samedi 19 septembre 2015

saint Janvier, éêque et martyr à Naples † 305



Janvier vivait au IIIe siècle. Sa piété et sa science l'avaient fait élever au siège épiscopal de Bénévent, qu'il n'accepta que par ordre du pape. Au temps de la persécution de Dioclétien, saint Janvier se multipliait pour soutenir le courage des chrétiens et les exhorter au martyre. Le préfet de la province l'apprit et le fit comparaître à son tribunal : « Offrez de l'encens aux idoles ou renoncez à la vie, lui dit-il. “Je ne puis immoler des victimes au démon, répond le saint, moi qui ai l'honneur de sacrifier tous les jours au vrai Dieu.” » Il passa de l'interrogatoire à la fournaise ; mais il en sortit saint et sauf. Puis vint le supplice des ongles de fer, qui mit en lambeaux le corps du martyr. Jeté ensuite en prison : « Courage, dit-il à ses compagnons ; combattons généreusement contre le démon. Le Seigneur m'a réuni à vous pour que le pasteur ne soit point séparé de son troupeau. »

Le lendemain, Janvier et les autres martyrs sont exposés aux bêtes dans l'amphithéâtre de Pouzzoles, en présence d'une foule de peuple. Tous ces héros du Christ se munissent du signe de la croix ; ils chantent des hymnes, en attendant que la dent des lions permette à leur âme de s'envoler vers le ciel. Les bêtes sont lâchées. Ô prodige ! Lions et tigres, se couchent comme des agneaux aux pieds de leurs victimes et caressent ceux qu'ils devaient dévorer. Janvier et ses compagnons sont alors condamnés à avoir la tête tranchée. Le supplice fut accompagné de grands miracles. À un vieillard chrétien qui lui demandait un morceau de ses vêtements comme relique, il promit le linge qui devait servir à lui bander les yeux ; et comme, après sa mort, le bourreau piétinait le bandeau sanglant en disant au martyr décapité : « Porte donc ce bandeau à celui à qui tu l'as promis » la victime obéit, et le bandeau, à l'étonnement de tous, se trouva entre les mains du vieillard chrétien.
L'histoire des reliques de saint Janvier est encore plus extraordinaire que celle de sa vie. Par saint Janvier, Naples fut délivrée de la peste, l'an 1497 et l'an 1529 ; un enfant fut ressuscité par le contact de l'image du glorieux martyr ; la cité napolitaine fut plusieurs fois préservée de l'éruption du Vésuve. Mais un miracle qui se renouvelle trois fois chaque année à époques fixes, c'est le miracle célèbre de la liquéfaction et de l'ébullition du sang de saint Janvier. Ce saint est la grande célébrité de Naples, qui l'invoque comme son puissant protecteur.

©Evangelizo.org

SAN GENNARO VESCOVO E MARTIRE / Ab

Pour un approfondissement :
>>> Miracle de san Gennaro....





28 mai 2010

Naples, miracle de san Gennaro. Samedi 1er mai 2010

498a gare de Pompéi Circumvesuviana
 
 Le samedi qui précède le premier dimanche de mai, Naples fête san Gennaro (saint Janvier), le patron protecteur de la ville. C’est donc cette année le premier mai, en même temps que la Fête du Travail qui, en Italie comme partout ailleurs, est jour férié. Ces deux événements concomitants nous donnent envie d’aller voir comment ça se passe. Nous prenons le train à Pompéi et, afin de ne pas gaspiller une minute, pour occuper l’attente du train sur le quai comme pour meubler le temps du trajet nous emportons chacun un livre.
 
498b Napoli, San Gennaro
 
498c Napoli, San Gennaro
 
Nous ne savons pas exactement quel trajet va suivre la procession, mais comme san Gennaro est célébré dans la cathédrale, nous supposons que c’est de là qu’elle va partir. Par ailleurs, un peu partout en Italie mais de plus en plus quand on arrive vers le sud, les gens passent leur temps à parler dans leur portable, à voix bien haute, de sorte que l’on peut suivre toutes les conversations, or un homme devant moi crie à son correspondant qu’il va attendre l’arrivée de la procession à Santa Chiara, et il lui donne rendez-vous devant l’entrée. Nous nous dirigeons donc vers une petite rue entre ces deux églises, et en effet nous voyons arriver la procession. Bannières, drapeaux, oriflammes passent devant nous en grand nombre, portés par des laïcs ou par des religieux en grande tenue de leur ordre ou de leur confrérie.
 
498d Napoli, San Gennaro
 
498e Napoli, San Gennaro
 
De temps à autre, nous partons en courant, prenons une rue parallèle et revenons sur le chemin de la procession après avoir pris un peu d’avance pour mieux revoir le défilé des bannières.
 
498f Napoli, San Gennaro
 
Une foule nombreuse marche à la suite des bannières, notamment ces religieuses en foulard jaune. Je ne sais ce qu’il signifie, parce que l’on voit aussi sur ma photo une laïque avec ce foulard et même, derrière, on aperçoit une jeune fille, en T-shirt rose, bras nus, avec ce même foulard autour du cou.
 
498g1 San Alfonso M. de Liguori
 
498g2 Sant'Antonio Abate
 
Si la foule des fidèles suit, nous pensons que c’est la queue de la procession et nous nous préparons à partir vers Santa Chiara par une rue parallèle pour voir leur entrée, mais pas du tout, ce n’est pas fini, voici les statues de laiton et d’argent, celles de la chapelle de San Gennaro, dans le Duomo, qui arrivent, chacune portée par quatre hommes. Elles sont nombreuses. Ici, ce sont San Alfonso M. de Liguori et Sant’Antonio Abate.
 
498h Naples, saint Janvier
 
Et puis, dans leur grand uniforme, les membres du Comité de San Gennaro. Belle allure !
 
498i Naples, saint Janvier
 
Moins beau, moins élégant, mais bien visible de loin, l’uniforme des chevaliers de l’Ordre de Malte. Je ne savais pas qu’ils avaient troqué leur belle tenue d’autrefois contre cette combinaison.
 
498j1 Naples, saint Janvier, l'évêque
 
498j2 Naples, saint Janvier, le cardinal
 
Voici maintenant l’archevêque, puis le cardinal entouré de nombreux prêtres et évêques. Il semble apprécié, ce cardinal, car il est très applaudi.
 
498k Naples, le sang de saint Janvier
 
Pour clore la procession voici l’ampoule qui contient le sang de san Gennaro. Ce dénommé Janvier est né à Naples au troisième siècle, probablement en 272, dans une famille patricienne. À l’époque des persécutions de Dioclétien contre les chrétiens, au début du quatrième siècle, il est évêque de Bénévent (environ 70 ou 80 km au nord-est de Naples). Apprenant que quatre fidèles très pieux ont été emprisonnés sur ordre de Draconzius, gouverneur romain de la province de Campanie, il va leur porter son secours moral et spirituel, sans penser à sa propre sécurité. Les gardes avertissent le gouverneur, qui le convoque. L’entrevue se passe plutôt bien quoique Gennaro ait clairement confessé sa religion, mais le successeur de Draconzius, Timothée, le fait jeter en prison avec le diacre et le lecteur qui l’accompagnaient lors des visites. Tous trois sont transférés à Nola où Timothée a sa résidence, et au terme de terribles tortures et d’un jugement sommaire Gennaro doit être brûlé vif. Mais, ô miracle, il sort indemne de la fournaise. Étiré aux quatre membres pour le désarticuler, Gennaro se remet sur pied sans dommage à la moindre de ses jointures. Livré à des fauves dans l’amphithéâtre, il voit les bêtes se prosterner à ses pieds. Timothée, alors, convaincu que Gennaro usait de magie et d’enchantements le condamne avec ses deux compagnons à la peine capitale. Mais au moment même où il prononce la sentence, le préfet devient aveugle. Gennaro, alors, pris de pitié pour lui malgré sa férocité, prie le Seigneur de lui rendre la vue. Dieu l’entend et rend la vue à Timothée qui, nullement repentant ni reconnaissant, les fait immédiatement décapiter tous trois près des solfatares de Pouzzoles. C’est le 19 septembre 305.
 
L’ancienne nourrice de Gennaro, la pieuse Eusebia, récupère du sang du martyr dans deux ampoules à parfum, comme c’était l’usage chez les chrétiens, le corps étant enterré dans un endroit secret pour éviter les profanations de la part des païens. En 313 Constantin promulgue l’édit de Milan autorisant la liberté de culte, mais ce n’est que le 13 avril 431 que les restes de saint Gennaro sont transférés dans une catacombe. Et là, on constate que le sang, desséché dans l’ampoule, redevient liquide. Nous avons vu, mardi dernier dans la crypte de la cathédrale, ses ossements rapportés en 1497 par le cardinal Carafa. Le sang est dans la chapelle du Trésor.
 
Saint Gennaro est fêté trois fois dans l’année, aujourd’hui en commémoration de son transfert dans la catacombe, le 19 septembre jour de son exécution et le 16 décembre, date à laquelle en 1632 il a été institué patron de Naples en action de grâce pour avoir épargné sa ville lors de l’éruption du Vésuve du 16 décembre 1631. Et chaque fois qu’il est sorti en procession, le sang séché se liquéfie, sinon cela annonce de terribles catastrophes. En 1799, alors que les Français occupaient Naples, le sang ne s’est pas liquéfié (quoique, lorsque l’aide de camp du général français Macdonald menaça de faire fusiller l’évêque si le sang ne se liquéfiait pas dans les dix minutes, le miracle se produisit au bout de seulement cinq minutes, mais les Français durent évacuer la ville dès le 7 mai suivant…). En 1849, alors que se faisait l’unification de l’Italie, pas de liquéfaction. Même chose tout près de nous, en 1976. En revanche, le 6 mai 2000, le sang était déjà partiellement liquide quand l’évêque ouvrit le coffre où sont gardées les deux ampoules. Des scientifiques sceptiques, et qui pour certains "bouffent du curé", ont constaté le prodige sans pouvoir l’expliquer. L’Église ne le compte pourtant pas dans la liste des miracles officiellement reconnus.
 
Aujourd’hui, au début de la procession, ceux qui portaient cette sorte d’ostensoir qui présente l’ampoule oscillaient un peu en marchant mais le sang ne bougeait pas, et la foule était consternée. À Naples, semble-t-il, on est très sensible aux présages et aux superstitions. Les gens murmuraient en faisant des têtes d’enterrement. Plusieurs fois, courant en avant, nous avons vu passer l’ampoule. Puis, soudain, des cris, un tonnerre d’applaudissements, des rires. Nous étions à une cinquantaine de mètres avant l’ampoule et, quand elle est passée devant nous, le sang bougeait, léchait les flancs de l’ampoule. C’est là que j’ai pris la photo ci-dessus.
 
498L Napoli, il sangue di san Gennaro
 
Il arrive même, paraît-il, que le sang se mette à bouillir. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais au moment d’entrer dans l’église Santa Chiara, on distingue quelques bulles qui se forment dans l’ampoule. Pour moi, la croyance dans les manifestations fantastiques ne relèvent pas de la foi mais de la superstition, prier devant une ampoule de sang n’est rien d’autre que du fétichisme, et tout cela n’est pas loin du paganisme. Je n’aime pas tous ces miracles extravagants. Mais… j’ai vu de mes yeux le sang figé d’abord, qui s’est liquéfié ensuite. Qu’en penser ?
 
498m Naples, saint Janvier
 
En entrant dans l’église, chaque délégation est allée déposer sa lourde statue dans une chapelle latérale. Deux barrières revêtues de drap bleu délimitaient une allée dans la nef réservée au clergé, même si certains laïcs ont réussi à forcer le barrage. Puis a eu lieu une célébration. Tout un tas de gens n’en ont pas suivi un mot et sont allés dans la chapelle où était entreposée la statue de leur saint préféré (chacun avait ses adeptes, aucun n’était délaissé, même si certains avaient plus de succès que d’autres), posaient dévotement leur main sur le vêtement du saint, ou sur sa main, ou sur son front, puis se signaient et baisaient respectueusement ensuite la main qui avait touché la statue. Alors là, qu’on ne me dise pas que ce n’est pas du fétichisme. Saint Antoine Abbé, ou saint Emiddio, ou sainte Claire ne peuvent protéger un fidèle ou exaucer son vœu s’il n’a pas touché le métal de leur statue ? Pas très charitable, pour des saints.
 
498n1 Naples, 1er mai
 
Décidément, j’ai beaucoup parlé de cette cérémonie mi-prodigieuse, mi-folklorique. Il est temps de passer à autre chose. C’est la Fête du Travail, et traditionnellement les syndicats sont très actifs ce jour-là. Cette affiche dit que "La lutte unit mais ne divise pas. Unité entre tous les mouvements".
 
498n2 Naples, 1er mai
 
En nous promenant nous tombons au hasard piazza Dante, où sont installés un podium et des sièges. De très importantes forces de police et de carabiniers sont massées sur le pourtour de la place, mais la foule est calme.
 
498n3 Napoli, 1 Maggio
 
Sur la scène, il y a des discours, mais aussi des chanteurs. Notamment l’un d’eux, plein d’humour (que malheureusement nous ne comprenions pas toujours), plein de punch, a interprété des chansons du répertoire napolitain arrangées par lui. C’est un carabinier, à qui nous avons posé la question, qui nous a dit qu’il s’appelait Luca Sepe. Comme nous l’avons trouvé excellent, c’est après l’avoir entendu que nous avons décidé de quitter la fête et de retourner prendre notre train pour Pompéi.
Published by Thierry Jamard
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