vendredi 30 octobre 2015

ces derniers l'observaient - textes du jour

Vendredi 30 Octobre 2015

11 heures 54 + Tu kiffes toujours, ta petite life, Papa ? Je réponds toujours : oui. Eveil de ce matin : je réponds non. Jérémie, Jonas… trop fatigante la vie, trop de combats, tout le temps, et puis la vieillesse, le genou qui traîne, le pain quotidien et la bourse plate… Le vrai retour n’est pas aux choses ici, ni aux murs, ni à la maison : les choses nous quittent une à une autant qu’il nous en vient, et surtout bien avant notre mort. Elles vivent par nous, la relation que nous avons avec elles : livres, bibliothèques, gravures, très vécus à certaines époques de ma vie, tandis que maintenant pas la place pour la collection des rois, des reines, et celle des cartes anciennes, ou bien peu, et ma bibliothèque, celle de ma mère attendent le travail que je veux faire avec elles deux, depuis longtemps. Non, c’est dehors, ce matin au lever du soleil, les sumacs rouges, les chênes rouillés orange, les figuiers jaunes et quelque fruits minuscules mais bons, alors que je ne délivre pas mes arbres des ronces qui les étreignent depuis des années. Les retrouvailles, c’est l’odeur, le vent, la rumeur surtout de la mer, le lever du jour par lavis horizontaux, bandes blanches, livides, et bandes rouges ou orangées, feu. La rumeur de l’océan. J’irai au bord de la mer ce soir ou demain.
Tous les temps « morts » (je découvre la justesse de l’expression), tous ces temps où je me laissais aller, surtout au volant… la dizaine de chapelet. J’avais déjà entrepris cette occupation autre et donc cette concentration presqu’involontaire que produit la récitation et l’accrochage par tel mot ou phrase, elles sont brèves et simples dans le Pater comme dans l’Ave, en, changeant d’eau les poissons rouges de notre fille : près de deux heures de travail, vider ou presque, nettoyer, re-remplir.
Me voici à pied d’œuvre pour une fin d’année productive et organisée.
Prier  [1]

17 heures 48 + Recherché, à partir d’une condamnation globale mais brève et peu travaillée de Civitas, l’ensemble des documents du Vatican. Pas encore le trexte-même du synode, mais le moto proprio sur les procès en annulation d’un mariage : c’est la recommandation de la sérénité, de la détente à laquelle l’Eglise-institution doit contribuer quand un couple est en rupture. Je n’ai pas tout lu, mais on sent chez notre pape une grande maîtrise des nerfs et le don de la compassion, de la pénétration psychologique de notre temps : les personnes et l’époque… le discours de clôture, l’homélie à la messe sont de même facture. Ce ne sont pas des textes en défense. A partir de là, on peut marcher. Je le vis tous les jours : l’union d’un couple est une grâce, la précarité, la rupture sont toujours sur le seuil, quaerentes quem devoret. Les deux mémoires de saints aujourd’hui sont d’une autre époque. Je ne crois pas qu’il faille opposer les unes aux autres les époques et les circonstances de l’humanité, il y a des moments de crispation, peut-être même de folie si on les considère à partir de nous et à partir d’aujourd’hui : ainsi la perfection par la souffrance, la sainteté comme objectif de vie. Il me semble qu’à présent nous cherchons – légitimement – Dieu comme compagnon, comme aide au discernement, comme donneur de nos repères en tous domaines pour chacun de nous et pour nos sociétés. Il se peut que demain – Dieu parlant toujours notre langage et s’appropriant nos circonstances pour mieux nous rejoindre et nous mettre ou remettre en route – les façons de dire et de croire changent. Mais fondamentalement la ligne est la même : la prière de demande (Abraham, Tobie et Sarah, Jésus au jardin des Oliviers…), l’écoute de la volonté divine qui est toujours une mise en mouvement, et sans doute, quels que soient les drames et atrocités dans le monde actuel ou dans nos guerres mondiales ou post-coloniales, la sollicitude divine, révélation et foi selon l’Ancien Testament, preuve et garantie par l’Incarnation rédemptrice.
Le fiasco de la raison – quand elle est malintentionnée, sciemment hostile à ce qu’il est proposé d’examiner, d’entendre, quand elle s’oppose à Dieu-même : et ils furent incapables de trouver une réponse… Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ce qui n’est pas accessoire dans l’énième « accrochage » du Christ avec les ritualistes et les intégristes, c’est une nouvelle définition de la médecine… elle n’est pas l’art de guérir, elle est urgentiste, elle est le traitement d’une priorité absolue. Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? Les pleurs de Jésus pour Jérusalem qu’il n’a pu convertir et pour Paul, dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante… Les intégristes : ils sont en effet israëlites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte les promesse de Dieu… l’Apôtre ne conclut pas… nous, non plus. Silence du soir en train de nous recueillir.

[1] - Paul aux Romains IX 1 à 5 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Luc XIV 1 à 6


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