mardi 3 février 2015

les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi - textes du jour

Mardi 3 Février 2015

                       L’annonce de la mort proche, possible et datée, est une grâce. Elle ne détache de rien, elle détache de l’attachement. Elle ramène à l’essentiel, les responsabilités. Celles, ceux qu’on aime, que j’aime. Les devoirs à remplir. Elle est une grâce, elle envoie en mission d’urgence, avec elle tout se rapproche et devient vivant. Pascal V. énonce le faux dilemme de l’Eglise à propos de la maçonnerie, mais qui peut s’appliquer à presque toute l’incarnation, à la stricte humanité de tout religieux, de tout homme, de toute femme marqués par le sacrement, la consécration, le don de soi, la soi-disant double appartenance. Non, elle n’est pas dédoublement de la foi, et adhésion à des contenus contradictoires ou séparés. Elle est au plus question d’organisation et de discipline. La mort possible et proche dit la vraie double appartenance et combien celle-ci est féconde, tous nous appartenons à la vie et à la mort. La mort nous introduit à la vie, pas seulement et pas d’abord à la perspective de l’éternité qui « suivrait » la vie, lui succèderait… comme tout cela en mots et en concepts est impropre et inadéquat… la mort nous introduit à la vie, parce qu’elle nous donne fortement le prix de la vie présente, qu’elle fortifie et structure la vie précieuse et présente. – Vient alors l’ineffable. Dieu nous donne de naissance ou de circonstance, de baptême ou de notre bonne volonté, Dieu nous donne la foi, mais quand vient l’annonce à court, moyen ou long terme, alors Il nous donne infiniment plus. Il nous donne Sa grâce, la grâce sensible de savoir que dans la marche vers ce terme, Il vous nous aider et pourvoira à tout, aux urgences. Il nous en donnera la force si celles-ci sont vraiment des urgences et notre mission. Il donnera aux nôtres, à ceux dont intensément nous ressentons devoir donner et prévoir sécurité et bonheur, Il leur donnera tout que le temps peut nous manquer pour le leur donner nous-mêmes. Dieu compagnon grâce à la mort. La grâce enveloppante grâce à cette conscience qui nous est soudainement imposée : la mort possible et proche.
                         Justement, l’hémorroïsse et le miracle presque ordinaire, quoique nos textes soulignent la durée des souffrances et l’impuissance des professionnels, mais plus encore la supplication exaucée, celle du père pour sa fille, et aussi pour lui-même dans son affection intense. Ces textes nous commentent, nous, dans nos événements, dans mes événements, plus encore qu’ils ne commentent et révèlent le Christ. [1] Jésus ne parle pas dans des lieux quelconques et c’est toujours noté : la synagogue, la montagne, la mer… Il était au bord de la mer.  Deux « choses » à la fois… cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement… A l’instant, l’hémorragie s’arrêta et elle ressentit das son corps qu’elle était guérie de son mal. Le miracle le plus discret, le plus physique. Et la résurrection de la fille de Jaïre, important notable, un des chefs de synagogue. Manifestement croyant, comme l’est l’hémorroïsse : si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. Réponse du Christ : l’enfant n’est pas morte, elle dort. Simplicité du miracle, là encore. Il saisit la main de l’enfant… « Jeune fille, je te le dis, lève toi ! ». Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher. Je dis et je vis : simplicité du miracle, parce que Dieu est d’autant plus discret, d’autant plus à notre portée, dans notre langue, dans ce qu’il nous arrive, en fait nous donne pour que nous avancions vers Lui et donc en emmenant celles et ceux que nous aimons, Dieu d’autant plus discret qu’Il est fort, qu’Il est présent. – Grâce de l’événement qui nous plaque à la prière et nous fait ressentir que nous serons aidés, accompagnés. Là est le vrai salut, à proportion de ce que nous avons à vivre. Ce commentaire de l’aumônier, à la clinique Océane, à qui je demandais quelque témoignage sur la mort de notre admirable Frère Claude, moine de Kergonan : il se savait aimé. 
                         Jésus dialoguant, répondant mais après avoir guéri… ma fille, ta foi t’a sauvée… voilà pour l’émorroïsse tandis que la foule, pour Jaïre, a seulement à dire : ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? Même attitude simpliste des disciples : Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : « Qui m’a touché ? ». Mais lui regardait tout autour celle qui avait fait cela. Divinité, humanité. Comment l’Eglise qui croit déceler une double appartenance chez certains ! peut-elle enseigner Dieu incarné ??? qu’elle reprenne conscience de ce qu’Elle est elle-même, et vous cher Pascal, ne décidez rien par vous-même. Vous avez vécu une mort, elle a un sens, il va vous venir, priez, demandez, attendez. Rien ne peut effacer votre ordination ni votre élan de foi et de confiance pendant quarante ans. C’est là-dessus que vous devez méditer, pas sur le fonctionnement de l’Eglise… ne crains pas, crois seulement. … Ils furent frappés d’une grande stupeur. Eh oui, Dieu est stupéfiant de justesse avec nous. C’est lui qui nous fait accomplir l’impossible, plus fort que les miracles. Il nous fait aboutir, Il fait aboutir sa Création entière. Entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien – courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée… Le Fils de l’homme face à la perspective sa mort affreuse pendant tout son « ministère public » et bien plus précisément, pour nous, ses sœurs et frères d’humanité, sa foi d’homme en Dieu, son Père. Donc la Résurrection, en perspective aussi. Nous, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Ainsi soit-il ! celles, ceux – particulièrement celles, ceux qui m’ont donné à connaître ce qu’ils apprenaient puis commençaient de vivre au jour le jour… prions et recevons ensemble. Vous ne serez pas accablés par le découragement.


[1] - lettre aux Hébreux XII 1 à 4 ; psaume XXII ; évangile selon saint Marc V 21 à 43


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