mardi 7 juillet 2015

pourquoi me demandes-tu mon nom ? - textes du jour

Mardi 7 Juillet 2015
Un film excellent : Une femme iranienne, quatre rôles parfaitement tenus, dans un contexte qu’on croit a priori de dictature politique et religieuse, on est amené à la plus insidieuse des emprises sur une personne. La famille, l’habitude, la norme. Splendeur des sentiments, des dialogues, vérité des visages. Negar Azarbayjani avec Ghazal Shakeri et Shayesteh Irani. Salle petite des séances « d’art et d’essai », réceptivité d’un public déjà âgé, deux homme sur les trente que nous sommes, dont moi. Je suis amené à dire mon expérience de l’Iran : in situ en 1970, mes collègues dans chacune de mes affectations, la reconnaissance par VGE de sa responsabilité dans le « succès » de Khomeiny, la prédilection du général de Gaulle pour ce pays.
Blog. politique pour hier [1]. Rêve étrange : long dialogue pour aider une femme à s’expliquer avec elle-même, ce qui m’importe beaucoup car elle et ses collègues sont en charge de notre fille. Rencontre dans les couloirs de l’hôpital vannetais : une femme plutôt jeune, le visage lisse presqu’inexpressive. A ma question sur ce qui la fait venir ici, alors que pour moi il ne s’agit qu’une vérification de ménisque parfois douloureux, elle répond par deux infarctus et un sang à restaurer dans ses bonnes proportions. Sa vie, sans enfants, son âge, je lui donne dix ans de moins au hasard, elle en est heureuse, pas d’enfants, un mari accompagnant, une chatte adorée de cinq ans, un emploi à la Poste. Rien que cette forme de passivité franchement dite et cette évidente lutte pour la vie immédiate sont d’une rare éloquence. Comme les portes d’ascenseur vont nous séparer, je lui demande son prénom pour mieux penser (prier) à elle, elle dit n’avoir aucune foi. Et voici que dès hier soir, j’avais oublié son prénom, je ne lui ai pas donné le mien, il y a son visage, une forme d’indéchiffrabilité plus parlante que son silence, ou plutôt disant vraiment son silence, donc du mystère même pour elle, bien plus que pudeur ou souci d’intimité.
Temps ce matin tournant plus à l’orage qu’à la canicule. Notre pays léthargique ne va plus durer ainsi. – Prier … émotion tandis que la pluie approche. « Gros » Sacha, disparu… eng… et début de recherches. Les animaux se cachent pour mourir. Il est peut-être dans les caches de Snoopy, à le chercher ou à l’imiter. De fait, il a préféré dormir dehors et au frais, La vie, la mort, nos accompagnements mutuels. L’amour et le civisme sont peut-être – relations à soi, aux autres, à l’existence, à notre pays : terre et communauté d’âme et de quotidienneté, paysages et paroles – de même nature. – Dialogue avec l’Indicible. Dieu, Son nom n’est révélé que par Lui-même ? non, Il se définit Lui-même. Mais surtout, Il nous apprend à longueur de l’Histoire et par chacune de nos vies, à Le prier. Jacob… quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore…  Lâche-moi, car l’aurore s’est levée – Je ne te lâcherai que si tu me bénis. Dialogue fantastique comme l’avait été ce combat dont je chercherai à mieux savoir le sens. Dialogue sur le nom. Quel est ton nom ? – Jacob – Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté. Un des enjeux de notre époque, encore plus spirituel que politique et stratégique, et pourtant il l’est et ô combien ! la conversion d’Israël, de l’Etat d’Israël, aidé et appelé par toute la diaspora qui y a un intérêt vital, individu par individu, dans quelque pays ou civilisation qu’il se meuve, et quelle que soit sa nationalité, est bien que ses dirigeants et leurs soutiens comprennent – enfin – sa vocation, lumineuse, rédemptrice. Tout le contraire de ce développement belligène et intégriste. Fais-moi connaître ton nom, je t’en prie. C’est la question de Jacob, ce peut être celle de l’Israël d’aujourd’hui, ce doit être celle de chacun de nous, toujours déviant par rapport à l’exigence divine et à notre vocation. Pourquoi me demandes-tu mon nom ? [2] Le tête-à-tête dans l’Ancien Testament, le « traitement statistique » dans le Nouveau. Jésus et les foules, Jésus et ses détracteurs, les brebis, la compassion, la haine, les vocations. Celle compliquée de Jacob, les nôtres par rapport à notre temps qui, tellement, nous appelle. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger.


[1] - Les Grecs dans un rôle historique comme ils le furent à leur indépendance, mobilisant l’Europe dans les années 1820-1830, la jeunesse, les peintres (massacres de l’île de Chio), les littérateurs, Lord Byron… ou quand Papagos battit les Italiens en Décembre 1940… peuple entier (une femme à sa fenêtre, le film avec  Romy Schneider, d’après l’œuvre de Drieu la Rochelle, et l’établissement de la dictature : Z avec Trintignant). Ils tiennent le bon bout… déterminés, un referendum soutenant le pouvoir, la jeunesse et la bonne forme d’un Premier ministre. Ils n’ont rien à perdre. Parfaite cohérence du scenario, très conséquente et courageuse démission du ministre en charge de la négociation avec les créanciers. Très habile évocation des remises de dettes nazies ou d’avant la Grande Guerre au bénéfice de l’Allemagne en 1952. Le « couple » franco-allemand est pour la montre : l’Elysée pour la table, Berlin pour le diktat. A Aulnay, à Florange, pour Alstom, Hollande n’a jamais fait psychologiquement le poids. Le pouvoir français est sans prise ni sur l’opinion nationale, ni sur les circonstances, ni en vis-à-vis de ses détenteurs face aux autres patrons.
En France, la politique n’existe plus puisqu’aucun clivage de convictions et de propositions ne légitiment la pluralité des partis monopolisant les urnes et tétanisant les assemblées constitutionnelles et les congrès de soi-disant militants. La question est devenue de régime, puisque il n’y a plus rien d’autre que du formel, donc du carton-pâte en cas de pluie même fine, mais qui serait obstinée.
Ce ne sont pas les faits, mais les causes qui se répètent en histoire. Ce n’est pas Hitler ni Staline ni le « péril gauche » qui vont revenir, mais c’est le mutisme et la tolérance, les soubresauts des années 30, la peur de la guerre en Septembre 1938 et donc Munich.
Tout cela à approfondir. L’entreprise européenne et les institutions françaises, tellement exploitées, travesties, ne sont plus qu’objet de recel, la première par ses adversaires : Amérique, Chine, spéculation, et les secondes par ses produits de gouvernement qui n’ont que de l’ambition mais aucune pensée propre, ni capacité de réflexion silencieuse et d’empathie avec le peuple.

[2] - Genèse XXXII 23 à 32 ; psaume XVII ; évangile selon saint Matthieu IX 32 à 38

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