dimanche 11 août 2013

d'un seul homme déjà marqué par la mort ont pu naître des hommes aussi nombreux que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer, que personne ne peut compter - textes du jour

Dimanche 11 Août 2013


Hier soir
 
Que des héros, que de la beauté, que de l’exaltation sensuelle sans exhibition, impudeur, prédation, les âges de la vie, les entrains et les rythmes, si simplement chacun particulier, tous attachants, tous attachés, fête et joie de famille dont j’étais l’aîné de quelques années et l’invité par raccroc. – Invitation impromptue, table de jardin, barbecue multiples apéritifs, toutes les générations de la minuscule Maeva pas plus « grande » qu’un baigneur Colas, au patriarche plus jeune que moi de cinq ans. La Sardaigne de naissance, l’émigration en 1952 de son père selon des conventions-emploi franco-italiennes, l’aîné de neuf, rejoint son père en 19567, diversité extrême des sorts des frères et sœurs, l’une épouse un avocat international, américain, de l’or en barre au Koweit en subordonné avant la guerre, en désiré intuitu personae après. D’autres le commerce, les options pour la nationalité française mais pas par tous. L’installation en Bourgogne, près du château des MZAC-MAHON, famille décavée, rejetons sans ressort. Les ressemblances physiques d’une génération à l’autre, Léni et sa grand-mère. Remariage d’une des sœurs du père, plus de vingt ans comme chez nous entre le premier et la detnière des neuf. Les deux ados. l’une pour le bac, et l’autre en première physiquement très différentes, mais chacune jolie, présente, sans ostentation…Théo. avec elles deux du haut de ses douze ans à peine, mais un garçon. La grand-mère éméchée racontant trop sur la rencontre de sa fille avec le futur mari, le garçonnet choqué dans son amour et la pudeur qui ensemble postulent le mystère jusqu’à la moindre évocation s’est renfermé, souffrant pour sa mère, ne s’éveillant que pour les cadeaux, les bougies, l’acclamation d’anniversaire, rôle repris de l’animateur, ne songeant qu’à son héroïne. J’ai quitté quand la danse, devant la télévision faisant sono. a mis tout le monde dans un rythme que peu suivaient. Toute la soirée, les jambes des deux ados. Leslie, regard d’argent sachant se poser sans insistance mais ignorant tout de CARON et des vacances romaines, de Grégory PECK donc et Maeva, bonnasse, plus épaisse comme une bonne partie des filles de sa génération. Leslie avec un beau-père jusqu’à présent non gênant… et Meva peut-être pas banale mais le montrant pas sauf à raconter déjà une imprudence de car et d’auto-stop. L’une aux jambes fines et vivantes, plus sensuelle par la silhouette entière, et l’autre aux jambes type demoiselles d’Avignon, lourdes et régulières. Chacune avec ce dont je ne sais pas le nom, sorte de serrement noir autour des fesses, sous les hanches et au haut des cuisses, minimum, moulant sans insistance, et ne suggérant rien, mais donnant la nudité des jambes presqu’entièrement. Leslie danse dans le rythme, pas Maeva. Les corps sont là mais pas imaginables. C’est la réserve de l’adolescence à l’exact de ma propre adolescence même si les vêtements et les sous-vêtements (il n’y en a plus aujourd’hui) ont changé. J’ai aimé que le désirable, la distance, l’attente et le banal mystère mais cardinal quand il y a désirée et désirant subsiste – de nos jours et aussi dans cette nouvelle et peut-être dernière saison de mon existence, autant que jamais – , et j’ai songé, en regardant la joie de tous par les gestes, les sourires et le respect mutuel jusqu’aux plus petits de cinq-six ans, aux « parties fines » payantes et brutales dont DSK à défaut d’autres démasqués donne la chronique. Ce que je vivais était sans prix. Philippe racontant un de ses derniers chantiers, le fils du « donneur d’ordre » gratifié d’une voiture et de trois cent mil euros pour son anniversaire et en faisant la confidence autant qu’à d’autres, parce que salariés ou rétribués. La joie est hors norme, un moment familial sans querelle et de simple chaleur pour trois générations avec l’évocation de la précédente encore de ce côté-ci, l’arrière-grand-mère vivant avec l’un de ses fils, grand chasseur et employé dans une entreprise fabriquant les jetons de casino… J’ai raconté la dynastie de Savoie à l’aîné de mes commensaux : sa Sardaigne, soi-disant parlant le même corse a cependant trois dialectes tels que d’un bord à l’autre on ne se comprend pas, mais qu’en revanche on parle comme aux Baléares. L’Europe – thèse de CARMOY dès 1960 … – est derrière nous … J’ai placé l’évidence d’une citoyenneté européenne, indépendante pour celles et ceux qui le souhaitent, de toute nationalité d’Etat ou à l’ancienne. Le pape François n’est pas venu dans la conversation a parte, pour le retraité des grands travaux en conduites et tuyauteries d’une entreprise sous-traitante d’EDF et AREVA, les prêtres de Rome ne parlent que le latin. Baptisé et marié à l’église, pratiquant et incroyant à la fois. Sa fille et sa petite-fille, Livia et Emma, la contemporaine de Marguerite, ont « fait » leur première communion ensemble, avant l’été…
 
 
Ce matin
 
Je reste habité par la mort et la vie de notre vieille dame tandis que de cœur je suis avec mes aimées, la calme Autriche, les lieux où je fus heureux il y a vingt-cinq ans sans avoir le moindre pressentiment qu’elles arriveraient dans ma vie et lui donneraient tout son sens, leur force et leur douceur. – Prier… tandis que des oiseaux roucoulent, se hèlent et que le jour ne sait pas encore sa propre couleur. Le vert est sale ce matin. Il y a quarante-cinq ans, L. sa fête et avec elle Saint-Bertrand de Comminges si modeste, vrai, tranquille, une cathédrale posée sur des prés en pente… la nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie [1]mais nous, mais moi aspirant si souvent au repos d’après la mort, que savons-nous ? quelle st ma joie puisque les certitudes me sont données, nous sont données… Ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Et Dieu n’a pas refusé d’être invoqué comme leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une cité céleste. Confirmation du Christ : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. C’est dans cette ambiance qu’arrive la leçon de vie : là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Et la préférence marquée par un dépouillement dont je suis incapable, si je ne suis qu’à moi-même… le nerf de toute une existence humaine : tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra, Jésus se comparant au voleur opérant de nuit, inattendu et ravageur. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Moyen qui m’est prodigué, qui nous est proposé constamment, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.


[1] - Sagesse XVIII 6 à 9 ; psaume XXXIII ; lettre aux Hébreux XI 1 à 19 ; évangile selon saint Luc XII 32 à 48

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