mardi 7 octobre 2014

que tout se passe pour moi selon ta parole - textes du jour

Mardi 7 Octobre 2014


Prier… tous ceux et toutes celles rencontrés ou revus hier… les visages et les situations d’affection, les formes de la détresse : agressivité, amnésie, logorrhée… le deuil par la tombe, le cercueil, les étapes de la communion et de l’ensevelissement. Des regards. Et c’est l’Annonciation en évangile, fondatrice. Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi [1]. Marie est au début du cycle des évangiles et autant à sa fin du Calvaire à la Pentecôte. Une vie chrétienne, d’abord de foi, est certainement cette présence d’âme à l’ensemble de la geste du Christ, devenue celle de l’Eglise, de la conception exceptionnelle à la Pentecôte. D’un seul cœur, ils participaient à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. Ces liens du sang et cette famille – toute l’humanité – par adoption, les uns ne nient pas les autres, tout s’ajoute et s’éclaire mutuellement. C’est le sens du cantique de Marie récapitulant sa vie et sa destinée pour les lire selon la vie de son peuple et bientôt de l’Eglise. Le Puissant fit pour moi des merveilles… son amour s’étend d’âge en âge… il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères. Et que fait-Il, ce Dieu de toutes époques, de tout vivant, de tout le créé. Il s’est penché sur son humble servante… il disperse le superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Mais surtout, celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. La disponibilité suprême et la foi sont l’exact contraire de l’inconscience ou de l’incompréhension de ce qu’il se passe. Marie a la totale lucidité de ce dont elle est l’objet, la totale connaissance de sa destinée et de ce qu’il va en résulter pour son peuple, et par là pour l’entier de l’humanité et de la création : le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. L’aboutissement et la vie éternelle sont là. En germe. Voici la servante du Seigneur. C’est la révérence de tous les temps, celle d’une jeune fille bien née, totalement féminine. A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. Elle a compris parce qu’elle acceptait : comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? – L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. -  Que tout se passe pour moi selon ta parole. Sommes-nous la suite ? pas exactement, nous profitons de la suite, nous avons la grâce, l’Incarnation, la Vierge Marie nous « poursuivent » de la grâce exprimée par le Magnificat. Guérison et accomplissement me sont donnés par cette grâce, mes incontinences verbales, mes inconséquences, mes inerties et jour après jour, ne pas prendre assez résolument le chemin de la foi, d’une prière plus continue : je puis en être guéri, et je le demande pour être davantage la contribution au bonheur de mes aimées, davantage – peut-être – un des innombrables outils divins pour que continue et augmente la divinisation de l’humanité, le retour de la Création à son Créateur. Car rien n’est impossible à Dieu. Amen ! Rien n’est impossible, même la résurrection personnelle de celui sur qui, gisant à l’étroit, enserré par le cercueil fermé, est tombée la terre hier après-midi après tant d’autres et avant tant d’autres, moi bientôt, et plus tard, celles et ceux… et que jamais ne meurt notre pays… et que toujours notre Eglise comprenne celles et ceux qui ont besoin d’elle et qu’elle doit évangéliser selon la foi, la compassion. La morale et les comportements sont des déductions de la foi, aidés et éclairés par celle-ci. Elle n’est pas le premier déterminant. Synode sur la famille : puisse-t-il se développer et réfléchir comme à l’étage de la maison : c’est là qu’ils se tenaient à tous, pour attendre et non pour décréter.

Hier matin

Grande force, grande douceur de ces moments. Union que nous donnent les morts autour d’eux, surtout quand il y a une telle exemplarité de vie, une femme consacrée conjugalement, morte de fatigue plus encore que d’un cancer tardif, un homme de sports, d’entrainement, simple dans sa petite entreprise, local et Alsacien au possible, attentif. A la mort de son meilleur ami, compagnon de foot et de vélo, sa mère, la grand-mère chérie de ma femme, sent en arrivant devant le cercuel comme une chappe de douleur lui tomber sur la tête et les épaules, elle s’affaisse puis se ressaisit, mais elle contracte un zona nuque et épaules, et reste au lit trois mois. Marguerite avec une lenteur réfléchie et émue, ni peur ni timidité, entrevoit d’abord la tête de profil, puis va à son grand-père couché dans le dernier lit, le cercueil. Elle me dit quand nous sommes revenus ici, que ce sont les mains, le plus vivant de nous-mêmes, qui changent le plus. Le visage est intact, impeccable, bien préparé. Jamais vu un cadavre aussi intact et soigné. Force et douceur, union avec ma femme et notre fille, bénédiction de mes beaux-parents. Dialogue téléphonique avec le Père Didier M. pour cet après-midi : épître à lire par mon neveu David, et les prières universelles par Marguerite. Evocation de la visite mortuaire par Marguerite. Ministère longtemps en paroisse rurale, les morts chez eux, la vie autour, la familiarité, la continuité. Non pas la fragmentation et l’asepsie d’aujourd’hui. Le synode dont je dis espérer qu’il ne traite pas hors contexte du divorce et des remariages, ou des avancées médicales pour la procréation, mais prenne l’ensemble de notre culture et de la société où elles en sont, où nous en sommes. Il exprime en très peu de mots ce que je ne concevais pas aussi bien. Le risque, probable sinon certain, qu’on ne traite que de morale et pas de foi. Ce n’est pas la morale qui est première, mais la foi, c’est la foi qui nous fait nous comporter devant la mort, devant l’amour, tout. Je ne restitue pas bien. Et évidemment, la foi, c’est la confiance en une Personne. Atteignable et présente, précise.


[1] - Actes des Apôtres I 12 à 14 ; Magnificat Luc I 46 à 55 passim ; évangile selon le même saint Luc I 26 à 38

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