vendredi 20 septembre 2013

de son vivant, il s'est béni lui-même - textes du jour

Vendredi 20 Septembre 2013

Prier, après la messe à laquelle je peux « assister » chaque vendredi matin … jamais plus de dix, une petite demi-heure, homélie comprise, les cloches sonnent à neuf heures moins dix. Ces martyrs coréens, dont la mémoire est célébrée aujourd’hui, pourraient, si je connaissais leur biographie, m’apprendre comment se pose réellement cette question : pour un Européen ou un descendant d’Européen, les évangiles, Jésus-Christ, la Bible, l’épopée du peuple juif et ses attentes et promesses font partie, que l’on soit athée, incroyant, indifférent ou de foi chrétienne, notamment catholique, font partie du tréfonds culturel. Nous sommes d’ambiance gréco-latine et le christianisme s’est coulé dans ce moule antique. Les comparaisons bibliques, quoiqu’aujourd’hui impossibles à vivre : l’habitat, l’alimentation, les institutions sont autres mais elles sont appréhensibles, presque tout de nos systèmes intellectuels et même nos moeurs, nos façons d’aimer, de ressentir le collectif, le personnel, l’autre en viennent. Nous sommes chez nous dans le christianisme et c’est ancestral, mais pour l’Africain, l’Indien, l’ensemble de l’Extrême-Orient ? apprendre cette ambiance et cette culture pour accéder au Christ ? débat donné par les Actes des Apôtres à propos de la circoncision et des lois mosaïques, seuil obligé ou pas, pour entrer dans l’Eglise (et la foi…) chrétiennes. Le Japonais et le Coréen au bord du lac de Tibériade, l’occupation romaine ou la sortie d’Egypte ? qu’est-ce que cela peut signifier. L’Africain, modelé par des missionnaires très en phase avec la domination étrangère, notamment française, a dû accepter de se dépayser en institutions, en façon de voir et même en langue de communication. Le dépaysement lui est-il plus facile ? L’évangélisation acculturation ? exotisme ? Je ne sais pas, je comprends seulement qu’il y a non seulement le mérite de la conversion, mais plus encore cette double appartenance à la foi nouvellement reçue et à un legs ancestral qui n’y préparait pas. Ou bien il me manque des clés ? la foi reçue rendant compte de ce legs ? une appropriation dont je ne sais ni les termes ni les cheminements ? A creuser…  le marxiste kazakh entrait facilement dans la logique, la dialectique chrétiennes et n’était pas loin de la foi rien qu’à la lecture des épîtres de Paul… ou encore la nature humaine, les aspirations humaines sont si analogues qu’elles importent bien davantage que les appartenances et les modes d’être culturels, et les évangiles sont de plain-pied en toutes époques, langues et civilisations avec cette nature, ces aspirations, tellement qu’elles peuvent bousculer « l’organisation » spirituelle de ceux à qui est apportée la Bonne Nouvelle : je ne sais…
Deux textes simples aujourd’hui sans relation avec ce martyre collectif : plus de cent personnes entraînées par André KIM et Paul CHONG…  psycho-sociologie paulinienne : un malade de la discussion et des querelles de mots… ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation… la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des tourments sans nombre [1]. L’entourage féminin du Christ, noté par Luc qui aussi recueilli les confidences de la Vierge Marie : des femmes qui marchent, vivent ce camp volant, ces hospitalités de hasard, ces établissements et retours à Capharnaüm… qui seront pour la plupart au calvaire, contrairement aux disciples du sexe « fort »…  et beaucoup d’autres, qui les aidaient de leurs ressources.  Cantinières, donatrices ? les femmes de Jérusalem, sur « le chemin de croix », pleureuses du martyrisé. Les portraits et conseils de Paul, l’énumération par Luc, sont bruts. Les prendre en prière… pas facile.
Hier soir, au moment de rejoindre notre fille pour la prière du soir, elle est déjà au lit avec sa tablette nintendo, consent facilement à la mettre en veilleuse et fait d’elle-même le signe de croix, m’impose le silence pour l’examen de la journée, et « dirige » la suite, choisissant le Je vous salue Marie, tandis que nous sommes rejoints par ma chère femme, me prenant l’épaule, je suis à genoux au pied du lit. Marguerite est maintenant sur le chemin, il n’y a plus qu’à suivre et éventuellement lui répondre en ce qu’elle nous demandera de partager. J’ai été ému. – Je trouve à mon retour du village le lien avec la publication par Etudes et l’ensemble du réseau des revues de la Compagnie, ce qui est présenté comme un entretien avec l’un des siens, devenu le pape François. Je ne le lis pas aussitôt, mais l’installant en fichier, je vois la part prise dans le texte publié par le questionneur, y compris ses associations d’idées et de pensées personnelles : ce me semble de trop, puis le hasard me donne la page 5 où le Pape explique son choix d’une modeste chambre dans un lieudit au Vatican, maison Sainte-Marthe et son commentaire sur son besoin de la présence des autres, etc… fort bien. Mais je suis gêné. Cet intimisme gâte notre époque « people ». Plus j’exprime, plus je m’exprime, est-il parié, mieux je serais connu, plus je serai aimé et finalement pape, président de République, écrivain, personnages, je n’en serais plus efficace pour ce que j’ai à faire ou à donner. Je suis convaincu du contraire. Jésus, Dieu fait homme, a sans doute dit : je suis doux et humble de cœur, je ne crois pas que ce soit aux hommes, aux femmes, si pieux, saints et/ou placés dans les hiérarchies de la morale ou du spirituel, à le dire d’eux-mêmes. On verra bien… évidemment, je vais lire cela de près (quand même).


[1] - 1ère lettre de Paul à Timothée VI 2 à 12 ; psaume XLIX ; évangile selon saint Luc VIII 1 à 3
 

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