jeudi 18 juillet 2013

venez à moi... et vous trouverez le repos... mon joug est facile à porter - textes du jour

Jeudi 18 Juillet 2013

Cette nuit
Minuit presque + Tout l’après-midi au Louvre avec notre fille. J’ai été partagé entre plusieurs facettes d’un émerveillement et d’un bonheur d’ensemble. De mes quinze ans, d’adolescence initiée par mon chef de patrouille scoute, en particulier, plusieurs après-midi, des jeudi, dans le musée ancienne présentation, années cinquante : la salle des Sept Maîtres, détaillée par Jacques de B. comme le legs de byzantin, l’icônale, à une Renaissance des enlumineurs et des vitriers à toutes les éclosions de la peinture et de la sculpture, de capitales en capitales dans toute l’Europe et en Amérique, celle des Etats-Unis et du Brésil, Athènes, Munich, Vienne surtout, mes trente, quarante, cinquante ans. Puis cette interruption de vingt ans. la sculpture, celle de plein air, les MAILLOL aux Tuileries, ARP à Meudon, la glyptothèque de Munich, chaque musée grec, des îles égéennes à l’Attique et au Péloponèse. Que de danses de la sensualité à la prière (ainsi cette exceptionnel 4 Juillet 2010, sept heures avec le REMBRANDT d’Emmaüs, du Golgotha et des dialogues avec Marie-Madeleine ou avec Lazare, visage du Christ, l’autre lumière, tout autre). Aujourd’hui, la salle des Sept Maîtres n’est plus. Les espaces successifs et les escaliers, les voutes, le matériau uniforme, clair, en lumière, les volumes si différents, une exceptionnelle conception et une réalisation hors de pair, en tout, mettant depuis la Grande Galerie, le public à regarder le Carrousel et l’histoire modernisée de notre millénaire monarchique, la foule, le pointillisme des couleurs et des mouvements, est elle-même dans les niveaux divers d’escaliers et des salles un élément décisif d’ambiance. Chinois ou Japonais sont peut-être le tiers ou la moitié de la chalandise. Des bancs circulaires font s’assoupir, cuisses nues et aussi sculpturales que les œuvres au marbre blanc de la Renaissance et du classicisme, de ces Asiatiques sans traits que la vie au visage, hiératique. Marguerite a « tenu » cinq heures avec la petite pause des boutiques et d’une patisserie. J’ai rencontré les coffrets de DVDs dont je ne soupçonnais pas l’existence, des heures d’enregistrement de Jean-Marie DROT avec MALRAUX dans les années 70 (donc en même temps que la légende du siècle, moment fabuleux de télévision gaullienne, rétrospectovement et prophétiquement). JMD, plus tard mon collègue culturel – ô combien brillant, personnel et puisant – à Athènes.
Marguerite fragile, en robette de toile pistache, bras et mains nus. Sa course à la Joconde, au mythe, son acceptation du musée en soi, sa préférence marquée pour la peinture, malgré notre grand moment dans la Cour PUGET où l’architecture des escaliers et les loggia que constituent les bâtiments d’étage, met à notre échelle des corps parfaits quoiqu’au naturel. Ces époques de ma vie où pendant des heures j’ai photographié la scultpure grecque antique, et parfois nos modernes (les bassins du Trocadéro, les reliefs et statues au contre-bas en terre-plain du misée d’Art Moderne de la ville de Paris, le palais dit de Tokyo). Au-dela de le sensualité, et plus encore sexe, ce que produit la beauté quand il n’y a qu’elle. Jeu des jambes de jeunes fillescomme la veille à Euro-Disney, mais ici plus égales, mieux. Les sandales et spatiates, les pieds à plat, les chevilles décisives, les jambes moins à critiquer, tout peut être dans le pied qui alors évoque le divin, la terre pour le ciel. Mon grand-père maternel, silencieux et hermétiquement pudique, disant que selon la mode 1900 aux talons hauts des bottines lacées, quand les robes qui ne dégageaient que la pointe des pieds, laissaient soudain entrevoir une cheville, le comble de l’érotisme palpitait impérieusement…. Mon arrière-grand-mère, née OLIN à Mexico en 1856, était à ses quasi-cent-ans, habillée et chaussée ainsi.
Notre fille n’a pas su me dire pourquoi la peinture et pas la scultpure. Mais UCELLO, MANTEGNA, BOTICELLI, ceux de mon initiation adolescente, réunis autrement, elle les assez reconnus d'une mémoire atavique et étrange pour nous faire arrêter sur le banc d'où nous pouvions les voir tous ou presque. Elle se trouva après la Joconde, privée de son commentaire mais devant laquelle au premier rang encordé d’une foule de métro aux belles heures de pointe, tous appareils numériques brandis en périscope, qui rapetissait à proportion le joyau isolé, silencieux, beigeasse… un thème, les chiens, nos chiens. Discernement alors de nombreux tableaux de la Renaissance au pré-baroque… tandis que je découvrais les pleurs de saint Pierre devant la Vierge, une véritable prosopopée du service de messe des années 1850 à 1960 avec un DERI, l’image faire-part pour un mariage homosexuel avec l’auto-portrait de RAPHAËL en compagnie masculine d’un ami… et des visages étonnants de transparence : les femmes donnant le leur à la prière mariale, constante de ces apogées de la peinture européenne, ou de densité, le Christ et Simon de Cyrène. La crucifixion par LE GRECO que je ne connaissais pas, un étonnant portrait de saint Louis avec un de ses pages par le même… et tout proche une princesse en petit costume de garçonnet par GOYA. Les orants du calvaire, la fillette des deux siècles espagnols (je n’ai pas revu de VELASQUEZ) semblent portraits pour un magazine presqu’ordinaire d’aujourd’hui.
Plus tard les bassins-reflets-triangles au sol des pyramides géniales. Nos grands ministres de la Culture et des Beaux Arts, ceux de Napoléon III, puis MALTAUX et Jack LANG. L’exception culturelle française peut faire ricaner les matérialises et les économistes, ceux qui jugent un pays et ses dirigeants au taux de chômage ou au déficit budgétaire… J’aime le mien, il laissera des ruines autres que d’immeubles, et si Athènes et Rome nous ont transmis de temples et des théâtres, je n’y ai jamais trouvé les édifices de banque à leurs hautes époques… les chateaux fous de Louis II de Bavière, considérés comme des… à son époque ont depuis, en visites, rapporté bien bien davantage que ce qu’ils avaient coûté… Pour nous, c’est encore mieux. La gratuité pour les moins de dix-huit ans, l’essaimement à Lens et à Abou-Dabi. Et nous avons su faire le musée d’Orsay, celui des Arts Premiers, la fondation Maeght, nous contiuerons. A preuve, Marselle que je n’ai pas encore vu. Tout dans ce qui s’expose et se commente n’est pas français, mais précisément c’est la passion de l’ensemble et du commentaire, cette architecture du mental très proche des structures de l’âme quand l’humanité décide, cosciemment, sa culture, ses cultures, ses inventions, quand la mémoire est un legs instrumental mais pas le carcan de la reproduction, qui fait cette France simple, mot à mot, universelle au premier degré, une respiration archi-naturelle et pourtant éduquée et voulue au possible. La France, mère des arts, des armes et des lois, n’a sa grandeur que dépouillée. Le pays divers et foisonnant, multipeuplé, multiséculaire sait trouver son expression, sa modernité, sa contemporanéité dans la culture systématisé du thème unique : cela se ressent fortement, thème qui est plus que la beauté, plus que la reproduction-production du monde et de la vie, que la réduction des antinomies de la création et de la docilité…
J’ai appris ce qu’est le service de table, que nous n’en avons eu que deux époques, celle de Louis XV, puis celle, dite russe, instaurée par Napoléon et qui se perpétue (l’Elysée et la vaisselle du troisième du nom). J’ai appris l’histoire de notre porcelaine de Sèvres, la participation décisive de Louis XV, l’égalité faite en quelques années avec Meissen, et bien entendu la Mpopadour, plçant judicieusement l’argent de poche du roi. Ressorti par les pyramides, les bassins, l’entrée et l’escalier du ministre, époques où les Finances, longtemps dites le Louvre, plus récemment Rivoli, donnaient au titulaire : j’y ai visité plusieurs fois Pierre BEREGOVOY, le bureau du ministre d’Etat, chargé de la Maison de l’Empereur, donc des Beaux-Arts. Le Conseil d’Etat en façade. – L’art familier de notre fille de m’imposer silence, soit que je l’ennuie, soit que je l’expulse d’elle-même par mes explications et remarques. Elle tient de ma chère femme, et me rappelle ainsi que m’aimer et me subir sans beaucoup de répit, suppose indulgence et oubli des fatigues, qu’encombrant, j’impose…
Notre fille, posant pour la photo. avec les tableaux choisis, ou faisant elle-même tableau dans l’encognure ou sur le banc choisi pour une pause. Elle semblait créer une sorte d’ioslement en parure d’elle quand elle avançait, revenait, s’arrêtait sur les parquets. La foule faisait le mouvement des laisses de mer dont nous avons l’habitude. La couleur multiple des visiteurs se fondait finalement grâce à la hauteur des plafonds et au rythme des toiles et bois accrochés. Ni parole ni fond musical, que la rumeur d’une vie à des dizaines de milliers d’exemplaires devenus analogues par la même occupation, regarder, s’arrêter ou pas. Comme hier à Eurodisney, ces exercices sociaux parce qu’ils sont vécus volontairement et dans un cadre inhabituel et intemporel, produisent de la politesse, du respect mutuel, parfois même une complicité, un compagnonnage, j’y ajoute – mais suis-je seul en cela ? – l’admiration pour certains visages, certaines nuques, et – je l’ai dit – des chevilles et des pieds féminins. Marguerite m’a entrainé, arrêté, demandé, fait revenir, fait partir sans me questionner, sans solliciter d’explication, mais rentrés où nous sommes, elle a aussitôt regardé-étudié-écouté le DVD d’initiation et de synthèse qu’elle avait choisi en boutique.


Cette aurore

Prier avant de prendre la route aux aurores pour Strasbourg. Je suis celui qui suis. Voir si en Islam, Dieu donne Son nom et cela sur demande de Son fidèle ? J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : « Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ». Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? … Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est JE-SUIS ». Tout bonnement, l’assurance de Dieu ! si je puis écrire ainsi sur l’Absolu et l’Incommensurable. Mais Dieu s’incarne, Dieu dit son nom, Dieu se révèle sans cesse ni trève. J’ai décidé de m’occuper de vous et de ce qu’on vous fait subir en Egypte. … Je sais que le roi d’Egypte ne vous laissera pas partir s’il n’y est pas forcé. Et ainsi de suite jusqu’à nos instants, d’humbles descendants dans le sang et dans la foi, tout humains [1]. Et l’incommensurable, le tout-puissant assure : je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. Le même Jésus, Dieu fait homme, invite par ailleurs à porter sa croix, et sera mis à mort atrocement. Quant à a « sortie d’Egypte », elle s’opèrera en une succession de cataclysmes : j’étendrai la main, je frapperai l’Egypte par toutes sortes de prodiges que j’accomplirai au milieu d’elle…  Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau… C’est mon nom pour toujours, c’est le mémorial par lequel vous me célébrerez. L’homme qui nomme tout à ses débuts, quand défile poir lui la création, l’œuvre entière de Dieu, tout le vivant, y compris sa femme, sauf et jamais Dieu. Dieu se nomme Lui-même. Il nomme aussi Celui que conçoit Marie à l’Annonciation et Il donne son nom de fondation à qui sera le chef de son Eglise. Le Dieu de vos pères…L’honneur qu’un jour, notre fille, ma femme disent à la suite de la mort qu’auront voulu Dieu et son Christ pour moi, serviteur contigent et discontinu : le Dieu de Papa, le Dieu de mon mari. Et en elles déjà depuis notre année de mariage, celle de la naissance de notre fille, je vois bien les mouvements de Dieu, j’entends à la messe le murmure de leurs lèvres et je sais, quand elles dorment, qu’elles ne vivent comme moi, que par Lui. Il s’est toujours souvenu de son alliance.


[1] - Exode III 13 à 20 ; psaume CV ; évangile selon saint Matthieu XI 28 à 30

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