samedi 23 février 2013

Benoît XVI avec ses séminaristes et ses prêtres du diocèse de Rome - avant de partir

                        Rencontre avec Benoît XVI, lui-même rencontrant ses séminaristes et son clergé en tant qu’évêque de Rome, trois jours avant et trois jours après sa renonciation… commentaire de l’hémorroïsse : C’est cela la foi: toucher le Christ avec la main de la foi, avec notre cœur et ainsi entrer dans la force de sa vie, dans la force de guérison du Seigneur. Et prions le Seigneur de pouvoir le toucher toujours davantage de manière à être guéris. Prions pour qu’il ne nous laisse pas tomber, qu’il nous tienne toujours par la main et qu’ainsi il nous protège pour la vie véritable… rétrospectivement, l’honneur de me sentir frère de cet homme, de le sentir si priant, donc aux mêmes heures et dans le même mouvement que celui qui m’est donné chaque matin. Et puis ceci, après la renonciation et qui donne à celle-ci ce sens dont j’ai été aussitôt pénétré : l’acte de Benoît XVI n’est pas seulement personnel, il est d’Eglise, l’Eglise qui en appelle à elle-même c’est-à-dire à ses fidèles et au monde : Il me semble que, cinquante ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa force spirituelle. Et voilà notre tâche, particulièrement en cette Année de la foi, à partir de cette Année de la foi, travailler pour que le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée. Nous espérons que le Seigneur nous y aide. Moi, retiré, dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble nous irons de l’avant avec le Seigneur, dans cette certitude : le Seigneur vainc ! Cette réflexion de l’évêque de Rome avec son clergé sur le Concile est stupéfiante, notamment le Concile des médias, donc extérieur au Concile-même, sans clé qui est la foi. Texte majeur, je ne sais si la Croix en a parlé. Ce qui est effrayant c’est que cet enseignement, intensément vécu par un pape et un pape qui va partir… de son vivant… ne donne pas lieu à commentaire ou réflexion en paroisse ici, et sans doute ailleurs.


VISITE AU SÉMINAIRE MAJEUR PONTIFICAL ROMAIN
À L'OCCASION DE LA FÊTE DE LA VIERGE DE LA CONFIANCE
"LECTIO DIVINA" DU PAPE BENOÎT XVI
Chapelle du séminaire
Vendredi 8 février 2013
Éminence, chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers amis !
C’est pour moi chaque année une grande joie d’être ici avec vous, de voir tant de jeunes qui s’acheminent vers le sacerdoce, qui sont attentifs à la voix du Seigneur, qui veulent suivre cette voix et cherchent la voie pour servir le Seigneur en notre temps.
Nous avons écouté trois versets de la Première Épître de saint Pierre (cf. 1, 3-5). Avant d’entrer dans ce texte, il me semble important précisément d’être attentifs au fait que c’est Pierre qui parle. Les deux premières paroles de l’Épître sont « Petrus apostolus » (cf. v. 1) : c’est lui qui parle, et il parle aux Églises en Asie et appelle les fidèles « élus et étrangers de la Dispersion » (ibid.). Réfléchissons un peu sur cela. Pierre parle et il parle — comme on le voit à la fin de l’Épître — de Rome, qu’il a appelée « Babylone » (cf. 5, 13). Pierre parle : il s’agit presque d’une première encyclique, avec laquelle le premier apôtre, vicaire du Christ, parle à l’Église de tous les temps.
Pierre, apôtre. C’est donc celui qui a trouvé en Jésus Christ le Messie de Dieu, qui a parlé en premier au nom de l’Église future : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (cf. Mt 16, 16). Celui qui nous a introduits dans cette foi parle. Celui auquel le Seigneur a dit : « Je te donne les clés du royaume des cieux » (cf. Mt 16, 19), auquel il a confié son troupeau après la Résurrection, en lui disant trois fois : « Pais mes agneaux, Pais mes brebis » (cf. Jn 21, 15-17). C’est également l’homme qui est tombé qui parle, celui qui a nié Jésus et qui a eu la grâce de voir le regard de Jésus, d’être touché dans son cœur et d’avoir trouvé le pardon et un renouveau de sa mission. Mais il est surtout important que cet homme, plein de passion, de désir de Dieu, de désir du royaume de Dieu, du Messie, que cet homme qui a trouvé Jésus, le Seigneur et le Messie, soit aussi l’homme qui a péché, qui est tombé et qui toutefois est resté sous les yeux du Seigneur et ainsi demeure responsable pour l’Église de Dieu, demeure chargé par le Christ, demeure porteur de son amour.
C’est Pierre l’apôtre qui parle, mais les exégètes nous disent : il n’est pas possible que cette Épître soit de Pierre, car le grec est si correct que ce ne peut pas être le grec d’un pêcheur du Lac de Galilée. Et non seulement le langage, la structure de la langue est excellente, mais la pensée aussi est déjà assez mûre, il y a déjà des formules concrètes dans lesquelles se concentrent la foi et la réflexion de l’Église. Ils disent donc : il s’agit déjà d’un développement qui ne peut être celui de Pierre. Comment répondre ? Il y a deux positions importantes : d’abord, Pierre lui-même — c’est-à-dire l’Épître — nous donne une clé car à la fin du texte, il dit : « Je vous écris ces quelques mots par Silvain — dia Sylvain». Ce par [dia] peut signifier plusieurs choses : cela peut signifier que lui [Sylvain] transporte, transmet ; cela peut vouloir dire qu’il a aidé à sa rédaction ; cela peut vouloir dire qu’il était réellement celui qui a écrit concrètement. Dans tous les cas, nous pouvons conclure que l’Épître même nous indique que Pierre n’a pas été seul pour écrire cette Épître, mais il exprime la foi d’une Église qui est déjà en chemin de foi, dans une foi toujours plus mûre. Il n’écrit pas seul, comme un individu isolé, il écrit avec l’aide de l’Église, des personnes qui aident à approfondir la foi, à entrer dans la profondeur de sa pensée, de son raisonnement, de sa profondeur. Et cela est très important : Pierre ne parle pas en tant qu’individu, il parle ex persona Ecclesiae, il parle comme homme de l’Église, certainement pas comme personne, avec sa responsabilité personnelle, mais également comme personne qui parle au nom de l’Église : non seulement avec des idées privées, non pas comme un génie du XIXe siècle qui voulait exprimer uniquement des idées personnelles, que personne n’aurait pu dire auparavant. Non. Il ne parle pas comme un génie individualiste, mais il parle précisément dans la communion de l’Église. Dans l’Apocalypse, dans la vision initiale du Christ, il est dit que la voix du Christ est la voix de grandes eaux (cf. Ap 1, 15). Cela signifie : la voix du Christ rassemble toutes les eaux du monde, elle porte en elle toutes les eaux vives qui donnent vie au monde ; elle est Personne, mais c’est précisément là la grandeur du Seigneur, qui porte en lui tout le fleuve de l’Ancien Testament, et même de la sagesse des peuples. Et ce qui est dit ici sur le Seigneur vaut, d’une autre façon, également pour l’apôtre, qui ne veut pas dire uniquement une parole personnelle, mais qui porte en lui réellement les eaux de la foi, les eaux de toute l’Église, et précisément ainsi donne une fertilité, donne une fécondité et précisément ainsi, devient un témoin personnel qui s’ouvre au Seigneur et devient ainsi ouvert et vaste. Cela est donc important.
Il me semble également important que cette conclusion de l’Épître cite Sylvain et Marc, deux personnes qui appartiennent également au cercle d’amis de saint Paul. Ainsi, à travers cette conclusion, les mondes de saint Pierre et de saint Paul vont de pair : il ne s’agit pas d’une théologie exclusivement pétrinienne contre une théologie paulienne, mais d’une théologie de l’Église, dans laquelle il y a — certainement — une diversité de tempérament, de pensée, de style dans le langage de Paul et de Pierre. Il est bon que cette diversité existe, aujourd’hui également, de divers charismes, de divers tempéraments, mais ils ne sont pas opposés et s’unissent dans la foi commune.
Je voudrais dire encore quelque chose: saint Pierre écrit de Rome. C’est important : nous avons déjà ici l’Évêque de Rome, nous avons le début de la succession, nous avons déjà le début du primat concret situé à Rome, non seulement consigné par le Seigneur, mais situé ici, dans cette ville, dans cette capitale du monde. Comment Pierre est-il venu à Rome ? Il s’agit d’une question sérieuse. Les Actes des Apôtres nous racontent que, après s’être échappé de la prison d’Hérode, il est allé dans un autre lieu (cf. 12, 17) — eis eteron topon —, on ne sait pas dans quel autre lieu ; certains disent qu’il s’agit d’Antioche, d’autres de Rome. Quoi qu’il en soit, dans ce chapitre, il faut dire que, avant de s’échapper, il a confié l’Église judéo-chrétienne, l’Église de Jérusalem, à Jacques et, en la confiant à Jacques, il demeure toutefois le Primat de l’Église universelle, de l’Église des païens, mais aussi de l’Église judéo-chrétienne. Et ici à Rome, il a trouvé une grande communauté judéo-chrétienne. Les liturgistes nous disent que dans le Canon romain il y a des traces d’un langage typiquement judéo-chrétien ; nous voyons ainsi qu’à Rome, on trouve les deux parties de l’Église : la partie judéo-chrétienne et la partie païenne-chrétienne, unies, expression de l’Église universelle. Et pour Pierre assurément, le passage de Jérusalem à Rome est le passage de l’universalité de l’Église, le passage à l’Église des païens et de tous les temps, à l’Église qui est aussi toujours des hébreux. Et je pense qu’en allant à Rome, saint Pierre n’a pas seulement pensé à ce passage : Jérusalem/ Rome, Église judéo-chrétienne/Église universelle. Assurément il s’est souvenu des paroles de Jésus à son adresse, rapportées par saint Jean : « Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas » (cf. Jn 21, 18). C’est une prophétie de la crucifixion. Les philologues nous montrent que ce « étendre les mains » est une expression précise, technique, pour la crucifixion. Saint Pierre savait que sa fin serait le martyre, serait la croix. Et ainsi, il sera dans la complète sequela Christi. Donc, en allant à Rome, il est certainement allé aussi vers le martyre : à Babylone, le martyre l’attendait. Donc, le primat a un contenu d’universalité, mais aussi un contenu de martyrologe. Depuis le début, Rome est aussi un lieu de martyre. En allant à Rome, Pierre accepte à nouveau cette parole du Seigneur : il va vers la Croix, et nous invite à accepter nous aussi l’aspect martyrologique du christianisme, qui peut prendre des formes très différentes. Et la croix peut prendre des formes très différentes, mais personne ne peut être chrétien sans suivre le Crucifié, sans accepter aussi le moment martyrologique.
Après ces paroles sur l’expéditeur, quelques mots aussi sur les personnes auxquelles l’Épître est écrite. J’ai déjà dit que saint Pierre définit ceux à qui il écrit par les mots « eklektois parepidemois », « aux étrangers de la Dispersion, élus » (cf. 1 P 1, 1). Nous avons à nouveau ce paradoxe de la gloire et de la croix : élus mais dispersés et étrangers. Élus : cela était le titre de gloire d’Israël : nous somme les élus, Dieu a élu ce petit peuple non pas parce que nous sommes grands — dit le Deutéronome — mais parce qu’il nous aime (cf. 7, 7-8). Nous sommes élus : cela, à présent, Pierre le transfère à tous les baptisés, et le contenu propre des premiers chapitres de sa première Épître est que les baptisés entrent dans les privilèges d’Israël, ils sont le nouvel Israël. Élus : il me semble qu’il vaut la peine de réfléchir sur ce mot. Nous sommes élus. Dieu nous a connus depuis toujours, avant notre naissance, notre conception; Dieu m’a voulu comme chrétien, comme catholique, il m’a voulu comme prêtre. Dieu a pensé à moi, il m’a cherché parmi des millions, parmi un très grand nombre, il m’a vu et m’a élu, non pas pour mes mérites qui n’existaient pas, mais pour sa bonté ; il a voulu que je sois le porteur de son élection, qui est aussi toujours mission, surtout mission, et responsabilité pour les autres. Élus : nous devons être reconnaissants et heureux de ce fait. Dieu a pensé à moi, il m’a élu moi comme catholique, comme porteur de son Évangile, comme prêtre. Il me semble qu’il vaut la peine de réfléchir à plusieurs reprises sur cela, et rentrer à nouveau dans ce fait de son élection: il m’a élu, il m’a voulu ; à présent je réponds.
Peut-être aujourd’hui sommes-nous tentés de dire que nous ne voulons pas être heureux d’être élus, ce serait du triomphalisme. Le triomphalisme, ce serait si nous pensions que Dieu m’a élu parce que je suis particulièrement grand. Ce serait véritablement un triomphalisme erroné. Mais être heureux parce que Dieu m’a voulu n’est pas du triomphalisme, mais c’est de la gratitude, et je pense que nous devons réapprendre cette joie : Dieu a voulu que je sois né ainsi, dans une famille catholique, que j’aie connu dès le début Jésus. Quel don qu’être voulu par Dieu, si bien que j’ai pu connaître son visage, que j’ai pu connaître Jésus Christ, le visage humain de Dieu, l’histoire humaine de Dieu dans ce monde ! Être joyeux parce qu’il m’a élu pour être catholique, pour être dans son Église, là où subsistit Ecclesia unica; nous devons être heureux parce que Dieu m’a donné cette grâce, cette beauté de connaître la plénitude de la vérité de Dieu, la joie de son amour.
Élus : un mot de privilège et d’humilité dans le même temps. Mais « élus » est — comme je le disais — accompagné de « parapidemois », dispersés, étrangers. En tant que chrétiens, nous sommes dispersés et nous sommes étrangers : nous voyons qu’aujourd’hui, dans le monde, les chrétiens sont le groupe le plus persécuté parce que non conformes, parce qu’il est un aiguillon, contre les tendances de l’égoïsme, du matérialisme, de toutes de ces choses-là.
Assurément les chrétiens ne sont pas que des étrangers ; nous sommes aussi des nations chrétiennes, nous sommes fiers d’avoir contribué à la formation de la culture ; il existe un sain patriotisme, une saine joie d’appartenir à une nation qui a une grande histoire de culture, de foi. Mais cependant, en tant que chrétiens, nous sommes toujours aussi des étrangers — le destin d’Abraham, décrit dans la Lettre aux Hébreux. Nous sommes, en tant que chrétiens, précisément aujourd’hui, toujours aussi des étrangers. Dans les lieux de travail, les chrétiens sont une minorité, ils se trouvent dans une situation d’étrangers ; il est étonnant que quelqu’un, aujourd’hui, puisse encore croire et vivre ainsi. Cela appartient également à notre vie : c’est la façon d’être avec le Christ crucifié ; ce fait d’être étrangers, en ne vivant pas selon la manière dont tous vivent, mais en vivant — ou en cherchant tout au moins à vivre — selon sa Parole, de manière très différente par rapport à ce que tous disent. C’est précisément ce qui est caractéristique pour les chrétiens. Tous disent : « Mais tous font comme cela, pourquoi pas moi ? ». Non, pas moi, parce que je veux vivre selon Dieu. Saint Augustin a dit une fois : « Les chrétiens sont ceux qui n’ont pas les racines vers le bas comme les arbres, mais qui ont les racines vers le haut, et ils vivent selon cette gravité, et non selon la gravité naturelle vers le bas ». Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à accepter cette mission de vivre comme des dispersés, comme une minorité, dans un certain sens ; de vivre comme des étrangers et, toutefois, d’être responsables les uns des autres et, précisément ainsi, en donnant de la force au bien dans notre monde.
Nous arrivons finalement aux trois versets d’aujourd’hui. Je voudrais souligner, ou disons quelque peu interpréter, pour autant que je le puisse, trois mots : le mot régénérés, le mot héritage et le mot protégés par la foi. Régénérés — anaghennesas, dit le texte grec — signifie : être chrétien n’est pas seulement une décision de ma volonté, une idée à moi ; je vois que c’est un groupe qui me plaît, je deviens membre de ce groupe, je partage leurs objectifs etc. Non : être chrétien n’est pas entrer dans un groupe pour faire quelque chose, ce n’est pas seulement un acte de ma volonté, pas principalement de ma volonté, de ma raison : c’est un acte de Dieu. Régénéré ne concerne pas seulement la sphère de la volonté, de la pensée, mais la sphère de l’être. Je suis rené : cela veut dire que devenir chrétien est tout d’abord passif ; je ne peux pas me faire chrétien, mais on me fait renaître, je suis à nouveau fait par le Seigneur, dans la profondeur de mon être. Et j’entre dans ce processus de la renaissance, je me laisse transformer, renouveler, régénérer. Cela me semble très important: en tant que chrétien, je ne me fais pas seulement une idée à moi, que je partage avec quelques personnes, et si elles ne me plaisent plus je peux sortir. Non : cela concerne précisément la profondeur de l’être, c’est-à-dire que devenir chrétien commence par une action de Dieu, en particulier une action qui vient de Lui, et que je me laisse former et transformer.
Il me semble que cela soit matière à réflexion, précisément pendant une année où nous réfléchissons sur les sacrements de l’initiation chrétienne, de méditer cela : ce passif et actif profond de l’être régénéré, du devenir de toute une vie chrétienne, du fait de me laisser transformer par sa Parole, par la communion de l’Église, par la vie de l’Église, par les signes avec lesquels le Seigneur travaille en moi, travaille avec moi et pour moi. Et renaître, être régénérés, indique également que j’entre ainsi dans une nouvelle famille: Dieu, mon Père, l’Église, ma Mère, les autres chrétiens, mes frères et sœurs. Etre régénérés, se laisser régénérer implique donc également de se laisser insérer de manière voulue dans cette famille, de vivre pour Dieu le Père et de Dieu le Père, de vivre de la communion avec le Christ son Fils, qui me régénère par sa résurrection, comme le dit l’Épître (cf. 1 P 1, 3), vivre avec l’Église en me laissant former par l’Église selon tant de sens, selon tant de chemins, et être ouvert à mes frères, reconnaître réellement chez les autres mes frères, qui avec moi sont régénérés, transformés, renouvelés; l’un porte la responsabilité de l’autre. C’est donc une responsabilité du baptême qui est un processus de toute une vie.
Deuxième mot : héritage. C’est un mot très important dans l’Ancien Testament, où il est dit à Abraham que sa semence sera l’héritière de la terre, et cela a toujours été la promesse pour les siens : vous aurez la terre, vous serez les héritiers de la terre. Dans le Nouveau Testament, ce mot devient un mot pour nous : nous sommes héritiers, non d’un pays déterminé, mais de la terre de Dieu, de l’avenir de Dieu. L’héritage est quelque chose qui appartient à l’avenir, et ainsi ce mot dit surtout qu’en tant que chrétiens nous avons un avenir : l’avenir nous appartient, l’avenir appartient à Dieu. Et ainsi, en étant chrétiens, nous savons que l’avenir nous appartient et que l’arbre de l’Église n’est pas un arbre mourant, mais l’arbre qui croît toujours à nouveau. Nous avons donc une raison de ne pas nous laisser impressionner — comme l’a dit le Pape Jean XXIII — par les prophètes de mauvaise augure, qui disent: l’Église est un arbre issu d’un grain de sénevé, qui a grandi pendant deux millénaires, à présent son temps est passé, à présent c’est le temps où il meurt. Non. L’Église se renouvelle toujours, renaît toujours. L’avenir nous appartient. Naturellement, il y a un faux optimisme et un faux pessimisme. Un faux pessimisme qui dit: le temps du christianisme est fini. Non : il commence à nouveau ! Le faux optimisme était celui après le Concile, quand les couvents fermaient, les séminaires fermaient, et on disait : mais... ce n’est rien, tout va bien... Non ! Tout ne va pas bien. Il y a aussi des chutes graves, dangereuses, et nous devons reconnaître avec un sain réalisme qu’ainsi cela ne va pas, là où on fait des choses erronées, cela ne va pas. Mais aussi être sûrs, dans le même temps, que si, ici et là, l’Église meurt à cause des péchés des hommes, à cause de leur non croyance, dans le même temps elle naît à nouveau. L’avenir appartient réellement à Dieu : telle est la grande certitude de notre vie, le grand, véritable optimisme que nous possédons. L’Église est l’arbre de Dieu qui vit pour l’éternité et qui porte en lui l’éternité et le véritable héritage : la vie éternelle.
Et, enfin, protégés par la foi. Le texte du Nouveau Testament, de l’Épître de saint Pierre, utilise ici un mot rare, phrouroumenoi, qui veut dire : il y a « des gardiens », et la foi est comme « le gardien » qui conserve l’intégrité de mon être, de ma foi. Ce mot définit surtout les « gardiens » des portes d’une ville, où ils se tiennent et protègent la ville, afin qu’elle ne soit pas envahie par les pouvoirs de la destruction. Ainsi, la foi est le « gardien » de mon être, de ma vie, de mon héritage. Nous devons être reconnaissants pour cette vigilance de la foi qui nous protège, nous aide, nous guide, nous donne la sécurité : Dieu ne me laisse pas tomber de ses mains. Protégés par la foi : je conclus ainsi. En parlant de la foi, je dois toujours penser à cette femme syro-phénicienne malade qui, parmi la foule, réussit à arriver à Jésus, le touche pour être guérie et est guérie. Le Seigneur dit : « Qui m’a touché ? ». On lui répond : « Mais Seigneur, tous te touchent, comment peux-tu demander : qui m’a touché ? » (cf. Mc 7, 24-30). Mais le Seigneur sait, il y a une manière de le toucher, superficielle, extérieure, qui n’a réellement rien à voir avec une véritable rencontre avec Lui. Et il y a une manière de le toucher en profondeur. Et cette femme l’a touché véritablement: touché non seulement avec la main, mais avec son cœur et ainsi elle a reçu la force de guérison du Christ, en le touchant réellement de l’intérieur, de la foi. C’est cela la foi: toucher le Christ avec la main de la foi, avec notre cœur et ainsi entrer dans la force de sa vie, dans la force de guérison du Seigneur. Et prions le Seigneur de pouvoir le toucher toujours davantage de manière à être guéris. Prions pour qu’il ne nous laisse pas tomber, qu’il nous tienne toujours par la main et qu’ainsi il nous protège pour la vie véritable. Merci.


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RENCONTRE AVEC LE CLERGÉ DE ROME
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Salle Paul VI
Jeudi 14 février 2013

Éminence,
chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,

C’est pour moi un don particulier de la Providence que, avant de laisser le Ministère pétrinien, je puisse encore voir mon clergé, le clergé de Rome. C’est toujours une grande joie de voir comment l’Église vit, comment l’Église est vivante à Rome; il y a des Pasteurs qui, dans l’esprit du Pasteur suprême, conduisent le troupeau du Seigneur. C’est un clergé réellement catholique, universel, et ceci répond à l’essence de l’Église de Rome : porter en soi l’universalité, la catholicité de toutes les personnes, de toutes les races, de toutes les cultures. En même temps, je suis très reconnaissant au Cardinal Vicaire qui aide à réveiller, à retrouver les vocations dans Rome elle-même, parce que si, d’une part, Rome doit être la ville de l’universalité, elle doit être aussi une ville avec une foi forte et robuste, dont naissent aussi des vocations. Et je suis convaincu que, avec l’aide du Seigneur, nous pouvons trouver les vocations que lui-même nous donne, les guider, les aider à mûrir, et ainsi servir pour le travail dans la vigne du Seigneur.
Aujourd’hui, devant la tombe de Pierre, vous avez confessé le Credo : pendant l’Année de la foi, cela me semble un acte très opportun, nécessaire même, que le clergé de Rome se réunisse sur la tombe de l’Apôtre auquel le Seigneur a dit : « Je te confie mon Église. Sur toi je construis mon Église » (cf. Mt 16, 18-19). Devant le Seigneur, avec Pierre, vous avez confessé : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (cf. Mt 16, 15-16). Ainsi grandit l’Église : avec Pierre, confesser le Christ, suivre le Christ. Et nous faisons toujours cela. Je suis très reconnaissant pour votre prière, que j’ai sentie – je l’ai dit mercredi – presque physiquement. Même si maintenant je me retire, dans la prière je suis toujours proche de vous tous et je suis sûr que vous aussi vous serez proches de moi, même si pour le monde je demeure caché.
Pour aujourd’hui, selon les conditions de mon âge, je n’ai pas pu préparer un grand, un vrai discours, comme on pourrait l’attendre ; mais je pense plutôt à une petite causerie sur le Concile Vatican II, comme je l’ai vu. Je commence par une anecdote : en 59, j’ai été nommé professeur à l’université de Bonn, où étudient les étudiants, les séminaristes du diocèse de Cologne et d’autres diocèses voisins. Ainsi j’ai été en contact avec le Cardinal de Cologne, le Cardinal Frings. Le Cardinal Siri, de Gênes – en 61 me semble-t-il – avait organisé une série de conférences de divers Cardinaux européens sur le Concile, et il avait aussi invité l’Archevêque de Cologne à tenir l’une des conférences, avec le titre : Le Concile et le monde de la pensée moderne.
Le Cardinal m’a invité – le plus jeune des professeurs – à écrire un projet ; le projet lui a plu et il a proposé aux gens, à Gênes, le texte tel que je l’avais écrit. Peu après, le Pape Jean l’invite à aller chez lui et le Cardinal était rempli de crainte d’avoir peut-être dit quelque chose d’incorrect, de faux, et d’être convoqué pour des reproches, peut-être même pour lui enlever la pourpre. Oui, quand son secrétaire l’a vêtu pour l’audience, le Cardinal a dit : « Peut-être que maintenant je porte cet habit pour la dernière fois ». Puis il est entré, le Pape Jean va à sa rencontre, l’embrasse et dit : « Merci, Éminence, vous avez dit les choses que je voulais dire, mais je n’avais pas trouvé les mots ». Ainsi, le Cardinal savait qu’il était sur le juste chemin et il m’a invité à aller avec lui au Concile, d’abord comme son expert personnel ; puis, au cours de la première session – en novembre 62 me semble-t-il – j’ai aussi été nommé expert officiel du Concile.
Alors, nous sommes allés au Concile, non seulement avec joie, mais avec enthousiasme. Il y avait une attente incroyable. Nous espérions que tout se renouvelle, que vienne vraiment une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère de l’Église, parce que l’Église était encore assez robuste en ce temps-là, la pratique dominicale encore bonne, les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse étaient déjà un peu réduites, mais encore suffisantes. Toutefois, on sentait que l’Église n’avançait pas, se réduisait, qu’elle semblait plutôt une réalité du passé et non porteuse d’avenir. Et à ce moment-là, nous espérions que cette relation se renouvelle, change ; que l’Église soit de nouveau une force pour demain et une force pour aujourd’hui. Et nous savions que la relation entre l’Église et la période moderne, depuis le commencement, était un peu discordante, à commencer par l’erreur de l’Église dans le cas de Galilée ; on pensait corriger ce mauvais commencement et trouver de nouveau l’union entre l’Église et les meilleures forces du monde, pour ouvrir l’avenir de l’humanité, pour ouvrir le vrai progrès. Ainsi, nous étions pleins d’espérance, d’enthousiasme, et aussi de volonté de faire notre part pour cela. Je me souviens que le Synode romain était considéré comme un modèle négatif. On disait – je ne sais pas si c’était vrai – qu’on aurait lu les textes préparés, dans la Basilique de Saint-Jean, et que les membres du Synode auraient acclamé, approuvé en applaudissant, et ainsi se serait déroulé le Synode. Les Évêques dirent : Non, ne faisons pas ainsi. Nous sommes Évêques, nous sommes nous-mêmes sujet du Synode ; nous ne voulons pas seulement approuver ce qui a été fait, mais nous voulons être nous le sujet, ceux qui portent le Concile. Ainsi donc le Cardinal Frings, qui était célèbre pour sa fidélité absolue, presque scrupuleuse, au Saint-Père, dit en ce cas : Ici nous sommes dans une autre fonction. Le Pape nous a convoqués pour être comme Pères, pour être Concile œcuménique, un sujet qui renouvelle l’Église. Ainsi, nous voulons assumer notre rôle.
Le premier moment où cette attitude est apparue, ce fut tout de suite le premier jour. Pour ce premier jour les élections des Commissions avaient été prévues et les listes, les noms avaient été préparés, de façon – on le cherchait – impartiale ; et ces listes étaient à voter. Mais tout de suite les Pères dirent : Non, nous ne voulons pas simplement voter des listes déjà faites. Nous sommes nous le sujet. Alors, on a du déplacer les élections, parce que les Pères eux-mêmes voulaient se connaître un peu, voulaient eux-mêmes préparer des listes. Et il fut fait ainsi. Les Cardinaux Lienart de Lille, le Cardinal Frings de Cologne avaient publiquement dit : Non, pas ainsi. Nous voulons faire nos listes et élire nos candidats. Ce n’était pas un acte révolutionnaire, mais un acte de conscience, de responsabilité de la part des Pères conciliaires.
Ainsi commençait une grande activité pour se connaître, horizontalement, les uns les autres, ce qui n’était pas au hasard. Au ‘Collège de l’Anima’, où j’habitais, nous avons eu de nombreuses visites : le Cardinal était très connu, nous avons vu des Cardinaux du monde entier. Je me rappelle bien la silhouette haute et svelte de Mgr Etchegaray, qui était Secrétaire de la Conférence épiscopale française, des rencontres avec des Cardinaux etc. Et ensuite, ceci était typique pendant tout le Concile : des petites rencontres transversales. J’ai ainsi connu de grandes figures comme le Père de Lubac, Daniélou, Congar, etc. Nous avons connu divers Évêques : je me rappelle particulièrement de l’Évêque Elchinger de Strasbourg, etc. Et cela était déjà une expérience de l’universalité de l’Église et de la réalité concrète de l’Église, qui ne reçoit pas simplement des impératifs d’en-haut, mais en même temps grandit et avance, toujours sous la conduite – naturellement – du Successeur de Pierre.
Tous, comme je l’ai dit, venaient avec de grandes attentes ; un Concile de cette dimension n’avait jamais eu lieu, mais tous ne savaient pas comment faire. Les plus préparés, disons ceux qui avaient des intentions plus définies, étaient les épiscopats français, allemand, belge, hollandais, ce qu’on appelle « l’alliance rhénane ». Et, à la première partie du Concile, c’étaient eux qui indiquaient la route ; puis l’activité s’est rapidement élargie et tous ont toujours plus participé à la créativité du Concile. Les Français et les Allemands avaient divers intérêts en commun, avec aussi des nuances assez diverses. La première intention, initiale, simple – apparemment simple – était la réforme de la liturgie, qui était déjà commencée avec Pie XII, qui avait déjà réformé la Semaine Sainte ; la deuxième l’ecclésiologie ; la troisième, la Parole de Dieu, la Révélation ; et, enfin, aussi l’œcuménisme. Les Français, beaucoup plus que les Allemands, avaient encore le problème de traiter la situation des relations entre l’Église et le monde.
Commençons par le premier. Après la première guerre mondiale, justement en Europe centrale et occidentale, le mouvement liturgique avait grandi, une redécouverte de la richesse et de la profondeur de la liturgie, qui était jusque là presque enfermée dans le Missel romain du prêtre, tandis que les gens priaient avec leurs livres de prière qui étaient faits selon le cœur des gens, si bien qu’on cherchait à traduire les contenus élevés, le langage élevé de la liturgie classique, en paroles plus émotionnelles, plus proches du cœur du peuple. Mais il y avait presque deux liturgies parallèles : le prêtre avec les enfants de chœur, qui célébrait la messe selon le Missel, et les laïcs, qui priaient, pendant la Messe, avec leurs livres de prières, sachant en même temps substantiellement ce qui se réalisait sur l’autel. Mais maintenant la beauté, la profondeur, la richesse historique, humaine, spirituelle du Missel avaient été redécouvertes ainsi que la nécessité que non seulement un représentant du peuple, un petit enfant de chœur, dise « Et cum spiritu tuo » etc., mais qu’il y ait réellement un dialogue entre le prêtre et le peuple, que réellement la liturgie de l’autel et la liturgie du peuple soient une unique liturgie, une participation active, que les richesses arrivent au peuple ; et ainsi la liturgie a été redécouverte, renouvelée,.
Je trouve maintenant, rétrospectivement, qu’il a été très bon de commencer par la liturgie, ainsi apparaît le primat de Dieu, le primat de l’adoration. « Operi Dei nihil praeponatur » : ces paroles de la Regola de saint Benoît (cf. 43, 3) apparaissent ainsi comme la règle suprême du Concile. Quelqu’un avait critiqué le fait que le Concile a parlé sur beaucoup de choses, mais pas sur Dieu. Il a parlé sur Dieu ! Et cela a été le premier acte et un acte substantiel de parler sur Dieu et d’ouvrir tous les gens, tout le peuple saint, à l’adoration de Dieu, dans la commune célébration de la liturgie du Corps et du Sang du Christ. En ce sens, au-delà des facteurs pratiques qui déconseillaient de commencer tout de suite par des thèmes controversés, ce fut, disons, réellement un acte de la Providence qu’au commencement du Concile soit la liturgie, soit Dieu, soit l’adoration. Maintenant je ne voudrais pas entrer dans les détails de la discussion, mais il vaut toujours la peine, au-delà des mises en œuvre pratiques, de revenir au Concile lui-même, à sa profondeur et à ses idées essentielles.
Je dirais qu’il y en avait plusieurs : surtout le Mystère pascal comme centre de l’être chrétien, et donc de la vie chrétienne, de l’année, du temps chrétien, qui s’exprime dans le temps pascal et dans le dimanche qui est toujours le jour de la Résurrection. Toujours de nouveau, nous recommençons notre temps par la Résurrection, par la rencontre avec le Ressuscité et, de la rencontre avec le Ressuscité, nous allons au monde. En ce sens, c’est dommage qu’aujourd’hui, on ait transformé le dimanche en fin de semaine, alors que c’est le premier jour, c’est le commencement ; intérieurement nous devons bien garder à l’esprit ceci : c’est le commencement, le commencement de la Création, c’est le commencement de la nouvelle création dans l’Église, la rencontre avec le Créateur et avec le Christ Ressuscité. Ce double contenu du dimanche est important aussi : c’est le premier jour, c’est-à-dire fête de la Création – nous nous trouvons sur le fondement de la Création, nous croyons au Dieu Créateur – et la rencontre avec le Ressuscité, qui renouvelle la Création ; son vrai but est de créer un monde qui soit réponse à l’amour de Dieu.
Il y avait ensuite des principes : l’intelligibilité – au lieu d’être renfermés dans une langue qui n’est ni connue ni parlée – et aussi la participation active. Malheureusement, ces principes ont aussi été mal compris. Intelligibilité ne veut pas dire banalité, parce que les grands textes de la liturgie – même s’ils sont dits, grâce à Dieu, dans la langue maternelle – ne sont pas facilement intelligibles, ils ont besoin d’une formation permanente du chrétien pour qu’il grandisse et entre toujours plus en profondeur dans le mystère et puisse ainsi comprendre. Et même la Parole de Dieu – si je pense jour après jour à la lecture de l’Ancien Testament, même à la lecture des Épîtres pauliniennes, des Évangiles : qui pourrait dire qu’il comprend aussitôt seulement parce que c’est dans sa propre langue ? Seule une formation permanente du cœur et de l’esprit peut réellement créer l’intelligibilité et une participation qui soit plus qu’une activité extérieure, qui soit une entrée de la personne, de mon être, dans la communion de l’Église et ainsi dans la communion avec le Christ.
Deuxième thème : l’Église. Nous savons que le Concile Vatican I a été interrompu à cause de la guerre franco-allemande et il est resté ainsi avec une unilatéralité, avec un fragment, car la doctrine sur le primat – qui a été définie, grâce à Dieu, en ce moment historique pour l’Église, et qui a été très nécessaire pour le temps suivant – était seulement un élément dans une ecclésiologie plus vaste, prévue, préparée. Ainsi le fragment était resté. Et on pouvait dire : si le fragment reste ainsi comme il est, nous tendons vers une unilatéralité : l’Église serait seulement le primat. Dès le début donc, il y avait cette intention de compléter l’ecclésiologie de Vatican I, à une date ultérieure, pour arriver à une ecclésiologie complète. Là aussi, les conditions apparaissaient très bonnes, car après la première guerre mondiale, le sens de l’Église avait ressurgit de manière nouvelle. Romani Guardini disait : « l’Église commence à se réveiller dans les âmes », et un évêque protestant parlait du « siècle de l’Église ». On retrouvait, surtout, le concept, prévu aussi par Vatican I, de Corps Mystique du Christ. On voulait dire et comprendre que l’Église n’est pas une organisation, quelque chose de structurel, juridique, institutionnel – elle est aussi cela –, mais elle est un organisme, une réalité vitale, qui entre dans mon âme, de telle sorte que moi-même, justement avec mon âme croyante, je suis un élément constructif de l’Église comme telle. En ce sens, Pie XII avait écrit l’Encyclique Mystici Corporis Christi, comme un pas pour compléter l’ecclésiologie de Vatican I.
Je dirais que la discussion théologique des années 30-40, même des années 20, était tout à fait sous ce signe de la parole ‘Mystici Corporis’. Ce fut une découverte qui a créé beaucoup de joie en ce temps-là et c’est aussi dans ce contexte qu’a pris de l’ampleur la formule : Nous sommes l’Église, l’Église n’est pas une structure ; nous-mêmes les chrétiens, ensemble, nous sommes tous le Corps vivant de l’Église. Et, naturellement, cela vaut dans le sens que nous, le vrai ‘nous’ des croyants, avec le ‘Je’ du Christ, c’est l’Église ; chacun de nous, non pas « un nous », un groupe qui se déclare être Église. Non : ce « nous sommes Église » exige indubitablement mon insertion dans le grand ‘nous’ des croyants de tous les temps et de tous les lieux. Par conséquent, la première idée : compléter l’ecclésiologie de manière théologique, mais aussi en continuant dans le domaine structurel, c’est-à-dire : à côté de la succession de Pierre, de sa fonction unique, mieux définir aussi la fonction des évêques, du Corps épiscopal. Et, pour réaliser cela, on a trouvé le mot ‘collégialité’, très controversée, à travers des discussions acharnées que je dirais un peu exagérées même. Mais c’était le mot – peut-être il y en aurait aussi un autre, mais celui-là servait – pour exprimer que les Évêques, ensemble, sont la continuation des Douze, du Corps des Apôtres. Nous avons dit : seul un évêque, celui de Rome, est le successeur d’un Apôtre déterminé, de Pierre. Tous les autres deviennent les successeurs des Apôtres en entrant dans le Corps qui continue le Corps des Apôtres. Ainsi, le Corps des évêques, le collège, est justement la continuation du Corps des Douze, et il a ainsi sa nécessité, sa fonction, ses droits et ses devoirs. Cela apparaissait pour plusieurs comme une lutte pour le pouvoir, et quelqu’un a peut-être pensé à son pouvoir, mais il ne s’agissait pas substantiellement de pouvoir, mais de la complémentarité des facteurs et de l’exhaustivité du Corps de l’Église avec les évêques, successeurs des Apôtres, comme éléments portants ; et chacun d’eux est un élément portant de l’Église, avec tout ce grand Corps.
Voilà, disons, les deux éléments fondamentaux et, dans la recherche d’une vision théologique complète de l’ecclésiologie, entretemps, après les années 40, dans les années 50, quelques critiques du concept de Corps du Christ avaient déjà surgi : ‘mystique’ serait trop spirituel, trop exclusif ; on avait alors mis en jeu le concept de ‘Peuple de Dieu’. Et, justement, le Concile a accepté cet élément, qui est considéré chez les Pères comme l’expression de la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Dans le texte du Nouveau Testament, la parole ‘Laos tou Theou’, qui correspond aux textes de l’Ancien Testament, signifie – sauf deux exceptions me semble-t-il – l’antique Peuple de Dieu, les Juifs qui, parmi les peuples, ‘goim’, du monde, sont ‘le’ Peuple de Dieu. Et les autres, nous les païens, nous ne sommes pas en soi le Peuple de Dieu, nous devenons les enfants d’Abraham, et donc Peuple de Dieu en entrant en communion avec le Christ, qui est l’unique semence d’Abraham. Et en entrant en communion avec Lui, en étant un avec Lui, nous sommes aussi Peuple de Dieu. C’est-à-dire : le concept de ‘Peuple de Dieu’ implique une continuité des Testaments, une continuité de l’histoire de Dieu avec le monde, avec les hommes, mais il implique aussi l’élément christologique. C’est seulement à travers la christologie que nous devenons Peuple de Dieu et ainsi les deux concepts s’accordent. Et le Concile a décidé de créer une construction trinitaire de l’ecclésiologie : Peuple de Dieu le Père, Corps du Christ, Temple de l’Esprit Saint.
Mais c’est seulement après le Concile qu’a été mis en lumière un élément qui se trouve un peu caché, même dans le Concile, et qui est celui-ci : le lien entre le Peuple de Dieu et le Corps du Christ, est évidemment la communion avec le Christ dans l’union eucharistique. Ici, nous devenons Corps du Christ ; en d’autres termes, la relation entre Peuple de Dieu et Corps du Christ crée une nouvelle réalité : la communion. Et après le Concile, je dirais qu’on a découvert comment le Concile, en réalité, a trouvé, a conduit à ce concept : la communion comme concept central. Je dirais que, sur le plan philologique, celui-ci n’est pas encore totalement mûr, mais c’est le fruit du Concile que le concept de communion soit devenu de plus en plus l’expression de l’essence de l’Église, communion dans les différentes dimensions : communion avec le Dieu Trinitaire – qui est Lui-même communion entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint –, communion sacramentelle, communion concrète dans l’épiscopat et dans la vie de l’Église.
Le problème de la Révélation était encore plus conflictuel. Ici, il s’agissait de la relation entre l’Écriture et la Tradition, et ici les exégètes étaient surtout intéressés par une plus grande liberté ; ils se sentaient un peu – dirons-nous – dans une situation d’infériorité par rapport aux protestants, qui faisaient de grandes découvertes, alors que les catholiques se sentaient un peu ‘handicapés’ par la nécessité de se soumettre au Magistère. Ici était donc en jeu une lutte très concrète aussi : quelle liberté ont les exégètes ? Comment bien lire l’Écriture ? Que veut dire Tradition ? C’était une bataille pluridimensionnelle que je ne peux pas présenter maintenant, mais l’important est que l’Écriture est certainement la Parole de Dieu et que l’Église est sous l’Écriture, elle obéit à la Parole de Dieu, et elle ne situe pas au-dessus de l’Écriture. Et pourtant, l’Écriture est Écriture seulement parce qu’il y a l’Église vivante, son sujet vivant ; sans le sujet vivant qu’est l’Église, l’Écriture n’est qu’un livre et elle ouvre, s’ouvre à diverses interprétations et elle ne donne pas un ultime éclairage.
Comme je l’ai dit, ici, la bataille était difficile, et une intervention du Pape Paul VI fut décisive. Cette intervention montre toute la délicatesse du père, sa responsabilité pour l’évolution du Concile, mais aussi son grand respect pour le Concile. L’idée que l’Écriture est complète, que tout y est était née ; par conséquent, on n’a pas besoin de la Tradition, et c’est pourquoi le Magistère n’a rien à dire. Alors le Pape a transmis au Concile, me semble-t-il, 14 formulations d’une phrase à insérer dans le texte sur la Révélation et il nous donnait, il donnait aux Pères, la liberté de choisir une des 14 formules, mais il dit : l’une d’elles doit être choisie, pour rendre le texte complet. Je me souviens, plus ou moins, de la formule ‘non omnis certitudo de veritatibus fidei potest sumi ex Sacra Scriptura’, c’est-à-dire que la certitude de l’Église sur la foi ne naît pas seulement d’un livre isolé, mais elle a besoin du sujet Église éclairé, porté par l’Esprit Saint. C’est seulement ainsi que l’Écriture parle ensuite et a toute son autorité. Cette phase que nous avons choisie à la Commission doctrinale, l’une des 14 formulations, est décisive, je dirais, pour montrer l’indispensabilité, la nécessité de l’Église, et pour comprendre ainsi ce que veut dire Tradition, le Corps vivant dans lequel vit cette Parole depuis les débuts et dont elle reçoit sa lumière, dans lequel elle est née. Le fait du Canon est déjà un fait ecclésial : le fait que ces écrits soient l’Écriture dérive de l’illumination de l’Église, qui a trouvé en elle-même ce Canon de l’Écriture ; elle a trouvé, elle n’a pas créé, et c’est toujours et seulement dans cette communion de l’Église vivante que l’on peut aussi réellement comprendre, lire l’Écriture comme Parole de Dieu, comme Parole qui nous guide dans la vie et dans la mort.
Comme je l’ai dit, c’était une querelle assez difficile, mais grâce au Pape et grâce – disons – à la lumière de l’Esprit Saint, qui était présent au Concile, un document qui est l’un des plus beaux et des plus novateurs de tout le Concile, et qui doit être encore beaucoup plus étudié a été créé. Parce qu’aujourd’hui aussi l’exégèse tend à lire l’Écriture en dehors de l’Église, en dehors de la foi, seulement dans ce qu’on appelle l’esprit de la méthode historico-critique, méthode importante, mais jamais au point de pouvoir donner des solutions comme ultime certitude ; c’est seulement si nous croyons que ce ne sont pas des paroles humaines, mais que ce sont des paroles de Dieu, et seulement si le sujet vivant auquel Dieu a parlé et parle vit, que nous pouvons bien interpréter la Sainte Écriture. Et là – comme j’ai dit dans la préface de mon livre sur Jésus (cf. vol. I) – il y a encore beaucoup à faire pour arriver à une lecture vraiment dans l’esprit du Concile. Ici l’application du Concile n’est pas encore complète, elle est encore à faire.
Et enfin, l’œcuménisme. Je ne voudrai pas entrer à présent dans ces problèmes, mais il était évident – surtout après les “passions” des chrétiens au temps du nazisme – que les chrétiens pourraient trouver l’unité, au moins rechercher l’unité, mais il était clair aussi que seul Dieu peut donner l’unité. Et nous sommes encore sur ce chemin. Maintenant, sur ces sujets, l’“alliance rhénane” – pour ainsi dire – avait fait son travail.
La seconde partie du Concile est beaucoup plus vaste. Le thème apparaissait avec grande urgence : le monde d’aujourd’hui, l’époque moderne, et l’Église ; et avec eux les thèmes de la responsabilité pour la construction de ce monde, de la société, la responsabilité pour l’avenir de ce monde et l’espérance eschatologique, la responsabilité éthique du chrétien, où il trouve ses guides ; et puis la liberté religieuse, le progrès, et les relations avec les autres religions. À ce moment sont vraiment entrées en discussion toutes les parties du Concile, pas seulement l’Amérique, les États- Unis, avec un grand intérêt pour la liberté religieuse. À la troisième session, ils ont dit au Pape : nous ne pouvons rentrer chez nous sans avoir, dans nos bagages, une déclaration sur la liberté religieuse votée par le Concile. Le Pape, toutefois, a eu la fermeté et la décision, la patience de porter le texte à la quatrième session, pour trouver une maturation et un consensus assez complet entre les Pères du Concile. Je dis : non seulement les américains sont entrés avec grand force dans le jeu du Concile, mais aussi l’Amérique Latine, connaissant bien la misère du peuple, d’un continent catholique, et la responsabilité de la foi pour la situation de ces hommes. Et ainsi aussi l’Afrique, l’Asie ont vu la nécessité du dialogue interreligieux ; sont apparus des problèmes que nous allemands – je dois dire – nous n’avions pas vus au début. Je ne puis à présent décrire tout cela. Le grand document “Gaudium et spes” a très bien analysé le problème entre eschatologie chrétienne et progrès du monde, entre responsabilité pour la société de demain et responsabilité du chrétien devant l’éternité, et il a aussi renouvelé l’éthique chrétienne, les fondements. Mais, disons à l’improviste, a mûri en dehors de ce grand document, un document qui répondait de façon plus synthétique et plus concrète aux défis du temps, et c’est “Nostra aetate”. Dès le début étaient présents nos amis juifs, qui ont dit, surtout à nous allemands, mais pas seulement à nous, qu’après les tristes évènements de ce siècle nazi, de la décennie nazie, l’Église catholique doit dire une parole sur l’Ancien Testament, sur le peuple juif. Ils ont dit : même s’il est clair que l’Église n’est pas responsable de la Shoah, ils étaient chrétiens, en grande partie, ceux qui ont commis ces crimes ; nous devons approfondir et renouveler la conscience chrétienne, même si nous savons bien que les vrais croyants ont toujours résisté contre ces choses. Et il était ainsi clair que la relation avec le monde de l’antique Peuple de Dieu devait être objet de réflexion. On comprend aussi que les Pays arabes – les évêques des Pays arabes – ne furent pas heureux de cela : ils craignaient un peu une glorification de l’État d’Israël, qu’ils ne voulaient pas, naturellement. Ils dirent : Bien, une indication vraiment théologique sur le peuple juif est bonne, elle est nécessaire, mais si vous parlez de cela, parlez aussi de l’Islam ; seulement ainsi nous sommes en équilibre ; l’Islam aussi est un grand défi et l’Église doit clarifier aussi sa relation avec l’Islam. Une chose qu’à ce moment, nous n’avons pas tellement comprise, un peu, mais pas beaucoup. Aujourd’hui, nous savons combien ce fut nécessaire.
Quand nous avons commencé à travailler aussi sur l’Islam, on nous a dit : mais il y a aussi les autres religions du monde : toute l’Asie ! Pensez au Bouddhisme, à l’Hindouisme… Et ainsi, au contraire d’une Déclaration initialement pensée seulement au sujet de l’antique Peuple de Dieu, s’est créé un texte sur le dialogue interreligieux, anticipant ce qui seulement trente années après s’est montré dans toute son intensité et son importance. Nous ne pouvons entrer à présent dans ce thème, mais si on lit le texte, on voit qu’il est très dense et préparé vraiment par des personnes qui connaissaient les réalités, et il indique brièvement, en peu de paroles, l’essentiel. Il indique aussi le fondement d’un dialogue, dans la différence, dans la diversité, dans la foi en l’unicité du Christ, qui est un, et il n’est pas possible, pour un croyant de penser que les religions sont toutes des variations sur un thème. Non, il y a une réalité du Dieu vivant qui a parlé, et c’est un Dieu, c’est un Dieu incarné, donc une Parole de Dieu, qui est réellement Parole de Dieu. Mais il y a l’expérience religieuse, avec une certaine lumière humaine de la création, et donc il est nécessaire et possible d’entrer en dialogue, et ainsi de s’ouvrir l’un à l’autre et de s’ouvrir tous à la paix de Dieu, de tous ses enfants, de toute sa famille.
Donc ces deux documents, liberté religieuse et “Nostra aetate”, unis à “Gaudium et spes”, sont une trilogie très importante, dont l’importance s’est manifestée seulement au cours des décennies qui ont suivi, et nous travaillons encore pour mieux comprendre cet ensemble entre unicité de la Révélation de Dieu, unicité de l’unique Dieu incarné dans le Christ, et la multiplicité des religions, avec lesquelles nous cherchons la paix, et aussi le cœur ouvert par la lumière de l’Esprit Saint, qui éclaire et conduit au Christ.
Je voudrais maintenant ajouter encore un troisième point : c’était le Concile des Pères – le vrai Concile –, mais c’était aussi le Concile des media. C’était presqu’un Concile en soi, et le monde a perçu le Concile à travers eux, à travers les media. Donc le Concile immédiatement efficace qui est arrivé au peuple, a été celui des media, non celui des Pères. Et tandis que le Concile des Pères se réalisait à l’intérieur de la foi, c’était un Concile de la foi qui cherche l’intellectus, qui cherche à se comprendre et cherche à comprendre les signes de Dieu en ce moment, qui cherche à répondre au défi de Dieu en ce moment et de trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et demain, tandis que tout le Concile – comme je l’ai dit – se mouvait à l’intérieur de la foi, comme fides quaerens intellectum, le Concile des journalistes ne s’est pas réalisé, naturellement, à l’intérieur de la foi, mais à l’intérieur des catégories des media d’aujourd’hui, c’est-à-dire hors de la foi, avec une herméneutique différente. C’était une herméneutique politique : pour les media, le Concile était une lutte politique, une lutte de pouvoir entre divers courants dans l’Église. Il était évident que les media prendraient position pour la partie qui leur apparaissait convenir le plus avec leur monde. Il y avait ceux qui cherchaient la décentralisation de l’Église, le pouvoir pour les évêques et puis, à travers la parole “Peuple de Dieu”, le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du Pape, transféré ensuite au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, la souveraineté populaire. Naturellement, pour eux, c’était la partie à approuver, à divulguer, à favoriser. Et ainsi aussi pour la liturgie : la liturgie comme acte de foi n’intéressait pas, mais comme quelque chose où se font des choses compréhensibles, quelque chose de l’activité de la communauté, une chose profane. Et nous savons que c’était une tendance qui se fondait aussi historiquement, à savoir : la sacralité est une chose païenne, éventuellement aussi de l’Ancien Testament. Dans le Nouveau, vaut seulement le fait que le Christ est mort dehors : c’est-à-dire hors des portes, c’est-à-dire dans le monde profane. La sacralité est donc à terminer, le culte est aussi profanité ; le culte n’est pas culte mais un acte de l’ensemble, de la participation commune, et ainsi aussi une participation comme activité. Ces traductions, ces banalisations de l’idée du Concile ont été virulentes dans la pratique de l’application de la Réforme liturgique ; elles sont nées d’une vision du Concile extérieure à sa propre clé, celle de la foi. Et ainsi aussi pour la question de l’Écriture : l’Écriture est un livre, historique, à traiter historiquement et rien d’autre, et ainsi de suite.
Nous savons combien ce Concile des media fut accessible à tous. Donc, c’était celui qui dominait, le plus efficace, et il a créé tant de calamités, tant de problèmes, réellement tant de misères : séminaires fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… et le vrai Concile a eu de la difficulté à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel. Mais la force réelle du Concile était présente et, au fur et à mesure, il se réalise toujours plus et devient la véritable force qui ensuite est aussi vraie réforme, vrai renouvellement de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa force spirituelle. Et voilà notre tâche, particulièrement en cette Année de la foi, à partir de cette Année de la foi, travailler pour que le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée. Nous espérons que le Seigneur nous y aide. Moi, retiré, dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble nous irons de l’avant avec le Seigneur, dans cette certitude : le Seigneur vainc ! Merci !

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