samedi 12 avril 2014

il partit pour la région proche du désert, dans la ville d'Ephraïm - textes du jour

Samedi 12 Avril 2014



Le chant des oiseaux, le pays bloqué dans la position : chute, disparition et moi en plein océan des difficultés, astreintes et peurs en tous genres. Mais le ciel, la vie, la beauté à fleur d’esprit, de cœur, d’âme, tous les ingrédients de la résurrection de la chair. Et les autres que j’aime, sont vivants. Le coucou en voix à part, distincte du chœur plus aigu, lui, a son rythme tranquille. Qui sait pourquoi chacun commence, et chacun se tait…. Le péché, est-ce cela qui fait apparaître l’Histoire. Le temps ? Au paradis, tranquilles et heureux de ce qu’ils sont et ont, en Dieu, Adam et Eve n’ont pas d’histoire et l’Histoire n’existe pas. La transgression ouvre l’Histoire, celle des malheurs et celle de la Rédemption, ensemble. Cela ne tient pas bien ni en logique ni en… le mystère est bien dans la Genèse, car l’Apocalypse, le dénouement heureux, sont appelés par le malheur originel, mais la création ? effet de Dieu, cela se comprend. Mais le péché, cela  ne se comprend pas, sauf selon LA FONTAINE, l’ennui naquit un jour de l’uniformité… ?
En son temps, le Christ fait l’Histoire, du moins en Palestine. Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. [1]  Conclusion tout humaine ? Vous n’y comprenez rien ;  vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. En regard, Dieu… je conclurai avec eux une Alliance de paix, une Alliance éternelle. Je les rétablirai, je les multiplierai, je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Les deux réponses, comme au « Paradis », l’alternative voulue par Dieu : notre liberté. Demeurer avec Lui ou transgresser. La felix culpa caractérisée par saint Paul… mais peut-être ici la clé ? Caïphe qui apporte la conclusion aux délibérations du clergé et de la hiérarchie du moment. Ce qu’il disait ne venait pas de lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là (les présidences tournantes chères à ces faiseurs d’institutions qui ne choisissent pas), il fut prophète en révélant que Jésus allait mourir pour la nation. Or ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. L’ensemble de l’Histoire a alors son sens, la liberté est le summum de la conscience, de l’humanité, elle fait de la créature le partenaire de son créateur. C’est la réussite divine. A grand risque, nous y tombons chacun et l’humanité entière. Mais la solution est là, rédemption d’amour. Mise en exergue de ce qu’est la vie, ce qui nous est le plus précieux et consubstantiel. La rédemption est grande non parce qu’elle nous rétablit à l’état initial, enrichi par l’exercice désormais conscient de la liberté, réorienté, voulu, mais parce qu’elle dit ce qu’est la vie, ce qu’est la cération, ce qu’est l’œuvre de Dieu, ce qu’est Dieu. Et l’Histoire ne « sert » qu’à faire entendre cette parole de Dieu, ces multiples énoncés de Qui il est, d’Abraham au cri ultime du crucifié. Crucifié. Détail de la tentation et de la chute dans la Genèse, détail du complot, des délibérations, des atermoiements dans l’évangile de Jean. Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! Si ! puisque ce sera la sienne, tragique et glorieuse, le grand face à face. Symboliquement, le Christ fait retraite dans la ville nommant le mieux l’objet de la prédilection divine. Chacun se prépare, très clairement identifié. A partir de ce jour-là, le grand conseil fut décidé à le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne circulait plus ouvertement parmi les Juifs, il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Ephraïm où il séjourna avec ses disciples. Chez qui ? comment ? proche du désert. Les uns parlent de supprimer et d’isoler, Dieu, le suprême Autre prépare le tout contraire. J’irai prendre les fils d’Israël parmi les nations où ils sont allés. Je vais les rassembler de partout et les ramener sur leur terre… Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.
Evidemment, pour le Juif, s’imprégner de ces textes sans y voir la prophétie et la légitimation de l’état de choses actuel, suppose mentalement, religieusement, politiquement une conversion copernicienne, une lecture tout autre de soi et du corpus de la foi, de la révélation. Ce ne sont pas là des pourparlers de paix en langue de bois comme depuis vingt-cinq ans. Mais à ce changement total de regard, d’inspiration, de lecture face à une tradition, face aux textes fondateurs, l’Eglise, elle-même, tellement désertée, tellement à côté dans une apologétique qui n’atteint plus la masse vivante de l’humanité – du moins, me semble-t-il – n’est-elle pas aussi appelée. Son impasse actuelle n’est-elle pas un appel à une recherche sereine certes, mais intense ? N’y a-t-il pas un appel ? Bien évidemment, cette dialectique vaut pour notre cher pays… et probablement pour moi qui depuis ma chute n’ai jamais su changer de stratégie ni de regard sur ce que je dois faire. Tâter les muraillles, sans trouver la porte, qui est tout près… l’une des figures de KAFKA… On n’y arrive pas seul, l’Eglise, Israël, ma génération qui finit et qui avait toutes les chances pour en léguer si peu, et si nouées, si obcures, compliquées à interpréter… il nous faut Dieu. Ils affluent vers la bonté du Seigneur. La jeune fille se réjouit, elle danse (summum de la beauté et de la séduction, mais ce n’est pas la fille d’Hérodiade, c’est l’humanité, de mon cœur a jailli un beau poème, c’est toute ma vie que j’offre au roi). Jeunes gens, vieilles gens, tous ensemble ! Je change leur deuil en joie, les réjouis, les console, après la peine..
Et le complot se noue définitivement à la résurrection de Lazare : les nombreux Juifs qui étaient venus entourer Marie sa soeur et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Il y a quelque chose de très contemporain dans l’ensemble de l’évangile de Jean : c’est « le gratin ». Jean est manifestment introduit dans la délibération des plus hautes autorités de son pays et les autres résurrections opérées par Jésus n’ont pas le retentissement de celle de Lazare, pas tellement parce que celui-ci et ses sœurs sont devenus intimes du Christ (dans des circonstances qui ne semblent pas rapportées sauf si Marie est Marie-Madeleine et a donc appelé l’attention du Sauveur sur elle en l’embaumant par avance : là encore, la résurrection… déjà prophétisée par la mise dans un puits de Joseph par ses frères, et la vente à des porteurs de myrrhe, encens et autres plantes aromatiques), mais parce qu’il doit être fort connu, socialement coté… Dans ces conjonctures d’époque, il n’est pas non plus indifférent que Jésus rende service à l’occupant en exauçant plusieurs de ses officiers, et que ce soit un Romain qui proclame l’innocence de Celui que lui amènent les hiérarchis juives, et encore un Romain qui énonce la première profession de foi quand vient de mourir le Christ. L’Histoire commencée avec le péché, mais constamment parlée et signifiée par Dieu dans notre langue et selon nos sociétés et atavismes…


[1] - Ezéchiel XXXVII 21 à 28 ; cantique Jérémie III 10 à 13 ; évangile selon saint Jean XI 45 à 57

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