mardi 17 novembre 2015

aujourd'hui, il faut que j'aille demeurer dans ta maison... aujourd'hui, le salut est arrivé dans cette maison - textes du jour

Mardi 17 Novembre 2015


Prier… deux figures, l’Ancien Testament et Eléazar, j’en ai fait la conclusion de ma seconde lettre à FH (Il laissa ainsi, non seulement à la jeunesse mais à l’ensemble de son peuple, un exemple de noblesse et un mémorial de vertu) et le Nouveau avec ce pittoresque personnage de Zachée. La fidélité, la responsabilité vis-à-vis d’un peuple et vis-à-vis des générations futures. Je ne sais depuis combien de temps : quelques mois, ou déjà davantage, je suis habité par ce souhait, bien mourir, laisser un souvenir positif, bienfaisant et utile pour mes connaissances et relations, et vraiment habitable, dialoguant, aimant avec qui j’ai aimé. Principalement, ma si chère femme et notre trésor de fille. Ni en théologie ni en psychologie, on ne meurt pour soi. Eléazar : je me montrerai digne de ma vieillesse et, en choisissant de mourir avec détermination et noblesse pour nos vénérables et saintes lois, j’aurai laissé aux jeunes gens le noble exemple d’une belle mort [1]. Quant à Zachée, c’est la gratuité-même, il n’attend rien de Ceui qu’il cherche à voir, il n’en a que la curiosité, Hérode aussi avait la curiosité de rencontrer Celui dont tout le monde parlait. Donc une disposition simple, tout à fait explicable. L’exceptionnel est qu’arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison… Et habitavit in nobis ». Tout se passe comme si une mise en scène voulue de la Providence, de Dieu-même dépasse totalement le souhait le plus vaste, le plus intense de l’homme. Zachée n’en demandait pas tant puisqu’il ne demandait rien. Simplement, voir qui était Jésus. En réalité, Zachée et le Christ se comprennent à mi-mot. Jésus a discerné la vocation,  la vraie, hors métier, de ce collecteur des impôts romains et Zachée a compris ce qu’il avait à faire, à donner et à être : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. C’est sans conclusion mais c’est une introduction à la vie, à la dignité et à la responsabilité de vivre (l’honneur de vivre du Pr. Robert Debré, le père du cher Michel Debré) : responsabilité et fidélité à toute une ligne, une foi, une conviction pour l’un, conversion très pratiquement signifiée pour l’autre. Chacun est d’une seule pièce. Chacun est sans hésitation ni partage intime. La relation à Dieu, très différente, puisque l’une est atavique, que l’autre vient subitement d’une initiative de Dieu-même, est entière, donne l’intégralité d’une âme, d’une personnalité.
Retour à ce que nous vivons nationalement. Evidence encore plus forte qu’à l’écoute du discours présidentiel hier… le discours est maladroit au possible, la proposition de révision constitutionnelle, la seule retenue par le seul de mes étudiants aujorud’hui ayant entendu quelques commentaires ou extraits, a divisé aussitôt les parlementaires et reconstitué mécaniquement le clivage opposition-majorité. La révision puisqu’elle se fait à la majorité qualifiée, ne se fera donc pas. FH d’ailleurs, s’en rend-il compte, pousse au maximum son mimétisme avec NS, chacun sa révision constitutionnelle et sur le fil et inutile. Au lieu de dialoguer tout le dimanche les thèmes de sa réflexion – puisqu’il a réfléchi – avec ses visiteurs semble surprendre ceux-ci dès le lendemain, ce n’est ni les honorer ni faire cas d’eux. Lourdise s’il en est, les déchéances de nationalité, là encore du NS auxquelles les socialistes s’étaient opposés, comme ils s’étaient opposés en congrès à la révision de 2008, voilà tout cela légitimé, et même voilà que le comité Balladur devient une référence… évidemment la bi-nationalité n’existe pas en droit français. On est Français ou l’on est étranger. Même si physiquement on garde par tolérance d’un employé ses papiers d’antan, la France ne le reconnaît. La culture juridique de FH est très limité. Mais ce qui m’atterre plus encore que l’à-côté total de son propos d’hier, c’est que les intervenant après lui ont été insipides et au petit angle. Ainsi Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, mon contemporain pour les livraisons au Monde a parlé pour ne rien dire hier. La succession des discours n’a quitté le conventionnel qu’à propos de Bachar prisé par les uns et honni par les autres. Quant aux suites, elles sont pitoyables et la propagande ne le masquera pas. Les entretiens présidentiels avec OBAMA et POUTINE sont à notre demande et sans empressement de nos partenaires. La semaine prochaine, pas tout de suite. Les gagnants dans l’affaire sont donc ceux qui ne sont plus pestiférés. On n’a plus le préalable Bachar et l’on veut la Russie. La Crimée est donc passée aux profits et pertes, exactement comme on toléra, pour de semblables motifs (ancienne appartenance au Reich, population allemande hors des frontières nationales) les annexions hitlériennes. La guerre du Golfe (la première contre Sadam, celle de 1990-1991), nous y avons participé parce qu’il parut dangereux à FM que soit acceptée l’annexion irakienne du Koweit (alors que toute l’histoire et l’ethnographie semblent en faveur de Bagdad) au moment où l’on tentait de limiter quelques velleités territoriales de KOHL en sus de son absorption de la DDR. Quelques fragments de discernement chez DUFLOT pour l’union nationale mais nulle part le rebond, le réflexe, la priorité. Nos chefs successifs nous ont bien mithridatisés…
Circulaires, lettre de la ministre, du recteur de l’académie pour des dialogues – une heure au moins – des enseignants avec les élèves de quelque âge qu’ils soient : l’impact psychologique des attentats de Paris du 13 au 15. Impact nul pour mes étudiants : autour de 20 ans, raisonnement posé et tranquille de notre fille à l’instant au téléphone : des gens mal dans leur tête, mais ayant peut-être quelque chose à nous reprocher vis-à-vis d’eux-mêmes ou de leur famille, l’Islam ? certainement pas une raison pour faire de telles choses. Je n’ai pu qu’encadrer cette analyse : ce sont, pour certains d’entre eux, nos compatriotes « de souche »comme elle et moi, et bien évidemment l’Islam ce n’est pas cela. Nullement un traumatisme à traiter mais une réflexion qui a été menée à Saint-François-Xavier plus en illustration de chacune des matières de classe : techno. Histoire, les professeurs selon leur registre propre, qu’en psychologie ou en éveil à la violence et au drame de la mort.Quant à moi, j’avoue que mon regard a été aussitôt politique, l’occasion d’une prise de conscience donc d’un changement de mode. Je vais venir maintenant à la prière, à la communion, la pitié et à l’horrible. Car Charlie, c’était une exécution nominale, avec un procès putatif, tandis que dans Paris, il s’est agi de faire du chiffre avec un sang-froid affreux. Il est vrai que l’exécution de ce policier à terre le 7 Janvier avait été odieuse. Reste la réaction de ma femme, qu’elle a d’ailleurs explicitée à l’un de mes amis mauritaniens : les Français, ces 123 et quelques victimes, certes, mais chez les Kurdes, chez les Palestiniens… et cette minorité religieuse réfugiée dans la montagne de Sindjar (bûcher de Montségur).

22 heures 05 + Mais quelle est terrible la gangue des commentateurs et stratèges et sociologues sur l’Etat islamique, paralysante et engloutissante pour toute pensée la passion et l’habitude des politiques en France pour régler des compte, voir minuscule et n’appeler à l’unité et au rassemblement, ou au changement que pour sa seule cuisine. J’ai honte et je suis triste de notre pays.


[1] - 2ème livre des Maccabées VI 18 à 31 ; psaume III ; évangile selon saint Luc XIX 1 à 10

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