dimanche 18 août 2013

vous ne serez pas accablés par le découragement - textes du jour

Dimanche 18 Août 2013

Hier
 
Plus de deux heures de sieste, je suis encore fatigué. Je m’éveille juste pour pouvoir partir à peu près à temps, à la messe « anticipée » que je veux suivre dans l’église des Templiers au Guerno : notre trésor y a « fait » pour la première fois sans s’en cacher sa communion, tandis qu’à la même heure, peut-être, mes aimées sont dans l’église sainte-Anne à la Robertsau, l’église du baptême de notre fille, à la date de mon propre anniversaire…  J’aime ces structurations par les dates : notre mariage le 18 Juin et la naissance de Marguerite à l’anniversaire de naissance du Général. – Sébastien prêche avec raideur et théâtralement, mais se donne et fait ainsi réfléchir avec une force communicative : le feu apporté par le Christ sur la terre, quel est-il ? et continue-t-il en nous ? ou bien nous la coulons-nous douce, cette paix intérieure qui est la mienne depuis des années, depuis que j’ai été unifié par notre mariage, par le corps et l’âme de ma femme, bénis par la naissance de notre fille, assez miraculeuse compte tenu de beaucoup de paramètres. Il ne traite pas, en revanche, la difficile parole sur la division qu’opère ce feu : la division entre ce qui généralement est le plus fort affectivement, socialement (sauf aujourd’hui, dans nos sociétés, entre belle-mère et belle-fille, nous ne sommes plus au temps de Rébecca et de Ruth… l’histoire de Booz, la Bible, Victor HUGO…). Mon auteur de ces jours-ci, si ! et fort bien [1] dans l’ensemble d’une logique fondée sur ce qu’est le réel, définition et expérience phénoménologique d’application très féconde. – La mer, depuis la baie de Bétahon, toutes les nuances du gris de la vase sur une vaste étendue tant la marée est basse, au ciel qui noircit, la pluie ne venant pas encore et le vent de l’intérieur disparaissant sur la côte. Le paysage si plat ses manières de plans sinon de relief, la balise verte habituelle, mais surtout la ligne de piquets noirs très loin de la plage mais parallèle à celle-ci, comme quelques lignes d’écriture qu’on ne déchiffre plus. Les chiens heureux et simples, le sable désert, le silence sans oiseaux. Une nuit en fin de jour…
 
Ce matin
 
Eveillé vers cinq heures, ou ce rêve m’est-il venu ensuite ? Me voici dans une cour ou un entre-deux bâtiments très quelconques à rencontrer la fille de notre vieille dame – ne ressemblant en rien à la vraie, à Marie-Louise décédée il y aura bientôt dix-neuf ans – et je m’aperçois que nous avons oublié de la prévenir de la mort de sa mère. Petite silhouette blanche, visage chiffonné et jeune, un peu la Gelsomina de la strada. C’est irréparable, lui faire passer ou déposer quelque chose, chez elle, dans cet immeuble qu’elle habite mais elle ne mémorise le numéro de sa chambre ou de son appartement qui est à trois chiffres comme dans tout l’immeuble, et elle en dit quatre… Plus tard, nous sommes avec Thérèse dans un autre appartement, celui de la vieille dame ? mais également méconnaissable, et je pense emporter une sorte d’énorme cylindre, de la forme des turbotières d’autrefois avec couvercle roulant, mais la jeune fille me préoccupe dans son chagrin. – Oublié dans mon mémento d’évoquer qu’encore valide, notre vieille amie nous entreprenait au téléphone, impossible de l’interrompre, elle était déjà très mal-entendante, ma chère femme ou moi posions le récepteur sur le meuble et continuions de vaquer… Impossible aujourd’hui de me souvenir de ce qui était alors d’une traite, mais interminablement, raconté, débité. Il y avait donc une soif de relations qui ne s’est pourtant traduite ni en famille ni en voisinage.

Prier… les textes donc d’hier. Le commentaire choisi aujourd’hui par l’officine chrétienne de Strasbourg (l’évangile au quotidien) me confirme que l’une des grandes questions autant religieuse que psychologique et sociologique de notre temps est le péché, et plus encore la responsabilité, ses degrés, en relation avec la grâce, la liberté, les circonstances, le collectif et le personnel enfin. Je me demande s’il y a des recherches vraiment neuves, quoique fondées scripturairement – aujourd’hui… Je regarderai le catéchisme. Dans la genèse, toutes les circonstances sont défavorables au péché, mais il y a le tentateur (le manichéisme, l’anti-Dieu… tout cela aboutirait à un combat entre deux entités, alors que je le vois plutôt comme des dédoublements ou des amenuisements de nous-mêmes, d’autant plus logiques si nous sommes en mission, accompagnée et voulue de Dieu, pour évangéliser notre propre vie, notre corps, la personne qui nous est échue, dont nous sommes solidaires, qui est nous, mais pas complètement, nous sommes plus que nous-mêmes ici-bas, nous avons déjà notre part en éternité), et il y a surtout la pente humaine, la curiosité, l’imprudence, la crédulité d’Eve, la soumission d’Adam à sa femme, le fonctionnement du couple sans Dieu… et l’absence de Dieu au moment de la tentation, qui n’st pas discutée. Est-ce le fond d’une théologie du péché ? Les évangiles posent le péché non comme une matière ou comme un acte, mais comme l’état d’une personne. Ce qui évidemment ouvre tout au salut et à la rédemption. Alors que partant du mal et de son éradication – ce qui fait mal, ce qui fait du bien – nous nous fermons à la venue divine et mettons au contraire, ou croyons mettre au contraire Dieu en contradiction avec Lui-même. Dieu vit que cela était bon…[2] Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Révélation à tous de la nature du péché : il divise, il nous divise au plus profond, intime, vital de nous-mêmes. Tout simplement parce que quelles que soient la mtière, l’occasion,la tentation, il reste en nous cette nature promise à l’éternité et qui combat ce qui voudrait la tuer et qui d’ailleurs n’y arrivera pas : notre nature est divine par la Création, et si elle ne l’était plus (ce qui en logique n’est pas possible, l’éternité ne se tronçonne ni ne s’éteint), elle l’est par la Rédemption. Donc, un combat entre les plus intimes et les plus familiers dont Jésus ne donne comme origine que … Sa venue. Mais celle-ci, quelle est-elle ? Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il doit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli. Le mystère du péché, le mystère de nos divisions les plus intimes comme les plus universelles et historiques, contemporaines est donc celui du Christ Lui-même. Témoins : ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entourent. Parole alors de l’Apôtre, terrible, plus que l’anticipation par le Christ des divisions familiales et humaines : vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. Sauf à entendre le psalmiste : tu es mon secours, mon libérateur : mon Dieu, ne tarde pas ! … Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue ; il m’a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas. Ce qui peut être le chant de Jérémie dans la citerne du prince Melkias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie s’enfonça dans la boue. La délivrance vient d’un officier du palais, l’éthiopien Ebed-Mélek alors que c’étaient les chefs du peuple qui avaient convaincu le roi et eut raison de sa lâcheté (anticipation du scenario de Pilate). Dieu ou l’étranger, en tout des acteurs rompant avec nos intimités et nos corps-à-corps habituels, sont seuls à changer la donne. Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Ainsi soit-il, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
 

[1] - Michel Henry, Paroles du Christ (Seuil . Mai 2011 . 155 pages)  pp. 32 à 39

[2] - Jérémie XXXVIII 4 à 10 ; psaume XL ; lettre aux Hébreux XII 1 à 4 ; évangile selon saint Luc XII 49 à 53
 

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