lundi 2 septembre 2013

mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin - textes du jour

Lundi 2 Septembre 2013

Hier
 
La messe. Toujours la mine sévère, sauf en partage d’évangile à quelques-uns, exercice où alors il me montre quelque bienveillance et parfois me donne mon prénom,  MLP prêche avec référence sur l’humilité et intéresse. Deux géants du commentaire : sant Benoît et ses douze degrés de l’humilité, et Thomas d’Aquin : l’humilité, grâce de Dieu et effeotr de l’homme. Notre recteur y ajoute les deux attelages de Jean Chrysostome : la justice et l’orgueil, le péché et l’humilité. C’est le second qui gagne la course tant l’enflure de l’orgueil, etc… Sensualité… grouype de trois jeunes filles au premier rang, nous sommes au troisième. De dos, petite veste cintrée, col en foulard ou foulard indépendant, natte longue mais sans ostentation, bandant l’arrière de la tête et pas seulement la nuque, fesses parfaites et début des cuissses aussi dans un jean sombre. De trois quarts, des lunettes, un visage régulier et fugitif. Comment n’en avoir pas « envie » ? elles sont toutes trois pieuses et plus souvent à genoux que debout. La seconde, nuque et cou découverts, enfance du début de la maturité ; de la troisième, rien, elle est plus loin, ma chère femme à qui je fais part un peu plus tard dit que c’était la mère… pas sûr. A Praglia, une messe… pendant une semaine ou dix jours, partage de vie dans une abbaye grandiose à l’orée des collines Euganéennes, avec l’Abbé Pierre, passionnante écoûte, récits croisés, et stratégie de reconquête pas tant de l’opinion française mais d’une sensibilité de l’Eglise, du clergé et aussi des notoriétés judaïques. Devant moi, un garçon, peut-être vingt ans, peut-être moi, avec deux ou trois camarades, italiens. Une nuque superbe, puis un visage, et sans doute un corps, mais je ne suis pas allé mentalement jusqu’à cette évaluation. J’ai cependant eu la tentation, presque la curiosité de … ? d’’un assouvissement (non ce n’était pas cela qui me traversa et me ravissait) qui eût été de toutes façons à reporter de temps et de lieu, l’imagination ne me venant pas d’une tentative sur place. Une nuque… Ce fut lui qui m’écrivit, mais je ne répondis pas. Comment avions-nous échangé des adresses ? M’apprenant du passé, notamment politique, et aussi des moments d’expérience spirituelle, que je n’ai retrouvé dans aucune des biographies qui lui ont été consacrées, l’Abbé Pierre nous donna pour le présent et aussi sur nos vies à chacun, à ma future femme et à moi, des leçons qu’il vécut en même temps que nous, sur l’amour, la sexualité, les multiles bifurcations quand affluent les propositions croisées de l’existence humaine en pluiseurs versions personnelles…– Je prie, « mes » morts sont mes compagnons de plus en plus, des vies dont j’ai su beaucoup, en tout cas des moments qui m’ont semblé significatifs et que j’ai partagés et re-partage souvent, putativement. Les voici « au ciel », l’éternité. Nous ne communiquons sensiblement que par la prière qui m’est donnée, la pensée et l’évocation  d’eux, des visages, des situations qui me sont données. – En logique, trois possibilités du point de vue de notre existence présente, telle que nous en avons conscience : l’au-delà… Il n’y a rien, ce qui renforce l’énigme de la vie, et l’interrogation sur ce qu’est le réel, est-ce être ? est-ce avoir été ? est-ce la mémoire d’autrui ? est-ce notre conscience d’être et le rapport si complexe avec ce corps qui change, nous entraîne, nous contraint mais nous apporte tout le ressenti, sauf l’hyspthèse Dieu et Esprit Saint, où l’apport est aussi et surtout eux, le corps étant alors limite et une responsabilité qui nous est impartie, la vie comme épreuve alors. Deuxièmement : il y la vie éternelle, le bonheur, etc… la participation à la vie divine selon la révélation du Christ, selon les promesses de l’Ancien Testament tranposant la Terre promise en Royaume des cieux (je ne sais si la transposition a d’ailleurs été suggérée, commentée et travaillée par les Pères puis nos théologiens…) : est-ce affaire de foi ? est-ce sans restriction. Notre relation n’est plus à notre corps et selon notre conscience d’être, elle est totalement reconnaissance d’une situation de créature accueillie par son Créateur. Je suis le plus souvent dans cette posture (heureuse) d’âme. Mais troisièmement : peu d’élus, jugements à la résurrection, l’Islam, le jansénisme, l’intégrisme, l’ignorance de notre statut futur, serons-nous du bon côté ou nous dira-t-on ? me dira-t-on ? je ne vous connais pas, je ne sais d’où vous êtes ? vous qui faites le mal écartez-vous de moi ! mon péché, mes péchés, tant de….

De mémoire, je n’ai jamais été en désaccord avec le Pape régnant pour une analyse et à plus forte raison une action de politique extérieure. M’y voici pour la première fois. Je sais bien que l’ensemble du clergé chrétien, et peut-être des populations chrétiennes au Proche-Orient – pour la protection desquelles j’avais à plusieurs reprises depuis 2010 demandé à l’Elysée que la France, « fille aînée de l’Eglise » prenne des initiatives aux Nations Unies et en Conseil de sécurité pour que soit examinée et traitée une cause d’un type nouveau : la protection de populations indépendamment des Etats et à raison du respect de la liberté religiieuse… en vain, quel que soit le président régnant – que ces populations, leur clergé en tout cas se sentent en situation d’otages et réclament le statu quo : elles n’envisagent aucune amélioration par quelque changement que ce soit. Elles sont désespérées, dans la nasse et comme les concentrationnaires, n’envisagent plus, même les portes ouvertes, de sortir du camp. Cela posé, et c’est ce qui emporta la décision de Pie XII face au nazisme, l’Eglise évidemment ne peut que considérer la situation de ses enfants pris en otage. S’est-elle remuée pour que les puissances soucieuses des droits de l’homme prennent la question à bras le corps, et pour elle-même, en parler et agir avec les musulmans et les humanistes de bonne volonté, et ce sont la maajorité ? certainement pas assez. C’est pourtant concret et explicite. Elle est arriivée à établir par traité ses relations avec Israël, elle n’a pas su inventer dans les Etats de dictature ou de persécution potentielles un espace de droit à l’avantage de tout le monde, des siens d’abord mais aussi des dictateurs et des intolérants-mêmes. J’ai bien vu le type d’argumentation qui fit choisir au Kazakhstan la relation avec le Vatican. – Sur le fond, la position du pape François et celle des pacifistes ne tient pas. La négociation a été tentée avec Bachar à tous les niveaux par les opposants et par beaucoup d’Etats : elle n’a pas été franchement acceptée, il y a eu des amorces pour la montre. De même que ce sont les Etats-Unis qui ont la clé du comportement israëlien, de même c’est la Russie qui a la clé du comportement syrien. Ballader les gens avec des solutions de dialogue et de tolérance, prétendre en sus que les gazages et autres atrocités ne sont peut-être pas le fait du régime syrien, c’est se mentir à soi-même. La certitude est que c’est l’existence et la forme de ce régime qui ont provoqué la rébellion, d’abord pacifiste et démocrate, et que ce sont elles qui ont amené l’enchaînement d’exactions et qui perpétuent les hostilités. La réalité est là. Que l’on aille vers l’inconnu, c’est possible, mais un inconnu meilleur que les années passées car il faut purger une situation au Proche-Orient qui a une quantité de purulence de la question kurde à celle de la Palestine, de l’émiettement libanais, des rivalités atroces entre deux familles religieuses au sein d’un même Islam, une situation déjà précaire et belligène en général mais scandaleuse Etat par Etat, notamment l’Arabie séoudite, et enfin scandale des scandales, les nouveaux riches se payant tout le magasin du monde : les Qataris notamment, prédateurs des temps modernes à titre privé tandis que la Chine l’est à titre de candidate à un empire et à une hégémonie mondiaux. Tout cela est parfaitement connu. Le Pape pas plus qu’aucun dirigeant « occidental » ne l’analyse. François comme en Septembre 2012 le cardinal BARBARIN à propos du mariage homosexuel a foncé, et il est tout à fait à faux. Pour traiter le sujet et contribuer à la paix, une médication valant autant pour la révision de vie ecclésiale que pour un changement dans l’ordre international, il y a une initiative assez simple à prendre : elle m’est apparue depuis peu et prend forme de plus en plus… un concile à Jérusalem sur l’échec de Vatican II et la novation des formes cléricales, et sur la relation et la responsabilité morale à partager avec les autres religions monothéistes pour cette génération et quelques-unes à suivre. Réfléchir sur soi, établir le siège de l’Eglise à Jérusalem en même temps qu’établir les libertés religieuses, et par extension le respect des droits de l’homme, par un réel abord de l’Islam et du judaïsme. Sur tous les sujets, l’Eglise n’est qu’au seuil, et le Pape commence par la routine. Le jeûne du 7 Septembre ressembe aux neuvaines intégristes, voire aux tentes montées devant le Sénat ou l’Assemblée nationale les nuits de vote parlementaire.
  
Deux évidences.

La première est que malgré l’Alliance atlantique et la foule de ses enceintes à conciliabules, malgré les X rencontres au sommet, les téléphones rouges et autres, les visites, etc… il n’a pas de concertation entre les dirigeants ni « occidentaux » ni de ceux-ci avec les grands autres que sont la Chine et la Russie. Improvisation totale ces jours-ci des positions de chacun des dirigeants, sauf chez Poutine qui sans doute n’avait pas une stratégie détaillée l’amenant à la position idéale dans laquelle il se trouve depuis que les trois intervenants, décidés à l’attaque la semaine dernière, se sont réduits à l’inaction à force d’hésitation, de conditionnalité et de délais. Sans même être allé à tenir la confrontation type Cuba : deux lance-missiles adverses au bord des eaux territoriales syriennes, Poutine aura fait reculer l’Occident. L’étape suivante du retour soviétique au Proche-Orient va être la confirmation du soutien à l’Iran, mais dont probablement l’Iran ne veut pas. Dans l’immédiat donc Cameron, Hollande et Obama n’ont pas su se concerter. De même qu’en deux ans, aucun d’eux n’est arrivé à trouver la faille de Poutine, la proposition lui faisant transformer son soutien à Bachar en une place retrouvée au Proche-Orient et manifestée par un rôle qui lui aurait été reconnu dans la solution de la crise et de la guerre civile syrienne. Cameron, Hollande et Obama ont chacun été acculés à jouer un jeu solo. sur leur seule scène nationale : quel échec de l’Alliance atlantique qui prétendait à sa novation et à une extension mondiale de sa compétence territoriale en même temps qu’à l’extension de ses compétences thématiques, le terrorisme non-étatique, voire l’économie, la spéculation, la piraterie financière. Cameron est réduit à l’hypocrisie, sans doute la mise à disposition de sa base chypriote comme base insubmersible pour les aviations américaine et française. Obama a joué et va perdre sa crédibilité nationale et internationale, car le Congrès – sauf si Bachar refait un discours comme celui de cet après-midi piquant au vif l’orgueil texan ou de Chicago – ne votera pas l’intervention. Quant à Hollande qui n’a rien à craindre d’un vote à l’Assemblée nationale, ses rodomontades ont été prématurées parce que non concertées : il est prisonnier du calendrier américain. Enfin, évidence à chacune de ces confrontations et interventions, l’Europe de la défense n’existe pas ni en vouloir politique et en diplomatique commune pour temps de crise, ni en logistique : pas de matériels de transport, pas vraiment de porte-avions, pas de technologie du renseignement et de l’assassinat ciblé.

La seconde est dans le jeu des analogies. Harlem Desir dont je n’ai pas tout le texte, a raison d’évoquer Munich. Les démocraties sont effectivement en position de faiblesse dans l’affaire syrienne comme elles le furent face à Hitler. Cf. les votes aux Communes et au Congrès, le retard à l’allumage donc, alors que depuis deux ans, on discourt sur la ligne rouge ou jaune. Le pacifisme d’aujourd’hui, c’est la guerre demain. En revanche, ni l’Afghanistan – où il y avait vote onusien et mission expresse donnée à l’OTAN – ni l’Irak – où tout était revanche du fils pour le père ayant laissé le « boulot » inachevé, et rien en véritable motif légal, la détention d’armes de destruction massives – ne sont des précédents valables. Il y avait dictature certes, mais pas massacre de populations. Il n’y avait pas de soutien par Moscou. Il y a maintenant une novation qui peut être en partie fondée sur les précédents libyen et malien : protéger des populations (la Libye de Benghazi) ou la pérennité d’un Etat (le Mali), mais qui doit inspirer de nouvelles formes juridiques. Le Conseil de sécurité n’est pas, par lui-même, une forme viable de gouvernance mondiale. Il faut formaliser la réprobation de la « conscience universelle », prévoir des forces de sécurité mondiale et les modalités de leurs mises en œuvre.

Il est dit par les pacifistes français d’extrême-gauche ou de la droite anti-européenne que la France se dédit par rapport au général de Gaulle, et à l’attitude de celui-ci vis-à-vis de l’Amérique et de l’Alliance atlantique. Je dis : non ! Bien évidemment, la France aurait dû dès 1991 et la dissolution du pacte de Varsovie, proclamer l’obsolescence plus seulement de l’OTAN mais de l’Alliance elle-même et donc oeuvrer aussitôt pour un autre système de sécurité mondiale que le face-à-face. Bien évidemment, il ne fallait pas réintégrer l’OTAN ce que personne ni dans l’Alliance ni en France ne demandait et que fit Sarkozy par esprit de contradiction et pour se poser. Bien évidemment, il fallait, de la part d’Hollande, poser une nouvelle analyse et œuvrer pour la dissolution de l’Alliance : la quitter ou demeurer devenant alors sans signification. Aujourd’hui, seule dans le sillage américain, puisque l’indéfectible alliance de la famille anglo-saxonne est en défaut, la France signale ouvertement que l’Alliance effectivement ne fonctionne pas. L’Allemagne pilier depuis 1954 joue son jeu séculaire entre Russie et Europe occidentale. Elle a grandement contribué à montrer ces jours-ci qu’il n’y a plus aucune structure d’alliance ni de concertation en Europe et en « Occident ».

De même que l’intervention en Syrie – que je juge souhaitable, mais à laquelle je ne crois plus, ce ne seront que quelques missiles pour la montre, sauf riposte russe qui nous fera alors basculer vers l’imprévisible, genre assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo et engrenages de tout, hors contrôle humain et libre-arbitre posé de qui que ce soit – décaperait des situations régionales explosives depuis des décennies, de même en relations internationale la seule perspective de cette intervention met à nu l’obsolescence et l’artifice des structures que l’on croyait pérennes et fondamentales depuis soixante ans : entreprise européenne et solidarité-osmose mentale atlantique…

Ce matin
 
Prier… nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis [1]. Enseignement sur la résurrection, proprement paulinien, et décisif : notre espérance notre ressort dans la vie, notre vision du monde se fondent là-dessus sinon nous ne tenons contre le désespoir et la pente mortifère que par distraction ou addictions diverses, surencombrements organisés. La foi fait de notre vide une disponibilité, un accueil, une attente : l’incrédulité est de tout instant de silence, de tout échec une épreuve dont nous ne nous sauverions que par le suicide, mourir pour ne pas tomber fous de peur. La foi qui nous est donné, qui nous est maintenue, que j’ai reçue de naissance et qui continue de m’entourer et de me porter comme dans les bras de Dieu, est au contraire l’axe, la quille, la fondation de tout : mon bateau et la cité figurant toute mon existence humaine, si passagère – comme ne pas le savoir et le vivre à chaque minute quand l’âge est là – et pourtant clé de la suite et du soleil éternel. Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête. Pour Jésus, l’expérience du précaire, la difficulté exténuante de son ministère double la conscience effective qu’Il a de sa divinité. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui… A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. … Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Souveraineté et provocation, il y a, semble-t-il, une impossibilité à concilier la personne du Christ, Son message avec l’idée reçue qu’ont ses contemporains, ses concitoyens… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Simplicité de la scène, Luc la tient d’un participant à la rencontre : il entra dans la synagogue le jour du sabbat et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit… Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Notre foi repose sur des faits, elle est une relation à une personne. Sans doute, le mouvement qui nous amène à ces faits et à cette personne nous est-il autant donné qu’il est notre liberté. Là est le mystère central de notre condition d’enfants de Dieu. La résurrection de la chair et la vie éternelle, d’une certaine manière, vont de soi, mais la foi ?


[1] - 1ère lettre de Paul aux Tessaloniciens IV 13 à 17 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc IV 16 à 30
 

Aucun commentaire: