mercredi 23 avril 2014

de quoi parliez-vous donc, tout en marchant ? - textes du jour


Mercredi de Pâques . 23 Avril 2014



Prière de présence reconnaissante envers Dieu, non pour la vie qu’Il nous donne ou ce qu’Il maintient en nous : l’espérance, mais tout simplement pour Lui-même, pour le fait majeur qu’Il existe. Ce qui promet et garantit tout. Prier donc…[1] notre sensibilité, les images vibrantes, Marie-Madeleine et le « jardinier » auprès du tombeau vide, les deux disciples rentrant chez eux à Emmaüs, et tant d’autres scènes, soit en parabole, l’étreinte du père pour le fils prodigue, les cris de tendresse de Dieu selon les psaumes et les prophètes, soit en épisodes vécus. Car tout est témoignage, l’émotion – légitime – est seconde. Le prenant par la main droite, il le releva, et, à l’instant-même, ses pieds et ses chevilles devinrent solides… Alors, leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent… A l’instant-même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Jésus mobilise et anime. Nos sens habituels sont inopérants, nous ne nous portons pas nous-mêmes, nous ne discernons pas Qui nous cherchons, nous ne savons pas ce que nous voulons. Mais nous avons à expliciter ce dont nous disposons, au point où nous en sommes. Témoignage des deux disciples : ils parlaient ensemble de tout ce qu’il s’était passé. S’agissant de Jésus, l’esquisse est faible, parfois même fausse : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple… Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël. Jésus ne les détrompe pas, commence par les écouter, puis se les attache. Ils s’efforcèrent de le retenir… Il entra donc pour rester avec eux. Tout son texte avait été une explication de… texte, et pas du tout son adresse à la Samaritaine ou à l’aveugle-né : Je le suis moi qui te parle… Tu le vois, c’est lui qui te parle… La première messe avait été la dernière Cène, la seconde – toujours en présence réelle, leçon pour notre cécité liturgique et notre banalisation du testament pourtant le plus précieux que nous ayons reçu de Notre Seigneur – se dit dans l’auberge d’Emmaüs, mais sans parole. Le geste, le souvenir, la compréhension, l’adhésion, la communion, la foi, l’évangélisation… quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. L’Eucharistie est bénédiction et partage. L’ensemble vaut déclinatoire de l’identité divine, du Dieu fait homme, de Dieu parmi nous. Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’on dit les prophètes ! …Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? Voilà pour l’émotion légitime. Question dont nous n’avons de réponse qu’en la vivant : comment Jésus leur faisait-Il comprendre les Ecritures, et nous fait-Il à présent comprendre aussi le msytère de son Eglise ? Des mots, de la sémantique ? des rapprochements ? de l’analyse ? Pas vraiment. De la présence. Sa présence. Je n’ai pas d’or ni d‘argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazaréen, lève-toi et marche. Pas au nom de Dieu (génériquement et vaguement), pas l’Eglise de Dieu (pauvre intitulé d’une ambition cependant louable). Mais Quelqu’un de très précis, qu’on cherche, qu’on trouve, qu’on rencontre, qu’on voit : elles n’ont pas trouvé son corps… des anges qui disaient qu’il est vivant… mais lui, ils ne l’ont pas vu. La présence réelle, intense : le tombeau vide. Tout le système humain effondré, celui des deux disciples quittant Jérusalem, et la disponibilité ailleurs, rien de plus. Et nous sommes rejoints, regardés, sauvés, pris. Au sens le plus complet, sécurisant, magnifiant du mot. Pierre fixa les yeux sur lui, ainsi que Jean… de quoi parliez-vous donc, tout en marchant ?  Rejoints, atteints, tels que nous sommes, où nous sommes.


[1] - Actes des Apôtres III 1 à 10 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XXIV 13 à 35

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