samedi 31 août 2013

ayez à coeur de vivre calmement, de faire chacun ce que vous avez à faire - textes du jour et réflexions d'hier et d'avant-hier

Samedi 31 Août 2013

Avant-hier
 
Minuit et demi + Donc, jeune & jolie. Compte-rendus contrastés pour l’histoire ou le thème : crises d’adolescence ou prostitution précoce ? confusion même avec une autre histoire, des amours de lesbiennes répondant à Cannes, avec un prix comme argument, aux campagnes de la manif.pour tous… En revanche, unanimité pour la tenue du rôle-titre, charme etc… d’une inconnue pour moi : Marine VACTH. Le titre, précisément n’est donné qu’après quelques plans. Une jeune fille, une plage ni déserte ni peuplée, regardée puis détaillée à la jumelle. Elle se met « top-less », un recul de la camera fait comprendre que c’est un adolescent et même un très jeune garçon, non un adulte voyeur qui évalue, celle qui nous est présenté – de corps – comme exceptionnellement jolie. Je ne le trouve pas : elle est osseuse de dos, les jambes sont trop écartées et un peu grêles. Sans doute, ne faut-il pas des cuisses qui s’entrefrottent et produisent une marche laborieuse partant des hanches, une à une, tâtant la position suivante… Frère et sœur, le confident de la tragédie antique, un second rôle tenu par un Fantin RAVAT dont il est révisible qu’il fera une jolie carrière à l’écran. Pas de vie propre selon le scenario sinon qu’il apprend de sa sœur…et la fait nous apprendre par lui. Le titre alors, des sous-titres pour des saisons. Les unités classiques, cela se déroulera d’un été à l’autre. Notre auteur dont l’âge que me dira ma chère femme à mon retour, m’étonnera, a une réelle culture classique : très Cahiers du cinéma, très ROHMER-RESNAIS-RIVETTE mais avec une très grande unité de thème. Quelque chose est traité plutôt que raconté. La bascule dans la prostitution n’est dite que par bribes, aveux à la police, au psy. ou par des retours en arrière. Circonstances : la drague d’un « vieux » à la sortie du lycée (Henri IV) donnant au hasard son nméro de téléphone, puis site de rencontre avec photo de la proposante. Première et dernière scène dans la même chambre avec un homme âgé, au moins de visage, totalement ridé en plaques, mais beau de visage et pas détruit de corps. Origine, la « première fois » ratée, amour de plage, un jeune allemand ? Je suis déjà hanté par l’enlèvement possible de notre fille. Voici une nouvelle inquiétude, la prostitution ou pire ou analogue, sans que nous le sachions, la possibilité de dissimuler, etc… la réaction me paraît décisive pour l’avenir quand la première séquence se découvre : la mère, elle-même divorcée et trompant d’ailleurs son nouveau compagnon, va en avaoir deux successives, la raclée, les larmes, la tragédie de l’offensée directe, puis la demande de pardon et la réflexion lente à laquelle la police mise en scène de façon très positive (heureusement) et crédible, amène cette mère. Le psy. enfin. Finesse des « petits » rôles : le beau-père et le psy. sont chacun tutélaire et donnent une bonne idée des structures de rattrapage. Le film me semble dès lors une très heureuse pédagogie-thérapie pour ce genre d’aventure. Il me semble que si cela « nous » arrivait, nous devrions, en tout cas je serai des plus compréhensifs, et que je me consacrerai surtout à la diversion, à faire cesser l’addiction. Celle-ci est bien dite par l’héroïne. Les scènes nombreuses mais groupées des « séances » et « administrations » d’amour payé ne sont pas choquantes, impudiques ou pornographiques : le corps féminin est seul montré, jamais en totalité, jamais de sexe, jamais debout, le torse, la cambrure des reins, guère plus, et tout est plus lisse, fruité, sans lignes, seulement le contour des volumes que dans la première image qui m’avait déçu. La beauté n’arrive alors que dans ces circonstances, elle est insistante selon une camera qui semble de plus en plus la tenue contemporaine dans le cinéma français (cf. les adaptations de PAGNOL par AUTEUIL) : le visage. Celui de Marine VATCH n’est pas morphologiquement beau : le nez, comme celui de Fanny interprêtée pour AUTEUIL ne l’est pas du tout, le menton non plus. Mais il y a la lumière du front et des très beaux yeux, curieusement de couleur froide mais de regard très intense, pas perçant, toujours émouvant, presque suppliant, méditatif, intérieur et pourtant attentif à l’autre. Deux chefs d’œuvre tenant sans doute plus à la direction des acteurs qu’à chacun d’eux, le visage de l‘héroïne le temps long, laborieux et sans joie aucune ni prière de sa « première fois » et le voyage à travers la peur, la désespérance puis la surprise du bonheur qui se donne à vivre sur le visage de l’adolescent à qui capacité et orgasme sont administrés par la jeune experte. Vérité des pulsions du corps, vérité d’une sincérité qui n’a pas ses appuis : schéma que j’ai apprécié des sentiments-sensations-soumissions de l’adolescence à ce qu’elle vit, presque malgré elle, ne trouvant un champ d’initiative, lui révélant sa liberté, que par accident. Le final est splendide : les deux âges de la vie, celui de l’inexpérience et celui de l’expérience, côte à côte, visages au regard semblable : Marine VACTH et Charlotte RAMPLING, actrice de ressort pour François OZON, depuis sous le sable
Enigme et défi : le groupe de jeunes, assis sur les murets en face du cinéma aux tarifs si étudiés, que je retrouve pour la seconde fois, après Fanny. Toujours si peu de filles. Refus catégorique d’investir plus du temps d’ailleurs que de l’argent dans une soirée à regarder un film puis à en discuter soit en salle, soit à nouveaau sur le muret. Un des bénévoles de l’Iris, professeur de physique au lycée, lui aussi en face du cinéma… dit qu’il est impossible, sauf à les y emmener pendant les heures de cours, de les faire venir. Adeptes de l’écran informatique et du téléchargement. Nous ne philosophons pas là-dessus, il est tard, je suis encore sous le coup de mes interrogations, et s’il arrivait à notre fille ce qui est analysé par OZON ? pressé aussi de faire entrer ma chère femme dans cette interrogation et de l’amener à aller voir ce film. Mais il est évident qu’un ciné-club par semaine, au tarif étudié, serait passionnant pour ces jeunes gens qui me paraissent bien élevés, curieux d’esprit, pas systématiques, accueillants au septuagénaire que je suis selon toute apparence et à mes chiens, et passionant pour les adultes que nous serions. Une des scènes du film est précisément la récitation du texte de RIMBAUD sur les dix-sept ans avec ensuite explication de textes par les élèves qui le veulent bien : visages et voix des figurants, tout à fait exacts.
 
Hier
 
matin
Une révolution dans les relations internationales ? peut-être. La Grande-Bretagne ne colle plus aux Etats-Unis, en tout cas pas dans l’affaire syrienne. Je ne sais pas la motivation des conservateurs qui ont fait l’appoint pour que l’emporte hier soir aux Communes l’hostilité des travaillistes à l’intervention déjà préparée et semble-t-il qui était décidée dans l’esprit du Premier ministre. Du coup, c’est la France sur laquelle peut compter Washington. La réciproque s’était par anticipation vérifiiée pour le Mali. La France a toutes raisons d’intervenir, et serait même prête à le faire, pour des raisons morales primant les raisons ou les objections géo-stratégiques – on serait alors abasourdi, mais ce me donnerait raison dans mon espérance depuis plus d’un an qu’au pied du mur, acculé à l’audace ou à la véritable décision qui  ne soit pas la synthèse des contraires ou l’option d’une prudence tempérant et conditionnant toutes affirmations. Fondamentalement, ce peut être une réintégration de la France en Syrie. Sarkozy à l’instigation de Robert Bourgi s’y était essayé, mais en s’appuyant sur Bachar ! (le défilé du 14-Juillet 2010). Et de là une sécurisation et un rééquilibrage des différentes composantes libanaises, une prise à revers d’Israël – au moins politiquement.
soir
L’un des problèmes des relations internationales depuis au moins le 11-Septembre, ou même avant mais le 11-Septembre a permis de le masquer, est que les pays qui traditonnellement avaient une politique extérieure, c’est-à-dire pas seulement des moyens, mais des perspectiives à long terme, une stratégie, n’en ont plus et que les pays qui étaient acculés et sur la défensive (Union Soviétique et Chine) en ont une, et qui – même ! – élude et fait bon marché des anciens adversaires, putativement battus parce que sans dessein. Cette sorte d’épuisement idéologique du soviétisme, a gagné « l’Occident » qui n’a plus même les vestiges de l’Alliance atlantique faute d’ennemi, qui n’a pas su organiser aux Nations Unies un substitut pour une force internationale ou multinationale permanente, et qui bien entendu a manqué son principal objectif interne qui était l’Union européenne, partenaire privilégié en réciprocité d’intérêts et en analogie de valeurs des Etats-Unis.
On voit cet échec dans l’affaire syrienne. Conseil de défense là-aussi et John Kerry chargé de travestir pour la communication l’hésitation et la perplexité d’un Obama face à une opinion massivement hostile à l’intervention sous quelque forme que ce soit mais au prises avec sa propre anthologie : s’il ne fait rien maintenant, il perd toute crédibilité, et les Etats-Unis avec lui. Donc, il est avéré, sans attendre le rapport des experts et selon des sources internes, les services américains, qu’il y a eu gazage et qu’il n’est pas douteux que c’est Bachar. On ne peut être plus mala droit : ne pas attendre les experts. Il est vrai, rappelle Kerry, que la mission de ceux-ci est sur le genre de mort des massacrés, pas sur l’identité des bourreaux. Face à l’opinion intérieure, il est juré que ce ne sera pas comme l’Afghanistan ni comme en Irak… pas un homme au sol, et suite au prochain numéro. Les décisions seront prises en temps opportun et selon les seuls intérêts américains, évidemment pour défendre la morale internationale. – Coalition ? aucun coup de chapeau à la France. Les commentateurs citent la Ligue arabe et l’Australie pour participer aux côtés des Américains et de la France. François Hollande a l’imprudence de dire que l’intervention aurait lieu d’ici mercredi prochain, comme pour court-circuiter le débat parlementaire, prévu le 4… La Turquie assure que depuis Décembre dernier, elle a les preuves de l’utilisation des gaz, mais elle ne dit pas si elle va intervenir. On en est là ce soir. Tout va être maladroit. Pour moi, le seul intérêt est de savoir si la Russie est un « tigre de papier », ou non…
 
Ce matin
 
Nuit compliquée. Sur la route de Nantes hier matin, un moment de radio avec une pédo-psychiâtre sur le sommeil de l’enfant : il n’a pas peur du noir avant deux ans, ne pas faire durer les adieux du soir qui donneraient à penser que la nuit est un gouffre dangereux, tous les colifichets, astuces et artifices sont bons genre têtine, pouce, lumière et porte entr’ouverte. Nous connaissons cela. Déjà avant-hier après-midi, la vue d’une petite vipère si ce n’étaient pas des chenilles processionnaires avait mis notre fille dans un état d’hystérie qu’elle avait sans doute prolongé car le nouvel emploi de sa mère – enseigner l’allemand dans un lycée de la jolie ville (celle de notre salle de cinéma) de Questembert, et l’économie-gestion en BTS à Redon – l’inquiète beaucoup. Présence ou pas ? et la priorité n’est-elle pas sa rentrée à elle. Inquiétudes et angoisse du présent, tandis que je me projetais avant-hier dans celles du futur, prostitution de l’adolescence, amours ratés, torturants ou décevants, auxquels nous ne pourrons rien sauf accueillir, écouter, accompagner, ne pas peser. Il va en être de même pour moi avec ma chère enseignante, expérience que je vais vivre indirectement et qui me passionne d’avance. Auquel j’ai été rompu depuis mon adolescence et tant qu’on a voulu de moi, quoique toujours par raccroc. Deux venues jusqu’à notre lit, suivies du débordement de nos chiens, porte ouverte. J’ai peur, je n’arrive pas à dormir, ce qui avait été déjà le début de la soirée dont nos albums de Spirou (collection complète par abonnement) n’avaient pas eu raison… et je me retrouve devant la pile putative des livres que je veux écrire… les années passent. Il pleut doucement… chaque réveil-lever est un exercice d’amour, ré-aimer la vie, en attendre la vie, et si possible transmettre à qui j’aime ce décisif relais : se réconcilier avec la vie, avec le jour qu’elle propose maintenant, à nos yeux apparemment ouverts. Mais que voyons-nous… le dehors… pas le dedans (thèse de Michel HENRY Paroles du Christ). Le dedans seule réalité totale, ce que répète Jésus à longueur de paraboles, d’admonestations et de discours.
Frères, nous vous encourageons à faire encore de nouveaux progrès : ayez à cœur de vivre calmement, de faire chacun ce que vous avez à faire et de travailler de vos mains comme nous vous l’avons ordonné (et comme l’apôtre le prêchait d’exemple) [1]. Précisément, la rétribution de ce travail : elle est particulière à chacun de nous, proportionnée non pour nous diminuer ou nous grandir, mais pour nous inciter d’une part à l’ingéniosité (que de leçons d’économie politique et sociale dans le Nouveau Testament que n’ont pas récusées les marxistes, pas les nôtres, mais ceux de l’Union Soviétique) : aussitôt celui qui avait reçu cinq talents s’occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un creusa la terre et enfouit l’argent de son maître. Et d’autre part à une relation personnelle avec celui qui nous dote de naissance et continuellement par sa grâce et par les circonstances et par nos entourages et rencontres : tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup… j’ai eu peur… Les deux types de réaction, la présuppositon que nous avons sur Dieu ? Les conclusions sont dans un premier temps (« distribution des prix ») réjouissantes : celui qui a recevra encore et il sera dans l’abondance, maus ensuite : terribles. Celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviter bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents ! Combien de paraboles et de raisonnements de Jésus sur les serviteurs et le service, pour qu’Il les résume en lavant les pieds de ses disciples.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens IV 9 à 11 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Matthieu XXV 14 à 30

Aucun commentaire: