dimanche 27 mars 2016

Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c'était encore les ténèbres - textes pour ce jour de Pâques

Dimanche de Pâques . 27 Mars 2016


Extraits du Message « Urbi et Orbi » du pape Benoît XVI . 2009

Chers Frères et Sœurs de Rome et du monde entier !

De tout cœur, je forme pour vous tous des vœux de Pâques avec les mots de saint Augustin : « Resurrectio Domini, spes nostra La résurrection du Seigneur est notre espérance » (Sermon 261, 1). Par cette affirmation, le grand Évêque expliquait à ses fidèles que Jésus est ressuscité afin que nous-mêmes, pourtant destinés à mourir, nous ne désespérions pas en pensant qu’avec la mort la vie est totalement finie ; le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance (cf. ibid.).

En effet, une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. Jésus est ressuscité pour que nous aussi, en croyant en Lui, nous puissions avoir la vie éternelle. Cette annonce est au cœur du message évangélique. Saint Paul le déclare avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet ». Et il ajoute : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Co 15, 14.19). Depuis l’aube de Pâques, un nouveau printemps d’espérance envahit le monde ; depuis ce jour, notre résurrection est déjà commencée, parce que Pâques n’indique pas simplement un moment de l’histoire, mais le début d’une condition nouvelle : Jésus est ressuscité non pas pour que sa mémoire reste vivante dans le cœur de ses disciples, mais bien pour que Lui-même vive en nous et qu’en Lui nous puissions déjà goûter la joie de la vie éternelle.

La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe. En effet, à l’aube du premier jour après le sabbat, Pierre et Jean ont trouvé le tombeau vide. Madeleine et les autres femmes ont rencontré Jésus ressuscité ; il a été reconnu aussi par les deux disciples d’Emmaüs à la fraction du pain ; le Ressuscité est apparu aux Apôtres le soir venu dans le Cénacle et ensuite à beaucoup d’autres disciples en Galilée.

L’annonce de la résurrection du Seigneur illumine les zones d’ombre du monde dans lequel nous vivons. Je pense particulièrement au matérialisme et au nihilisme, à une vision du monde qui ne sait pas dépasser ce qui est expérimentalement constatable, et qui se retrouve inconsolée dans la conscience du néant qui serait le point d’arrivée ultime de l’existence humaine. C’est un fait que si le Christ n’était pas ressuscité, le « néant » serait destiné à l’emporter. Si nous retirons le Christ et sa résurrection, il n’y a pas d’issue pour l’homme et toute espérance demeure une illusion. Mais précisément aujourd'hui, éclate avec force l’annonce de la résurrection du Seigneur, et elle est la réponse à la question incessante des sceptiques, rapportée aussi par le livre de Qohélet : « Y a-t-il une seule chose dont on dise : “voilà enfin du nouveau” ? » (Qo 1, 10). Oui, répondons-nous, le matin de Pâques tout a été renouvelé. « La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux : / le Prince de la vie mourut ; / vivant, il règne » (Séquence pascale). Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints. C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Paul.

Bien souvent, dans le cadre de l’Année paulinienne, nous avons eu l’occasion de méditer sur l’expérience du grand Apôtre. Saul de Tarse, le persécuteur acharné des chrétiens, a rencontré le Christ ressuscité sur le chemin de Damas et il a été « conquis » par Lui. Le reste nous est bien connu. Il s’est produit chez Paul ce qu’il écrira plus tard aux chrétiens de Corinthe : « Si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5, 17). Tournons notre regard vers ce grand évangélisateur qui, avec l’enthousiasme et l’audace de son action apostolique, a porté l’Évangile à tant de populations du monde d’alors. Son enseignement et son exemple nous stimulent à rechercher le Seigneur Jésus. Ils nous encouragent à mettre notre confiance en Lui, car désormais la conscience du néant qui tend à intoxiquer l’humanité a été submergée dans la lumière et l’espérance qui proviennent de la résurrection. Désormais, elles sont vraies et bien réelles les paroles du Psaume : « Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » (138 (139), 12). Ce n’est plus le néant qui enveloppe toutes choses, mais la présence amoureuse de Dieu. Le règne de la mort a même été anéanti, parce que dans les « enfers » aussi le Verbe de vie, poussé par le souffle de l’Esprit, est arrivé (cf. v. 8).

S’il est vrai que la mort n’a plus aucun pouvoir sur l’homme et sur le monde, il subsiste cependant encore beaucoup, trop de signe de son antique domination. Si par la Pâques, le Christ a extirpé la racine du mal, il a toutefois besoin d’hommes et de femmes qui dans tous les temps et lieux l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes que lui : les armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour. [...]

Resurrection Domini, spes nostra ! La résurrection du Christ est notre espérance ! Cela, l’Église le proclame avec joie : elle annonce l’espérance, que Dieu a rendu ferme et invincible en ressuscitant Jésus Christ d’entre les morts ; elle communique l’espérance, qu’elle porte dans le cœur et veut partager avec tous, et partout, spécialement là où les chrétiens souffrent la persécution à cause de leur foi et de leur engagement pour la justice et pour la paix ; elle invoque l’espérance capable de susciter le courage pour le bien aussi et surtout quand il est coûteux. Aujourd’hui, l’Église chante « le jour que le Seigneur a fait » et elle invite à la joie. Aujourd’hui l’Église prie, invoque Marie, Étoile de l’espérance, pour qu’elle guide l’humanité vers le port sûr du salut qui est le Cœur du Christ, la Victime pascale, l’Agneau qui « a racheté le monde », l’Innocent qui « nous a réconcilié, nous pécheurs, avec le Père ».

À lui, le Roi vainqueur, à Lui le Crucifié et le Ressuscité, nous crions avec joie notre Alléluia !
Surrexit Dominus vere, alleluia! 

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Nous « perdons » une heure. Ma chère femme aussi mal en point et fiévreuse que tout hier, mais sa tendresse. Ma certitude qu’avec elle tous les fondements, toutes les vérités de la vie et de nos vies sont là, que tout est partageable et dialoguable. Sans doute, il nous faut mettre la tête hors de l’eau. Chaque matin nous y invite. Cette aube, le changement d’heure mais les oiseaux l’ont mieux compris que nos horloges, depuis un quart d’heure leur réveil est signifié, vivement – Oui, Pâques ou la mort. Tout hier après-midi dans des compilations qui sont surtout le témoignage de deux fidélités au même fondement : celle de Dieu pour Sa Création, nous entre autres, mais tout le vivant, reflet et effet de Lui avec l’aboutissement et le paroxysme que sont le ministère terrestre de Son Fils et la Résurrection de Celui-ci… celle des hommes, magnifiquement exprimée par nos papes successifs, disant pour l’humanité entière sans qu’il y ait à étiqueter prière, repentir, espérance, foi ou distraction ou incrédulité de qui que ce soit, disant pour nous tous notre compréhension et notre attente, notre confiance au sein du mystère qu’est la vie. – Compris soudainement le blocage avec mon cher beau-frère rendant presque tout impossible : le dialogue impossible, nos échanges télégraphiques, factuels, sauf quelques lueurs et parfois son sourire inattendu, notre incapacité mutuelle à parler de la vie par expérience et pat espérance. A-t-il jamais su ? qu’il soit asocial et si difficile vient de cette contention, je crois. Mais moi, cherchai-je cet échange ? Je le dois, il ne dira sans doute pas sa joie mais je saurai la mienne. Grâce à demander, sans cesse, de nos conversions. La nôtre, celle de ceux que nous aimons et dont nous sommes aimés.
Respirer et prier. Pour la première fois, depuis des mois me semble-t-il, je m’éveille sans découragement ni peur. Grâce. J’ai enfin confiance, je suis aidé et entraîné. Le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur [1] Dénouement donc de trois ans d’une vie terrestre, cernée par l’incrédulité et la jalousie. Dénouement aussi de l’itinéraire des disciples : il vit et il crut. Et Pierre, renégat et peureux, spontané et exact seulement quand il est inspiré : Heureux es-tu fils de Jona, car ce ne sont pas tes yeux de chair… Le voici à Césarée, il sait désormais tout dire et comprendre : C’est à Jésus  que tous les prophètes rendent ce témoignage : Qui conque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.  Oui, Seigneur : que votre règne arrive ! Paul qui par ce nom, précisément, a été converti : Qui es-tu ? Seigneur, .et dès qu’il l’a su… . je suis Jésus, celui que tu persécutes. A qui, depuis Abraham, Dieu s’est-il révélé aussi nettement et à partir de l’expérience personnelle et du moment… vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. … Marie-Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. La sœur de Marthe et les tombeaux, le parfum rare pour l’inhumation. Elle ne garde rien pour elle, elle s’en rapporte à l’Eglise et à son chef, et à celui que Jésus aimait. Le texte pour ce jour ne raconte aucun fait, tout est « en creux » : On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. Ce qui est rapporté textuellement, c’est l’acte de foi, c’est la démarche collective. Toute notre foi, notre vie entière, notre destinée dépendent de ces quelques textes, de ces témoignages.


[1] - Actes des Apôtres X 34 à 43 ; psaume CXVIII ; Paul aux Colossiens III 1 à 4 ; évangile selon saint Jean XX 1 à 9

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