dimanche 16 février 2014

nous proclamons la sagesse du mystère de Dieu - textes du jour

Dimanche 16 Février 2014


Prier… si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères… Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a permis à personne de pécher. Le « summum » de la Création n’est pas d’ordre matériel ou spirituel, ce n’est pas même la vie et la conscience : c’est la liberté [1]. … ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse. Car l’Esprit voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu. Chaque mouvement de notre foi, chaque disponibilité d’accueil à la permanente présence de Dieu en chacun de nous, croyants ou incroyants selon la conscience que nous en avons-recevons ou pas, est la preuve que Dieu ne s’est pas trompé, ne se trompe pas en nous ayant donné la liberté… de L’aimer et, par Lui et en Lui, d’aimer autrui, d’aimer la vie, d’aimer le monde et de nous accepter nous-mêmes, chacun, et l’un l’autre. L’enseignement évangélique quand il est de comportement ou d’organisation sociale, comme aujourd’hui, est de bon sens, banal, au moins en début d’énoncé, mais il y a le crescendo. Le crescendo de la révélation divine, le crescendo de la résistance et de la haine des contemporains, au moins de leur hiérarchie, et il y a le crescendo de la fidélité et du toujours davantage : avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la loi jusqu’à ce que tout se réalise…tout homme qui se met en colère contre son frère, en répondra au tribunal… tout homme qui regarde une femme et la désir, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur… quand vous dites « oui », ce que soit un « oui », quand vous dites « non », que ce soit un « non ». Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. Jésus nous conseille la totalité, Dieu nous y appelle. Nos lois, nos façons d’être et de voir sont si étriquées. Elles manquent d’espérance, d’horizon, elles ne croient pas en elles-mêmes. Elles ne sont pas soutenues. Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Pour les contemporains, la prétention de ce Galiléen, sans doute thaumaturge, est inouïe : il prétend accomplir la Loi et les Prophètes, il en est le maître, il constate et fait constater leur faiblesse, leur peu d’aboutissement, et à Lui seul il énonce la suite et la garantit. Nous proclamons la sagesse du mystère de Dieu.

Hier
 

22 heures 03 + Marguerite ne tient pas notre résolution d’une heure de lecture de conserve chaque jour. Elle est au petit bureau que j’ai installé, avec son ordinateur, puis, dans le même thème de ses monsterhigh, à une bande dessinée. J’aurais dû plus tôt m’installer déjà, moi, à terminer de lire Jean d’ORMESSON, dont la légèreté qu’il revendique sur le conseil de la femme de sa vie, ne produit rien de profond mais beaucoup d’agrément.
Hier soir, à la médiathèque de l’Hermine (Sarzeau), un spectacle que je pressentais très intéressant et que j’ai vécu exceptionnel. Récit avec des pauses dans le son mais une lumière pauvre et égale. Des trouvailles d’expression sans précédent je crois : notamment cette course titubante et dégingandé d’un homme en échec mais que rattrape la course à l’étreinte de sa partenaire. Toutes les possibilités anatomiques de descriptions des jambes et des bras, des mains, par ds gestes accordés ou désaccordés, sont tentées, exploitées. Toutes les mises en évidence par la répétition et aussi par le nombre simple : quatre et deux, des exécutants, sont dites dans un dessein compréhensible du début à la fin du ballet quoiqu’il soit dépouillé et sans complaisance : couple et contemplation, individualité des destins et des tentatives, réponses certaines mais inconstantes, analogie de la fuite et du rapprochement, presque tout est couru et élancé. Costumes banaux de chaque jour. Prouesses musculaires et d’endurance, grâce autant du masculin que du féminin. On est au-delà et en-deçà de la beauté de chacun sur le plateau, et c’est l’ensemble qui est beau. J’ai été captivé, fatigué, heureux, retenu. Notre fille décidée à ne pas apprécier, rien qu’à mon invite d’y aller, à la suite de son propre cours de danse claquettes, ne s’est pas endormie, n’a pas protesté, a persisté dans une non-adhésion : je n’aime pas, je n’ai pas aimé, mais réserve manifestement son évaluation. C’était nouveau en genre, et pour moi, c’était nouveau en pratique de cet art si total [2].
Et cet après-midi, le charme et la leçon d’optimisme pour l’éducation des tout-petits, comme on dit. Quatre-six ans, nous y sommes avec Marguerite. trois contes, le premier dessiné, le second avec des personnages et décors en pâte à modeler coloré, le troisième le plus élaboré et long en animation. Un cochonnet allant se baigner rassérène ses rencontrs ont chacune n’est pas contente d’elle-même car son apparence la fait exclure de son groupe natif : hérisson, corbeau, vache, et sa bonté naturelle sauve le quatuor qui imprudemment a demandé à un crapaud qu’ils ont ensemble tiré d’un puits, de changer leur apparence [3]. Le second conte est la journée d’une vieille fille et de son chat, à qui une magie accrochée en sautoir au gilet qu’elle accepte d’un coloporteur, fait arriver d’amusantes aventures [4]. Le troisième est merveilleux mais, lui aussi, bâti, sur l’attention à autrui et le partage. La sorcière et son chat accueillent trois autres animaux dont chacun l’a aidée à retrouver un de ses accessoires indispensables tombés à terre pendant les vols au balai. Le dénouement, un balai avec sièges et confort pour chacun, est adorable [5]. Marguerite à ma gauche, mais un garçonnet de trois ans à ma  droite. Plaisir de notre fille, campée sur moi, et questions et anticipations de mon petit voisin montrant les appuis du spectacle comme les parties à remplir, les attentes exaucées, la perspicacité qui s’exerce, pas d’angoisse pas non plus de joie explicites. Présence au spectacle dont il est su que c’est un spectacle.
On est alors loin de l’artifice de nos batailles, censément menées au nom de la loi naturelle : propagandes et contre-propagandes sur la théorie du genre. La nature est tranquille, paisible. Elle n’est ni page blanche, ni discours mais elle est certainement dialogue, question, attente, et demande du soin. Notre fille est mon éducatrice, elle transforme de jour en jour et ma vie et même toutes mes priorités d’emploi de mon temps (« mon » temps ? celui qui m’est donné par Dieu et dont je ne sais aucun des paramètres pour ce qui me concerne, et concerne les miens). La nature demande simplement – écologie, famille, admiration, art, relations avec tout le vivant, plaisir d’apprendre et curiosité, interrogations qui sont autant de voies pour aimer et recevoir… sans être mièvre. La nature demande simplement que je l’aime, que nous l’aimions, qu’ils l’aiment. C’est la paix et la sagesse. Trait commun aux trois courts-métrages : la couleur, nous nous ingénions à ne plus voir les couleurs à force d'avoir voulu mettre et inventer les nôtres, que nous n'avons toujours pas trouvées. La danse est plus docile peut-être parce qu'elle est soumise à son outil, à sa matière première : notre corps, même si elle en explore si bien les limites. Elle nous le donne à aimer, lui aussi.Le chemin de l’amour, c’est l’admiration [6], celle-ci ne parle pas, elle rit ou applaudit.



[1] - Ben Sirac le Sage XV 15 à 20 ; psaume CXIX ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens II 6 à 10 ; évangile selon saint Matthieu V 17 à 37

[2] - Texane de Claude Brumachon (formation en cours du soir des Beaux-Arts à Rouen) avec Benjamin Lamarche . créée en Mars 1988 à Saint-Quentin en Yvelines et quatre fois primée au Concours internationla de Bagnolet. Autres œuvres majeures : Le piédestal des Vierges, Folie, Icare. Aujourd’hui au centre chorégraphique national de Nantes

[3] - Juste un petit peu de Alicia Björk Jaworski . Suède, 9 minutes . 2011

[4 - Un jour merveilleux de Nils Skapans . Lettonie, 15 minutes . 2010

[5]  - La sorcière dans les airs d’après le livre de Julia Donalson, illustré par Axel Scheffler . 26 minutes

[6] - Gethe : la plus belle faculté de l’homme, c’est l’admiration. J’ajoute, à l’expérience mutliple et quotidienne de nos chiens, que c’est aussi celle des animaux et peut-être même des végétaux, heureux manifestement de leur ensemble.

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