samedi 10 novembre 2012

ou bien il détestera le premier et aimera le second, ou bien il s'attachera au premier et méprisera le second - textes du jour

Samedi 10 Novembre 2012

Prier… vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent : l’aphorisme est si connu, familier et de bon sens : aucun domestique ne peut servir deux maîtres, qu’il n’enseigne plus. Or l’ensemble du dire de Jésus est particulièrement novateur et complet, si je me détache, si nous nous détachons de la seule pétition d’incompatibilité et regardons-prions chacun des éléments en cause. L’Argent trompeur, la qualification est sans appel. Timidité de l’Eglise dans son magistère social. Elle ne condamne plus le capitalisme ou le libéralisme économique dans son essence, mais seulement dans ses conséquences. Il y eut une époque où sa condamnation du matérialisme mettait à pie d’égalité pour leur mépris des âmes et fondamentalement des orientations et fins de l’homme, le capitalisme et le communisme… il m’a toujours semblé que le capitalisme est à condamner dans son principe et ses échelles de « valeur » démontrées, s’il était besoin, par ce à quoi aboutit sa pratique, cf. aujourd’hui, mais que le communisme est à encourager dans beaucoup de ses pétitions de principe pour ne le condamner que dans son oubli pratique de ses fins originelles et fondatrices. Le Christ va plus loin. Et il est plus réaliste. L’argent est fuyant, il précarise, la sagesse est de n’en faire qu’un outil (la parabole de l’intendant avisé) : faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. La sainteté, la perfection ne sont pas des buts, mais un état dont nous ne nous approcherons jamais vraiment, sauf relationnement à Dieu, ce qui est le vrai but et la conditionnalité de toute vie  pour quelque créature que ce soit. Elles sont prévoyance et réalisme. La relation avec l’Argent trompeur est trompeuse. La cécité courante de nos sociétés, de nos vies praticulières en résulte. Mais Jésus reste dans le seul registre du relationnement. L’argent est notre épreuve, il teste nos relations. Il n’est pas le bien véritable et l’enjeu est la confiance que nous méritons ou que nous perdons. Vient le décisif, notre propre bien n’est pas originellement ni nativement le nôtre : il nous est donné. Les biens étrangers… l’Argent trompeur… ne sont que des essais de nos capacités de gestion et de discernement. L’enjeu est ce que nous allons faire de ce bien propre reçu de Dieu. Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? La conclusion est étrange : le domestique est mis en situation inextricable à servir deux maîtres. Ou bien il détestera le premier et aimera le second, ou bien il s’attachera au premier et méprisera le second. La relation est affective, elle n’est pas d’intérêt ! Elle est de considération.. La conclusion est sociale, terrible, sans exonération possible : Dieu connaît vos cœurs, car ce qui est prestigieux chez les hommes est une chose abmonable aux yeux de Dieu. La question et le jugement ne portent plus sur du matériel, sur de l’organisation, sur du fonctionnement mais sur la valeur que nous apportons au matériel, à l’organisation, au fonctionnement, à l’Argent trompeur : notre vue, notre discernement, notre révérence rapportés à ceux de Dieu. Paul donne l’exemple des nécessités et du relationnement : maniement de l’Argent trompeur … ce dont j’avais besoin… j’ai été formé à e contenter de ce que j’ai. Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir ce qu’il me faut. Etre rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manqjer de tout, j’ai appris tout cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Et si lui-même personnellement, et tout autant les églises qu’il a fondées et entre lesquelles il organise des solidarités et des péréquations, sont gratifiés, c’est le bénéfice qui s’ajoutera au compte des généreux donateurs : faites-vous des amis avec l’Argent trompeur. Sans doute, ces suggestions de regard et d’appréciation en psychologie et en société, en organisation économique peuvent se nuancer, épîtres et évangiles ajoutent aux textes de ce matin et les diversifient beaucoup. Mais méditer maintenant sur ce qui est davantage qu’une échelle de valeurs : un relationnement, est décapant : heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté ! [1]


[1] - Paul aux Philippiens IV 10 à 19 ; psaume CXII ; évangile selon saint Luc XVI 9 à 14

Aucun commentaire: