mercredi 8 juillet 2015

Bx Pierre Vigne Prêtre et fondateur de la : « Congrégation du Saint Sacrement » - 1670 + 1740



Pierre Vigne, un pur Ardéchois, né à Privas, le 20 août 1670, dans une famille de commerçants. Il est leur cinquième enfant, mais seuls trois échapperont à la mortalité infantile, si fréquente à cette époque.

L’enfance de Pierre Vigne semble sans histoires et pourtant, selon une tradition ancienne, l’adolescent aurait abandonné sa foi catholique. Un jour, alors qu’il se rendait à Genève, il aurait croisé un prêtre portant le Saint Sacrement et aurait refusé de le vénérer. Son cheval se serait alors cabré et l’aurait précipité à terre. Ce fut pour Pierre une expérience décisive : il se convertit aussitôt et changeant de route, il partit pour le séminaire de Viviers.
Cette aventure est peut-être en partie légendaire, mais elle rend parfaitement compte de ce qui sera au cœur de la spiritualité de Pierre Vigne : sa dévotion eucharistique. Cette tradition, transmise au fil des siècles, explique parfaitement l’itinéraire du Bienheureux : saisi par Dieu, il lui consacre toute sa vie, à travers son ministère de prêtre, son engagement missionnaire et la fondation de la « Congrégation du Saint Sacrement ».
Ordonné prêtre à Bourg-Saint-Andéol, le 18 septembre 1694, il est nommé vicaire à Saint-Agrève. En 1700, il entre chez les Lazaristes, l’ordre fondé par saint Vincent de Paul, où il prêche des missions, de Lyon à Béziers, pendant cinq années. Il réintègre alors le clergé diocésain et on le retrouve aux Ollières, à Saint-Fortunat, entre autres. On pense à lui pour la cure de Privas, mais il n’ira jamais. En effet, en 1712, il arrive à Boucieu-le-Roi et il est séduit par le charme des lieux ; le vallon, les collines, tout lui évoque Jérusalem. Il décide d’y édifier un grand Chemin de Croix. Aujourd’hui encore, les Ardéchois et les Drômois viennent en nombre, le Vendredi Saint, participer au Chemin de Croix de Boucieu.
En 1713, une jeune fille de Nozières vient demander à Pierre Vigne des conseils sur une éventuelle vocation. D’autres la suivront bientôt….
Infatigable, Pierre Vigne continue ses missions dans les villages les plus écartés. Il est reconnu comme un grand prédicateur de la Miséricorde de Dieu et il passe des heures à confesser, à diriger les fidèles, à les instruire. Il n’oublie pas de favoriser l’éducation des jeunes gens et il s’efforce de soulager les misères. Sa charité est sans limite : il donne tout ce qu’il possède, il court au-devant des malades, comme en cette année 1722 où il va soigner les habitants de Rochepaule frappés par la peste.
Il meurt le 8 juillet 1740, au cours d’une mission, à Rancurel, dans le Vercors. Une foule accompagne son corps jusqu’à Boucieu où il est inhumé dans l’église paroissiale.
Pierre Vigne a été béatifié le 03 octobre 2004, à Rome, avec quatre autres Serviteurs de Dieu : Joseph-Marie Cassant, Anna Katharina Emmerick, Maria Ludovica De Angelis, Charles d'Autriche, par saint Jean-Paul II (Homélie du Pape).
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PIERRE VIGNE (1670-1740)

Pierre Vigne naquit le 20 août 1670 à Privas (France), une petite ville encore profondément marquée par les séquelles des guerres de religion du siècle précédent, entre catholiques et protestants. Son père Pierre Vigne, honnête commerçant en textiles, et sa mère, Françoise Gautier, firent baptiser leurs cinq enfants à la paroisse catholique Saint-Thomas de Privas. Deux filles moururent en bas âge. Pierre et ses deux aînés, Jean-François et Eléonore, vivaient avec leurs parents dans une relative aisance.
A 11 ans Pierre fut remarqué par le curé de la paroisse qui le fit signer comme témoin dans les registres paroissiaux, les actes de baptême, de mariage ou de sépulture. Après avoir reçu une éducation et une instruction de bon niveau, sa vie fut soudainement transformée à la fin de l'adolescence par la prise de conscience de la présence de Jésus Christ dans l'Eucharistie. Il entra, en 1690, au séminaire sulpicien de Viviers. Ordonné prêtre, le 18 septembre 1694, à Bourg Saint-Andéol, par l'Evêque de Viviers, il fut envoyé comme vicaire à Saint-Agrève où il exerça, pendant six ans, son ministère sacerdotal, en bonne entente avec son curé et en étant proche des paroissiens.
Toujours attentif à discerner, à travers les événements, la volonté du Seigneur concernant sa vie, il se sentit appelé ailleurs. Son désir d'être missionnaire parmi les personnes de condition modeste le poussa à entrer, en 1700, chez les Lazaristes, à Lyon. Il y reçut une solide formation à la pauvreté et aux "missions populaires" et commença à parcourir villes et villages, avec des confrères, pour évangéliser le peuple chrétien. En 1706, il quitta de son plein gré les Lazaristes. Il avait plus que jamais la passion du salut des âmes, en particulier des populations pauvres de la campagne. Après une brève période de recherche, sa vocation se dessina clairement. Il devint "missionnaire itinérant", appliquant sa propre méthode pastorale, mais en soumettant toutefois son ministère à l'autorisation de ses supérieurs hiérarchiques.
Pendant plus de trente ans, inlassablement, il sillonna, à pied ou à cheval, les chemins du Vivarais et du Dauphiné, et même au-delà. Afin de faire connaître, aimer et servir Jésus Christ, il affronta la fatigue des déplacements, les rigueurs du climat. Il prêcha, visita les malades, catéchisa les enfants, administra  les sacrements, allant jusqu'à transporter sur son dos "son" confessionnal pour être toujours prêt à offrir la miséricorde de Dieu. Il célébrait la Messe, exposait le Saint Sacrement, apprenant aux fidèles à l'adorer. Marie "Beau Tabernacle de Dieu parmi les hommes" tint aussi une place de choix dans sa prière et son enseignement.
Au cours d'une de ses missions, il arriva, en 1712, à Boucieu-le-Roi dont le site lui permit d'ériger un chemin de Croix. Avec l'aide des paroissiens des environs, il construisit 30 stations qui, à travers le village et la campagne, apprenaient aux chrétiens à suivre Jésus de la Cène à Pâques et à la Pentecôte.
Boucieu devient son lieu de résidence entre deux missions. Il y réunit quelques femmes qu'il chargea d'"accompagner les pèlerins" du chemin de Croix pour les aider à méditer et prier.
C'est là qu'il fonda la Congrégation des Soeurs du Saint-Sacrement. Le 30 novembre 1715, dans l'église de Boucieu, il leur remit la croix et l'habit religieux, les invitant à se succéder pour adorer Jésus présent dans l'Eucharistie et à vivre fraternellement ensemble. Il leur confia la tâche d'enseigner aux jeunes. Soucieux d'instruire les enfants pour leur permettre d'accéder à la foi et de vivre une vie chrétienne, Pierre Vigne ouvrit des écoles et créa un "séminaire de Régentes", comme l'on nommait alors les maîtresses d'école.
Une vie aussi intense avait besoin d'être soutenue. Ainsi Pierre Vigne ne manqua jamais, lorsqu'il allait à Lyon pour faire des achats, de se rendre chez ses anciens maîtres de Saint-Sulpice afin de rencontrer son confesseur et son directeur spirituel. Attiré par la spiritualité eucharistique des Prêtres du Saint-Sacrement fondés par Monseigneur d'Authier de Sisgaud, il fut admis comme associé dans cette société sacerdotale le 25 janvier 1724, à Valence, et bénéficia de leur aide spirituelle et temporelle.
Tout en assurant l'accompagnement de sa jeune Congrégation, Pierre Vigne continua ses missions apostoliques et trouva la possibilité, pour prolonger les fruits de la mission, d'écrire des livres:  des règlements de vie, des ouvrages de spiritualité et surtout les "méditations sur le plus beau livre qui est Jésus Christ souffrant et mourant sur la Croix".
La vigueur de ce marcheur de Dieu, l'intensité de son activité apostolique, ses longues heures d'adoration, sa vie de pauvreté, témoignent par-dessus tout d'un amour passionné pour Jésus Christ qui a aimé les siens jusqu'à la fin (cf. Jn 13, 1).
A 70 ans cependant, il ressentit les effets de la fatigue. Au cours d'une mission à Rencurel, dans les montagnes du Vercors, pris d'un malaise, il fut obligé d'interrompre sa prédication. Malgré tous ses efforts pour célébrer encore l'Eucharistie et exhorter les fidèles à l'amour de Jésus, il sentit que sa fin approchait et se recueillit alors en prière. Un prêtre, puis deux Soeurs venues en hâte, accompagnèrent ses derniers moments. Le 8 juillet 1740, il rejoignit Celui qu'il avait tant aimé, adoré et servi. Son corps fut ramené à Boucieu où il repose encore dans la petite église.
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CHAPELLE PAPALE POUR LA BÉATIFICATION DE CINQUE SERVITEURS DE DIEU
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
  Dimanche 3 octobre 2004

1. "Verbum Domini manet in aeternum - La Parole du Seigneur demeure pour l'éternité". L'exclamation du Chant à l'Evangile nous ramène aux fondements mêmes de la foi. Face au temps qui passe et aux bouleversements permanents de l'histoire, la révélation que Dieu nous a offerte dans le Christ demeure immuable et ouvre sur notre chemin terrestre un horizon d'éternité.
C'est l'expérience particulière qu'ont vécue les cinq nouveaux bienheureux:  Pierre Vigne, Joseph-Marie Cassant, Anna Katharina Emmerick, Maria Ludovica De Angelis, Charles d'Autriche. Ils se sont laissés guider par la Parole de Dieu comme par un phare lumineux et sûr, qui n'a jamais cessé d'illuminer leur chemin.
2. Contemplant le Christ présent dans l'Eucharistie et la Passion salvifique, le Père Pierre Vigne fut conduit à être un véritable disciple et un missionnaire fidèle à l'Eglise. Que son exemple donne aux fidèles le désir de puiser dans l'amour de l'Eucharistie et dans l'adoration du Saint-Sacrement l'audace pour la mission! Demandons-lui de toucher le coeur de jeunes, pour qu'ils acceptent, s'ils sont appelés par Dieu, de se consacrer totalement à Lui dans le sacerdoce ou la vie religieuse. Que l'Eglise en France trouve dans le Père Vigne un modèle, pour que se lèvent de nouveaux semeurs de l'Evangile.
3. Le Frère Joseph-Marie a toujours mis sa confiance en Dieu, dans la contemplation du mystère de la Passion et dans l'union avec le Christ présent dans l'Eucharistie. Il s'imprégnait ainsi de l'amour de Dieu, s'abandonnant à Lui, "le seul bonheur de la terre", et se détachant des biens du monde dans le silence de la Trappe. Au milieu des épreuves, les yeux fixés sur le Christ, il offrait ses souffrances pour le Seigneur et pour l'Eglise. Puissent nos contemporains, notamment les contemplatifs et les malades, découvrir à son exemple le mystère de la prière, qui élève le monde à Dieu et qui donne la force dans les épreuves!
4. "Car ce n'est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d'amour et de maîtrise de soi" (2 Tm 1, 7). Ces paroles de saint Paul nous invitent à collaborer en vue de l'édification du Royaume de Dieu, dans la perspective de la foi. Elles s'appliquent bien à la vie de la Bienheureuse Ludovica De Angelis, dont l'existence fut entièrement consacrée à la gloire de Dieu et au service de ses semblables.
De sa figure se détachent son coeur de mère, ses qualités de guide et le courage qui est le propre des saints. Elle éprouva à l'égard des enfants malades un amour concret et généreux, en faisant face à des sacrifices pour les réconforter; pour ses collaborateurs à l'Hôpital de La Plata, elle fut un modèle de joie et de responsabilité, en créant une atmosphère familiale; pour ses consoeurs, elle fut un authentique exemple en tant que Fille de Notre-Dame de la Miséricorde. En toute chose, elle fut soutenue par la prière, en faisant de sa vie un dialogue permanent avec le Seigneur.
5. La Bienheureuse Anna Katharina Emmerick, a crié "la passion douloureuse de Notre Seigneur Jésus Christ" et elle l'a vécue dans son corps. C'est l'oeuvre de la Providence divine si cette fille de pauvres paysans, qui avec tenacité rechercha la proximité avec Dieu, est devenue la célèbre "Mystique du Land de Münster". Sa pauvreté matérielle contraste avec une riche vie intérieure. Outre sa patience pour supporter la faiblesse physique, nous sommes également impressionnés par la force de caractère de la nouvelle bienheureuse et sa fermeté dans la foi.
Elle tirait cette force de la Très Sainte Eucharistie. Son exemple a ouvert le coeur de pauvres et de riches, de personnes simples ou éduquées à la consécration pleine d'amour pour Jésus Christ. Aujourd'hui encore, elle transmet à tous le message salvifique:  A travers les blessures du Christ, nous sommes sauvés (cf. 1 P 2, 24).
6. Le devoir décisif du chrétien consiste à chercher en toute chose la volonté de Dieu, à la reconnaître et à la suivre. L'homme d'Etat et le chrétien Charles d'Autriche se fixa quotidiennement ce défi. Il était un ami de la paix. A ses yeux, la guerre apparaissait comme "une chose horrible". Arrivé au pouvoir dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, il tenta de promouvoir l'initiative de paix de mon prédécesseur Benoît XV.
Dès le début, l'Empereur Charles conçut sa charge comme un service saint à ses sujets. Sa principale préoccupation était de suivre la vocation du chrétien à la sainteté également dans son action politique. C'est pour cette raison que l'assistance sociale avait une telle importance à ses yeux. Qu'il soit un exemple pour nous tous, en particulier pour ceux qui ont aujourd'hui une responsabilité politique en Europe!
7. Avec l'Eglise tout entière, louons et rendons grâce au Seigneur pour les merveilles qu'il a accomplies chez ces serviteurs bons et fidèles de l'Evangile. Que la Très Sainte Vierge Marie, que nous évoquons en ce mois d'octobre de façon particulière à travers la prière du Rosaire, nous aide à devenir à notre tour de généreux et courageux apôtres de l'Evangile. Amen!








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