mardi 11 novembre 2014

quand le Seigneur conduit les pas de l’homme, ils sont fermes et sa marche lui plaît - textes du jour

Mardi 11 Novembre 2014

06 heures 49 + Je me suis effondré de sommeil sur ce clavier, enregistrant au hasard des dépêches d’agence, présentées brutes et simples, il y a quelques années, englouties aujourd’hui dans la publicité, les photos. Embarqué dans ce corrigé d’une œuvre de débutante qui m’apporte tant, aussi bien l’intrigue peut-être d’un récit à triple héroïne mais à unique étoffe d’illusion, celle qui délivre la vérité, la vérité de nous-mêmes. Le gaspillage apparent de tout ce qui est censé m’être donné ou m’appartenir, temps et énergie, vie ? j’écris du ressenti et du témoignage, pas tant du raisonné et de l’élaboré, mon échec éditorial permanent vient-il de là ? ou est-ce amasser pour lier et brandir une gerbe ? au moins, la laisser à qui la prendra. A mon éveil, la chair et la vie, le corps et le souffle de ma femme à mes côtés. Mon corps et mon souffle pour elle ? notre amour mutuel, son mystère de plus en plus. Notre pays et ses fantoches, ceux que nous secrétons, NS et Nabila, ces passions de la notoriété que nous laissons nourrir par d’autres devenant les représentants de notre inanité nationale quand ce n’est que devanture. Notre tréfonds est autre, il y a cette matrice des événements et la présence alors de nos âmes, la matrice de ce l’histoire et de la géographie, chaque peuple allant de son éparpillement à sa constitution et retour. Je ne crois pas que le néant ni la folie l’emportent jamais, ni dans l’histoire, ni dans la dialectique du cosmos, ni dans nos vies. Je vais tâcher de l’écrire pour l’armistice de 1918. Et il y a ces chocs bienheureux des dialogues et de la signification de l’autre par ses mots et son regard. Hier soir, JPJ en quelques lettres, puisse-t-il tenir dans le désarroi ! l’évanescence possible de son chef et des entourages et que de l’épreuve sorte enfin la consistance. Hier soir et ce matin, ce camarade d’adolescence, à l’intelligence magnifique et dont pourtant le propos, la présence, la véritable image qui me demeurent ne sont pas son visage à notre revoir en » promotion » quoique ce visage avait encore beaucoup d’enfance, mais le mime de la pensée, ce thème qu’il avait choisi pour notre classe de mime et d’expression. Rarement, le témoignage d’une pensée et d’une synthèse ne me paraît quand je le reçois ainsi qu’hier et ce matin, aussi différent de ce que je conçois et pense moi-même et cependant aussi convergent avec tout ce que j’en tire. – Battue « administrative ».  Je demande que les assassins probables de cinq de nos chiens, tirer sur un animal familier de l’homme, étonné et curieux de la rencontre, et qui n’a pas le temps de s’épouvanter de ce que face à face, à touche-touche, un soi-disant humain lui inflige, la mort dans l’absolu de la non-tendresse… que ces « êtres », dits humains, si limités qu’ils en sont inaccessibles, soient écartés de cette chasse qu’on nous inflige au prétexte de protéger, en fait de venger, quelques semis dans notre alentour. Je demande aussi qu’on ne tire pas chez nous, mais en dehors de nos limites : symbole du refuge qu’est chez nous, mais dérisoire ? sauf à changer le monde entier. Hier, quatre animaux « prélevés » sans un coup de feu, je ne peux l’expliquer que par un massacre, les sangliers déchirés et dépecés vifs par les chiens. Quelques rares grognements et cris, que je pouvais confondre, très proches de notre maison, dans la sapinière épaisse, avec des manifestations de chiens. Je ne sais.
Ce matin, j’arrange la vie, il fait pluie et encore nuit, nos chiens éveillés, attentifs, les deux habitués de ma place au lit quand je la cède, le thé à apporter à ma chère femme qui continue de sommeiller, la visite d’amour à notre fille pleinement endormie, et tous les autels ainsi préparés pour le début de ce jour, j’arrive à la synthèse, à la démarche qui m’amène à bien plus que l’essentiel, introibo ad altarem Dei, qui laetificat juventutem meam. A certains messes, je sanglote d’âme dans la mémoire de certains de ceux qui sont morts dans le drame de leur vie, selon le peu que j’en sais ou que je reconstitue.
Le texte d’aujourd’hui sur l’honneur – Isaac le Syrien en commentaire – est saisissant d’adéquation avec ce que nous vivons, ce que je ressens (« les nouvelles » et le grand pantomime).  Dis leur de mener une vie sainte, de ne pas dire du mal des autres… Mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur, il connaît les jours de l’homme intègre qui recevra un héritage impérissable. Quand le Seigneur conduit les pas de l’homme, ils sont fermes et sa marche lui plaît. [1] Le constat du psalmiste, le conseil de l’Apôtre, tous deux si pratiques, complets : fais confiance au Seigneur, agis bien. Et le résultat ? apparemment paradoxal : rien… quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : « Nous sommes des serviteurs quelconques, nous n’avons fait que notre devoir ». Mais cette humilité, signe absolu de notre docilité et de notre foi, est alors notre joie, l’ineffable arrivée à la conclusion de notre destin. Jésus donne les deux portraits, la sobriété qui fait voir et comprendre : lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : « Viens vite à table » ? Ne lui dira-t-il pas au contraire ? … Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? qui étaient : prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite, tu pourras manger et boire à ton tour. C’est après que le Christ soit mort et ressuscité, que nous vivons. Il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Ainsi soit-il.  


[1] - Paul à Tite II 1 à 14 ; psaume XXXVII ; évangile selon saint Luc XVII 7 à 10

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