dimanche 10 mars 2013

tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi - textes du jour

Dimanche 10 Mars 2013

                           Prier…[1] Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde acec lui… Toute la question de la ré-véangélisation (donc du conclave) est là, si tant est que sur cette terre elle puisse jamais être parfaitement menée, et complètement aboutir ni en n’importe quelle époque du passé, ni à préent ni demain. Quel que soit le mouvement de la conversion, c’est Dieu qui l’opère et ce n’est pas d’amener le monde à l‘Eglise, encore moins est-ce d’enrayer l’hémorragie de fidèles ou le déclin des vocations, le mouvement c’est Dieu travaillant assez le monde pour le faire venir, revenir à Lui. Il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés, et il mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation. Nous sommes autant l’Eglise que le monde, autant vecteur de conversion que sujet à convertir. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Rapportée à ce que nous vivons, chacun, chacun dans son épreuve, à son carrefour avec pour tous l’obligation devant Dieu et devant les hommes, d’être heureux puisque le moyen nous en est offert, avec insistance – la réconciliation avec autrui, avec nous-mêmes – rapportée à maintenant, la parabole du fils prodigue, ou du père miséricordieux (Jean Paul II – cf. partage d’évangile de mercredi dernier, mémorisé jeudi 7), que nous dit-elle ? Si connue, ressassée, répétée. Je la relis. Le fils a fait retour en lui-même, il sait d’où il est venu, il sait à présent où il est arrivé et dans quel état – tout pratique – il se trouve (c’est son père qui nons seulement l’accueillera, mais qui saura qualifier cet état calamiteux, la mort, la mauvaise santé, image et diagnostic physiques, exactement comme le besoin du fils a d’abord été l’alimentation, la survie quotidienne : moi, ici, je meurs de faim dans la condition où je me trouve). Mouvement du fils : Je ne mérite plus d’être appelé ton fils, prends-moi comme l’un de tes ouvriers. Il est résolu : il partit donc pour aller chez son père. La conclusion met exactement – par le parallèle des deux fils – en situation une partie des fidèles de l’Eglise actuellement avec le reste du monde, avec notamment l’Islam, avec la politique : ceux qui protestent de leur mérite, en font l’énoncé (le pharisien au Temple) : il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Au cadet, on donne le veau gras. Cadet et prodigue qui n’est pas plus affectif que son aîné. D’ailleurs, il récite, il aurait dû commencer par demander l’accueil, il ne sollicite même pas le pardon, il a décide de sa condition et de son rang dans la maison paternelle, il continue de décider son sort, maladroit de bout en bout. Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils… Précisément, le père ne réplique pas, il agit, il accueille, tout est pratique, physique, mais le tréfonds a été le débordement du cœur, l’important est que le fils soit revenu… comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié … Le prodigue ne devait pas être beau à voir, c’est l’épanchement final des entrailles paternelles, le père attendait, attend mais plus encore que la joie, la perception-même du fait : il revient…, il y a la constatation de l’état dans lequel nous a mis le péché, nous a mis l’exercice de notre liberté, nous a mis le choix de nous éloigner, d’accaparer, de partir nous disperser, galvauder, dissiper. L’humanité pécheresse, perdue, Jésus et les foules, le troupeau épuisé et sans berger, même en bon état, en bon ordre, le troupeau dont une brebis a disparu, s’est égarée et voilà en branle et en angoisse, en recherche continue le Bon Pasteur… La pitié pour l’humanité hors d’haleine…Père qui est demandeur. Le retour du cadet ne le comble pas, il voudrait la communion complète : avec les serviteurs, peut-être image de notre Eglise, c’est fait : mangeons et festoyons. Mais il faut l’aîné, autre figure de l’Eglise, elle est fermée, crispée, elle a son avoir théologique, son atavisme, il y a mes raisons, mes impossibilités, celles que je crois. Le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. L’aîné n’est pas jaloux, il n’en veut pas à son cadet, ce dernier – pour lui – n’existe plus, c’est à son père qu’il en veut. La parabole tourne court. Le père aura-t-il convaaincu, converti son fils. L’évangile est toujours à continuer, littérairement, mentalement, affectivement, spirituellement… et du texte il y a toute la suite de la vie. Les Actes des Apôtres, aussi, se terminent en queue de poisson. Il n’y a que l’Apocalypse : viens, Seigneur Jésus. Ce n’est pas nous qui pouvons dire : allons, mais nous avons entendu : allez… nous avons entendu : venez… Allez à tous, venez à moi. Ce qui est de même. Et finalement à qui s'adresse le père ? sinon au fils aîné. Au cadet, il donne les biens, il donne ses bras, son coeur, son affection, il donne la fête de bienvenue pour le retour, mais il ne lui dit rien. A l'aîné, certes une explication : ce qu'est le péché, que précisément il n'a pas commis (la question n'est pas qu'il s'en enorgueillise ou en fasse un dû, ce qui est son attitude du moment...) : toi, mon enfant, tu es toujours avec toi, et tout ce qui est à moi est à toi. L'aîné est appelé, par le père, à la conversion intime, qui est tout simplement la considération et la reconnaissance de sa relation avec Dieu, de ce qu'il reçoit, a reçu, recevra. Le cadet n'est pas rappelé par son père, le père a été totalement impuissant et à l'empêcher de partir et à le faire revenir. La conversion, imparfaite mais de conséquence, a été opérée par les épreuves, le dénuement, la condition humaine par elle-même... Père et prodigue sont instrumentés : le matériel a dominé le cadet, son avidité pour disposer de l'héritage et jouir de tout, le coeur, l'attente, la pitié, les sentiments ont dominé le père. En fait, ils sont le père-même qui n'est que pitié, accueil, attente. 


[1] - Josué V 10 à 12 ; psaume XXXIV ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 17 à 21

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