dimanche 25 août 2013

nivelez la piste pour y marcher - textes du jour

Dimanche 25 Août 2013

Hier
 
                    Depuis quelques semaines, des lignes de pensée. La relation de nous à nous d’époque en époque de notre existence, sommes-nous autres, à douze ans ? maintenant ? physiquement quelques points d’attaches seulement ? de continuité et d’identité que dans la permanence d’une conscience de soi, mais celle-ci ne comprend pas celle que nous avions de nous « autrefois ». Nous nous engendrons donc sans cesse ? La mémoire, la mémorisation qui n’est pas que le stockage, ce qui fait cadre et décor, peuple parfois, solitude aussi en souvenir imbibant le présent par récurrence, tient à la mémoire mais selon d’autres facultés et fonctionnements de l’esprit. Justement l’esprit. Surplombant quoi ? faisant fonctionner une machine intime y compris la physiologie dont il ne serait solidaire que par responsabilité, plus que par propriété ? Ceux que je croise, celles et ceux que j’aime, vieux ou matures maintenant, nous avons tous été des nouveaux-nés et des enfants. Et ces jeunes, ces « tout petits » seront pour la plupart des vieillards… « un jour », des morts, nous tous. Le souvenir, sauf exception, ne passant pas deux générations.
 
Ce matin
 
Prier… la messe hier soir, textes contrastés que mon ami togolais, comme le concile Vatican II, invoquant tous les Pères, résument en un rassemblement universel auprès du Père : l’Eglise accomplie. Soit… mais le Christ est interrogé et répond : Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? – Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas [1]. Jésus développe sa réponse, dit l’insistance et en réponse, l’obstruction : vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte en disant : « Seigneur, ouvre-nous » - Je ne sais pas d’où vous êtes. – Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. – Je ne sais pas d’ù vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. Sans doute, y a-t-il décisivement cette comparaison et ces questions sur les sorts respectifs de Pierre et Jean dans l’évangile d’après la Résurrections. Que t’importe. Toi, viens, suis-moi. Les deux sollicitudes humaines, être sauvé si tous ne le sont pas, nous « gâche le plaisir », nous nous sentons bien plus solidaires de toute l’humanité, de tout le vivant, de toute la création que nous le croyons et le professons. Il existe bien, latents, un amour universel, une conscience collective à travers toutes civilisations, toutes époques et toutes distances dans le moment. Mais nous-mêmes sauvés ? pas si sûr. Le mal en nous, nos chutes et que savons-nous de Dieu, la sévérité ? le jugement ? les bons et les mauvais, autant de textes pour nous le rappeler, autant de vocations manquées, autant de lévites et de prêtres se détournant du moribond gisant au bas-côté de la route de Jéricho. Vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Sans doute, le Christ – dans sa marche vers Jérusalem – s’en prend-il par avance à ceux, ses coreligionnaires, ses contemporains, ses compatriotes qui vont le mettre à mort, qui depuis le début de son ministère public l’accablent, cherchent à le pièger et le condamnent pour les avertir : il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. Car de plus en plus, prolongeant ces semaines-ci la réflexion que j’essayais de transcrire, maladroitement hier, j’ai ces deux interrogations : mourir dignement, dans la prière et l’espérance, en communion avec mes aimées. Je ne peux qu’en demander la grâce, je ne sais comment je serai à ce moment de répondre non de ma vie, mais à cet appel de la mort… apparemment conclusif, mais en réalité me donnant tout à voir, à comprendre… oui, serai-je accueilli de Celui que je prie ce matin, humblement par force. Et second réflexion, cet amas de biens intellectuels, archives, notes et autres, les photos. aussi et images de ma vie, quel poids pour mes aimées me survivant, s’en débarrasseront-elles ? qu’en feront-elles ; je ne peux les charger ni les ôter d’elles-mêmes par le poids illusoire d’un tel legs. Mais alors l’avoir amassé, avoir tant écrit et documenté pour n’être cependant en rien ou presque édité… recroquevillement d’une oeure putative, à l’instar d’une vie qui n’a su choisir et investir qu’aux derniers momenst, ceux que je vis depuis notre mariage. Pourtant, il y a ces retours et ces accomplissements – mysrérieux pour leur mode de réalisation… de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur… ils les conduiront jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem, comme les fils d’Israël apportent l’offrande, dans des vases purs, au temple du Seigneur. Et même je prendrai des prêtres et des lévites parmi eux. Le relais d’Israël est pris. Le Christ ne dit pas autre chose au revers de la porte étroite. Conduite ? ne pas douter de Dieu, donc de moi si je suis aidé de Lui. Redite de ma journée d’hier et de cette culpabilité qui m’a envahi, le mal que j’ai fait, la parole implicitement et même explicitement donnée, que je n’ai pas tenu, l’adoration pour nos jeunesses, nos corps, nos apparentes libertés tant le futur dominait le présent et lui permettait tout en l’attendant et en le cherchant : quand on vient de recevoir une leçon, on ne se sent as joyeux mais plutôt triste. Par contre, quand on s’est repris grâce à la leçon, on trouve la paix et l’on devient juste. Il y a le sacrement de la réconciliation et plus que l’expérience ou le ressenti du pardon divin (thème du mémoire dont mon cher Père Bernard ne sort pas depuis deux ans…), il y a la foi ravivée dans la précision d’un questionnement : puisque Dieu m’accueille et me pardonne, ne pourrai-je moi auss me pardonner, ne plus pécher, faire pénitence et aimer plus encore (au moins de cœur et de prière, devant Dieu, notre Dieu à tous) celle, celles et ceux à qui j’ai manqué. Ainsi qu’au devoir de la vie à respecter et à accueillir.
Depuis deux heures de temps, canardage. Les deux « jeunes » venus demander le passage hier soir pour descendre au marais leur matériel et leur bivouac. Des centaines de cartouche… un oiseau touché crie-t-il ? la chanson de BRASSENS… dont soudain l’aile s’ensanglante et descend… la mort des animaux, une photo. de groupe : de jeunes bœufs à la robe orangée, fixant l’objectif, image allongée placaréde au-dessus de l’étal de la boucherie, rayon de supermarché, et les deux steaks, beaux et chers, que j’emporte… et la chanson d’antan : plaisir de la chasse, non rien ! ne t’égale… mes chiens se sont calmés, ronflent. La journée a commencé, je vais poursuivre la mise en ordre de la maison. Ma chère femme, notre fille, l’accueil continu de la chaussée d’autoroute d’est en ouest, la France et ses climats, les heures du jour, les années et les âges de la vie qui sont ceux du corps apparemment, le mien, celui de celle que j’ai tant aimée et chérie, goûtée, de la beauté et des frémissements de qui j’ai joui intensément, des années, jeunesse vive et tendue des corps à vingt et trente ans, amas désarticulé des septuagénaires et ensuite, sécheresse calme de la mort, ceux/celles à qui l’on oublie de fermer la bouche quand le dernier souffle – automatiquement – a rendu la dernière aspiration qui n’était plus qu’un ultime crédit. – La foi ne soulève pas les montagnes, elle donne Dieu car elle vient de Lui.
Amen. Ainsi, celui qui boîte ne se tordra pas le pied ; bien plus, il sera guéri. Prier… tout en travaillant, rangeant, espérant, attendant, vivant.


[1] - Isaïe LXVI 18 à 21 ; psaume CXVII ; lettre aux Hébreux XII 5 à 13 ; évangile selon saint Luc XIII 22 à 30
 

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