dimanche 26 janvier 2014

deuil

après-midi et soir de ce dimanche



 + La grâce… Allongée, la tête de profil, le front restant lumineux, le menton bien remis, la distance que je prends du fond du cabinet de toilette. Ma chère femme penchée sur le gisant, et sur l’autre rive, progressivement le cadet de mes beaux-frères passe de… ce que je ne saurais décrire et qu’il vit comme plus que le désespoir… et cela depuis des jours et nuits en crescendo, mutisme aux gestes tremblants… à ce que je pressens comme une arrivée à un âge qu’il n’atteignait pas depuis trente ans et qui était le principal souci de ma belle-mère. – Nous sommes arrivés Edith et moi, venant de « chez » son père, le visage vif, présent, ni heureux ni malheureux, mais vivant. Edith l’a fait manger, l’eau doit être donnée gélifiée pour éviter les travers qui restent fréquents. Installation du portrait de Marguerite. Rien sur la « santé » de sa femme. Promesse de revenir en soirée. Retour aux soins palliatifs, l’équipe a changé. Marie-Laurence en chef que je ferai rougir plus tard en lui demandant si elle a des enfants et à sa dénégation en opinant qu’il vaut mieux trouver le bon, et que j’au mois – moi – quarante ans, elle a rougi. Et Nadine, plus pratique, des enfants déjà plus à venir.
Nous étions seuls, il était cinq heures, on ne savait plus s’il faisait encore jour. ‘était le silence, nous étions de chaque côté du lit, nous tenions la main à notre portée, la fièvre était tombée, la respiration n’était pas difficile, mais lente avec des reprises qui pardaient parfois, les yeux étaient clos, on ne ressentait aucun effort, mais la présence et nous étions présent, quand elle n’ apas rpris souffle. J’ai senti que cela vnait, que cela y était, que le moment était venu, était passé et nous étions là, et ma femme n’a été que là et à sa mère en tout, en présence, en souvenir, en vie et à ce qu’on appelle communément la mort mais que certainement nous n’avons pas appelé ainsi, nous n’avons pas vécu de la sorte. Ce ne sera qu’état civil. Il y a eu quelque chose qui a changé, c’est tout, pas quelque chose qui a fini, plutôt quelque chose qui a commencé. Je connais les sanglots de ma femme, j’en ai provoqué de tragiques dans la quadrature où je nous avais mis, il y aura bientôt vingt ans quand l’amour st fou et a des cibles multiples, que tout fait tempête, et vingt ans encore auparavant, j’avais fait vivre cet autre nuit de la volonté et du discernement. Mais maintenant, tout à l’heure, c’était l’union, l’unité et la grâce comme à l’échange de nos consentements devant le prêtre de l’Eglise, au Val de Grâce dont les lits d’hôpital me sont si familiers, depuis plus de vingt ans, pour y avoir gési ou pour avoir visité ls plus notoires de mes aînés et de notre histoire contemporaine… la grâce de la paix et de servir l’amour. L’amour d’une fille pour sa mère, l’amour dont l’histoire est compliquée, dont je ne sais pas tout et dont ma chère femme n’a que les mots du partiel. Je n’ai pas de peine depuis quelques jours à lui dire que j’aime sa mère, et elle me répète qu’elle m’a aimé. Les mains qu j’ai placés, ma femme le front contre le bras maternel, la faicheur qui vient si vite à la chair douce, pas marquée. Le silence de la paix, la paix de ce que nous n’appelons pas la mort mais qu’on désigne, faute de mieux, de prière, d’imagination-même car tout efuse la mort dont le seul enseignement certain est d nous confirmer notre constante expérience à longueur de notre existence physique : que nous ne sommes pas notre corps, mais que nous en avons la responsabilité et que c’est par lui que nous nous transmettons d’âme en âme à force de sourire, parfois de baisrs et souvent de coexistence. Corps qui est une invite, notre possibilité mais certainement pas la seule. Je vais rester à genoux de cœur et d’esprit.
Le Je vous salue, Marie ! avant, pendant et depuis, me apraît d’une éloquence décisive, baptismale, inaugurale. D’abord nous qui, pour chacun, commence par moi, son moi, notre moi. Constat de ce qu’est Marie, de son état, de sa situation alors que nous ployons d’admiration et de révérence en étant venu à Elle. Et ce n’est pas un souhait alors, c’est le redoublement du contat : le Seigneur avec vous, si ce n’était ni Dieu, ni Marie, ce serait aveuglant et nous ne serions pas là – la prière est un lieu dans le temps, la transfiguration et la mobilisation de notre esprit, de notre intelligence, de notre cœur, de notre être spirituel, s’il y a une identité, une quasi-conscience de notre âme émancipée du corps, du temps, de l’espace, de notre âme seule et purement seule, c’est-à-dire triomphalement glorieuse dans le regard et l’être de Dieu, tel qu’Il l’a créée, voulue, l’appelle, l’aime – oui, s’il ne s’agissiat de participer à l’Annonciation, nous ne pourrions dire cela. Marie et toutes femmes, Marie porteuse de la ve-même, de Dieu, du Fils d Dieu, et toute femme, et la mère de ma femme, est porteuse de la vie, et donc bien proche de porter Dieu, appelée à Le porter et à Le transmettre en enfantant des enfants voués à la foi, à l’amour de Dieu, à l’espérance. – La mère de ma femme sur le visage et le corps de qui je fus penché de son vivant et sur son lit de mort… un sourire qui peut se discerner désormais qu’il n’y a plus pour elle à trouver l’air d’une bouche en demande mais devenue si humble, figée malgré les instants de vie qui restent encore. Toute femme, aimée d’amour est bénie entre toutes les femmes. La nature et la situation d tout être vivant, selon son Créateur, notre Créatur, est d’petre aimé. Et petre aimé, c’est être distingué et béni. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, Marie, et la mère de ma femme, et la grand-mère de notre fille. Le portrait de Marguerite a été quelques minutes posé sur l’oreiller. Et le Fils d Dieu, si aimant de Sa mère comme homme et nouveau-né, comme supplicié au Calvaire, est béni parce qu’Il est Son fils. Quel prodige, Dieu béni par Son humanité, pour Son hmanité et par nous, Ses créatures si fautives. Mais les instants du passage nous canonisent, le partant, la partante et nous qui somms encore là. Les disciples à l’instant de l’Ascension. 
Silence d’être emporté. Demande de l’être comme elle. demande que nous soyons ensemble aux heures de notre mort à chacun. Et merveille humaine que ces équipes médicales dans ces « unités » de « soins palliatisf ». Compassion ? non, sympathie et proximité, non. Il y a du sacrement, de la liturgie, une libération générale du meilleur de nous-mêmes, celle qui meurt, qui vient de mourir et nous qui avons la grâce de l’assister, de garder la main belle et souple, claire et douce dans la nôtre, lourde, la mienne certainement. Et ma femme si légère dans le chagrin quoiqu’ell couvre de tout son buste, de sa chevelure ceux de sa mère. Quand je ne suis parti de la chambre 6 que quelques instants après elle, et qu’elle m’a hélé du fond déjà gagné du couloir, elle a substitué mon prénom, qu’elle dit rarement d’ailleurs : elle a appelé, m’a appelé. Maman ! Il va rester cet appel, elle va demeurer cette réduction de tout distance.

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