jeudi 11 juin 2015

Bx Ignace Maloyan Évêque arménien et martyr . 1869 † 1915




Ignace, au siècle Choukrallah, Maloyan, fils de Melkon et Faridé, est né à Mardine, en Turquie, le 19 avril 1869. 

Le p. Joseph Tchérian, discernant en lui des signes de vocation, l'envoya à l'âge de quatorze ans au couvent de Bzommar, au Liban. Là, il termina ses études supérieures et en la fête du Sacré-Cœur de 1896 il fut ordonné prêtre Bzommariste sous le nom d'Ignace, en souvenir du grand Saint Martyr d'Antioche.


En 1897, il est envoyé en mission à Alexandrie, puis au Caire où il acquit la renommée d'un prêtre exemplaire. En ses heures libres, il étudia le français, l'anglais et l'hébreu, pour mieux comprendre les Saintes Écritures. Le Patriarche Boghos Bedros XII Sabbaghian, remarquant ses qualités exceptionnelles, le nomma son secrétaire privé en 1904.

Entre temps, le diocèse de Mardine avait besoin d'un organisateur pour seconder le vieil archevêque Houssig Gulian. Sa Béatitude Sabbaghian ne trouva pas de meilleur choix que le P. Maloyan.

Le 22 octobre 1911, lors du Synode des évêques arméniens réunis à Rome, il fut élu archevêque de Mardine et sacré par le patriarche Boghos Bedros XIII Terzian. À Mardine, il s'intéressa de près aux problèmes de ses ouailles sur le plan matériel, social et spirituel. Il diffusa dans toutes les paroisses la dévotion au Sacré-Cœur et à la Mère de Dieu.

Mgr Maloyan entretenait de bonnes relations avec les hauts dignitaires du pays. Estimé et apprécié, il fut décoré par un firman du Sultan. 


Malheureusement, alors qu'éclatait la première guerre mondiale, les Arméniens résidant en Turquie (rangée aux côtés de l'Allemagne) commencèrent à connaître des épreuves indicibles. Le 24 avril 1915 marque en effet le début d'une véritable opération d'extermination. Le 30 avril 1915, des soldats turcs encerclèrent l'Église Arménienne et l'Archevêché de Mardine, sous prétexte qu'ils recelaient des dépôts d'armes. N'y ayant rien trouvé, ils s'acharnèrent à détruire les archives et les dossiers.
Au début de mai, le zélé pasteur réunit ses prêtres et, à la lumière des tristes nouvelles, les tint au courant des menaces fomentées contre les arméniens. Il les exhorta à prier et à rester fermes dans la foi. Puis il leur lut son dernier testament où il les encourageait, considérant comme un grand honneur de mêler leur sang à celui des martyrs. Il les confiait à la sollicitude de Mgr Ignace Tapouni, archevêque des syriens catholiques.


Le 3 juin 1915, des officiers turcs traînèrent Mgr Maloyan devant le tribunal avec 27 membres de la communauté. Là, Mamdouh Bey, chef de la gendarmerie, demanda à l'évêque de lui remettre les armes cachés chez lui. Le prélat lui répondit qu'il fut toujours un citoyen fidèle au gouvernement et que le Sultan, en guise de mérite, lui avait décerné une haute distinction honorifique. Mamdouh Bey lui proposa alors d'embrasser l'Islam pour avoir la vie sauve. Le prélat lui répondit avec véhémence qu'il n'allait jamais renier Jésus ni trahir l'Église et que c'était un bonheur pour lui de subir pour le Christ tous les sévices, même la mort. Alors, un des soldats le gifla brutalement. Mamdouh Bey, lui asséna des coups violents à la tête avec la crosse de son revolver. À chaque coup, il disait: « Seigneur, prends pitié, Seigneur fortifie-moi ». Croyant sa mort imminente, il cria d'une voix forte: « Qui d'entre vous, mes chers Pères, m'entend, qu'il me donne l'absolution ». Après cela, les soldats lui arrachèrent les ongles des orteils et le forcèrent à marcher.

À Chikhane, Mamdouh Bey lut à haute voix la sentence suivante: « L'État vous a accordé beaucoup de bienfaits...; en retour, vous avez trahi le pays. C'est pourquoi vous êtes condamnés à mort. Cependant, si quelqu'un devient musulman il sera libéré et rentrera à Mardine. Sinon, la sentence sera exécutée. Soyez prêts à exprimer votre dernière volonté ».
Mgr Maloyan, au nom de tous, répondit: « Nous n'avons jamais été infidèles à l'État... mais si vous voulez nous demander d'être infidèles à notre religion, cela jamais, au grand jamais ». Et tous les présents répondirent: « Cela jamais ». « Nous mourrons, ajouta Maloyan, mais nous mourrons pour le Christ ». Un fidèle s'approcha des soldats et leur lança: « Tuez-moi, et vous allez voir comment meurt un Chrétien pour sa foi ».

Le Confesseur inébranlable se mit à genoux, tous firent de même. Il pria le Seigneur de leur accorder la force et le courage pour être dignes de la palme du martyre. Les prêtres accordèrent à tous l'absolution. Ce qui provoqua l'étonnement des soldats turcs ce fut la paix et le bonheur qui jaillissaient de leurs visages. Ils étaient heureux de mourir pour le Christ.
Mamdouh s'approcha de Mgr Maloyan et, pour une dernière fois, lui proposa l'Islam. Celui-ci lui répondit: « Ta demande m'étonne. Je t'avais dit précédemment que je vis et meurs pour ma véritable foi. Je me glorifie en la Croix de mon Seigneur et Dieu ». Mamdouh furieux dégaîna son revolver et fit feu. La balle lui traversa la nuque. Il tomba par terre et, avant de rendre l'âme, il s'exclama: « Seigneur, prends pitié de moi, entre tes mains je remets mon esprit ».

Ignace Maloyan a été béatifiée à Rome le 07 octobre 2001, par Saint Jean-Paul II (Homelie du Saint Père), avec six autres Serviteurs de Dieu : Nikolaus Gross, père de famille et martyr ; Alfonso Maria Fusco, prêtre ; Tommaso Maria Fusco, prêtre ; Emilie Tavernier-Gamelin, religieuse ; Eugenia Picco, vierge ; Euthymia Uffing, vierge.


Source principale : vatican.va/news (« Rév. x gpm »).

BEATO IGNAZIO (CHOUKRALLAH) MALOYAN VESCOVO E MARTIRE / -choukrallah-


 CHAPELLE PAPALE POUR LA BÉATIFICATION DE 7 SERVITEURS DE DIEU
HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II
Dimanche 7 octobre 2001

1. "Le juste vivra par sa fidélité" (Ha 2, 4):  c'est avec ces paroles pleines de confiance et d'espérance que le prophète Habaquq s'adresse au peuple d'Israël à un moment particulièrement tourmenté de son existence. Relues par l'Apôtre Paul à la lumière du mystère du Christ, ces mêmes paroles sont utilisées afin d'exprimer un principe universel:  c'est à travers la foi que l'homme s'ouvre au salut qui lui vient de Dieu.

Nous avons aujourd'hui la joie de contempler ce grand mystère de salut rendu actuel avec les nouveaux bienheureux. Ce sont eux les justes qui, en raison de leur foi, vivent aux côtés de Dieu pour l'éternité:  Ignazio Maloyan, Evêque et martyr; Nikolaus Gross, père de famille et martyr; Alfonso Maria Fusco, prêtre; Tommaso Maria Fusco, prêtre; Emilie Tavernier-Gamelin, religieuse; Eugenia Picco, vierge; Maria Euthymia Uffing, vierge.

Ces frères illustres, à présent élevés à la gloire des autels, ont su traduire leur indomptable foi dans le Christ en une extraordinaire expérience d'amour envers Dieu et de service envers leur prochain.
Mgr Ignace Maloyan

2. Mgr Ignace Maloyan, mort martyr à l'âge de 46 ans, nous rappelle le combat spirituel de tout chrétien, dont la foi est exposée aux attaques du mal. C'est dans l'Eucharistie qu'il puisait, jour après jour, la force nécessaire pour accomplir avec générosité et passion son ministère de prêtre, se consacrant à la prédication, à la pastorale des sacrements et au service des plus pauvres. Tout au long de son existence, il a pleinement vécu la parole de saint Paul:  "Ce n'est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de raison" (2 Tm 1, 14.7). Devant les dangers de la persécution, le bienheureux Ignace n'accepta aucun compromis, déclarant à ceux qui faisaient pression sur lui:  "A Dieu ne plaise que je renie Jésus mon Sauveur. Verser mon sang en faveur de ma foi est le plus vif désir de mon coeur!". Que son exemple éclaire aujourd'hui tous ceux qui veulent être de vrais témoins de l'Evangile, pour la gloire de Dieu et pour le salut de leurs frères!

Soeur Emilie Tavernier-Gamelin

3. Dans sa vie de mère de famille et de religieuse fondatrice des Soeurs de la Providence, Emilie Tavernier-Gamelin a été le modèle d'un courageux abandon à la Providence. Son attention aux personnes et aux situations la conduisit à inventer des formes nouvelles de charité. Elle avait un coeur ouvert à toute détresse, servant spécialement les pauvres et les petits, qu'elle désirait traiter comme des rois. Considérant qu'elle avait tout reçu du Seigneur, elle donnait sans compter. Tel était le secret de sa joie profonde, même dans l'adversité. Dans un esprit de totale confiance en Dieu et avec un sens aiguisé de l'obéissance, tel le "serviteur quelconque" de l'Evangile, elle accomplit son devoir d'état comme un commandement divin, voulant faire en tout la volonté du Seigneur. Que la nouvelle bienheureuse soit un modèle de contemplation et d'action pour les Soeurs de son Institut et pour les personnes qui travaillent avec elles!

Nikolaus Gross

4. Les deux nouveaux bienheureux allemands nous ramènent à une période sombre du XXème siècle. Tournons le regard vers le bienheureux Nikolaus Gross, journaliste et père de famille. Il comprit avec sagacité que l'idéologie national-socialiste ne pouvait pas s'accorder avec la foi chrétienne. Il prit courageusement la plume pour défendre la dignité des personnes. Nikolaus Gross aimait beaucoup sa femme et ses enfants. Toutefois, à aucun moment le lien qui l'unissait à sa famille ne lui fit abandonner le Christ et son Eglise. Il savait bien que "si aujourd'hui nous n'engageons pas notre vie, comment pourrons-nous ensuite prétendre nous trouver aux côtés de Dieu et de notre peuple".

C'est en raison de cette conviction qu'il fut conduit à l'échafaud, mais les portes du ciel s'ouvrirent à lui. Dans le bienheureux martyr Nikolaus Gross se réalisa ce qu'avait prédit le prophète:  "Le juste vivra par sa fidélité" (Ha 2, 4).

Soeur Euthymia Uffing

5. Soeur Euthymia a rendu un témoignage d'un tout autre genre. Cette soeur clémentine s'est consacrée au soin des malades, en particulier des prisonniers de guerre et des immigrés. Elle fut même appelée "Maman Euthymia". Après la guerre, elle dut s'occuper d'une blanchisserie au lieu de prendre soin des malades. Elle aurait certainement préféré servir les personnes plutôt que les machines. Malgré tout, elle demeura une soeur pleine de compassion, ayant un sourire amical et une bonne parole pour tous. Elle exprimait ainsi son désir:  "Le Seigneur doit m'utiliser comme un rayon de soleil qui illumine chaque jour". Elle vécut selon la devise suivante:  quoi que nous fassions, nous ne sommes toujours que "des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous devions faire" (Lc 17, 10). Sa grandeur se trouve dans la foi dans les petites choses.

Dom Alfonso Maria Fusco

6. "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé...", s'exclame Jésus en conversant avec ses disciples (Lc 17, 6).

Ce fut une foi ferme et authentique qui guida l'oeuvre et la vie du bienheureux dom Alfonso Maria Fusco, fondateur des Soeurs de Saint Jean-Baptiste. Dès sa jeunesse, le Seigneur avait placé dans son coeur le désir  passionné de consacrer sa vie au service des plus pauvres, en particulier des enfants et des jeunes, qu'il rencontrait en grand nombre dans sa ville natale d'Angri, en Campanie. C'est pour cette raison qu'il entreprit le chemin du sacerdoce et devint, dans un certain sens, "le Don Bosco du Sud". Dès le début, il souhaita engager dans son oeuvre plusieurs jeunes qui partageaient son idéal, en leur proposant comme devise les paroles de saint Jean Baptiste:  "Parate viam Domini", "Préparez le chemin du Seigneur" (Lc 3, 4). Confiants dans la divine Providence, le bienheureux Alfonso Maria et les Soeurs baptistines ont accompli une oeuvre bien supérieure à leurs propres attentes. D'une simple maison d'accueil est né un Institut, qui est aujourd'hui présent dans seize pays et dans quatre continents, aux côtés des "humbles" et des "derniers".

Dom Tommaso Maria Fusco

7. La singulière vitalité de la foi, attestée par l'Evangile d'aujourd'hui, apparaît également dans la vie et dans l'activité de dom Tommaso Maria Fusco, fondateur de l'Institut des Filles de la Charité du Très Précieux Sang. En vertu de la foi il sut vivre, dans le monde, la réalité du Royaume de Dieu d'une façon toute particulière. Parmi ses prières, l'une d'entre elles lui était particulièrement chère:  "Je crois en toi, mon Dieu; fais croître ma foi". Telle est précisément la requête que les Apôtres adressent à Jésus dans l'Evangile d'aujourd'hui (cf. Lc 17, 6). Le bienheureux Tommaso Maria avait en effet compris que la foi est avant tout un don, une grâce. Personne ne peut la conquérir ou la gagner tout seul. On peut seulement la demander, l'implorer d'En-haut. C'est pourquoi, illuminés par le précieux enseignement du nouveau bienheureux, ne nous lassons jamais d'invoquer le don de la foi, car "le juste vivra par sa fidélité" (Ha 2, 4).

Eugenia Picco

8. La synthèse vitale entre contemplation et action, assimilée à partir de la participation quotidienne à l'Eucharistie, fut le fondement de l'expérience spirituelle et de l'élan de charité d'Eugenia Picco. Au cours de sa vie, elle s'efforça toujours de se mettre à l'écoute de la voix du Seigneur, selon l'invitation de la liturgie dominicale d'aujourd'hui (cf. Refrain  du  Psaume responsorial), en ne se soustrayant jamais aux tâches que l'amour envers le prochain lui demandait. A Parme, elle s'occupa des personnes pauvres, répondant aux besoins des jeunes et des familles indigentes et assistant les victimes de la guerre qui, en cette période, ensanglantait l'Europe. Même face à la souffrance, avec les inévitables moments de difficulté et d'égarement que celle-ci comporte, la bienheureuse Eugenia Picco sut transformer l'expérience de la douleur en occasion de purification et de croissance intérieure. La nouvelle bienheureuse, nous apprend l'art d'écouter la voix du Seigneur, afin d'être des témoins crédibles de l'Evangile de la charité en cette première partie du millénaire.

La vocation à la sainteté

9. "Mirabilis Deus in sanctis suis!". Avec les Communautés dans lesquelles les nouveaux bienheureux ont vécu et pour lesquelles ils ont prodigué leurs meilleures énergies humaines et spirituelles, nous voulons rendre grâce à Dieu, "admirable dans ses saints". Dans le même temps, nous lui demandons, par leur intercession, de nous aider à répondre avec une ardeur renouvelée à la vocation universelle à la sainteté.
Amen!

A l'issue de la Messe de béatification, et après la prière de l'Angelus, le Saint-Père a salué les pèlerins de langue française:

Je vous salue, chers pèlerins venus de différents pays pour les béatifications de ce jour. Puissent ces nouvelles figures de sainteté, en particulier Mgr Maloyan et Soeur Emilie Gamelin, vous aider à devenir vous-mêmes des saints, dans la vie qui est la vôtre, en donnant un éloquent témoignage quotidien de votre amour pour le Christ et pour vos frères et soeurs, notamment les plus pauvres!
 

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