dimanche 18 janvier 2015

Samuel alla se recoucher à sa place habituelle. Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois… - textes du jour


Dimanche 18 Janvier 2015

 
Grasse matinée relative… je ne me suis éveillé que vers sept heures et demi, et ne suis à ce clavier que maintenant. Il pleut paisiblement. Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Faire preuve universellement de plusieurs choses très simples : l’humanité n’est qu’un seul peuple, la transcendance ne doit pas la diviser mais l’unir,  la connaissance mutuelle y compris de ce que chacun déteste et de ce à quoi chacun croit et aspire est décisive. Se mettre à la place de l’autre. Le roi de Jordanie le mieux placé pour conclure : l’irresponsabilité des rédacteurs et illustrateurs de Charlie-Hebdo : il était à la marche républicaine ( !) de Paris, il accueille sur son sol des centaines de milliers de Syriens et la France a installé chez lui d’admirables hôpitaux sous tente  pour les camps de réfugiés. Honneur hier soir de ce dialogue avec l’un de nos évêques les plus notoires, écho de mes circulaires vers l’Elysée que je lui avais communiquées et motivées [1]. Arriver à parler la même langue puisque nous prions le même Dieu, unique et compatissant. Lez pape François fait de mieux en mieux distinguer ce qu’il y a d’infaillible dans la parole pontificale parce qu’exprimera l’inspiration généralement reconnue par l’ensemble des chrétiens, et ce qu’il ya de simplement personnel et de bonne volonté. Ainsi, son aveu à propos des attentats-suicides, que je m’explique, sans originalité, à la fois par la haine éprouvée par certains ou inculquée à certains pour telle situation ou telle société ou même telle personne emblématique, par la fierté d’accéder à la gloire et par le goût du martyr… la cause qui dépasse. Mais l’ensemble est désespérer de Dieu et de ses desseins, sauf à réfléchir – intensément – et à prier le martyr du Christ, martyr volontaire et conduite suicidaire, provocante même vis-à-vis de ses ennemis à longueur de son ministère dit public… Prier pour que nos dirigeants aient cervelle, cœur et apprennent discernement et méditation au lieu de leur propension à communiquer… communiquer de la banalité ou de l’imprudence…


Prier… voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. [2] L’appel de Samuel, déjà consacré par sa mère Anne à Dieu et au service de l’autel. L’appel nocturne de l’enfance, cela m’avait ravi et passionné à mes six-huit ans… Samuel, Samuel… Va te recoucher et s’il t’appelle, tu diras : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Samuel alla se recoucher à sa place habituelle. Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois… [3] Fécondité… Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet. Même dialectique pour Pierre qui est amené au Christ, comme Samuel à Eli, par un tiers : son frère, Samuel, sa mère. Un appel personnel suit et consacre cette présentation à Dieu, notre présentation à Dieu par notre baptême : André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Pierre… La suite et la fécondité, c’est nous. André a amené Pierre à Jésus d’expérience. Lui et Jean, tous deux disciples du Précurseur qui leur avait clairement indiqué le Christ (Posant son regard sur Jésus qui allait et venait… celui-ci en fera autant dans le Temple… il dit : « Voici l’Agneau de Dieu »), suivirent Jésus… et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Le détail de ces vocations. La foi chrétienne se nourrit d’une contemplation des faits, celle de nos frères musulmans se nourrit de la grandeur, quasiment de l’impossibilité, le chemin de l’immanence est pour eux l’immédiat, notre chrétienne est au contraire à degré, à histoire collective et personnelle. Nos différences, davantage devant Dieu que devant les hommes, sont sans doute à propos de la liberté. La toute-puissance divine permet ou refuse tout au croyant tandis que le chrétien, mais à toutes époques de la spiritualité, cf. le jansénisme et la prédestination, son désespoir et sa possible rigidité, se sait appelé à collaborer. Mais ensemble, musulmans, chrétiens, juifs certainement doivent être des créatures d’action de grâce pour ce qu’ils reçoivent et de disponibilité : à Dieu et au prochain. Nous vivons sans doute comme pendant ces guerres mondiales du XXème siècle une époque où vraiment Dieu pose son regard sur nous. Amen.


[1] - Merci de vos messages.
Ceux d’aujourd’hui correspondent à ce que je viens d’entendre de la bouche d’un évêque d’Algérie que j’avais au téléphone il y a un instant.
La nouvelle caricature de Charlie Hebdo, qui est pour nous anodine, est reçue comme une nouvelle et violente provocation.
Des manifestations ont lieu dans tous les pays arabes.
La présence du Pdt Hollande à la grande Synagogue, sans geste équivalent pour les musulmans, est perçue comme une offense.
Que le Seigneur nous montre comment être des artisans de paix.
Bien respectueusement à vous et bon dimanche.

Vous avez tout à fait raison, Eminence, mon Père.
C’est très dangereux, et le plus grave est que nos gouvernants n’en ont pas conscience. Il est de plus en plus paradoxal de demander à l’Islam, particulièrement aux Français musulmans, de se désolidariser de l’extrêmisme et du djihad, ou aux monarchies pétrolières d’être moins ambigües vis-à-vis de l’Etat islamique, et de ne pas prier les Français juifs de se désolidariser des pratiques de l’Etat d’Israël depuis 1967, sinon même d’Israël en tant qu’entité politique, ni les Etats-Unis de ne plus soutenir en tout, finances, armement, diplomatie un tel Etat. Nous sommes en train d’arriver à un total retournement de situation. Loin de nous comprendre, les pays arabo-musulmans vont finir par croire qu’après tout l’Etat islamique pourrait se comprendre et même se justifier. Nous avions craint, et nos compatriotes musulmans aussi, un amalgame entre djihadistes et croyants tout bonnement, et voici que l’amalgame risque de se faire entre ces Etats, dont nous avons vitalement besoin sur le terrain – vous le savez mieux que personne en France par vos voyages et votre « fait-et-cause » pour nos frères d’Irak – pour réduire le « daech », et ce soi-disant Etat islamique ou projet d’un gigantesque Califat.
 Le discernement à souhaiter et à prier pour nos dirigeants, commence d’ailleurs par un art de penser et un  consentement à la méditation, au lieu de la course à la communication. De Gaulle était ainsi dont il a été rapporté qu’il arrivait des après-midi, à dessein sans réunions ni audiences. Le Général était des heures durant, les mains à plat sur sa table de travail, la lampe de bureau éteinte, quant au téléphone, on le lui apportait du dehors avec un long fil. On n’appelait d’ailleurs pas le général de Gaulle. Ce matin, de Tulle, où le soir du 6 Mai, il y avait eu d’excellentes phrases pour le changement en « françafrique », condamner les cortèges à l’étranger contre Charlie-Hebdo. était se faire moins entendre que jamais. Le silence sur ces manifestations hostiles aurait été  bienvenu.
 Filialement et fraternellement, avec déférence, Eminence, mon Père. Il faudrait, comme auprès de Louis XIII il y eut à la fois Vincent de Paul et le grand cardinal, des hommes et des femmes à l’Elysée de culture et de recul, sans aucune appartenance avérée. J’attends un écho de Jean-Pierre Jouyet et espère sa lecture, même cursive, du texte conciliaire de 1965.

[2] - cantique d’Isaïe XII 2
[3] - 1er livre de Samuel III 3 à 19 passim ; psaume XL ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens VI 13 à 20 ; évangile selon saint Jean I 35 à 42

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