vendredi 7 décembre 2012

les humbles se réjouriont de plus en plus dans le Seigneur - textes du jour

Vendredi 7 Décembre 2012

Prier… la suite, toute suite commence de me passionner. Déjà depuis quelque temps – inertie ? ou autre mode d’exister – le récit de la vie et des situation des autres me tient lieu souvent de lecture romanesque. M’aperçois aussi combien le « spirituel », le rapport à Dieu est difficilement communicable. Non de moi aux autres – je ne le cherche guère que par ce partage de chaque matin, qui est plutôt de pousser l’assiette, le bol et les tartines vers des places dont je ne peux voir si elles sont ou seront occupées à la table où il m’a été donné depuis longtemps de m’asseoir – mais des autres à moi, ainsi ce témoignage d’hier soir, de plus en plus figé et ne me correspondant en rien, pas l’exaltation des « convertis » ou des « consacrés » nouvelle vague à la française (pas forcément intégristes) mais une sorte d’organisation plus sociale que mentale d’une conformité à des pratiques dictées de Dieu… selon, dans le cas de ma commensale m’ayant préparé un dîner à l’africaine, une messagère donnant les consignes de la Vierge. Jeûne, celui d’Esther, enseignement sur la pénitence, foi ou crédulité … mais malléabilité et retour au sourire quand je me suis cabré : accusé d’oublier sans cesse les éléments de généalogie et de situation de vie d’une fratrie caractérisée par la « marmaille d’enfants », les premiers nés d’un coït de cour de récréation, une seule fois, le legs masculin du rejeton, la fille de seize ans, son fils élevé avec elle par les parents comme s’il était la grande sœur, la tournure des hommes « là-bas », la polygamie et l’errance. Recherche masculine des proies, recherche du compagnon et de l’appui par les femmes célibataires, mères d’occasion revenant tardivement à la relation parentale, sur fond de débrouille, de petits commerces pour de minuscules plus-values. … j’ai réparti que l’oubli dont elle m’assurait par avance du « doggy-bag » pour mes chiens serait un manque de charité en même temps qu’une lacune de mémoire. Le registre a été ainsi changé mais vertige en étant, par conversation, immergé ainsi : cet univers de vie, ces dénuements natifs, les siens et autres lui téléphonant chaque jour, alors qu’elle-même n’a « plus d’unités » pour réclamer un envoi d’argent à Noël, cette attraction de l’ordre de la loterie pour l’Europe où ce qui n’est pas rémunéré en Afrique peut l’être : le ménage, le soin à la personne. Reste la fraicheur d’une confiance en Dieu quotidiennement renouvelée et attestée.
Curiosité pour moi, plus gratuite, mais me détachant salubrement d’une actualité – celle de mon vieillissement et de nos astreintes, celle de la débâcle de la façon pour notre pays de se gouverner, d’être gouverné – curiosité de la suite. Curiosité de ma mort et de la vie éternelle, curiosité des prochains jours, semaines et mois de l’actuel pouvoir chez nous : cela tourne au feuilleton, on ne pleure plus, on ne rit plus, stupéfait on tourne les pages, chacune nous enfonçant davantage dans l’irréel…. Bande dessinée, toutes les fautes même les impensables étant commises. Prier… Dieu étonnant : lui aussi ? lui surtout ? [1] Scène d’évangile criante de vérité, que nous vivons parfois, la charité sollicitée par des importuns qui ne lâchent rien et pas nosn « baskets », à vrai dire je ne l’ai pas vécue depuis longtemps, et – virtuellement – c’est plutôt moi qui ne lâche pas certains, dont nos dirigeants depuis 2006-2007, tandis que la pièce, ou hier le sandwich et la bouteille d’eau minérale, faute de monnaie, sont ma contribution à je ne sais quoi. Le clivage entre humains me semble d’ailleurs entre ceux qui souffrent de la souffrance et de la misère des autres, et ceux qui s’en f… ou les exploitent. Jésus était en route ; deux aveugles le suivirent, en criant : « Aie pitié de nous, fils de David ! ». Quand il fut dans la maison, les aveugles l’abordèrent… Les types de rencontre, les maladies ou drames rapportés à Jésus, diversité. Ici, elle est dans le texte. C’est Jésus qui pose la question de confiance. La nature du miracle sollicité n’est pas dite, elle est implicite. « Croyez-vous que je peux faire cela ? ». Ils répondirent : « Oui, Seigneur ». La foi, en l’occurrence, un préalable ? Une relation ? Un mode opératoire donnant à l’homme le rôle décisif ? Alors il toucha les yeux, en disant : « Que tout se fasse pou vous selon votre foi ! ». Leurs yeux s’ouvrirent… Il s’agit apparemment de guérir une cécité : Jésus leur touche les yeux, mais le miracle couvre bien davantage : tout. Tout dans leur vie. Que tout se fasse pour vous selon votre foi. Le retournement de l’histoire et de toute situation est là : les esprits égarés découvriront l’intelligence, et les récalcitrants accepteront qu’on les instruise… Les humble se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, les pauvres gens exulteront à cause du du Dieu saint d’Israël. … La foi, si vous en aviez gros comme un grain de moutarde… Cette remise en Dieu, à Dieu, les échanges d’hier et d’avant d’hier avec Véronique… a son fruit immédiat. La relation, la proximité, la sécurisation intime (sa propre prière, elle y insiste, est pour les autres, d’abord) : le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie : devant qui tremblerai-je ? L’amour de reconnaissance n’est pas geste, ni prédation, il est Marie-Madeleine aux pieds du Seigneur, l’embaumant, puis Celui-ci sorti du tombeau, voulant Le retenir… J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. – Arrivée de Véronique… proposition pour, ultéréieurement, réciter un chapelet ensemble et me rappeler d’appeler le chauffagiste : sans papiers, elle ne peut risquer quelque relation extérieure que ce soit… faire que le sourire soit de l’un à l’autre la relation de vie quotidienne, apprentissage aussi de l’humour pour nous-mêmes. L’évangile du jour conclut là-dessus : Jésus leur dit sévèrement : « Attention ! que personne ne le sache ! ». Mais à peine sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région. La guérison était pour eux, mais le miracle était base de témoignage, document pour tous : la rédemption. Jésus ordonne pour être désobéi. Les évangélistes n’ont jamais donné le commentaire du Seigneur sur cette propagation de la foi, qu’Il interdisait censément, une fois sur deux… si l’on peut compter dans les comportements divins. – Partie chercher le chausson aux pommes quotidiens de notre grabataire, Véronique me laisse le dépliant usé donnant les faits et la prière reçue le 13 Mai 1996 par sept élèves du primaire à Nsimalen (Cameroun). Réplique exacte de l’apparition de Pontmain : les enfants et un bâtiment, en l’occurrence la chapelle de l’école. Et écho de Fatima : « au 3e jour, toute la terre et toute la forêt autour de la visiteuse céleste devinrent lumineuse ». Neuf apparitions, une stigmatisation. Soit… dans le cas de Pontmain, ce fut manifestement une sorte de validation de trente ans de travail pastoral par un humble curé, fondant la paroisse et donnant à ses villageois une intense pratique de dévotion mariale. Ici… j’accepte surtout que nous sommes tellement auto-centrés, ethno-centrés (parabole expliquant d’ailleurs la cécité des politiques que seule la vie peut réveiller), que nous ignorons, nous ne pouvons plus percevoir ce qu’il arrive aux autres, ce que ceux-ci vivent et reçoivent. Le relationnel se perd,  nos vrais sens s’atrophient.


[1] - Isaïe XXIX 17 à 24 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Matthieu IX 27 à 31

Aucun commentaire: