lundi 14 avril 2014

on donna un repas en l'honneur de Jésus - textes du jour

Lundi 14 Avril 2014



 La lune couchée depuis une grande heure, la pleine, un oiseau maintenant. Prier…[1] les liturgies de la Semaine Sainte en camp scout, glacial et fervent, chaleureux, une tranquillité ambiante de mutuelle affection fraternelle, des virilités s’affirmant par notre discpline et même nos jeux, nos marches, jambes nues, béret sur le crâne, front et regard, vent pluie grand air tout le temps de huit jours…, le bougonnement et l’ouverture d’esprit des aînés, je fus le petit puis le chef, la solitude et l’accueil du prêtre en paroisse locale, nous apprenant un autre sacerdoce que celui des « bons Pères », eschatologie de ces temps. Au très présent, les textes que nous croyions prendre au pied de la lettre, que nous recevions avec piété. Mon vieil âge me donne maintenant un autre sens pour les recevoir encore, mais la racine date de ce temps-là. J’ai eu la grâce d’être façonné à presque tout, quelqu’ingénu que cela ait finalement produit… Jean sait nous parler d’amour et d’amour humainement. Il en sut d’expérience vécue quelque chose, quoique toute relation, dans nos vies de précaires comme naguère dans ce groupe d’itinérants et de lumineux qu’étaient à la suite du Christ les disciples, soit difficile à « voir » du dehors. La respiration est un soulèvement, un murmure. Jean, Marie-Madeleine, Dieu incarné, fait homme. Le baiser de Judas aussi, était un baiser. Sa réaction chiffre dérisoirement le prix de sa future trahison. Le patron des comptables ? Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? Le Christ pour les pharisiens voulant sa « peau » en valut donc dix fois moins… et Judas n’a pas marchandé, il n’a pas même avancé son prix, sa propre évaluation, il n’a pas fait valoir ce qu’il savait, lui, du Sauveur ? Laisse-la ! Il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Le mot est rude, fataliste, orgueilleux, comment Jésus nous le donne-t-il à comprendre, recevoir ? Jésus se sait et nous sait. Les deux précarités, la pauvreté affligeant une partie de l’humanité et faisant tester l’autre plus par elle-même que par ceux qui en sont malades parfois à mourir… le Christ qui humainement ne dure pas, sauf sous les espèces renouvelées par nous, dans la foi et par la liturgie, du pain et du vin. Le geste de Marie condamne son frère et fait se dévoiler Judas. La contemplatrice de la première venue du Christ chez eux est la dernière à l’avoir vue mettre, de corps, au tombeau. La première aussi à Le rencontrer ressuscité (REMBRANDT pour Lazare puis pour elle). Elle se prépare à la suite. Elle annonce à Jésus l’effroyable et si proche futur : elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux. Le fantasme masculin et de toute enfance puisque l’amant de la première fois en est comme un nouveau-né : la chevelure. Marie était belle, forcément… ce qui pourtat importe peu, la prière et notre regard d’âme, seuls, reçoivent et discernent la beauté. L’expérience humaine de l’amour montre si bien l’évanescence quotidienne des beautés les plus conformes aux canons et à la mode reçus, et tout autant le rayonnement dont le visage banal peut soudain devenir indéfbnissablement et alors durablement, capable… L’âme s’atteint du regardant et de la regardée.  Propagation de la foi, rayonnement de la tombe, de toute tombe… la maison fut remplie par l’odeur du parfum. Mais d’annonce de la Résurrection, point. Au contraire, Lazare va être renvoyé à la mort et Jésus est embaumé par prétérition. C’est l’Ecriture qui rappelle, promet l’aboutissement. Tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres… Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur. La Semaine Sainte résume en un seul sacrement faisant gerbe de tous les autres, ceux de toute vie humaine qu’elle les demande, les reçoive ou n’en sache plus rien ou rien encore… celles et ceux qui quittent l’Eglise de leur baptême parce que les gens, le clergé, l’enseignement les scandalisent, ne les accompagnent plus. Or, les objets de scandale, qui n’en voit, rencontre, en éprouve ? sont bien secondaires, et pas substantiels. Ce qui l’est se cherche, se trouve, s’obtient dans les sacrements. La Semaine Sainte en donne l’unité : l’espérance. Laquelle, jamais n’est jamais solitaire. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, le discernement et l’accueil à l’arrivée… de qui aurai-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie : devant qui tremblerai ?
Je reviens au détail du texte. C’est d’un repas qu’il s’agit, Lazare bien vivant, Marthe au même office qu’à chaque fois. Seul changement, l’irruption de la prophétie, celle que la contemplatrice, sans en être pleinement consciente, proclame. L’économie recommandée a posteriori par le traître n’est pas pour une cause de société, mais, selon le Maître, pour la célébration d’un sacrement, une mise au tombeau. Il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. L’exégèse et les traductions dont je ne suis pas capable font-elles ou non ressortir qu’il n’y pas de conditionnel passé. Donc, ce que dit le Christ s’applique au vécu du moment. A ce repas chez les siens, il est déjà à ensevelir… celui qu’il a humainement ressuscité peut entendre son thaumaturge préparer sa propre mort.


[1] - Isaïe XLII 1 à 7 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean XII 1 à 11

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