lundi 16 février 2015

le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer - textes du jour

Lundi 16 Février 2015



                           Bien dormi, je ne suis pas terrassé par le retard que j’ai pris en tout, et même pour l’immédiat : rangements ici, écriture. Comme si une force – la Grâce – me tenait désormais que j’ai atteint le fond avec tous les handicaps et limites de l’âge, et le poids des conséquences de tout mon parcours, de ces non-sagesses qui me sont échues, ou de… peu importe, je marche, suis éclairé, aidé et entouré. – Terrifié à la découverte des programmes de baccalauréat pour lesquels en 1ère S je dois aider Alexis M. : les intitulés montrent le désordre mental, l’absence de structures que nous sommes en train de transmettre, et cela, depuis combien de temps. Il me semble l’avoir pressenti il y a dix-vingt ans en feuilletant un manuel d’histoire. A cela ajouter ce que ma chère femme m’a fait  vivre par le partage de son expérience au jour le jour, et surtout la lettre que nous avons écrire ensemble selon son premier, son souvenir et ses papiers au recteur d’académie. Comment ne pas comprendre le désordre intime qui régit la politique française et la vie personnelle de chacun des jeunes, les quartiers et notre errance nationale, sont là… la source des grands enseignements, des structures d’un pays est devenue nauséabonde, insipide. Rien que le dévoiement de Sciences-Po. depuis vingt ans alertait déjà. Pour l’ENA, je ne sais pas. La prolifération des cabinets de conseils, et maintenant pour tous les grands marchés à refaire, la marche et les fusions (braderies) de nos entreprises, ce sont ces parasites du « consulting », généralement et « en plus » étrangers. Perdus ? non, mais réagir. Résultats ambiants, loi Macron ou “réforme” territoriale. Que de l’hors-sol, de l’artifice¸de l’anaérobie avec la prétention de suprématie, de souveraineté intellectuelle, mentale, dogmatique. Pédagogie des fous aux générations arrivantes… Le dénuement est là, avec ce qui aggrave : le refus d’en être conscient, on est formidable, grand pays… nous nous sommes détruits de l’intérieur. POMPIDOU et le latin, les préfectures et les affluents, la dynastie. En est-il de même pour les mathématiques ? les sciences expérimentales ? au contraire, par Marguerite tous les bienfaits de l’informatique, de sites, de séries et de films. Il y a un choc… entre des avances et des vides… il en est de même pour l’évangélisation, cf. dialogues d’hier au téléphone avec ma chère femme et à Saint-Joachim. Idem pour l’entreprise européenne, la façon terrible dont nous avons traité et si superficiellement les adhésions des pays anciennement dominés par l’URSS. Le contre-sens que nous avons fait à l’égard de celle-ci. Peut-être celui d’une décolonisation aboutissant presque partout, du moins dans notre imperium  à la dictature, à la corruption. Trait tiré et résultat final : le djihadisme ? non. De même qu’il n’y a pas eu l’anéantissement nucléaire. Chemin ? je vois l’horizon, le premier pas aussi… mais entre là-bas et tout de suite ?
Prier…  [1] pages choquantes que ce destin de Caïn, admirablement imaginé pour sa suite errante et terrible par Victor HUGO, l’œil était dans la tombe et regardait Caïn  et l’interrogation de Dieu : aussi impérieuse que son interrogation à Adam : où es-tu ? où est ton frère Abel ? pourquoi une offrande agréée et pas l’autre. Jalousie fondée de Caïn, mais l’assassinat ? conseil ou diagnostic spirituel de Dieu ? destin à la Judas en toute prescience de Dieu : ce que tu as à faire, fais-le vite ! L’histoire est vite dite, mais nous continuons de la vivre : le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et son offrande, il ne le tourna pas. Caïn  en fut très irrité et montra un visage abattu… Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien.., le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. Liberté sans aide ? Différence des offrandes, des produits de la terre selon Caïn, et les premiers nés de son troupeau selon Abel. Sociologie, civilisations, économie politique, soit, mais pourquoi ? l’un berger et l’autre cultivateur, l’un béni mais tué de mort violente, l’autre…. Pas de réponse qui me vienne à l’esprit… Donc prier… notre monde a aussi cette illisibilité, si souvent. L’innocence pourquoi ? et l’envie ? assassine. Pourtant, Dieu mettant Caïn au ban le protège physiquement… il y a une suite, que nous ne savons pas mais que nous vivons, de même à la suite du péché et de l’expulsion d’Eden, il y a une suite.
Le secret de ces jours, malgré l’échec apparent : le temps perdu du fait de ma distraction ou de mon inorganisation, de mes inapplications, l’écriture compris mais pas encore effective, quantité de modes d’emploi pour ce que je veux réaliser et dont je sens que c’est impérieux et utile, le secret, c’est que je suis décapé. Je n’y puis rien, c’est inattendu, ce m’est donné. Oui, je suis aidé et soutenu. Voulu tel que je deviens, tel qu’il m’est demandé, je crois, de devenir et de faire. D’être ?. Mais ce n’est pas moi qui précise. Dieu qui nous demande d’être adulte et debout : qu’as-tu à réciter mes lois ? … toi qui n’aime pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles ? … Penses-tu que je suis comme toi ? Heureusement, non ! Puis, il les quitta, remonta dans la barque et il partir vers l’autre rive. Qu’avaient donc fait les pharisiens ? pour le mettre à l’épreuve, ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. L’acharnement de la non-foi… qui n’est pas du tout une adhésion ou pas à des contenus ou à des dogmes, qui est simplement un refus de cette présence, de la personnalité de Dieu tel qu’Il en est tel qu’Il nous donne la nôtre. Caïn pourtant… mon châtiment est trop lourd à porter. Voici qu’aujourd’hui tu m’as chassé de cette terre. Or, il est agriculteur. Mystère de nos vies, qui ne se résout quand dans la foi, la prière, l’écoute, la confiance. La prière.

Hier
Tandis que j’arrivais ce matin à Saint-Joachim, juste avant la messe, téléphone de ma femme, en larmes à l’évocation de la prière et des chants à Béthel, la veille pour une messe dominicale anticipée : maison de retraite aussi… sa chère Tante Marraine, perdue de mémoire, interrogeant pourquoi son mari adoré ne vient-il pas la chercher de là où il se trouve, une telle ferveur, les yeux tellement bandés, le cœur seul présent. Au téléphone, en milieu de semaine quand ma femme lui donne l’appareil, elle ne sait que dire et répéter : Bertrand, je vous aime beaucoup… et cette cinquantaine de vieillards, perclus, en aube et étole mais se tenant à peine debout pour le etit nombre qui n’est pas en fauteuil roulant, qui chante, prie, communie. La voix chevrotante pour une admirable et audacieuse homélie. Ma question plus tard à mon cher Denis, lui aussi, sans mémoire précise pour des pans entiers de sa vie immédiate, son incapacité de se situer là où il vit désormais, ni dans le temps, mais les dialogues de fond possibles et le montrant intact. Votre foi, cher Père, le sacerdoce, vous aident-ils à vivre ce que vous vivez ? Il a le bras droit qui maintenant s’alourdit et dont les mouvements sont lents, parfois la main se dissimule, ou l’avant-bras pend. Il me répond. Oui, donner la communion, les sacrements, je les reçois alors doublement. Je ne lui réplique pas qu’il est désormais inerte dans son fauteuil roulant à la messe et n’administre plus. N’importe. Il ajoute que la communauté, ces prêtres, ces camarades dans la vie diocésaine, ordination à Pâques 1956… le soutient qu’il en est heureux, et il y a la prière. Définition non sollicitée et que je reçois, c’est écouter, écouter. A l’accueil, une religieuse de Ker Maria, quarante-cinq ans de vie consacrée, plus de vingt-cinq ici et au service de vieillards. Elle insiste : l’évangile, l’évangile.


[1] - Genèse IV 1 à 25 passim ; psaume L ; évangile selon saint Marc VIII 11 à 13

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