dimanche 4 novembre 2012

la lampe de ma route - textes du jour

Dimanche 4 Novembre 2012

La richesse de ce qui m’est donné, à certaines heures, ces temps-ci. Une apparente diversité, une foule de moments, de lieux, de dialogues mais un tel équilibre dans ce que je reçois, un tel calme se déversant du seul fait qu’une cathédrale ici, une autre là existent, une ligne de montagne venant soudainement se présenter, des levers et couchers : lune et soleil, la sensation d’arriver dans un présent si rassembleur, et hier le bouquet offert par une personnalité que je sais connaître, dont j’ai vécu ou entendu en confidence ou comme témoin des étapes et de la lumière. Les traces d’une vie quand elle est or et respiration, quand la relation familiale, parentale, fraternelle, amicale, maternelle se montre avec une telle plénitude, quand la fête dédiée à soi est un cadeau au monde… je reste sans mots, mon imagination est stupéfaite de bien-être et d’avoir à seulement contempler car la réalité enfin n’est plus mon fait mais celle d’un autre – en l’occurrence un amour passé qui mutliplie tout par un assemblage qui ne peut s’évoquer qu’en écriture de tant de pages et en restitution de tant d’histoires censément personnelles. J’ai vécu cet intense repos d’être immergé dans ce que produit une existence humaine : ni une récapitulation, ni une heure festive entre amis souvent déjà liés les uns aux autres et s’étant transmis le relais d’autres affinités. Antoinette, naguère aimée et désirée sans qu’amour et désir aient alors le sens qu’ils eurent ensuite, au moins dans ma vie personnelle, de ses seize à ses soixante ans, nous a donné hier soir, dans un cadre également adéquat, la perfection que peut produire un unisson d’attentions à autrui. Et j’ai reçu en plus de ces histoires de chacun, ressenties en quelques regards, acquiescements ou phrases, la certitude-confirmation-découverte que ma femme et notre fille sont mon propre visage, ma propre âme et qu’il me reste, en mission-travail-offrande à devenir et demeurer elles-mêmes. Rarement, des heures m’ont donné une telle sensation de plénitude. Quand bonheur, affection, dilection sont ensemble sans mots, presque sans image. Et puis il y eut le clavecin, le lyrisme, des visages, même les imperfections ont été chacune touchantes. Les parents : père et mère, retrouvés quarante ans après, les trois fils, de lits apparemments différentes mais non antagonistes, la fratrie éléments par éléments, couples, descendance compris. Le charme et les mouvements des très jeunes enfants. Des rencontres enfin, quelques femmes, quelques hommes tellement intenses, ou bien rendus intenses par l’architecture et l’équilibre de ces heures. Une magnificence humaine, c’était un repas, des vœux et discours d’anniversaire et le cadre était autant appartement de plain-pied, gravures précieuses, tableaux de maîtres de la Renaissance, un MIRO, que ce cotoiement de vies, de parcours, d’identité, de visages, les deux Amphytrion faisant découvrir ce qu’est l’homoseuxalité quand elle est paix d’amitié accomplies, les meubles si beaux venant de famille. Je restitue maintenant l’écrin strasbourgeois du quartier des Contades, à celui – la Robertsau – de mes beaux-parents mais j’avais sans même les convoquer les images plates et brumeuses de l’Allemagne rhénane de mes années 60, et me reviennent les lenteurs de mon approche d’une fille de seize ans, les chateaux d’une autre civilisation, les accueils d’une famille qui me donna plus que tant d’autres quoique je n’y fus pas gendre ni partenaire…. Il me reste ce matin la certitude que l’humain est relationnel, bouquet, et que la mémoire est un palper nouveau du présent.
Me sentant sans plume pour dire hier, j’ai également à mon éveil – ce matin qui depuis avance – reçu la parabole des écritures évangéliques. Les moments reçus par les disciples autour d’une figure étonnante mais acceptant la familiarité autant que se maintenaient la distance et l’indicible, ont pu être transcrits et propagés en sorte qu’aujourd’hui et certainement il y ait assez de matériaux pour qu’en termes humains, on aille à la vie et se prépare à la foi. Hier, la douce fête aux lumières dorées et aux visages, aux voix qui ensemble faisaient un unisson dont j’ai rarement ressenti l’expérience à ce point, en tout cas en fratrie ou en politique et ce matin, l’épuisement des sens, du souvenir et du vœu gratifié d’aimer… je dépose le tout et accepte de n’être plus qu’un infime existant et conscient pour le dimanche auquel je suis convié. Ces commandements que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. [1] Oui, prier car nous sommes en charge les uns des autres, la foule que j’ai reçue en moi et ma présence peut-être continuant en certaines et certains, m’obligent avec force et douceur à m’agenouiller pour tout offrir. Le Christ nous reçoit parfois ainsi quand Il nous a amenés à Lui par ce qu’Il nous inspire de vivre, de répondre, de chercher. Firt bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. Comment, surtout si l’on est chrétien, oser se dire et se maintenir différent de posture et de foi quand se rencontre ainsi l’Islam et ce que Juifs et Chrétiens se transmettent… L’aimer de tout son cœur, par gratitude, par reconnaissance, par demande que durent et soient pérennes chacune de nos transfigurations, chacun de nos mouvements pour entrer en autrui et y être accepté et souhait… de toute son intelligence, et sans doute le Créateur ne nous a pas donné outil de plaisir et de rencontre, plus fort que cette faculté jouxtant sa propre divinité, de toute sa force, notre élan d’humanité, le produit paradoxal et scintillant de nos faiblesses consenties, admises, pas détestées de nous, vues d’autrui par leur tendresse, de toute sa force, sans doute est-ce notre identité que cette projection et cette tentative de créer à notre tour, en imitation de Dieu… et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutres es offrandes et tous les sacrifices. Pas de secret, pas d’orientation de vie ni d’état particuliers, ce que nous vivons quand sortir de nous-mêmes, et admirer nous donne enfin de la consistance, autant que de la conscience de nous-mêmes, et de la perception qu’autrui nous est analogue, respre, aime, pleure et meurt, mourra comme nous, rescussitera et chantera avec nous et nous avec lui, ce que nous vivons suffit à Dieu. Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu ». Et personne n’osait plus l’interroger. Jésus avait, sobrement et tranquillement, fait acquiescer ce scribe, cette autorité à tout un leg, et établi le silence pour la suite. Tes préceptes m’ont donné l’intelligence…. Ta parole est la lumière de mes pas… Ces commandements que je te donne resteront dans ton cœur. Amen… comme je suis gheureux de vivre, d’avoir, vécu, de prier. Que Dieu veuille bien accorder à toute sa création le chant d’action de grâce et le regard de tout et tous sur chacun, l’arbre qui reçoit la pluie mais aussi mon admiration et ma communion, nos chers chiens, les compagnons d’autres qui aussitôt viennent à nous sachant, flairant – oui – ceux qui nous entourent, ces hommes, ces femmes, ces enfants de la fête et de la réunion hier qui surent d’être qu’heureux du moment et de notre commune héroîne… La vie éternelle et notre mûe, parfois, sont si sensibles. Quelle est douce à mon palais ta promesse : le miel a moins de saveur dans ma bouche. Toute promesse est actuelle et il n’est de promesse et d’actualité que la vie présente. – Memento à porter tout aujourd’hui, ceux qui sont souffrants, ceux qui agonisent et ne rencontrent ni compassion, ni caresse, ni secours. Massacres et faim du corps, de l’âme. Personnes, nations, déserts et histoire contemporaine. Dieu est à continuer…


[1] - Deutéronome VI 2 à 6 ;  psaume CXIX ; lettre aux Hébreux VII 23 à 28 ; évangile selon saint Marc XII 28 à 34

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