lundi 20 octobre 2014

cédant aux caprices de notre chair et de nos raisonnements - textes du jour

Lundi 20 Octobre 2014


 06 heures 50 + Parcouru les deux interventions du pape François au synode sur la famille : il y est seulement défini la manière de travailler et surtout il est fait appel au franc-parler, à la franchise (parrhésie [1]). Contrairement à ce qu’ont donné à penser les médias et rumeurs, le travail synodal qui a déjà plus d’un an de préparation va se poursuivre pour sans doute encore davantage de temps, c’est, à ce que je comprends, une sorte de concile à thème. Le pape François ne donne aucune « piste » et n’anticipe en rien les solutions, les décisions. Il définit en revanche avec la clarté que donne sa familiarité de ton depuis son avènement à presque tous ses dires (notamment le grand entretien donné aux revues jésuites en Août 2013) ce qu’est un synode, ce que doit être la collégialité et ce que sont les relations des « églises particulières » avec Rome. Il fait également état de la situation et de fait et d’esprit : "Maintenant, nous avons encore un an pour mûrir les idées proposées , avec un vrai discernement spirituel, et pour trouver des solutions concrètes a tant de difficultés et d'innombrables défis que les familles doivent affronter, à donner des réponses à tant de découragements qui entourent et suffoquent les familles." On est donc très loin de ce que dénonce la nouvelle vague d’intégristes : des infiltrations, des renonciations, des perversions. On est simplement au travail. – Si notre vie et nos pratiques institutionnelles, en France, pouvaient avoir ce genre de méthode et bénéficier de semblables exhortations de celui qui a pour mission suprême d’animer, de susciter et de régler nos débats nationaux…

07 heures 42 + Prier… nuit encore noire. Nous aussi, nous étions de ceux-là, quand nous vivions suivant les tendances égoïstes de notre chair, cédant aux caprices de notre chair et de nos raisonnements [2]. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes. Il n’y a pas à en tirer orgueil. Ces deux pôles, apparemment opposés, mais qui font couple pour nous mouvoir et nous faire, nous constituer, nous faire avancer donc vivre et aboutir : désir et grâce. Notre liberté tient non à une lutte, nous n’avons pas deux natures, mais à union de forces : nous pouvons avoir des inspirations différentes et que nous recevons comme adverses. Elles ne le sont pas. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre. Avec joie, parce qu’elle est celle qui nous est la plus personnelle. Dans la sécurité et la confiance, parce qu’elle est voulue de Dieu pour nous, et que sur cette route nous sommes constamment gardés, protégés, et si nous sommes attentifs, constamment avertis. Rattrapés, même, quand nous avons été distraits, pécheurs… Mais Dieu ne se substitue pas à nous, Il nous donne et nous a donné les moyens notamment l’intelligence, et aussi cette propension de tout le vivant à Le prier, pour reprendre langue, contact et souffle. Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. – Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? Echo de l’évangile d’hier, il y a notre sens commun, il y a la fraternité et il y a les institutions. L’exemple que prend le Christ pour répondre est celui d’un usage insensé de nos facultés, quand nous sommes irréalistes, c’est-à-dire oublieux de notre nature mortelle, un des aspects de notre situation existentielle de créature.  Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. – Tu es fou, cette nuit-même, on te redemande ta vie. … Voilà ce qu’il arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. Prier, les travaux d’Eglise sur nos structures sociales et personnelles, celles et ceux qui me sont confiés, à qui je suis confié, ce que j’ai à mener à bien pour l’intérêt commun, je crois. Travailler, prier, aimer. Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits et nous sommes à lui, nous, son peuple, son troupeau. Je prie enfin pour mes amis moines, pour un monastère précis, pour tous les religieux déjà reçus par Dieu en son Royaume, et qui m’ont donné en moments forts et ensemençants leur accompagnement et implicitement leur propre expérience de la vie humaine quand elle est consacrée à une quête unique… constante… malgré autant de risques et de chutes que dans nos vies plus habituelles, moins centrées, moins dirigées-orientées. Seigneur, oriente-moi, dirige-moi, consacre-moi. Fais-moi un de tes instruments pour aider celles et ceux que ta sollicitude va aujourd’hui envelopper et garde-nous, nous tous, en Toi. Amen. Et veuille gratifier, accueillir, réconforter celles et ceux que la mort aux conditions de notre incarnation, sépare. Les saints sont parmi nous, nos morts sont nos saints quand nous avons regarder leur vie comme Dieu la regarde et la jugera : en miséricorde. Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus, il voulait montrer, au long des âges futurs, la richesse infinie de sa grâce.

Le ciel devient diaphane, les oiseaux entreprennent et signalent le nouveau jour. Heures de nos vies, autre silence. Durée.


[1] - La parrhésie (substantif féminin), du grec pan ("tout") et rhema ("ce qui est dit") est une figure de style consistant en une adjonction qui consiste à dire ce qu'on a de plus intime en cherchant ses mots1; elle est proche de la licence et du "franc parler".

[2] - Paul aux Ephésiens II 1 à 10 ; psaume C ; évangile selon saint Luc XII 13 à 21

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