vendredi 18 mars 2016

j’ai dit : « Je suis le Fils de Dieu » - textes pour le vendredi, médités dans la nuit du vendredi au samedi

Vendredi 18 Mars 2016

Les grâces décisives ne sont pas celles de notre espérance, si forte et confiance qu’elle soit, mais toujours floue et indéterminée (ce qui est sans doute excellent, car ce flou est une remise en Dieu)… les grâces décisives sont celles que nous reconnaissons comme telles quand nous nous apercevons, avec retard, que nous y sommes, que la grâce nous enveloppe, nous a pris, nous reçoit. Nous espérions notre libération, notre veviviscence mais quand et comment, de quelle manière, aucune anticipation ni prescience, tant nous étions à terre. Ma fatigue de ces derniers mois, même si elle a des causes identifiées très clairement, ma déficience d’énergie et de goût de vivre, mon errance fréquente le long de ce fleuve que je serai à devoir bientôt traverser, celui de la mort terrestre qui ne me pèse d’avance que parce qu’elle signifierait d’avoir à quitter celles que j’aime passionnément, et d’avoir à laisser les tâches que je crois devoir accomplir même et surtout si tardivement dans ma vie… et voici que je rentre de Paris, où je me suis trainé, les pieds douloureux, le souffle court tout le premier jour, puis progressivement, j’ai été redressé, sans m’en rendre compte : gratifié intellectuellement par ce qu’il a m’a été donné mercredi après-midi (l’assemblée de l’Institut Pierre MENDES FRANCE) puis jeudi dans ces quatre salles des antiquités grecques au Louvre, puis aujourd’hui en déjeunant avec le président des anciens de Franklin, réfléchissant ensemble en parfaite affinité (nos vingt-six ans d’écart d’âge, mais la matrice jésuite… et une aptitude reçue à édifier le changement complet que nous fait vivre ou subir notre époque, de toutes ses formes et peut-être même de son fond, comme tout simplement la matière à administrer, la pâte à faire lever, le champ de la vie et de la mission, et cela ne change en aucune époque, surtout pour le chrétien, surtout par toute femme ou tout homme se sentant responsable du moment de la civilisation où il est né et qui l’a élevé… Forte stimulation intellectuelle, autre forme de l’affectivité…
Ici, l’accueil de notre fille restée à veiller, à m’attendre après son émission Kohlanta : les jaunes l’emportent régulièrement, le repas de cobra grillé, la grotte au confort et au couvert proposé. Sa seconde confection en arts plastique de la couverture d’un livre supposé…l’intensité du non-dit mais d’un montré si simple. Nos chiens, les horloges à remonter, ma femme dormant profondément, l’automatisme de la conduite de la gare à maintenant, le train : une heure de retard, la lune vive, le silence, un froid relatif mais le feu dans le poêle, le silence, une des plus belles formes d’accueil car il dégage une forte incitation à l’action de grâce, à la prière, à la liberté… Le Christ dans cette nasse de la vie humaine, mais dans ce champ de nos libertés et de notre possible conversion.La prière est l’antidote de la tristesse et du découragement (Évagre le Pontique). … de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus… eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains… beaucoup vinrent à lui… et là, beaucoup crurent en lui. La relation du chrétien à son temps (rencontres et conversations de ces jours-ci, une psycho-sociologie de l’état de siège, d’une persécution supposée, d’un dessein anti-chrétien avec les fantasmes d’une franc-maçonnerie à la fois triomphante et hostile : la persécution et cependant pas de réactions vraiment et encore moins de discernement, de réflexion : dans l’affaire que doit subir le Cardinal BARBARIN, les ouailles sont démunies et analysent l’adversaire supposé et pas du tout le cœur du sujet ou du problème… j’en écris demain) et la relation du chrétien à l’Ecriture, fondement de sa foi : Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe, mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » [1]
Vive expérience-sensation que c’est Dieu qui nous donne la vie. Rumeur et souffle de la mer. L’existence humaine est ce combat de l’espérance, cette joie de la foi, cette constatation de notre accompagnement : le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Cette course-poursuite, Dieu : Jésus, l’a vécue et avec une conscience intense et de l’aboutissement et de la nature de cette chasse à l’homme, redoublement potentiel de l’angoisse, de la solitude et de la tension pour l’humain qu’était pleinement le Christ. Et en même temps, la puissance dialectique d’un enseignement : celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : « Tu blasphèmes », parce que j’ai dit : « Je suis le Fils de Dieu ». Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Prière intime du Fils, prière intime du persécuté : c’est à toi que j’ai remis ma cause…. Les liens de la mort m’entouraient, le torrent fatal m’emportait ; des liens infernaux m’étreignaient : j’étais pris au pièges de la mort. Dans mon angoisse, j’appelai le Seigneur : vers mon Dieu, je lançai un cri : de son temple il entend ma voix, mon cri parvient à ses oreilles… Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui voit les reins et les cœurs…


[1] - Jérémie XX 10 à 13 ; psaume XVIII ; évangile selon saint Jean X 31 à 42

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