vendredi 16 août 2013

comprendre cette parole - textes du jour

Vendredi 16 Août 2013

Si je ne suis plus que dans les souvenirs ou l’exploitation du stock, alors je suis très vieux et je pèse sur mes aimées. Si au contraire j’ai des projets, encore, alors je suis vivant et je les entraine, les magnifie, les libère.

 Ceux dont on prend congé avant un revoir convenu quelques jours ensuite mais dont on ressent aussitôt qu’on ne les reverra plus. Les séparations du vivant sont bien plus décisives que la mort, car celle-ci ne fait pas évoluer le stock du souvenir, rien ne continue et tout devient intangible, donc apte à la mémorisation et à la disponibilité totale au souvenir. Au contraire, les vivants qui se séparent continuent chacun, la vie ajoute à la vie, et elle échappe à mesure d’autant plus au souvenir, elle le nie souvent, elle rend impuissante la mémoire. Je viens de le vivre, l’accompagnement ne sera plus que mental et l’autre une supposition. Les ruptures ou les distanciations en amour, même et surtout si elles ont pour prétexte de reprendre souffle ou de faire le point pour mieux se retrouver et alors définitivement, sont de cet ordre : le dernier toucher du regard, de la main et peut-être du baiser est une porte se refermant, qui ne s’ouvrira plus jamais. Je l’ai vécu sans qu’une décennie et parfois plusieurs effacent l’instant d’avant que la porte se referme et où peut-être il était… il eût été encore… Le critère de l’amour est précisément que ce soit cet instant "d'avant" qui triomphe et fasse point de départ alors que tout « devait » l’empêcher.

A la gare, le jour pointant, un jeune en sac de couchage, contre le mur, pas loin du distributeur de billets, le long de lui, son chien, avec son propre tapis, la gamelle d’eau et une grosse écuelle de croquette, et à sa tête un petit poste de radio débitant les programmes du matin… Prier… [1] de l’incroyance, du polythéisme où naissent les fils de Térah à la foi d’Abraham. Des terres d’origine au-delà de l’Euphrate à Canaan, à l’Egypte et au passage du Jourdain. L’ « histoire sainte » de chacun et l’histoire de l’humanité. De hauts faits que ceux de Dieu disposant des territoires, des adversaires… mais l’humanité sait-elle conclure ? Même indigence, celle des apôtres à propos du mariage – raisonnement analogue à celui d’origine pour le droit du travail : on n’embauche pas si on ne peut pas licencier, on ne se marie pas si l’on peut pas divorce… Est-il permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? … Si telle est la situation de l’homme par rapport à la femme, il n’y a pas intérêt à se marier… Ayant défini que l’homme et la femme, ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Jésus énumère ensuite les cas où des gens ne se marient pas. Incapacité, mutilation, consécration à cause du Royaume des cieux. L’initiative masculine du mariage : l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme…. n’est donc pas l’ouverture à l’homme, discrétionnairement, de la répudiation de sa femme. – L’indissolubilité du mariage est d’ailleurs conforme à l’expérience psychologique du couple. Se mettre à la place de l’autre fait comprendre et donc accepter, mieux qu’excuser ou tolérer, les répliques ou les souffrances, déceptions qu’il/elle nous a fait endurer. Le compagnonnage revient à proportion que nous sommes décentrés et – d’âme, de cœur et d’intelligence – portés au sein de l’autre. Nous sentons alors que le couple n’est pas une volonté unilatérale, un désir, un calcul, un projet, pas davantage une construction à deux, il est réellement ce qui nous échappe, nous structure, nous constitue, nous dépasse et nous enveloppant nous unit. L’expérience est là, sans doute par bénédiction et volonté du Créateur, quelles que soient nos croyances ou nos histoires (le sacrement chrétien du mariage en donnant un gage, vivement ressenti pendant que nous nous l’administrons mutuellement par l’échange de nos consentements devant Dieu et devant les hommes), mais plus encore parce que l’homme est à l’image, à la ressemblance de Dieu. L’enfant le voit et le dit bien mieux – âme nue – il veut le couple de ses parents, bien plus que par besoin de sécurité ou de sa propre unité intérieure, il le veut parce que c’est un fait et que le début de l’expérience, de la conscience et de l’expression de la liberté humaines est manifestement un consentement heureux et reconnaissants aux faits majeurs qui sont pour nous la réalité, apparemment extérieure. Cekui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! L’amour comprend d’emblée, même s’il ne dispose d’aucun mot ni concept. – Tu m’as montré, Seigneur, la route de la vie, tu m’as rempli de joie par ta présence.  C’est seulement à propos de l’union de l’homme et de la femme, que Jésus emploie autrement la locution Lui faisant préciser à Pierre comment et pour quoi il sait … une connaissance, une compréhension ne tenant qu’à la révélation directe par Dieu. Ce n’est pas tout le monde qui peut comprendre cette parole, mais ceux à qui Dieu l’a révélée.
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