lundi 10 mars 2014

tu aimeras ton prochain comme toi-même - textes du jour


Lundi 10 Mars 2014
 
                                       Prier… accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ; qu’ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur. [1]  Réponse : recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Autrui, nos semblables, notre comportement vis-à-vis d’eux, critère de jugement sur nos vies, bilan selon cela. Pas tant en termes de solidarité mutuelle dans l’ordre humain mais parce que l’autre est l’image du Christ. Seconde incarnation, encore plus paradoxale que la fondatrice : Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? …Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? … Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. Le jugement « dernier » comme en Islam, mais le critère, je ne le crois pas – à vérifier – dans le Coran. Ce dont souffre le Christ dans l’autre en difficulté ? faim… soif…. xénophobie… nu… malade… en prison  Soins à prodiguer, exactement appliqués et proportionnés. Notre vigilance autant que notre disponibilité. L’Ancien Testament fait un antiportrait détaillé qui peut aller de soi. Il précède la parole du Christ : soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait … soyez saints car moi le Seigneur, votre Dieu, je suis saint.  Dieu prenant l’image et la nécessité de chacun de nos semblables, de notre « prochain », pour que nous-mêmes appelés à cette attention à Lui selon les autres, nous en venions précisément à Lui ressembler  et pour que la créature ressemble à son Créateur, ainsi qu’initialement elle fut mise au monde, créée. Alors en héritage le royaume préparé … depuis la création du monde… et pour y parvenirs, les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur.


[1] - Lévitique XIX 1 à 18 ; psaume XIX ; évangile selon saint Matthieu XXV 31 à 46
 
 
 
Hier
 
Je ne sais qualifier ce que j’ai entendu vécu cette fin de journée. Une image très forte, une phrase atroce. L’image est celle d’une main, la droite qui agite ses doigts un par un, comme au rythme d’un frissonnement de drapeau, le voisin de chambre de mon beau-père, moins handicapé que lui apparemment… il cherche mon regard, l’appelle de la main, le visage est énergique, a été beau, les cheveux blancs encore abondants, mais la bouche efondrée, n fermant plus, ne tenant plus, le regard univoque et seulement suppliant, le corps supposé… pas même l’évocation de nous-mêmes dans ces lits alignés, ces formes d’aujourd’hui pour « la fin de vie » sans chronologie ni dialectique que l’inconnu, non de l’issue, ni même du calendrier, mais l’inconnu de ce que l’aphasique grabataire pense, reçoit et veut communiquer, désesoir et résignation. Quel accompagnement ? la télvision, les programmes ? le contact ? Articulation : WC. Je suis allé à la salle des personnels soignants, on m’assure qu’il n’y a nul besoin, le patient ou le pentionnaire étant sondé. Je reviens dans la chambre 215, même signe de désespoir. Je dis ne pas comprendre, je dis d’où je viens, qu’on va venir mais pas dout de suite. Cela dure et je ne puis rien que retourner et réentendre qu’on va venir. Mon beau-père regarde incisif et intense comme jamais, me regarde, regarde sa fille qui lui donne la becquée, les patisseries rapportées du déjeuner de famille. Question ? Pour le personnel soignant, évidence et nécessité, lui dire que sa femme est morte d’autant que la venue de celle-ci pour faire chambre commune lui avait été annoncée. Mes beaux-frères, ne pas en prendre la responsabilité, la tension, le choc. J’ai convaincu ma chère femme, après dialogue avec une aide-soignante, continuer à traiter le vivant en adulte… restent cette nuit, cette main, ces deux regards, l’impossible accompagnement, la lassitude davantage de notre côté de la vie que de celui déjà des brancardés déposés, allongés au bord du Styx ou du Léthé. – Et puis ce que rapporte notre fille qui s’est attardée chez la petite baptisée en fin de journée tandis que nous visitions son grand-père… Pas de cadeaux chrétiens a-t-elle remarqué, alors qu’en sus de multiples présents qu’elle a choisis pour bébé, layettes, jouets etc… nous offrons la Bible des familles et une jolie croix de bois peint, bleue ciel avec évocation de l’Esprit Saint et d’une enfance. Le jeune père, notre neveu par alliance … la petite croix lui rappelle le propos du précédent propriétaire de leur appartement. Il en avait placé une dans les toilettes… David compte en faire autant, j’interroge notre fille : qu’en penses-tu ? elle ne sait répondre, mais a priori elle est consentante. Tout lieu est à bénir… J’explique la liberté de ne pas croire mais que celle-ci n’implique pas le droit de scandaliser. Confirmation triste que de maintenant au mariage, s’il ne tient qu’à ses parents, la petite Lena ne mettra que par hasard « les pieds » dans une église chrétienne. A Marguerite donc de jouer… car parrain et marraine…

Accueil ce matin, sur le seuil d’une église d’extérieur alsacien ancien, angles de beau grès, clocher de la Réforme, le pasteur en aube et étole à la catholique. Bref échange car j’en fais la remarque. Nous montons ensemble vers le chœur, car je suis le dernier entrant, m’étant effacé devant la famille de sang. Il acquiesce à cette similitude qu’il veut, indique l’autel, le très beau crucifix. Marié depuis trente-neuf ans, deux filles de vingt-trois et vingt-cinq ans, couple en fidélité, mais « je suis un dinosaure », me dit-il. Désertification des églises, pratique du même ordre statistique que dans les paroisses catholiques, taux de divorce parmi ses confrères pasteurs : supérieur à la moyenne des ouailles. Il prend sa retraite l’an prochain, je ne lui donne pas d’âge. Deux baptêmes en même temps, comme ce fut le cas pour Marguerite, mais préparés séparément. Forte présence de l’autre famille. Quelques fidèles de la paroisse, on dit « ensemble consistorial », sont venus pour le « culte ». La liturgie est chaleureuse, le pasteur multiplie les participations et prises de paroles des parents, des marraines et parents, interventions et lectures bibliques, perspective pascale sont éloquentes, très bien venues. Mais… que de différences ou, me semble-t-il, de manques dans cette administration du baptême qui substantiellement est de même valeur que celui de l’Eglise catholique, et il y a reconnaisance mutuelle de la validité de cette administration dans l’une ou l’autre des Eglises chrétiennes Ce matin, seule l’eau versée… ni cierge allumé à celui de Pâques, ni onction d’huile, ni grain de sel sur la langue. Toute la symbolique de l’accompagnement quotidien par Dieu.de son nouvel enfant, tel que présenté par les parents, manque donc, du moins par des signes concrets. La suite du service ou du culte montre une impasse, qui est celle aussi de l’Islam alors qu’il y a de part et d’autre, partout, une telle vie de foi. La parole de Dieu, certes, et ses majuscules, mais le Prophète ne dit que Dieu incommensurable, non la manière dont Celui-ci veut se fare atteindre de nous… et Luther, Calvin, d’autres réformateurs, certainement dans le droit et la bonne inspiration quand ils cultivent et privilégient une forte culture biblique populaire, quand ils exigent une correction des mœurs et une pauvreté évangélique en Eglise, privent leurs ouailles de l’essentiel en ne faisant plus mémoire du pain et du vin, c’est-à-dire de l’Incarnation. Ce refus me semble aussi « négationniste » que celui de l’Islam, et surtout bien plus incompréhensible puisque nous partageons la même lettre scripturaire, et la même foi en la Trinité. Le Credo est le même : au lieu d’Eglise « une sainte catholique et apostolique », dire plus brièvement « Eglise universelle » n’a rien de réducteur. Le Notre Père est le même. Nous avons vécu avec joie et respect cette liturgie différente et aimé les gestes du pasteur prenant tour à tour les petites baptisées dans ses bras pour bien les faire voir de l’assistance. Mais il y avait aussi le second degré puisque le jeune couple est en querelle avec ses parents, côté de ma femme. Que les sœurs de notre neveu n’ont pas été invitées à la cérémonie, que mon beau-frère souffrant, prenant parti et ne faisant pas acte paternel d’autorité, n’est pas venu au repas… histoire minuscule e complexe d’incidents à répétition dont les fiançailles et les entrées dans une autre famille que la sienne de sang,ont le triste génie : je l’ai douloureusement vécu au commencement de mes propres partages amoureux. Mes tentatives de méditation par courriels de l’inhumation des cendres de ma belle-mère à l’avant-veille de ce baptême n’ont rien donné… les commentaires de l’épître de saint Jacqus tombaient donc ce matin « à pic », ma nièce s’est effondrée d’émotion et de larmes en présentant sa fille devant le baptistère. Cela peut-il irriguer, emporter, faire fondre ? ls querelles, jalousies et prétentions à la préséance ou au nombrilisme de jeunesses sans beaucoup de repères que le miroir de Narcisse et le jeu de rôles… je l’ai vécu, dramatiquement et horriblement perplexe et impuissant à mes propres vingt ans. Je ne sais pour maintenant et pour ceux-ci : que de conversions à obtenir, d’apparenc tout humaines et naturelles, mais pour qu’elles se fassent effectivement, il va falloir du surnaturel. En revanche, charme, joliesse, présence vrais de la petite Lena… – Visage de bonheur et de détente de ma chère femme tout aujourd’hui, activité joyeuse de notre fille dirigeant les petits cousins nettement plus jeunes qu’elle et mettant en scène les premiers mois de Lena de la conception à aujourd’hui. Cousins jumeaux nés d’un don d’ovocytes… ce que je souhaitais nen dernier recours pour le petit frère ou la petite sœur de Marguerite. – Doctrine et pastorale de l’Eglise du lit ds grabataires aphasiques aux naissances miraculeuses d’aujourd’hui qui ne sont plus les gestations de femmes stériles ou âgées, Sara ou Annne. Codifier ? interdire ? de même légiférer sur l’avortement, l’euthanasie, chaque cas de vie ayant un particularisme que ne peut réduire la détresse, la souffrance morale et spirituelle. Alors ?

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