mercredi 23 mars 2016

serait-ce moi ? - textes du jour

Mercredi Saint . 23 Mars 2016

Chaque éveil pour chaque matin : la dépression, indicible… le manque de force, la perspective d’avoir à faire quoi que ce soit et selon mes retards se comptant en tant d’unités de mesure, quantité qualité et temps… puis la grâce de me lever et de retrouver presque d’un « coup » le goût de vivre, de l’emporter avec en toile de fond, si impérieuse : mes aimées. Et accessoirement, ce que je peux faire et qu’à ma connaissance d’autres ne peuvent pas imaginer ou faire. – Mais la vérité de ces jours, c’est la passion, la souffrance de tous ordres subies, acceptées et comme voulues par un homme tel que nous, mais d’une intensité inimaginable sauf dans la prière de communion et de demande : la Passion du Christ. L’insulte m’a broyé le cœur, le mal est incurable ; j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvé. A mon pain, ils ont mêlé du poison ; quand j’avais soif, ils m’ont donné vinaigre. Dieu fait homme, et par cela et en nos mains, totalement dépourvu, tandis que nous, si nous prêtons l’oreille, regardons… nous sommes comblés de secours, de délicatesse, d’un accompagnement si ajusté et adéquat, celui de Dieu, celui du Seigneur, celui de l’assemblée des saints, et même celui de notre prochain…Voici le Seigneur, mon Dieu. Il prend ma défense ; qui donc me condamnera ? [1]. Le mystère du péché, aussi impénétrable, davantage même que celui de Dieu, car Dieu se fait connaître. Le péché, lui, se commet, mais en connaissance de cause ? liberté humaine certes, mais discernement ? et quand Jésus discerne la trahison de Judas : anticipation ? objurgation ? liberté de Judas ? l’un de vous va me livrer… Serait-ce moi, Seigneur ?... Les disciples ne savent plus ce qu’ils sont, qui ils sont. L’événement, l’avenir immédiat les dépasse tous et complètement.  La moïra grecque ? à qui le rôle ? de l’assumer ? de le perpétrer ? Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer… Rabbi, serait-ce moi ? … C’est toi-même qui l’as dit. Les récits de la Passion ont cette formule : Jésus constate l’homme, il n’empêche en rien l’expression de sa liberté, de son intelligence, ni même sa chute. Combien ces jours appellent, soutiennent la méditation, l’entrée en compréhension et communion de tout ce qui constitue ce que nous sommes. Et nous le comprenons et le vivons par la lumière à la fois fulgurante et durable que produit en nous la Passion du Dieu vivant. En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands-prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? ». Ils lui remirent trente pièces d’argent. Dix fois moins que sa propre évaluation du parfum dont Marie, à Béthanie, oignit le Seigneur…  Nous valons plus que tous les moineaux de la terre et le Christ pas même un vase plein de parfum.
Et la mort, plus que par bêtise… les attentats à répétition à Ankara, et hier Bruxelles : les Communautés. Efficacité, car il n’est pas d’Européen qui n’ait quelque ami ou relation rue de la loi et dans l’ensemble des exécutifs et délibératifs de l’Union. Les fanatiques et dérangés ne sont pas c… ils savent viser. Ils savent ce qu’ils font… au contraire des bourreaux du Vendredi-Saint. Prier pour nos morts, car ces attentats nous visent autant que les victimes effectives. Un texte, dont je ne sais plus la source (retraite de fin d'études, Père LETELLIER SJ à Champrosay, printemps de 1960 : François MAURIAC exposant que l'entier de la Passion du Christ m'est destinée, certes, mais aussi que c'est mon péché personnel qui l'a mené au gibet et à mourir atrocement.


[1] - Isaïe L 4 à 9 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Matthieu XXVI 14 à 25

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