vendredi 31 octobre 2014

oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus - textes du jour

Vendredi 31 Octobre 2014

                      Expérience saisissante de ces deux derniers soirs. Tant de contrastes que ce deviennent des types, mais qui m’atteignent par l’amour prodigué par l’un et une sorte de pitié que provoque la haine de l’autre, mais l’impression d’avoir été saisi par le rayonnement ou par l’ombre, le noir de la relation demeure. J’ai rarement vécu cela avec une telle intensité sauf à ces moments qu’on ne peut jamais décrire parce qu’il faut les vivre pour les ressentir, et qu’en les ressentant-vivant, on n’est que dedans sans recul, immergé et pourtant respirant comme jamais autrement : l’amour et ses multiples temps-moments-sphères-rythmes et dialectiques. Avant-hier, une armure d’un homme se protégeant dans un enfermement proclamé, çà ne m »intéresse pas, le passé ne m’intéresse pas, et l’arrogance constante d’exposer  des points de vue, le plus souvent d‘ailleurs intéressants ou faisant penser sans en rien attendre ceux de l’autre, qui s’il (moi et de manière souriante, joyeuse, ma chère femme) risque à dire le sien ou à aborder, bifurquer vers autre chose, se fait aussitôt rembarrer. Fut-ce de la haine ? une jalousie déplacée d’un jeune marié septuagénaire ayant préféré que sa nouvelle épousée (pour elle un énième compagnonnage mais peut-être la dignité du statut et la stabilité pour la fin de vie ? tôt organisée ?) reçoive un soupirant de ses seize ans, lui aussi septuagénaire et qu’elle a retrouvé et fréquente depuis plus de dix ans. Après le désagrément, la pitié, la communion avec ma chère femme dans l’appréciation du personnage et maintenant attente de la réaction de celle qui est devenue notre amie, à tous trois et dont nous partageons soucis de ses parents et réussite de sa carrière médiatique. Et hier soir, une fraternité, un aveu de part et d’autre de la responsabilité que j’ai reçu d’accompagner un garçon d’une richesse exceptionnelle d’origines, d’ascendances, de situations familiales et surtout de sincérité, un surdoué de l’empathie, de la vibration m’apprenant multiplement par ses écoutes, ses demandes et son aventure qui est totalement celle de la vie, sa conversion récente n’est pas à une étiquette, à une communauté, à quelque mouvement humain que ce soit, mais bien à Dieu par une vive prise de conscience du spirituel, du besoin de nous tous – mais auquel chacun ne cède pas toujours ou pas assez – de l’absolu. Avais-je jamais entendu aussi bien dit, parce que vécu et récemment conclu : Dieu seul ne déçoit pas. En adjacence, combien j’ai reçu hier soir dans la pénombre de la place de l’Université, le bâtiment allemand dont je souffrirai qu’il y ait la réplique à Paris non pour l’urbanisme (vieux de plus d’un siècle, le bâtiment néo-classique et sobre, en grès des Vosges semble neuf d’hier) mais pour la cohérence, la continuité, l’exclusivité du fil historique… la société marquée par ses sociologies dans une époque où nous ne croyons plus qu’à l’individuel, la liberté de considération et peut-être de pratique pour l’amour, l’ingéniosité des études et des projets, l’exotisme de la fraicheur alors que tout aurait pu être fouillis et handicap. Un homme de regard et de désir, mais tout de légèreté, la sincérité chemin du spirituel, de soi et des autres. – Participant à ce parcours quotidien, nous avions échangé beaucoup et il y avait eu la première vue, mais une telle chaleur lumineuse et une telle confiance : la responsabilité. Tandis que la veille, c’était le rejet absolu et méprisant, me mettant maintenant au défi de le désarmer, non pour vaincre mais pour amener au découvert ce qui reste forcément humain, vulnérable, et sera peut-être sympathique, voire reconnaissant que des portes se soient ainsi ouvertes à lui, la confiance en autrui…

Prier… déjà cette forme d’ombre des anticipations d’un moment, ombre sans couleur ni qualification, notre départ d’ici et de cette paix-sécurité (à quoi tient-elle ?), le retour à des structures de vie forçant à ramer, et plus immédiatement la réussite ou pas de cette fête préparée, ; attendue, désirée en impatience et sans doute en encore plus de fantasmes, qu’adultes, nous ne pouvons en recevoir : halloween pour Marguerite. Sans doute importé, sans doute païen, mais n’empêchant nullement Toussaint, communion des saints, des vivants et des morts. La citrouille, les chapeaux, les tenues : notre fille en sorcière et moi en chapan et bonnet kazakhs.

Prier… ma chère femme, relayant sa mère, la petite cuisine, le café, les tartines, l’aller-retour avec Fonzy pour le pain, la boulangerie aux trois générations d’artisans, les croissants gratuits de son enfance, les ruelles de al cité-jardin, les maisons à colombages, toits de tuile, étage dernier semi-mansardée, haies vives, silence et passants rares, la délicieuse Robertsau de Strasbourg, sans âge comme la vie d’une très jeune fille qui songe et fait songer avant que commence sa vie de jeune fille, le cœur doux et simple. L’amour pour autrui quand on a reçu grâce mission ou possibilité de l’accompagner. Paul et son si cher Timothée… sa lettre aux Philippiens (la rencontre au lavoir du gratin de cette cité dont l’ambiance se ressent encore aujourd’hui alors que plus un mur ne subsiste… une sorte de coup de foudre, saint mais humain, avec cette grande dame, dont le nom m’échappe et qui était fortunée, influente). Chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Evangile en communion avec moi…je vous porte dans mon cœur puisque vous communiez tous à la grâce qui m’est faite de justifier et d’affermir l’annonce de l’Evangile jusque dans ma prison. Oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. [1] Paul en prière, prière qui, de lui, dépasse toute catégorie et toute posture parce qu’elle est communion totale avec celles et ceux que l’Apôtre garde constamment en son cœur, de toute son âme. L’enseignant, le voyageur, le marqué du Seigneur aime et dit l’amour en priant et par sa prière, l’amour pour celles et ceux qui lui sont donnés. Mais le contexte, l’aimantation, le mouvement sont intensément la relation au Christ : son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus… vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. Une sorte de mise en place générale et lumineuse. Tandis que Jésus, vivant parmi nous sa venue humaine sans laquelle la Parousie n’aurait aucune substance, aucun sens et ne nous serait d’une sensibilité impossible, mange, boit, parle et guérit. La divinité, même dans sa plus simple expression : l’humanité du Christ déconcerte et fait même enrager. L’invité est souverain, le thème n’est plus le repas qui lui est offert, mais justement, un homme atteint d’hydropisie était là devant lui. …  Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Jésus saisit le malade, le guérit et le renvoya. Les gardiens du dogme renvoyés à leur perplexité et à leurs complexes (ils furent incapables de trouver une réponse) et le miraculé à une vie aux dimensions recouvrées. Anticipation de la Parousie, les demandeurs exaucés et les professionnels de la foi démasqués.

Notre fille s’éveille, ma chère femme va arranger les tombes de famille, devant lesquelles nous irons ce soir avec la petite Léna et ses dix mois dont raffolent Marguerite et ses bientôt dix ans. Quant à demain, la route d’est en ouest et de six ou sept régions vibrant de mille ans de notre histoire nationale, arriver avant la nuit : commandement et disposition de ma chère femme… Grandes sont les œuvres du Seigneur ; tous ceux qui les aiment s’en instruisent. Ce peut être le chemin de tous les agnostiques, Voltaire et l’horloger. Noblesse et beauté dans ses actions… le Seigneur est tendresse et pitié. Il a donné des vivres à ses fidèles. C’est le chemin des croyants et des voyants : le choix d’un accompagnement par un absolu qui Se met à notre portée, cordialement, doucement.


[1] - Paul aux Philippiens I 1 à 11 ; psaume CXI ; évangile selon saint Luc XIV 1 à 6

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