vendredi 27 novembre 2015

qui ne passera pas ... - textes du jour

Vendredi 27 Novembre 2015

Prier… la relation du tohu bohu plus tard. Décidément, Daniel chantre et interprète de l’Histoire, celle des royaumes mèdes complète et compréhensible selon une parabole qui a donné un aphorisme : le colosse aux pieds d’argile, mais celle aussi du cosmos, extraordinairement imagée, aussi colorée que les descriptions, pas ennuyeuses, dans un des premiers de l’Ancien Testament : description de l’Autel… Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Je ne suis pas exégète, je ne sais pas la langue dans laquelle est écrite ce livre, mais je peux accepter que soient rapprochées et surtout confondues les deux expressions : le Fils de l’homme, appellation que se donne le Christ et qui n’est reprise par personne, que par Lui, et comme un Fils d’homme. Je continue d’attendre l’explication [1] : en note d’une de mes Bibles (Jérusalem 1956) l’appropriation est d’abord collective, mais il s’agit dans les deux langues testamentaires de fils et d’homme, Adam-même. le Christ est l’aboutissement parfaite de ce « collectif ». Le rythme du texte est dans l’insistance sur la posture du prophète : dans ma vision, je regardais… on le sent intensément présent à ce qu’il voit, et il ne voit que ce qu’il lui est proposé de voir, rien n’est d’imagination. Je continuais de regarder … je regardais encore : je vis… crescendo d’horreur, de puissance, de taille. Tout est de dimension ou de nombre impensables pour nous : des milliers de milliers le servaient, des myriades de myriades se tenaient devant lui. Enigme du Vieillard, je ne tiens pas non plus, sauf interprétation péremptoire, à une identification de Dieu le Père. La Bible de Jérusalem, édition 1956, ne dit qu’un Ancien. Et toujours la conclusion qui est l’avènement d’un pouvoir nouveau, nouveau en ce qu’il est indestructible, éternel. Le Christ, familier certainement du prophète Daniel (en donna-t-Il lui-même le goût et les clés au disciple qu’Il aimait) reprend les mêmes expressions… une domination éternelle, qui ne passera pas… le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
D’un ami religieux, ce mot, promettant aussi un commentaire de cet évangile (à réexpédier faute qu’il soit arrivé aux destinataires : la violence de ces dernières semaines me touche profondément (deux amis ont perdu des proches, l'un un gendre, l'autre une fille et son compagnon, total 5 orphelins dont l'ainé a 9 ans !).  On entend tout et son contraire. Parfois même la bêtise voudrait s'approprier la place du deuil. L'évangile de ce matin sur lequel je devais prêcher m'a ouvert à une autre lecture (tout aussi discutable, mais autre). Ce me paraît un autre de ces traits différenciant le 13 Novembre du 7 Janvier : beaucoup gens précisément et personnellement touchés dans leurs affections, leurs familles, leurs attachements et amours. L’anonymat des cibles, du point de vue affreux des tueurs, est bien plus personnalisé que ne le furent les exécutions nominatives des journalistes de Charlie Hebdo. Nous avons vécu et allons vivre deux des formes – probablement multiples et encore à subir – du sillage si douloureux, ineffaçable fait par ces meurtres. – Il est possible que nous entrions dans une autre forme de mentalité collective et nationale, laquelle comprend en ce moment sa passivité et sa vulnérabilité, mais pourrait bien soudainement exiger la démocratie.
Homélie de saint Cyprien. Second recours dans cette lecture et maintenant d'un couple de Témoins de Jéovah, récemment rencontrés sur la place continuant le parvis de la gare de Strasbourg et la couverture exceptionnelle de dessin, une proposition qui me touche. Oui, toutes ces semaines-ci, pour un faisceau de causes et de "raisons", je séjourne dans la tristesse, j'ai sans doute la joie d'une certaine lucidité mais je ne peux transcrire, systématiser ce que je reçois et ressens comme  essentiel mais difficile de transcription et de mémorisation. La proposition de 1830, frapper une médaille, n'est pas psychologie déplace, elle est au contraire éminemment "connaisseuse" des fonctionnements humains, y compris dans la prière la plus sainte et la plus pieuse. Bonjour Bertrand,  nous ne nous connaissons pas ; je suis l’épouse de Bernard. Je suis très touchée par vos pensées quotidiennes. Vous me semblez quelque peu mélancolique et désabusé ces derniers jours. Nous en avons discuté, mon mari et moi-même. Me permettez-vous d’échanger quelques pensées spirituelles positives ?Dans l’attente de vous lire. Donc double accompagnement, connaître (un peu) les Témoins par leur intérieur et par leur vécu en couple (ce qui est rare dans l’Eglise catholique, malgré institutions, organisations et diverses équipes dont celles dites « équipes Notre-Dame ») et être accompagné pour quelques pas. Car, oui, j’ai l’âme lourde ces temps-ci. Ce qui d’ailleurs – en trinité familiale – nous rapproche davantage que mes moments d’exaltation ou d’anticipation de quelque surpassement… le cantique dans la fournaise, déjà le récitatif de François d'Assise…



[1] Daniel VII 2 à 14 ; ibidem III 75 à 81 ; évangile selon saint Luc XXI 29 à 33

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