mardi 15 septembre 2015

conduit à sa perfection - textes du jour

Mardi 15 Septembre 2015

06 heures 19 + Aurai-je la force ? puisque je ne produis plus, et ne tiens pas mes instances ? Réponse : demander cette force.

08 heures 44 + Edith partie, il y a un grand quart d’heure : le « petit Clément », son élève déscolarisé. J’admire qu’elle s’adonne si méthodiquement et avec une telle implication à ce nouveau métier d’enseignant, dont il apparaît qu’elle en avait toujours le goût et la vocation. Hier, démarrage de ses cours d’allemand au collège d’Herbignac : tout simplement, elle donne à ses élèves de troisième un cours de mathématiques, mais en allemand. Et il reste son métier de presque trente ans : l’exploitation des marchés financiers et la gestion de portefeuilles, dont je voudrais qu’elle le reprenne aussi. Aujourd’hui, me semble, encore plus nettement que chaque jour où c’est ma sensation, passés si souvent le creux et la difficulté du réveil, un décisif début. Ce qu’elle souhaite, c’est que nous concluions et bouclions toutes nos instances et urgences. Autrement, une mise en ordre pour la suite. – Ce que je cherche maintenant à écrire, produire, faire, être, c’est bien la synthèse de tout, aussi bien de mes projets que de mes travaux, que de l’ensemble de ma modeste carrière et de ses possibilités apparemment non réalisées, plus encore de tout ce que j’ai reçu. Dieu et celles et ceux que j’ai rencontrés, qui ont demeuré ou qui demeurent avec moi comme en pensée, s’ils sont déjà de l’autre côté, le vrai côté de la vie, mais si mystérieux, ou comme en relation constante, physique et affective. Oui, la synthèse, la brassée, le fil conducteur, l’ossature. J’ai cela dans l’âme en action de grâces à Dieu et à des personnes intenses et précises, à ma femme incomparable, à notre trésor magnifique de petite fille. J’ai cela dans l’intelligence et sur le calendrier, l’agenda.
Même sensation de synthèse et de début – nécessaire, plus que possible – pour l’Europe, la politique française devant être un moteur, un aiguillon, une interrogation fondamentale sur l’être et le faire. Ces jours-ci, on en est de plus en plus loin, très loin, chez nous en France. Ces heures-ci, l’Europe est au pied du mur, c’est-à-dire d’elle-même. Coincidence qui devrait tout réveiller et tout révéler chez nous et dans l’ensemble des cercles gouvernementaux (et communautaires s’il y en avait, au spirituel, au mental et pas seulement en organigramme, bureaux et hémicycles-entonnoir  à Bruxelles) : le lancement de la chaine de fabrication Airbus aux Etats-Unis. On ne peut plus vendre qu’en donnant les secrets de la fabrication et donc les moyens de nous remplacer, de nous tuer, sauf à ce que nous devenions sans cesse les premiers à trouver et à réaliser, changeant constamment de registre, allant toujours plus loin dans nos découvertes et nos applications. Je crains que nous n’ayons pas – actuellement – cette dynamique et que nous soyons au contraire en voie de fusion-absorption par l’Amérique, ce que vise manifestement ce traité transatlantique, décisif et concocté hors des opinions publiques, et contre elles, si celles-ci – précisément – étaient informés, et conviées au débat, à la décision de mise en œuvre. Coincidence avec cette absorption par l’Amérique, les réfugiés. On est passé de la non-prévision alors que depuis vingt ans dans deux mois, tout le processus dit de Barcelone a consisté à tenter de maintenir de l’autre côté de la Méditerranée, ceux qui se sont pressés de plus en plus, et maintenant de manière exponentielle, à nos portes. L’économie, les dictatures quotidiennement tolérées n’avaient pas produit l’effet de masse. C’est soudainement notre non-intervention au Proche-Orient qui fait tout exploser. Sur place, comme dans un cratère de volcan, la carte géostratégique se bouleverse, les Etats issus de la défaite ottomane de 1918 s’écroulent, les frontières s’abolissent et ne vont s’arranger à nouveau que très différemment. Les peuples ne le veulent pas nettement, d’autres se veulent en fait un Etat-nation en propre. On distribue des quotas pour 125.000 arrivants (en deux ans à venir…), ce nombre s’atteint maintenant en une semaine. La réalité est qu’une vingtaine de millions de personnes sont en volonté, sinon en situation de venir « chez nous ». Je mets les guillemets car qui est, sur un millénaire et a fortiori sur deux, qui est autochtone ? qui est « de souche », qui est d’origine ? la durée, la puissance de la géographie, de l’histoire, l’habitude et la volonté, des inerties et des moments vécus d’héroïsme font un peuple, font d’un ensemble disparate et déséquilibré intérieurement une cohérence et un projet de survie, puis une réalité. Nous aussi nous allons changer, par force mais aussi parce que – sourdement – le temps nous en faisait le défi. L’Europe doit être bien plus peuplée, peut l’être, surtout nous, en France (les cent millions de Français anticipés par le cher Michel DEBRE…), elle doit surtout se vouloir en tant que telle, et donc risquer en elle la démocratie, le débat de fond. Si nos gestions sont de plus en plus ratées ou fausses, étriquées et grinçantes, souvent paradoxales et contre notre propre intérêt pas seulement en tant que Français, mais en tant qu’Européens, c’est qu’il n’y a plus d’âme, et l’âme en politique, en collectif, c’est la démocratie. Ce n’est pas la décision à quelques-uns pensant à huis clos physiquement et mentalement. Il faut nous organiser pour accueillir une vingtaine de millions de personnes. Les débats hier soir à BFM TV me désolaient, pas parce qu’ils étaient animés uniquement par la peur de l’ « invasion », mais parce qu’à raisonner sur quelques milliers ou même sur un million, ils étaient à côté de l’échelle. On est passé en huit jours d’assauts de générosité : MERKEL triomphant en statistique, a donné hier le signal d’une fermeture en principe aussi choquante, voire paniquée que celle, froidement, décidée par ORBAN et les Hongrois. La substance de l’industrie européenne, l’honneur et l’organisation de la population européenne sont la question du jour. L’Europe s’est toujours faite et pensée sous la contrainte, et selon des sujets apparemment tout son contraire : en 1950, comment réarmer l’Allemagne ? alors que la France en a une peur bleue ? On trouva. Aujourd’hui, comment exister face à l’Amérique et à la Chine, et avec pour voisin un clone de STALINE moins l’humour et moins la diaspora des partis-frères ? il faut trouver. Vite.
Prier en totale confiance… au sein de l’immense paysage de ce que les circonstances nous demandent, elles sont le langage de Dieu le plus à notre portée. Parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé [1]. L’expression la plus appliquée et la plus drue de la révélation trinitaire. Un Dieu souffrant, humain, ayant pris notre nature, mourant et suppliant, souffrant au maximum et plus de ce que peut endurer l’homme : Dieu créature. Et pourtant Dieu suprême, unique, incommensurable. Difficulté du texte paulinien qui m’accroche depuis des années : il a appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion et, ainsi, conduit à sa perfection…  Le fils de Dieu est parfait par nature divine et même comme homme. Il n’a besoin ni d’apprendre ni de se perfectionner. Comment comprendre ce texte ? sinon que la nature humaine tendue vers Dieu est complexe, et plus encore quand elle est épousée par le Fils de Dieu lui-même, par Dieu-même, donc. Ce qui mène à approfondir aussi ce qui caractérise et « personnalise » (dois-je écrire et penser : différencie) les trois personnes de la Trinité ? Jean, au contraire de Paul, dans les textes proposés pour maintenant, ce jour, est au plus simple. Jésus confie Sa mère au disciple qu’Il aimait. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez elle. Evénement décisif dans l’itinéraire johannique. Pas un mot de ce jeune homme ardent et aimant qui nous ait été rapporté par les évangélistes, pas un mot de lui, y compris dans sa propre œuvre, le quatrième évangile… est-ce à constater que l’intimité physique avec Marie, la mère de Dieu fait homme, celle à qui Jésus devait chair et cœur d’homme, a donné au disciple ce qui n’était que latent dans sa jeunesse et dans ces trois ans à la suite du Maître. La profondeur, la mystique, la pénétration de l’ensemble des mystères de notre Rédemption, de notre destinée de créatures passionnément aimées et attendues du Créateur. Il me semble bien que c’est cela. Clairement, ce que je reçois ce matin. Memento des vivants et des morts. Qu’ils sont grands tes bienfaits ! Tu les réserves à ceux qui te craignent. Tu combles à la face du monde, ceux qui ont trouvé en toi leur refuge.


[1] - lettre aux Hébreux V 7 à 9 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Jean XIX 25 à 27

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