mercredi 13 mars 2013

les papes de ma vie

en gestation depuis le mercredi 13 soir - se développe - et sera terminé d'ici la fin de soirée du lundi 18


Les papes de ma vie


Voici donc François Ier. Dernier des papes de ma vie, au sens que c’est l’actuel, il se peut aussi que je ne lui survive. J’ignore tout de la relation affective et intellectuelle que j’aurais avec lui. Avec ses prédécesseurs, depuis Pie XII, j’ai eu une relation personnelle d’âme, d’intelligence et parfois d’affection. Je vais les écrire. Du nouveau, la chronologie déjà – pour moi, factuellement. C’est par mon cher ami, Denis Maugan, dernier recteur résident de notre bourg de Surzur que j’apprends vers 19 heures 40 que le Pape est élu. J’avais eu ce matin l’intuition de cette élection, aujourd’hui. Elle est donc rapide. Il mle paraît probable qu’elle a tenu au retrait d’un autre qui devait àç égalité ou à peu près, je dirai même : le cardinal Sodano, l’ancien secrétaire d’Etat de Benoît XVI. Un Argentin. Excellent. Ce n’est plus l’Europe, c’est encore l’Europe : l’Argentine mêle espagnos, Italiens et sans doute quelques Allemands. Un Jésuite, fort bien. Un homme donc très formé, et l’archevêque de Buenos Aires a forcément une expérience pastorale. L’histoire contemporaine de l’Argentine donne à ses natifs une expérience particulière du politique : les dictatures de droite et le fond péroniste qui est complexe, une société très contrastée, je crois, et enfin une histoire économique particulièrement mouvementée depuis vingt ans, un krach national, et actuellement un conflit pour la rééligibilité ou pas de la présidente régnante, elle-même épouse d’un précédent président. Donc, tout à fait l’homme de grande expérience de ce que vit le monde actuel. Photos : le visage est presque rébarbatif, très régulier, pas caractérisé ni en traits ni en morphologie. Ce n’est pas – selon les images – la photogénie de ses deux prédécesseurs. Et 76 ans, ce qui n’est pas jeune. J’oublie mon propre âge qui n’en est pas si loin. – Sensation d’énergie, de volonté, ce sera un chef.

Pie XII, élu à la veille de la guerre, nonce à Munich à la fin de la précédent où j’ai moi-même été affecté durablement (1979-1982), controversé depuis la pièce célèbre. Je ne l’ai jamais vu de son vivant, ni à Rome où je ne suis allé une première fois qu’en 1978, ni au cinéma. Mais le visage, le profil, la rumeur de grâces mystiques exceptionnelles, le face à face très vif avec le communisme (Staline : le pape, combien de divisions ? – mort de Staline, Pie XII : maintenant, il va les voir mes divisions), l’Eglise du silence. Deux traits pour mes douze-quinze ans d’enfance pieuse, élève à Saint-Louis-de-Gonzague, les Jésuites à Paris. Une image le présentant agenouillé, prière à la Vierge très belle. Dévotion mariale certaine, dogme de l’Assomption. Assouplissement des règles du jeûne avant la communion et réforme liturgique pour la Semaine Sainte. Cette Eglise de mon enfance, dirigée par un pape souverain, polyglotte accompli, n’est pas en crise. A mon collège, au moins trois Jésuites par division (environ quatre-vingt garçons), en paroisse, Notre-Dame de l’Assomption, une équipe de peut-être six-sept prêtres, parfois prestigieux, ainsi le frère du directeurde cabinet du Maréchal, du Moulin de La Barthète. Pie XII, une figure humaine évoquant l’éternité, nous y amenant déjà. Figure hiératique, historique. C’est mon père qui, d’une voix altérée, m’annonce, à mon réveil, que le Pape est mort. Les débats sur lui viendront bien plus tard. Je lui donne raison, j’ai les publications diplomatiques du Vatican. Il n’est pas le pape de ma vie personnelle, il est trop grand, trop clerc pour se prêter à la communion d’un jeune laïc. Baptême, confirmation, « communion solennelle » sont pour moi de son époque. L’Eglise et le monde ne font qu’un, car l’Eglise est mon milieu et qu’il n’y en a pas d’autre. Son règne était présenté comme ayant été fort long, pourtant dix-neuf ans seulement, à côté de Pie IX ou de Jean Paul II, c’est peu. – 1939.1958

Jean XXIII est présenté aussitôt comme légendaire, la France peut se l’approprier, la barrette de cardinal lui a été remise par de Gaulle à la libération, il a vécu à Paris comme nonce après guerre, des mots de lui ont circulé (quand une femme très déceolletée entre à la nonciature, ce n’est pas elle que l’on regarde, mais le non… et arrivant, en poste à Constantinople : la vie commence à soixante ans… j’en parlerai au pape ! mais… le pape, c’est moi). La messe à la prison Regina coeli, le prix Lénine de la paix, les deux encyliques : Mater et magistra, Pacem in terris. Messiaen écrit une symphonie pour lui ; sur ce thème. Evidemment, le concile et le discours d’ouverture réhabilitant Teilhard de Chardin, Lubac, Congar. Une fausse réputation de bonté, une mort le jour de la Pentecôte. Lui, le conclave et l’élection de son successeur, je les suis par une revue de presse considérable que je transbahute le mois suivant en Autriche et en Bavière car je veux en faire faire l‘étude à « mes » scouts : je dirige la Troupe du collège (119ème.121ème Paris) de 1962 à 1964. de lui, date pour moi l’habitude d’étudier systématiquement les messages spontificaux, les encycliques. Elles sont en présentoir au seuil des églises, on en parle et discute dans mon collège. C’est parole d’évangile. – 1958.1963

Paul VI est autant mon frère spirituel aîné, bien sûr, qu’il est l’autorité suprême de l’Eglise. Même si la fin du pontificat de Jean XXIII et les commencements du sien coincident avec mes interrogations – éprouvantes parce qu’elles sont en impasse – sur une orientation de vie vers le sacerdoce ou le cloître, ce n’est pas l’anticipation d’un vie de clerc dont il établit la discipline, qui me guide vers lui, c’est une longue histoire,

se continue

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