, que je voie. – Va, ta foi, ta foi t’a sauvé. Un appel par transmission au lieu de la vocation ou du mandement directs. Le miraculé suit sans en être empêché contrairement à d’autres dans les évangiles, mais sans en être prié non plus. Délicatesse du Christ qui pose la question quelqu’évidente que soit la réponse. Il me semble que Bartimée était archi-prêt, qu’il attendait depuis sa naissance ou sa tombée en cécité, il ne peut laisser passer l’occasion unique, Celui qu’il attend passe. Il Lui décerne son titre messianique sans hésiter : c’était Jésus de Nazareth, lui dit-on. Il crie – il a du coffre car il y a foule et que beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire – Jésus, fils de David ! Les Pères de l’Eglise remarquent que Jéricho peut symboliser le mauvais lieu, les puissances du mal que quitte Jésus pour aller à sa Passion, à Jérusalem. Le manteau, le dépouillement, l’abandon peut-être de la récolte de piécettes pour la journée. L’aveugle ne se traîne pas, ne demande pas d’être aidé ou guidé. Il est déjà transformé, transporté. L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. La conclusion est aussi intense : aussitpit l’homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route. Les deux postures, Marie aux pieds de Jésus qui écoute, boit les paroles de son Seigneur, elle Le voit déjà ressuscité mais ne saura alors Le reconnaître, et Bartimée (dont le prénom est péjoratif selon les exégètes) qui marche, qui suit un Seigneur qui l’entraine et par le miracle lui a tout dit. Jésus constate la foi de l’homme… Seul emploi du temps présent dans le texte rédigé entièrement au passé simple ou à l’imparfait : Jésus s’arrête et dit..  Jésus lui dit … Et Jésus lui dit. Evidente actualité de la parole divine. La parole de Dieu est présence, donc toujours au présent, de la Genèse à l’Apocalypse. L’homme emporté par la foi, le miracle reçus parle aussi au présent. Viens, Seigneur Jésus ! Mes amis mauritaniens à qui je souhaite bonne fête avant-hier, non seulement m’accusent réception, mais me souhaitent déjà bonne fête de la Toussaint. Ma fratrie de sang n’accuse réception ni de mes vœux pour la sainte-Marie qu’est notre fête de l’Assomption, ni aux évocations anniversaires de notre mère, puis de notre père, trois moments à quelques semaines près… parole et silence. Et pourtant les analogies fréquentes de l’Ecriture avec la fratrie de sang pour exposer un lien spirituel, l’adoption par le Christ de chacun de nous, restent fondées : rien ne rompt la communion même si toute expression est suspendue. Ils étaient partis dans les larmes, dans les consolations je les ramène ; je vais les conduire aux eaux courantes par un bon chemin où ils ne trébucheront pas. Or Jérémie, le prophète du « juste humilié », écrit à la veille du sac de Jérusalem et de la déportation, qu’il mime même pour ses compatriotes dans l’urgence. Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence. Il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. Amen.


[1] - Jérémie XXXI 7 à 9 ; psaume CXXVI ; lettre aux Hébreux V 1 à 6 ; évangile selon saint Marc X 46 à 52

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