mercredi 27 mai 2015

Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte - textes du jour

Mercredi 27 Mai 2015


07 heures 47 + Les naufrages… nos amis B., mon tapir et les siens… une bonne partie de l’humanité (la meilleure parce que la vraie et la consciente) : handicaps, injustices, malchances, je ne sais pas les noms, mais je souffre intensément de ce que souffrent ces autres, proches, fréquentés physiquement et mentalement, ou visités en pensée… et nous, mes aimées et moi, nos efforts, nos craintes, et ce à quoi nous sommes exposés… cette fragilité de nous et des autres… plus j’avance, non en âge, mais en l’existence humaine, la mienne, celle des autres, plus j’éprouve que la seule force vraie, efficace est bien l’amour. Par quel miracle prospère-t-il ? nous est-il donné ? c’est le miracle de la vie, la vie dans sa globalité, ses cohésions et cohérences, c’est la Création … je ne sais pas bien le dire ni l’écrire. Je le ressens, et c’est le même mouvement que celui de prier : demander et remercier sont le même geste, et la même posture d’âme. On ne peut demander sans espérance ni expérience déjà du don. – Les disciples, le cercle proche du Christ, la foule des suivants, cette sorte de cortège inorganisé mais si dense qui « monte » à Jérusalem, est terrorisé. Exactement nous, notre monde actuellement. Terrorisés par l’évidence que les puissants du moment veulent « la peau du Christ », confirmés dans cette terreur par les détails que leur donne Jésus, vivant Sa mort et notre rédemption depuis Sa naissance humaine et en pleine conscience d’homme. Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. [1]  C’est pourtant un peuple, et nous en faisons partie, familier des psaumes et de l’espérance : et nous ton peuple, le troupeau que tu conduis, sans fin nous pourrons te rendre grâce et d’âge en âge proclamer ta louange… Ton bras est fort : épargne ceux qui doivent mourir… Que nous vienne bientôt ta tendresse, car nous sommes à bout de force !

09 heures 44 + Interruption ? emmener Marguerite à l’école. Hier soir, en rentrant de sa gymnastique à Vannes (beauté de deux adolescentes s’entraînant à la roue, l’une avant, l’autre arrière, sur poutre et qualité de leur enseignante), question : il est à quelle hauteur, le ciel ? Les handicaps ou le regard sur soi-même au physique : Myriam B. la couleur de sa peau qu’elle juge trop mate. Je commente pour épouse et fille, chacun a sa difficulté (avec soi-même, certes, mais objectivement ? je le crois de moins en moins : nous sommes chacun tellement valables), mon dos évidemment, mais s’il avait été droit et parfait, j’aurais été un Adonis, donc puant. Répliques : ma chère femme, mais tu es puant même sans être Adonis. Notre fille, c’est qui, Adonis ? Je réponds. Elle enchaîne : il n’y a pas de beauté masculine dans le monde. – Encore un naufrage qui en fait apprendre un autre, bien plus vaste encore : ce couple de jeunes Russes, nationaux du Kazakhstan, persécutés là-bas et refusés d’asile chez nous. Une ordonnance de la Cour nationale du droit d’asile rendue sans contradiction, des appels difficiles et non suspensifs, la superficialité du premier crible en recevabilité à la Cour européenne des droits de l’homme : j’en sais quelque chose. Non seulement, chez nous et en Europe, guère de compassion, mais plus objectivement, l’Etat de droit ? Là est un vrai naufrage quand augmente, comme ces années-ci, la conscience humaine des solidarités nécessaires face à tant de catastrophes naturelles et humanitaires. Mais aussi des signes de résurgence possible : la prise de conscience de l’obsolescence des partis sinon des systèmes politiques, au moins chez nous, mais dans toute l’Europe méridionale et orientale, le slave et le gréco-romain… la création artistique et littéraire : ces assises internationales du roman, organisées par Le Monde et la Villa Gillet à Lyon, l’entretien avec Kenzaburô Oe, Nobel japonais en 1994, un frère à découvrir. Octogénaire, écrivant depuis l’âge 22 ans (mon journal commencé à mes 21 ans). Pour avancer dans la vie, l’écriture est finalement le seul chemin que je connaisse.  Il y a trois jours, je titrai quelque chose à approfondir : à la recherche d’un livre, le mien, et voici qu’Oe a publié en 2009 : Adieu, mon livre [2]. Et dit aujourd’hui : j’essaie de réfléchir sur ce qu’est la dignité de l’homme.
Je reviens à l’autel du matin. Le livre constamment actuel, car toujours proposé en langage contemporain, ce qui n’a rien de littéral, mais signifie et fait éprouver que la lectio divina, parce qu’elle est dialogue d’âme à âme, Dieu et l’homme : la Bible en chacun de ses livres. Et sans doute, s’il n’est pas récité en posture figée, mais prié : le Coran, même si pour le chrétien, il n’est qu’un seuil indiquant qu’il y a beaucoup de portes vers le divin tandis que la Bible, après avoir tant dit la promesse et l’attente, les confirme et donne raison à l’homme dans toutes ses nostalgies et intuitions, dans ses vagabondages et ses immobilismes. Dieu parmi nous et à notre portée, au point que nous avons pu Le crucifier. L’Incarnation, et quotidiennement l’Esprit Saint. – Ecoute la prière de tes serviteurs, selon ta bienveillance à l’égard de ton peuple. Et tous, sur la terre, le sauront : tu es « le Seigneur », le Dieu des siècles ! Prière splendide du Siracide : rends témoignage à tes créatures des premiers jours, réveille les prophéties faites en ton nom… que tes prophètes soient reconnus dignes de foi.
Jésus ne rassure pas les siens, au contraire : il se mit à leur dire ce qu’il allait lui arriver. Jésus est le plus important, détaillé, décisif de Ses prophètes. Réaction des Douze, typée par  les fils de Zébédée… « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Qu’ont-ils donc compris ? peut-être l’essentiel, le dénouement : il ressuscitera, mais sans rien retenir des étapes. Jésus les y ramène : la coupe que je vais boire, vous la boirez, et vous serez baptisés du baptême d ans lequel je vais être plongé, et ne leur garantit rien quant à ce qu’ils demandent et que doit leur accordé ce martyre dont ils s’estiment capables et qui va leur être infligé. Houvari des autres disciples et Jésus calme Sa troupe : celui qui veut être premier parmi vous sera l’esclave de tous. Le centre, c’est Lui, simplement et logiquement parce qu’Il est le Rédempteur et Sauveur. Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. – C’est le dernier mot avant la prière de la mort, avant la prière du changement, du passage au Dieu des siècles.


[1] - Ben Sirac le sage XXXVI 1 à 22 passim ; psaume LXXIX ; évangile saint Marc X 32 à 45

[2] - Le Monde daté des 24 et 25 Mai 2015, pp. 1 et 16

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