mercredi 22 juillet 2015

j'ai vu le Seigneur et voilà ce qu'Il m'a dit - textes du jour

Mercredi 22 Juillet 2015

Notre Dame de toutes réconciliations, je ne sais si ce nom vous a été donné, mais ce matin c’est la grâce que je vous demande pour le genre humain, pour mes proches et en moi-même. – Mémoires de Marie-Madeleine, les textes la concernant explicitement sont si forts, mais aussi avec leurs ambiguités : vraiment la sœur de Marthe ou une homonymie ? et il y a la « légende dorée » et les saintes-Maries-de-la-mer, la barque, le coq… et cette statuaire dans tout l’empire des Habsbourg (une crucifixion sous laquelle dans une grotte ou un tombeau, une femme médite, un crâne humain dans la paume), et il y a la nouvelle de Marguerite YOURCENAR faisant de la pécheresse l’amante de saint Jean l’évangéliste, et il y a l’évangile apocryphe, avec une réédition : « le texte qui révèle le mariage de Jésus et de Marie Madeleine » [1] sans compter le Da Vinci code. L’œuvre de REMBRANDT me paraît plus significative que celle du CORREGE., en tout cas mystique et priante. Et il y a donc aussi deux Mères Teresa, la Mexicaine et l’Albanaise.

Prier… le dialogue, c’est le seul entre Jésus et Marie-Madeleine, et à l’initiative de deux anges vêtus de blanc, assis, l’un à la tête et l’autre aux pieds de l’endroit où le corps de Jésus avait été déposé, puis du Christ lui-même. Mais Marie-Madeleine est au centre de deux récits faisant enseignement décisif pour une vie spirituelle : elle a choisi la meilleure place et elle ne lui sera pas retirée… la comparaison entre la prostituée parfumant le futur supplicié et le maître d’une maison et d’un repas dans la plus haute société de l’époque [2]. L’Eglise commente la relation entre Marie-Madeleine et le Christ par un passage du Cantique des cantiques. Je lus ce livre vers mes 13-14 ans comme le comble de la poésie et la plus belle évocation érotique : une initiation que prolongèrent les Chansons de Billitis et Partage de midi, L’analyse graphologique de Thérèse d’Avila serait celle d’une fille publique. La puissance d’une persnnalité et l’interrogation qu’elle pose à celles et ceux qui en sont moins gratifiés ou dotés, n’est pas l’affectation de ce tellurisme mais bien le fait d’une telle capacité d’amour et de dévotion. D’abandon. Le Christ-même doit en avoir raison. Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père. Ce qui pose la question du corps ressuscité et de ce moment de vie terrestre, le plus mystérieux qui soit, où Jésus affranchi de toutes les lois et formes limitant notre nature, reste cependant de notre côté, appréhensible, aussi incarné qu’avant Son supplice et Sa mort, mangeant, buvant, parlant, mais… méconnaissable à première vue, identifié a posteriori ou d’intuition. Livre sobre et court de Jean DANIELOU, il y a une cinquantaine d’années, que je vais relire. Toutes les dimensions de la mission, de l’œuvre du Christ et leurs résultats sont dits à Marie-Madeleine, alors que les disciples, et pas les moindres, Pierre et Jean, n’ont le premier jour que des consignes de rendez-vous. Va plutôt trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. La communauté humaine ainsi avisée. L’expérience de toute vie spirituelle est mystérieusement celle d’un amour qui nous paraît particulier, exceptionnel et dont pourtant nos relations humaines, nos entrainements, nos commencements en tout fournissent la parabole. Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé ! J’ai rencontré les gardes qui parcourent la ville : « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Marie-Madeleine au tombeau : On a enlevé le Seigneur mon Maître et je ne sais pas où on l’a mis… Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le reprendre). L’appropriation si la recherche aboutit, et cette recherche est déjà notre apanage exclusif. A peine les avais-je dépassés, que j’ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas. … Cesse de me tenir ! Le psalmiste pour notre prière : ton amour vaut mieux que la vie… la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. Mon âme s’attache à toi, ta maindroite me soutient. Signe fort de l’évidence de notre relation à Dieu, de Sa réponse et de Son appel : notre accord paisible et profond avec tout nous-mêmes quand nous lisons, prions de tels textes. Abandonnés, heureux, centrés. Pris, reçus. A notre place.


[1] - Simcha JACOBOVICI & Barrie WILSON, L’Evangile oublié (Michel Lafon . Avril  2015 . 460 pages)  - ce serait l’histoire d’Aséneth, fille d’un Pothi-Phéra, officier de Pharaon  avec X confusions allant jusqu’à la période romaine. Le manuscrit en version syriaque serait interrompu sinon censuré, dans cette édition « moderne » et la traduction  française, il a 45 pages. Je ne l’ai pas encore lu. Il ne figure pas dans les éditions de la Pléiade, sauf erreur. Je ne l’ai pas encore lu. L’apocryphe de Judas n’apprend rien de factuel mais laisse ouverte la probabilité du pardon pour un tel agent de la rédemption. Il dit surtout, ce qui est plausible : une intimité entre le traître et son Maître

[2] - Cantique des cantiques III 1 à 4 ; psaume LXIII ; évangile selon saint Jean XX 1 à 18 passim

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