dimanche 17 février 2013

carême et conclave 2013 - 1 -

soir du 1er dimanche . 17 Février 2013

Deutéronome XXVI 4 à 10 ; psaume XCI ; Paul aux Romains X 8 à 13 ; évangile selon saint Luc IV 1 à 13


La renonciation annoncée lundi dernier par Benoît XVI n’a étonné que quelques heures, deux-trois jours. Elle a été commentée en termes de personnalité du pape, elle a été supputée selon des scenarii du genre de ceux ayant couru, non sans éléments objectifs, sur la mort de Jean Paul Ier à peine élu, elle n’est manifestement pas vécue en concordance – pourtant visiblement souhaitée et marquée par le Souverain pontife – avec l’entrée en carême d’une part et avec le thème hantant Jean Paul II et depuis l’Eglise entière : la nouvelle évangélisation, ou la réévangélisation, ou la correspondance entre l’Eglise et le monde d’aujourd’hui, les problèmes du monde d’aujourd’hui.

Or, je crois à ce lien, je crois même que Benoît XVI – contraint selon des arguments et des circonstances qu’il serait seul à pouvoir dire, mais que maintenu à Castel Gandolfo, puis dans ce singulier monastère pour religieuses de passage au Vatican-même si restreint de territoire, il n’explicitera sans toute pas,n’ayant considéré que son bilan de santé personnel – a cherché et trouvé comment empoigner la chrétienté dans cette œuvre nouvelle, qui ne peut aboutir que par une mûe autant des institutions et du corpus ecclésiaux que par celle de chaque chrétien.

Quel est le péché des chrétiens en ce moment ? quel est le péché de l’Eglise ? quelles sont nos tentations, et nos dispersions ?

Seconde évidence dans le questionnement du pape encore régnant. Une des causes de déliquescence et de moindre discernement de l’Eglise, à notre époque, est qu’elle reste beaucoup trop hiérarchique, que les chrétiens, les « fidèles » ont été « dressés » et sont maintenus dans cette posture d’attendre beaucoup du clergé, des experts, et que l’accueil d’une succession pontificale anticipée le prouve bien. Interrogations des médias sur le successeur comme pour une campagne présidentielle. Réflexe rituel des fidèles et des pasteurs : action de grâce pour le règne qui finit, tout attendre du successeur. Ce sont ces postures si peu appropriées, si peu ajustées au mystère de l’Eglise et à la dialectique de son développement spirituel, pour ce qui est des médias et du dehors, et ces postures infantiles des fidèles mécanisés dans leur fréquentation de quelques sacrements, très peu irrigués par une foi récitée ou par des sensibilités respectables mais finalement pas vitales, qui ont fait le divorce si l’on admet que le passé était plus pieux et la foule plus nombreuse, ou l’immobilisme si l’on se reporte au commandement du Fondateur : l’évangélisation. La panne donc. Benoît XVI en renonçant a voulu que nous élucidions l’Eglise en mission et en institution, que nous discernions à quel instant de son histoire se trouve l’humanité, que chacun sache – moi, par exemple, mais celles et ceux que je cotoie, qui me sont confiés ou que je rencontre de hasard ou de fil en aiguille – combien il est loin encore de l’intimité avec Dieu que Celui-ci souhaite absolument avoir avec lui…

L’évangile de ce jour n’est pas tellement les trois tentations et les dialogues qui les dénouent. J’ai été frappé de ce que Jésus n’est pas éprouvé seulement en fin d’exercice quand au bout de quarante jours, il eut faim, mais tout au long de ces quarante jours. Je veux approfondir ce point. Je le mets en regard avec la tentation d’Eve, le péché originel, et avec l’ultime tentation suggérée par les évangiles de l’agonie au Jardin des Oliviers et du cri – interrogation désespérée sur la croix. Il me semble que la question est moins la transgression du commandement – perpétrée par Eve, puis Adam, suggérée infructueusement par le « démon » au Christ qui en a souverainement raison – que l’essence-même de la tentation. Elle ne concerne ni la volonté humaine ni la matière du péché. Elle est celle, je crois, de la relation à Dieu.

Election d’un nouveau responsable de l’ensemble des institutions et de la formulation actualisée de la foi et de la présence de l’Eglise au monde, avancée vers la destinée que Dieu veut pour moi, pour chacun de nous, il me semble que le mouvement est le même, celui de l’Esprit, celui de notre liberté, celui d’une force dominant, faisant l’Histoire, la mienne en parcours du baptême à l’entrée en éternité c’est-à-dire en communion universelle et en participation à la vie divine, celle de l’humanité, celle de la cération entière. Chacun dit et pense : ma vie. Chacun souhaite l’amour, donc la relation d’alternité et d’intimité, et le bonheur, c’est-à-dire une certaine délivrance et une façon de pérennité. Mais on dit la vie éternelle. Et Jésus parle de sa mission, telle qu’elle nous donne la vie. Cela adressé à des contemporains, à des vivants. N’avons donc nous pas la vie, déjà ?

Essayer dans ces quarante jours de recueillir dans la prière la respiration de l’Esprit saint : voies et moyens, perspective et compréhension. Les événements, l’inspiration … car qu’est-e que je veux, qu’a voulu le Saint Père en nous donnant le seul choc qui nous arrête un instant ? Evidemment, une augmentation de ma foi, de notre foi et alors une surrection du monde tellement stagnant et tellement riche d’attentes et d’inventions d’amour.

Je vais chercher et regarder en ce sens.

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