vendredi 2 novembre 2012

celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors - textes du jour

Vendredi 2 Novembre 2012

Eveillé depuis une heure, la nuit encore noire, silence total, tandis qu’en Bretagne se verrait l’aurore en résurrection, en lever et les oiseaux se feraient attendre. Ma femme et notre fille continuent dans le sommeil, le grand lit de mes beaux-parents, la respiration de ma femme tandis que je suis à ce clavier... m'émeut. Mon beau-père, le lève-personne essayé… comme un ballot du quai aux cales d'un bateau... m'émeut. Mon beau-frère : de son père... il n'a qu'à assumer et la boucler (la prise de cachets hier matin) m'émeut aussi, car une telle dureté veut bien dire qu'il ne s'est trouvé pour lui-même que la voie d'assumer tout , les dents serrés, sans se voir un seul interstice de liberté et donc de bonheur. Je ne peux prter le monde ni moi-même. Il me semble de plus en plus que dans la légèreté et ma dstraction, ma non-prière dans la journée quoique mes promenades canines soient le moment aussi d’une récitation mécanique du chapelet, comme un environnement que je reçois et me donne, je n’aurai qu’un seul instant décisif, celui de l’espérance absolue : ma mort, la mort, notre mort soient l’enveloppement de Dieu pour le grand transport, le grand transvasement dans la réalité, qu’est la vie éternelle. Prier les textes de ce jour, continuant la fête d’hier par une seconde commémoration : après les saints que nous rejoignons un peu plus à chacune de nos resporations, les morts que nous sommes et serons, avec lesquels nous vivons de souvenir, d’affection, de visitations et de certitudes subtiles, de communion [1].

Même s’il meurt avant l’âge, le juste trouvera le repos. La dignité du vieillard ne tient pas au grand âge, elle ne se mesure pas au nombre des années. Pour un homme la sagesse surpasse les cheveux blancs, une vie sans tache vaut une longue vieillesse. Il a su plaire à Dieu, et Dieu l’a aimé ; il vivait dans ce monde pécheur : il en fut retiré. Il a été repris, de peur que le mal ne corrompe sa conscience, pour que le mensonge n’égare pas son âme. Arrivé au but en peu de temps, il a couvert une longue route. Parce qu’il plaisait au Seigneur, celui-ci, sans attendre, l’a retiré d’un monde mauvais. Les gens voient cela sans comprendre ; il ne leur vient pas à l’esprit que Dieu accorde à ses élus grâce et miséricorde, et qu’il veille sur ses amis … Le jour viendra où le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples un festin sur sa montagne. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages… Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! ». Vient la prière de l’agonisant que nous sommes à chaque instant, autant qu’au dernier. Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse,  mes exaltations, mes inconséquences, ne regarde que ma foi d’un commencement à un autre, toute ma vie aventureuse d’attente et de rencontres. Dans ton amour, ne m’oublie pas. Tu ne m’as jamais oublié, tu m’as toujours rejoint et attendu. Je te trouvais toujours parce que tu ne me quittais jamais. C’est moi qui t’oubliais, ne sachant pas que toute rencontre, toute passion, toute exaltation, tout péché me maintenaient devant toi, me mesuraient à toi. L’angoisse grandit dans mon cœur : tire-moi de ma détresse. Vois ma misère et ma peine : enlève tous mes péchés. Garde mon âme, délivre-moi : je m’abrite en toi. Epargne-moi la honte. Droiture et perfection, les tiennes, celles auxquelles tu m’appelles, puisses-tu m’en donner envie, désir, chemin pratique … maintenant. Sur moi qui t’espère ! … Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur et  si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la ve, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants… Paradoxe, le Coran et son Prophète discutent à l’infini la Trinité, reçue comme un polythéisme, mais pas la résurrection. Il est vrai que pour le chrétien, la résurrection n’est pas une espérance inhérente à la mortalité humaine, elle est le fait de Jésus. Pas un sentiment, une déduction, mais une réalité introduisant à tout. Le mystère ne vient qu’ensuite, il vient de la non-coincidence entre un contenu : Dieu et Sa vérité, et un contenant : l’exiguité de notre condition, de nos enveloppes de chair et de conscience. Cette exiguité ne durera pas. Nous le sentons mais n’avons pas les mots pour nous le dire les uns aux autres, silencieuse communion. L’Apôtre continue : il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, eux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Retenez ce que je viens de dire et réconfortez-vous les uns les autres. Cachet final apposé par le Christ qui nous a laissés ainsi cheminer jusqu’à lui : celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors… Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos.

Marché en lisant ces textes. Ils me prennent là où je suis et tel qu’il m’est donné de prier et d’espérer. Admirablement à me correspondre, me rejoindre pour me guider plus loin, d’endroits en endroits. Parabole de ces venelles et maisonnettes, circuit des chiens, routine apparente. Vie et prière sont ici. Deux mouvements en interrogation et action de grâce. C’est la foi qui est insolite, la non-foi est usuelle, naturelle à notre époque : ce ne le fut pas toujours, ce n’est sans doute pas natif dans l’espèce humaine : non-foi ? absence ? de quoi ? de qui ?  je ne sais dire l‘état de conscience que j’attribue à la majorité de celles et ceux qui l’entourent ou que je cotoie : agnosticisme, athéisme … non, c’est autre chose : vide spirituel ? c’est encore autre chose, alors que la foi se définit, pas tant en contenu qu’en gratification et surtout en maintien, totalement gratuits. Et seconde interrogation-constattion : oui, que la foi dure en nous, en moi, se maintienne, d’elle-même ? sans doute. Acquiescement de ma part ? non ! constat, bonheur. Le bonheur écoute, le malheur durcit. Je le sens tellement dans ma belle-famille, mais la croûte qu’il fait est mince, le rire et le dépaysement en ont raison et je n’admire plus que le courage et l’éveil quotidiens de celle et celui qui n’ont plus d’existence que d’entourer l’hémiplégique par ailleurs en si bonne santé… A mon retour, entrouvrant la porte pour que se réintroduise l’aîné de nos chiens, visage enfin reposé de ma belle-mère. Le nouvel aide-soignant : Christian justement. La route depuis Haguenau, deux fillettes, dix et huit ans. Il se qualifie : pour une fois, la définition juridique et sociale convient : auxiliaire de vie. Je dirai sauveur : Christian. Encore plus massif que mon beau-père. – Recopié les textes de ce matin. Puissent-ils éclairer, rencontrer… et mes frères et sœurs, musulmans, de Mauritanie. Comme la prière ensemble, avec eux, est aisée tandis que s’amorce le grand tournant de leur vie nationale. Hier, sur France-Infos., les indications-descriptions-demandes si précises du responsable de la question du logement à la Croix-Rouge. Pour tant de nos compatriotes ou co-habitants, l’angoisse quotidienne de multiples précarités. Leur vie…


[1] - Sagesse IV 7 à 15 ; Isaïe XXV 6 à 9 passim ; psaume XXV ; Paul aux Romains XIV 7 à 12 ; Paul aux Thessaloniciens IV 13 à 18 passim ; évangile selon saint Jean VI 37 à 40 & selon saint Matthieu XI 25 à 28

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