dimanche 15 juin 2014

daigne marcher au milieu de nous … et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne - textes du jour


Dimanche 15 Juin 2014
 


Tandis que le soleil impose lumière et silence, que notre fille est depuis plus d’une heure en direct téléphonique avec sa nouvelle amie de cœur, conquête mutuelle immédiate sur la pelouse de réception de mariage, il y a huit jours à Courtalain, et que je ressens chaque jour davantage la montée autour de moi de cette marée inconnue qu’est la vieillesse par cercles concentriques, image d’une eau noire, pour l’instant ne s’en prenant qu’à mon apparence physique et à mes capacités gestuelles, je n’arrive que tard à cette méditation que les circonstances de ce jour et la liturgie de l’Eglise font plus que me suggérer. Ecrire, c’est parfois lire la vie telle qu’elle propose de s’expliquer et de nous former… à la vie.

La Trinité… ces années-ci, de plus en plus nettement, ce qui est censé désigner, énoncer le mystère central et le plus profond d’une foi humaine, me paraît au contraire la nature la plus évidente, même si les mots ou la présence mentale sont insuffisants pour tout nous exposer à nous-mêmes. Ne suffit-il pas d’être présent ? de vivre en conscience, en constat que nous sommes vivants. Comment dire ce qui me semble si simple ? Le couple est la nature-même du vivant, la relation à l’intérieur du couple est nécessaire à la vie, à l’existence du couple et cette relation porte le couple, le constitue, dépasse et protège, nourrit le couple, elle est son but et son moyen, sa joie et son épreuve, sa preuve. L’expérience humaine est là, du mariage au simple vibrato d’une rencontre, durée ou instant. Nous sommes créés, évidence que nous ne nous auto-générons pas et que nous sommes habités, que nous sommes en charge de nous-mêmes, des autres, de l’univers, que nous sommes contenus et soutenus. Expérience de la vie divine déjà, en en faisant partie. Personnalité et liberté sont une seule et même « chose ». Ame : plus substantiellement nous que notre corps. Distance et cependant responsabilité. La matrice qu’est Dieu. L’Esprit Saint, expérience quotidienne dans nos vies, habitation, force, secours, inspiration, intelligence, et toutes les empathies de tous ordres avec un objet d’étude, avec le vivant sous toutes ses formes et selon toutes ses évolutions, avec l’autre. Proximité de l’Esprit Saint. Mystère et incommensurable de ce qui est le plus intime et proche. Le Christ dans notre histoire, dans notre nature, personnelle, collective, Dieu se laissant saisir pour que nous vivions davantage notre besoin de Lui et son insaisissabilité selon nous, tels que nous existons actuellement. Dieu « le Père », mystère absolu en tant que tel, mais compréhensible en amour, en analogie avec l’amour humain, lequel est figure de Dieu, même si de notre point de vue existentiel, l’amour humain est parabole et chemin de Dieu.

Messe de onze heures à Surzur, les textes sont brefs, d’une limpidité à laquelle je ne m’attendais pas [1]. C’est Dieu qui se révèle, et même se nomme, nous donne à L’identifier selon une psychologie à notre portée, tout humaine et fondamentalement relationnelle. La qualification de Dieu par l’Islam est reçue de Moïse qui l’entend de Dieu : Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. La réponse humaine est exemplaire selon Moïse : daigne marcher au milieu de nous… et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. Paul nous donne le comportement parfait, celui de l’accueil. La liturgie depuis Vatican II lui emprunte : exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix, cela en conclusion du Notre Père, et aussi pour la salutation inaugurale : que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.  La Trinité, nous y sommes… La foi en Jésus Christ, première et ultime, pour notre destinée : pas de jugement donc, puisque celui qui croit en Lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé.

Venus tous trois pour cette messe que notre cher Denis M. devait concélébrer avec MLP. Toute prévision, tout projet bouleversés. Route rapide après une nuit de quatre heures (hier soir à vérifier des citations de DG à partir du rappel qu’il refusa par principe d’honorer de sa présence toute commémoration du débarquement en Normandie, ce qui m’amène à un excursus sanctifiant, si je puis écrire, la politique par un retour à la grandeur nue de celle-ci quand elle exprime notre Histoire selon des personnalités qui sont l’honneur de notre pays, de génération en génération… et cette aube à boucler mon papier hebdomadaire pour Le Calame de Mauritanie : parallèle entre la fondation avec Moktar Ould Daddah et la légitimation du putsch de 2008 par une soi-disant élection en 2009) vers Sainte-Anne d’Auray, la maison de retraite des prêtres de notre diocèse. Denis hospitalisé depuis jeudi, arrivé dans les lieux écrasé de tristesse et entretenu dans cet état dépressif par un sentiment constant de son inutilité. Leçon pour moi et perception de la grâce qui m’a été faite : je suis utile à ma femme et à notre fille… Pertes de mémoire, perte des distinctions du diurne et du nocturne, fugues. Finesse, compétence, cœur, vérité plus que touchante et communicative de l’infirmière en chef, Isabelle Y. qui l’a étudié. Posologie et pharmacopée qui se mettent au point à Saint-Ave, ateliers thérapeutiques. J’ai dit ce que nous avons vécu ces dernières années, choc et pente déclive. Retour bredouille. La messe célébrée par le Père François C., figure ascétique et irradiée d’esprit, de foi, de liberté d’une façon saisissante et immédiatement perceptible. Le visitant une première fois, comme le confesseur de notre cher Frère Claude, moine de Kergonan, j’avais été subjugué par cette silhouette si frêle apparemment, ce visage si émacié, disant en fait ce que produit une vie spirituelle en équilibre et en contagion. Après la messe, nous nous retrouvons, chanoine désormais au chapitre de la cathédrale mais mission qui doit le passionner et pour laquelle il est certainement adéquat : les Visitandines dans le monde dont il est l’aumônier ou le conseiller général… Messe de communion privé pour un petit… Bertrand, costume blanc, chapelet à la ceinture.

Les lectures donc…Ancien Testament : Dieu dit son nom et aussitôt l’homme Le reconnaît, Le qualifie puis dit son besoin de salut. Paul, l’état du cœur. L’évangile, la nature de la Trinité, la Trinité est révélée, elle n’est pas une élucubration sur Dieu par l’homme. – Homélie… nous sommes seuls les seuls croyants au monde à croire en la Trinité. Dieu n’est pas compliqué, il est simple, pas lointain. Pour entrer dans ce mystère, chercher les croyants, le peuple choisi et au milieu de peuples polythéistes, ce peuple croit au Dieu unique, au lieu des idoles, qui ont bouche et oreilles mais ne parlent ni n’entendent, le peuple choisi croit au Dieu vivant. Puis, événement unique, présence de Dieu, parole de Deu, devenu homme, passant par tous les stades humains. Dieu, Père, Fils. Mais l’Histoire ne s’arrête pas là. L’Esprit, le lien d’amour entre Fils et Père, entre les chrériens et Jésus, son Père, entre nous. La grâce d’être vivants après Jésus, vivre les temps nouveaux, les temps derniers. Nous avons cette chance, cette grâce.  Bien « faire » le signe de la croix, et qu’il nous engage. Au nom du Père… Le front, la tête, que je touche de ma main. Je reçois que le Père est le centre de ma personne, Il l’est de toute personne, de toute vie. Au nom du Fils…  le Fils de Dieu est devenu un homme, la parole de Dieu a pris corps, dans le sein de Marie, le Verbe s’est fait chair, le Fils parole de Dieu, venu habiter parmi nous. Il me fait devenir mon cœur, que je porte l’amour. Au nom du Saint Esprit… force de vie et de parole, secours au jour le jour, nos engagements le faisant appeler Esprit Saint, à travailler pour l’humanité et la paix. Moyen simple d’entrer dans le mystère de l’amour infini de Dieu. Seigneur, augmente notre foi pour aimer de plus en plus  fort, par amour, que Dieu est amour. 

Sortie de messe, le célébrant donc puis cette mère de trois enfants qui depuis plusieurs années, elle et eux, nous passionnent par leur piété à chacun, le garçon touchant de fraicheur, servant la messe, âge de notre fille, les deux fillettes, l’une allant et venant, d’abord à quatre pattes devant l’autel, l’autre encore plus agenouillée que sa mère. La quête, organisation l’an prochain entre quelques filles pour la messe de onze heures. Echanges d’ensemble, scolarité hors contrat à la façon des BdeF. Décidément, ces jour-ci, les rencontres et amitiés pour ma femme, pour Marguerite, pour moi : hier, à quelques pères d’élèves à Saint-André, apprêter les lieux pour la kermesse de dimanche prochain. Je fais parler les uns et les autres, des vies, des équilibres. Une fraternité. Cette éventualité d’un tout autre mode de vie pour moi, quotidiennement, l’œuvre, les projets laissés, la vie de l’instant, les arbres, le ciel, et cultiver mes deux aimées, n’être que disponible. Reprendre les livres de toutes mes époques, ceux de ma mère. Réécouter ma discothèque. Aller tranquillement, immergé dans un présent davantage ressenti que par ma nage, peut-être à contre-courant, vers des objets que je n’ai jamais atteints et dont peut-être je peux m’avouer qu’ils ne m’intéressent plus. M’ouvrir à tout autre chose : lecture, musique, rencontres m’arrivant, sans les chercher… 

Hier soir, télévision par instants. Les conseillers à l’Elysée, témoignages, mon ami François de Combret, une femme Warin. encore très jeune, tous deux avec VGE, pas de ligne pour répondre sur les diamants de Bokassa. Qualité de leurs dires à chacun, pudeur aussi et discrétion. Pierre Lefranc, l’aération permanente autour de DG, on ne s’incruste pas dans cs emplois. Son mimétisme (dont il était content) avec le Général, mais son affirmation ne peut se généraliser : Burin des Roziers, cinq ans et quatre mois, secrétaire général. Mai 68 aurait-il été autre avec lui ? qui a eu l’idée des entretiens avec Michel Droit entre les deux tours de Décembre 1965. Marie-France Garraud, pas de droit d’auteur ni d’énorgueillissement quand quelque chose est pris et passe. Contraste avec Guaino. Puis Jean d’Ormesson, son « dernier » livre, donc un tous les six mois. Comme dans le précédent dont les seuls bons moments sont une autobiographie d’époque qui n’est plus, il laïusse sur la science, les scientifiques et sur les raisons de croire ou pas en Dieu. Le paraadis seulement pour les humains, les comportements en vue de la récompense, vilà selon lu ce qui est cru par le croyant. Son admiration pour l’agnostique, mais en connaît-il, il évoque des médecins. Il n’arrive pas, pour son avenir proche, à articuler le mot : mort. Il manifeste une inexpérience totale du spirituel et une culture « café du commerce » sur la science qu’il donne comme un tout et non comme une méthode. Comme d’en bas, je dis cette opinion à la cantonnade, notre fille réplique : toi, Papa, tu n’es pas à la télé. et tu n’as pas fait des livres. Dont acte.


[1] - Exode XXXIV 4 à 9 ; cantique Daniel III 52 à 56 ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens XIII 11 à 13 ; évangile selon saint Jean III 16 à 18

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