samedi 13 février 2016

si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires ... - textes du jour

Samedi 13 Février 2016

Ce soir


La messe dite « anticipée » tout à l’heure à Sainte-Anne : la chapelle bleue pour le baptême de notre fille. Joie, et nous y allons en trinité : ma chère femme de plus en plus mal à l’aise dans notre attache bretonne à la messe paroissiale, les visages, le peu de charité et de considération qu’elle y lit, notre recteur, et ainsi de suite… ce qu’elle ressent comme un contre-témoignage. Marguerite, presque toujours seule servante d’assemblée pour un effectif théorique de quatre, maintient sa fidélité, moyennant quelque dispense que je lui accorde quand l’horaire est trop matinal. Prier… (messe du jour et non celle du premier dimanche de Carême) : si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. Le même Isaïe qui inscrit dans les mémoires populaires ce qui va caractériser l’avènement du Christ, Son incarnation : ce que vous venez d’entendre, voici que cela se réalise à présent…Luminescence et rayonnement du juste parce qu’il reflète fidèlement, intensément celui du Christ sauveur annonçant que le Royaume des cieux est tout proche. … Alors nous sommes comblés, les premiers, pas seulement les délivrés, les libérés, les guéris, mais nous… Le Seigneur sera toujours ton guide. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. Et voici ce que je ressens si fort : tu rebâtiras les ruines anciennes, tu restaureras les fondations séculaires [1]. La vocation de Lévi-Matthieu. Le regard du Christ, cette sorte de choix et de soulèvement total d’une personne, happée par Sa main divine. L’appel proprement est si lapidaire et obéi sans dialogue ni discussion : les disciples du Baptiste, pêcheurs sur le lac, quatre en quelques minutes, et maintenant. Jésus sortit et remarqua un publicain du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi ». Abandonnant tout, l’homme se leva, et il le suivait. Paradoxalement, il Le suit jusques chez lui puisqu’il donna pour Jésus une grande réception dans sa maison. Abandonner, se lever, suivre. Les degrés de la volonté et l’acte suprême : suivre. Vocation cependant très caractérisée : ce n’est pas l’appel d’auxiliaires, désormais je ferai de vous des pêcheurs d’hommes, mais un appel personnel et public à la conversion. Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. Pas de mission, mais une prise en mains, une leçon de conversion particulière, en intimité d’un homme avec le Seigneur. Et aussitôt la célébration, la louange…


[1] - Isaïe LXXXVIII 9 à 14 ; psaume LXXXVI ; évangile selon saint Luc V 27 à 32



Hier en fin d'après-midi


. . . l’Oeuvre Notre-Dame, jouxtant le palais Rohan sur la place du transept sud de la cathédrale. Exposition sur Strasbourg, ou plutôt sur la cathédrale vers 1200-1220. Histoire passionnante, et passionnée, d’une dialectique dont je ne savais rien : le mouvement intense au plan culturel, et peut-être spirituel (à vérifier selon les dates pour le martyrologe : en TAULER serait-il contemporain ?ce serait trop « beau »). Les constructeurs et reconstructeurs de la cathédrale ont du mal à passer du roman à autre chose, à innover par rapport au roman. L’évêque du moment, un certain Henri II de quelque chose, qui détient le pouvoir temporel et travaille pour l’Empereur et qui commence de subir la poussée des bourgeois et marchands s’établissant en contre-pouvoir, entend parler d’une révolution en Ile de France. De fait, la novation appelée « gothique » et « tédesque » pour les Italiens, est née à Sens et aussitôt reprise à Noyon, à Laon. Confirmation totale de nos « camps de Compiègne », les fûtaies parfaites (hêtraies immenses et claires) des forêts royales ont inspiré la croisée d’ogives : son berceau à Morienval… Un architecte francilien est appelé à Strasbourg : il va y appliquer la croisée d’ogive, les arcs-boutants, alléger tout le support des murs, ce qui va permettre les fenêtres. On lui doit l’extraordinaire colonne à l’intérieur du transept sud, dite échelle de Jacob et à l’extérieur le portail sud. Cette révolution – une percée de la culture et de la civilisation françaises (dite à son origine : l’œuvre française) – va gagner l’Allemagne et l’outre-Rhin par Strasbourg. Mouvement strictement inverse de ce que l’on suppose une emprise germanique. C’est l’émancipation. La sculpture suit, mais autrement : Byzance, les enluminures d’une part mais l’orfèvrerie, la statuaire redécouvrent le corps humain par quelques trésors grecs et de l’antiquité romaine : le plissé, qui produira les deux figures de l’Eglise et de la Synagogue. L’exposition présente sans doute les sculptures originales. Des reconstitutions sont expliquées selon des gravures sur cuivre du milieu du XVIIème siècle. Le spirituel y trouve sa part : les tympans de petite taille pour la dormition de la Vierge puis son couronnement sont habitées par des personnages vêtues à la grecque. C’est à Strasbourg au portail sud que pour la première fois apparaissent ces deux thèmes devenus dogmatiques. Il y a le parfait équilibre médiéval entre les les âges et les prophètes. Le moment dure peu, l’exposition ou bien le cours normal du musée montre des sculptures postérieures lourdes et méchantes ne ménageant pas les autorités cléricales de l’époque : évêques, pape. Un Africain noir aussi. La suite et la fin sont la présentation de vitraux que l’on peut admirer à loisir. Le verre peint, les couleurs intangibles, le sertissage. – Un chien admirable, Marguerite passionnée par une femme dessinant à main levée et très vive des visages de pierre, un Moïse avant le chien. Et toujours dans la nuit venue, le cuivre rouge de la cathédrale éclairée au plus seyant de sa pierre.

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