vendredi 18 janvier 2013

le lieu de son repos - textes du jour

Vendredi 18 Janvier 2013

L’âme lourde et angoissée malgré lees joies et équilibres d’hier. Le ski tranquille par froid et neige souvent dure, ciel couvert, lambeau un instant de Mont Blanc et de crêtes jumelles comme un trou d’eau bleu clair, manteau des sapins faisant fourrure à reflets blancs sur moire noire. Des silences et des reliefs. Inopinément, nouvelle téléphonée : Vanille retrouvé, tibia brisé, au seuil dun magasin, errance dans la Roche-Bernard, police municipale, vétérinaire local anaesthésie, identification : mes démarches en mairie, les annonces diverses ont-elles joué, pas sûr… transfert ce matin à notre clinique de Vertou. – Ensemble, le CHABROL sur deux crimes en côte malouine, tenue de camera comme celle de ROHMER et de TRUFFAUT, le classique des couleurs et des plans, la grande attention de ces trois réalisateurs pour l’assort des acteurs. Texte tellement sobre qu’il est limpide et serviteur. L’obstination fait partie du talent… apprendre à attendre.
Moment que je voulais, même si je n’avais pas reçu la nouvelle pour notre Vanille… à l’église. La force de la nef nue allant à un retable très peuplé, et complexe malgré ses évidences et ses symétries. Plusieurs hommes, venant et partant sans relation ensemble que d’être là. A genoux, je les vois de dos impressionné par la prière que je ressens. La mienne est communion avec beaucoup de « mes » morts. Je ressens combien je suis pauvre et impuissant à prier. Ni demande ni action de grâces. Le temps coule à travers moi. Monté au maître-autel photographié un des niveaux du retable, David et Joseph encadrent les décisifs et le tabernacle. Quittant le lieu, je relève au hasard dans le « livre d’or » ou de partage des intentions… évidente densité de ce qui se vit dans cette église, et qui nous est sensible depuis que nous y venons chaque mois de Janvier en trinité. Au secours, à l’aide… C’est sympa, ici ! On reviendra… Merci de mon retour ici, chaque année. Marie Madeleine… Très jolie église. Mon Dieu protège mon bébé et veille sur lui… 8.I.13 . Seigneur, je te rends grâce pour Christophe libéré de prison ce matin… Merci pour nos enfants. Nous reviendrons. Des parents… Heureux de trouver cette paroisse au prénom de mon père que j’aime et qui me manque tous les jours. Papa, je t’aime. Stéphane, ton fils… Une prière, une pensée pour ma Maman Renée qui aimait tant Megève, venue à 17 ans pour travailler. Maman, je t’aime (ta fille)… Maman était venue jeune fille à Megève avec ses grands-parents. Grâce à elle, nous avons découvert ce village unique. Elle est morte il y a 6 mois à 94 ans. C’est pour elle que je continue de venir. Maman, je t’aime. Ta fille Christine. Novembre 2012…. A transcrire, hors contexte physique maintenant, ces phrases, ces prières, ces signes de communion, je suis bouleversé. – Comme j’écrivais cela sur mon carnet hier soir, approché par deux des hommes qui étaient restés agenouillés. Le plus grand d’entre eux dit qu’il est rare que l’on vienne photographier ainsi le retable. Conversation s’ensuit. Evocation de quarante ans d’une recherche spirituelle, d’une rencontre pénitentielle initiée à la table conjugale un premier de l’An, depuis chaque premier lundi du mois, à neuf heures du matin, après plus de cent kilomètres aux aurores de Megève à Thonon, retrouvailles avec ce prêtre. Parcours spirituel de l’église, place de Joseph, les anges dits gardiens, dont le nombre, impressionnant à constater, m’est ainsi montré. Le sens des vitraux, la disposition des tableaux, images, peintures au plafond. Bien plus jeune que moi quoiqu’il n’y paraisse. L’aîné de beaucoup, guerre d’Algérie à ses vingt ans, témoignage d’une introduction au mess des officiers pendant l’opération Jumelles par un camarade d’enfance devenu prêtre ensuite. Vie mégevane aussi, l’alpage pour l’un, la boucherie et maintenant la retraite, mais encore des préparations pour les amis : l’autre, qui va fermer l’église. Permanences bénévoles, chapelets quotidiens, Commentaire de la disposition nouvelle cette année de la crèche, personnalité du curé desservant. Le premier est sorti, silence des apprêts de la fermeture. Puis il est revenu me donnant une bouteille de Seyssel, champagne savoyard bu ensuite ensuite avec Edith qui savoure rarement, mais cette fois. Nous ne connaissions pas, vieilli asez vite mais en tonneau, et qui vaut les produits rémois… ainsi qu’à son compagnon, de la part de sa femme qui, semble-t-il, s’y était apprêtée sans qu’il ait pu avoir le temps de lui raconter notre échange. J’ai été stupéfait. – J’ai marché dans le village. La rumeur des rendez-vous d’apéro. les générations différentes. Une galerie d’art présentant en plusieurs objets une technique aux résulatts magnifiques : des boules mi-cristal, mi bois-fossiles avec leurs profondeurs, leurs échanges et éclats de couleur, leurs variétés. Naturellement, des prix… Megève dont un prédateur, sans doute recyclant de « l’argent sale » est en train de nous exclure, au moins pour la version de notre séjour, que j’ai acheté il y a près de quarante ans en propriété partagée. Enième combat, et de dernière minute, à soutenir. Fatigue et angoisse d’âme. – Télévision hier soir sur le dénouement apparent à In Amenas. Présence excessive de FH. Tout est certes bien géré, mais la suite peut devenir perpétuelle à échelle humaine. Je suis inquiet. Et entre « occidentaux » que de susceptibilités, d’autres natures qu’avec nos partenaires ou vis-à-vis africains et arabes. Informé d’une certaine manière, je transmets et ne peux rien.
Jour levé, tout est distinct, Charvin et crêtes des « montagnes à vaches » mais voilé, une sorte de gris bleu cendré sans relief ni aucune brillance, clarté mais pas lumière : nos vies dans la foi. La foi des autres, la mienne par exemple, n’est pas contagieuse par elle-même. Elle ne concerne et n’amène autrui, je ne la ressens sans gêne que si elle verse en Dieu, indique Jéus Christ. Sinon, quelque chose se cabre et un artifice empêche toute communion. Nos enveloppes empêchent beaucoup, à commencer par nous-mêmes. La transparence est décisive. Nous ne venons avec amour et considération aux autres que par le Christ, non l’inverse. – La femelle ? merle habituelle, écartant ses congénères, est venue petit-déjeuner.
J’entre angoissé dans la prière de ce matin  [1] : la parole qu’ils ont entendue ne leur servit à rien, parce qu’ils l’ont entendue sans la recevoir en eux avec foi. L’Apôtre prêche une solidarité que nous ne savons pas à ce point : Dieu a promis de nous faire entrer dans le lieu de son repos et cette promesse demeure ; mais nous devons redouter que tel ou tel d’entre vouss n’y arrive trop tard. Commentaire, selon le psaume, des infidélités du peuple sauvé d’Egypte, de chacun de nous oublieux de sa vie propre et de ce dont il a bénéficié. Ma rencontre d’hier soir : dans l’évangile, chacun trouve sa propre vie. Solidarité : le paralytique est amené aux pieds du Christ par des amis. La foi de ceux-ci suffit à Jésus : voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Sans doute, Jésus est-il le cadet de celui qu’il administre ainsi. Pas de demande ni de réponse de la part du paralysé ou de ses compagnons. Pas non plus l’évidence d’un supplément d’attention : une guérison physique, explicitement sollicitée. Celle est opérée par le Christ non pas selon la foi du paralysé et de son entourage, mais selon l’incrédulté de quelques scribes qui raisnnaient en eux-mêmes : « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blapsphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? ».  Avec un tranquille bon sens, saisissant aussittôt dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient, Jésus résout l’équation : le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre. Points de suspension. La guérison est seconde, quoique stupéfiante en fait et en contexte. Nous n’avons jamais rien vu de pareil. Le fond n’est pas commenté par l’évangéliste ni par les contemporains : le salut spirituel. Jésus, Fils de Dieu, sauve-moi, sauve-nous, sauve-nous tous… nous qui sommes croyants, nous entrons dans ce lieu de repos. Que tous indistinctement, scribes raisonneurs, foules alentour, intimes, proches, aimés, tous pris dans le filet de la foi au dernier instant ou dès le premier jour, et emportés en vie éternelle. – Le Charvin a rosi quelques minutes, le ciel est calme. Une autre heure est là. Je me blottis d’âme, mes aimées dorment encore.Puisse Dieu bénir cette journée, et que là-bas outre-Méditerranée, au Sahara multiple, advienne l’âge de raison et celui de la paix. Nous sommes faiseurs de guerre par distraction ou par intérêt, par une témérité propre à chaque génération, celle de croire que le temps ne produit rien si l’on ne touche rien. En relations internationales et en relations humaines, c’est l’omission qui nous charge le plus de conséquences.


[1] - lettre aux Hébreux IV 1 à 11 ;  psaume LXXVIII ; évangiles selon saint Larc II 1 à 12

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