jeudi 12 février 2015

tous les deux, l'homme et sa femme étaient nus, et ils n'en éprouvaient aucune honte l'un devant l'autre - textes du jour

Jeudi 12 Février 2015


Café et le temps qui coule, le jour levé. L’enjeu de cette journée dont j’espère qu’elle appellera aussi celle de demain et celle d’après-demain. Ecrire me fait cette fois entrer dans l’imprévu, pas seulement pour ce qui se construit du texte, mais pour ce que cela produit en moi, de prise de conscience et d’action de grâce je comprends ce que je vis et ce que j’ai vécu et si je ne peux nommer ni décrire ce vers quoi je vais, je ressens profondément et clairement que c’est bon, logique, que cela aboutira. Cela : ma vie, la vie. Ce dont j’ai été guéri par notre mariage sans que rien ne soit atrophié ni effacé en moi. Perception enfin que ce qui longtemps était en acte ou en mémoire des situations, des événements, de la rencontre, des faits, était et fut en réalité des personnes. Ce n’est pas le passé qui m’habite aujourd’hui et ces années-ci, ce sont elles, et elles font « bon ménage » avec qui j’aime et qui m’a donné la grâce de l’unité intérieure. – Prier… [1]deux comportements étranges faisant une rencontre dfécisive. Le Christ, soit public et donné, soit furtif si je peux l’écrire ainsi, se réservant pour se ressourcer après un événement ou avant. C’est un homme qu’on pourrait croire, en psychologie, toujours en représentation, exposé à la multitude et ayant donc vitalement besoin de recueillement et de solitude. En quoi la prière est une véritable reprise de souffle. En réalité, le Christ est un homme de dialogue, constamment en demande implicite d’être reçu, compris, prié d’agir, de guérir, de sauver, de racheter. Il est comblé quand Il est rencontré pour qui Il est et pour ce qu’Il est. Donc il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester inaperçu. Face à lui, une étrangère, une inconnue, a priori le degré zéro de l’intimité avec Dieu. Une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. Dialogue, c’est le Christ qui dit la situation mais par parabole. La femme la comprend, ce qui n’était le cas ni des foules ni des disciples, et elle « saisit la balle au bond ». Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens (Jésus n’est guère gratifiant et n’accueille apparemment pas). – Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! Ce n’est pas un acte de foi, c’est le face à face le plus simple, le vrai, c’est Jacob et l’Ange, une forme de lutte qui pourrait rester rhétorique. Mais le Christ entend et voit bien davantage : les évangiles sont sans doute les faits, gestes et paroles du Sauveur, mais ils sont tout autant – pour la gloire de Dieu, pour la réconciliation intense des créatures avec leur Créateur – un recueil des actes de foi et de confiance des hommes, des humains allant au Christ et Le reconnaissant pour ce qu’Il est et pour ce qu’Il est venu accomplir en ce monde, en notre chair, en nos vies, en notre vie.  Réponse de Jésus, souvent : la guérison certes, la grâce et le bienfait demandés et qu’Il accorde, mais surtout l’expression de Sa propre admiration. Compassion et admiration, le Christ et ses frères d’adoption, d’incarnation. Et la délicatesse, constante, de nous faire acteurs effectifs de nos guérisons, de notre salut. A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. 
Les deux compagnonnages de la créature humaine : le couple, son mariage, cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair…  tous deux ne feront plus qu’un (dialectique analogue à celle de la relation Créateur-créature, à l’image, à la ressemblance l’une de l’autre, critère et raison du couple ? pas que cela, mais difficile à approfondir, cela se ressent) et la relation de l’homme à Dieu, au rédempteur, au protecteur, au pourvoyeur, certes, mais à Dieu sans « fonction », ni qualificatif, simplement parce qu’Il est Dieu, notre Dieu.


[1] - Genèse II 18 à 25 ; psaume CXXVIII ; évangile selon saint Marc VII 24 à 30

Aucun commentaire: